Les fruits de Vatican II chez les Montfortains
Zenit.org a publié, à l’occasion de la Journée mondiale de la Vie consacrée, célébrée chaque année le 2 février, un entretien du Révérend Père Santino Brembilla, actuellement Supérieur général des Missionnaires montfortains. Le supérieur a répondu très lucidement aux questions posées par le journaliste José Antonio Varela Vidal. Sans le dire, il livre très honnêtement, au grand public, ce que l’on pourrait appeler « les fruits du concile Vatican II chez les Montfortains ». En voici cinq avec quelques commentaires pour bien les mettre en lumière.
1. « La culture de la sécularisation a pénétré aussi dans les congrégations. Nous disons que nous croyons et vivons notre vocation, notre style de vie, mais ce que nous pensons est très lié à la mentalité de la sécularisation… La sécularisation a pénétré tellement en profondeur qu’on ne voit même pas son influence ». En clair : l’Aggiornamento conciliaire, c’est-à-dire, l’ouverture au monde du Concile Vatican II a fait son œuvre. Nous avons bel et bien assimilé l’esprit du monde, si opposé à celui de Jésus.
2. « Il y a un manque de vocation », et « le fait de ne pas avoir de nouvelles générations porteuses d’enthousiasme… a pour conséquence que ceux qui vieillissent risquent de s’asseoir, sans avoir… cette impulsion nécessaire pour un renouvellement continu de notre mission d’évangélisation. » Autrement dit : il n’y a pas de relève pour demain et tout le monde se décourage. Nous perdons l’esprit missionnaire et nous ne sommes plus à la hauteur…
3. « Nous parlons des trois vœux, mais souvent nous ne vivons pas la pauvreté ni l’obéissance. L’individualisme a pénétré la vie religieuse, si bien que lorsque nous cherchons quelqu’un pour les services (Entendez : les nominations, ndlr.) dont nous avons besoin, il est difficile de trouver la disponibilité. » Ce qu’il faut traduire ainsi : nous ne pratiquons plus les vœux et nous n’avons plus l’esprit religieux. Les membres de la congrégation n’obéissent plus.
4. « Nous avons pensé, spécialement en 2012, année du tricentenaire de l’écriture du Traité de la vraie dévotion à Marie du Père de Montfort, à proposer aux confrères de la congrégation une réflexion sérieuse en vue d’une réappropriation de notre spiritualité à partir aussi des autres œuvres du fondateur. » Ce qu’il faut comprendre ainsi : les Montfortains ne connaissent même plus les propres écrits de leur fondateur et en ont perdu l’esprit.
5. « Nous ne sommes pas nombreux, un peu moins de 900 religieux dans le monde avec une présence dans 27 pays… Nous cherchons des chemins de collaboration internationale de telle façon que, dans les lieux historiques où il y a de nouveaux défis, nous puissions créer des communautés internationales en vue d’approfondir la formation et la spiritualité montfortaine. » Ce qu’il faut interpréter ainsi : la congrégation vieillit et les vocations disparaissent, spécialement en France. Nous sommes obligés de fermer des maisons (les dernières en date : Tourcoing, Chézelles, Notre-Dame du Chêne près de Besançon, Brest, etc. ndlr). Cependant, nous espérons garder les lieux historiques liés au Père de Montfort : Maison natale de Montfort-sur-Meu (lieu de naissance), Pontchâteau (mémorial de la Passion érigé en 1710), Saint-Laurent-sur-Sèvre (tombeau). Mais, puisqu’il y a de moins en moins de membres européens, nous sommes obligés d’y nommer des étrangers et de leur donner une mission internationale.
Voilà où en sont les Montfortains, 50 ans après l’ouverture du Concile Vatican II… Ils ont tout perdu : l’esprit de la vie consacrée, l’esprit missionnaire, l’esprit des vœux religieux, l’esprit du fondateur, et l’esprit d’expansion. Ce que l’on pourrait résumer de façon brutale ainsi : nous ne sommes plus rien, car nous ne sommes plus montfortains que de nom. Constat terrible, mais reflétant la triste réalité. Le Père Brembilla est très courageux de l’avouer…
Le Concile Vatican II a confié aux Montfortains ses « cinq talents » empoisonnés : l’Ouverture au monde, la Liberté religieuse, l’OEcuménisme, la Collégialité et la Nouvelle Messe de Paul VI, et les Montfortains lui en rendent très fidèlement cinq autres… des fruits avariés, appelés pudiquement par Zenit : « Défis de la nouvelle évangélisation ».
Une chose est rassurante : le Supérieur général des Missionnaires montfortains ne semble pas, comme les inconditionnels du Concile Vatican II, croire qu’il y a là « une Chance pour l’Eglise ».
Abbé Guy Castelain+
Extrait deLa Lettre de liaison n° 90 de juin 2012