Tandis que les scandales de ministres de Dieu aux mœurs infâmes souillent l’Eglise de Dieu (Voir les liens ci-dessus en jaune), il peut être bon de relire ces extraits des Dialogues de sainte Catherine de Sienne [1].
Au dire du bienheureux Raymond de Capoue, son confesseur, cet ouvrage est composé des révélations de Jésus-Christ à la sainte, qui les dictait dans les extases même où elle les entendait.
Leur principal intérêt réside dans l’esprit surnaturel avec lequel ces scandales sacerdotaux doivent être jugés.
La dignité sacerdotale et l’exigence de sainteté
« Je les ai sacrés et je les ai appelés mes Christs, parce que je les ai chargés de me donner à vous. (…) L’ange n’a pas cette dignité, et je l’ai donnée aux hommes que j’ai choisis pour mes ministres, Je les ai établis comme des anges, et ils doivent être des anges terrestres en cette vie. Je demande à toute âme la pureté et la charité ; je veux qu’elle m’aime et qu’elle aime le prochain, l’aidant comme elle peut, l’assistant de ses prières, et vivant en union avec lui, comme je te l’ai dit en traitant ce sujet. Mais j’exige bien davantage la pureté dans mes ministres ; je leur demande un plus grand amour envers moi et envers le prochain, auquel ils doivent administrer le corps et le sang de mon Fils, avec l’ardeur de la charité et la faim du salut des âmes, pour la gloire et la louange de mon nom. »
La culpabilité des prêtres indignes
« Ô temples du démon ! je vous avais choisis pour être des anges sur la terre, et vous êtes des démons ; vous en faites l’office ! Les démons répandent les ténèbres qu’ils ont en eux, et deviennent de cruels bourreaux. Ils s’efforcent, autant qu’ils peuvent, par leurs tentations et leurs attaques, de détruire la grâce dans les âmes, pour les faire tomber dans le péché mortel. (…) Ces malheureux, indignes prêtres, appelés mes ministres, sont des démons incarnés, puisque par leurs fautes ils se sont soumis à la volonté du démon, et qu’ils en remplissent les fonctions. Ils me distribuent, moi, le vrai Soleil, au milieu des ténèbres du péché mortel, et ils répandent les ténèbres de leur vie coupable et déréglée parmi les créatures raisonnables qui leur sont confiées. Ils troublent et scandalisent ceux qui les voient vivre ainsi, et souvent leurs mauvais exemples égarent les autres loin de la grâce et de la voie de la vérité, dans les sentiers du mal et de l’erreur. »
Le respect dû aux prêtres indignes
« Ne vous arrêtez pas à leurs vices, et suivez seulement ma doctrine. (…) je suis le Dieu bon et éternel, je récompense tout bien et je punis tout mal. Je ne leur ménagerai pas la vengeance ; ma justice ne les épargnera pas parce qu’ils ont eu l’honneur d’être mes ministres. Ils seront, au contraire, s’ils ne se convertissent, plus terriblement punis que les autres, parce qu’ils auront plus reçu de ma bonté ; plus ils m’offensent misérablement, plus ils sont dignes de punition. Tu vois bien que ce sont des démons, tandis que mes élus, dont je t’ai parlé sont des anges sur la terre, et remplissent les fonctions des anges. »
Les prêtres sodomites
« Les insensés ont obscurci la lumière de leur intelligence, et ils ne voient plus la corruption et la fange où ils sont plongés. Ce péché me cause une si grande horreur, que, pour le punir, ma vengeance a englouti cinq villes. Ma justice ne pouvait les supporter, tant ce péché me fait horreur. (…) Tu vois, ma fille bien-aimée, combien ce péché m’est odieux en toute créature : mais songe qu’il doit m’irriter bien davantage en ceux que j’appelle à vivre dans la continence, et surtout en ceux que j’ai séparés du monde par la vie religieuse ou par le sacerdoce, pour leur faire porter des fruits dans le corps mystique de l’Église. Vous ne pourrez jamais comprendre combien ce péché me déplaît plus en eux que dans tous ceux qui vivent dans le monde ou qui devraient vivre dans la continence. »
« Tous sont coupables ; les séculiers ne sont pas excusés par les péchés des pasteurs, ni les pasteurs par ceux des séculiers. »
La cause
Après avoir invoqué l’orgueil des clercs indignes, Notre-Seigneur nomme d’autres responsables :
« Tous ces malheurs sont causés par les supérieurs qui ne veillent pas sur ceux qui leur sont confiés. »
Quelle réaction avoir devant ces scandales ?
« Tout ce que j’ai dit, ma fille, est pour te faire pleurer plus amèrement sur l’aveuglement de ceux qui sont dans cet état de damnation, et pour te faire mieux connaître ma miséricorde, afin que tu places dans cette miséricorde toute ta confiance, et que tu l’invoques en présentant devant moi ces ministres de la sainte Église et l’univers tout entier. Plus tu m’offriras pour eux tes tendres et douloureux désirs, plus tu me témoigneras l’amour que tu as pour moi. Ni toi ni mes serviteurs vous ne pouvez m’être utiles, mais vous devez me rendre service par ce moyen.
« Oui, je me laisserai faire violence par les désirs, les larmes et les prières de mes serviteurs ; je ferai miséricorde à mon Épouse en la réformant par de saints et bons pasteurs. (…) Je t’ai dit ces choses (…) pour que tu sois plus ardente à m’offrir pour ces coupables tes doux, tes tendres et bien-aimés désirs. (…) Je ne veux pas qu[e leurs fautes] altèrent le respect envers eux. Je t’ai montré l’excellence de mes saints ministres en qui brille la pierre précieuse de la vertu et de la justice. »
« Maintenant, ma fille aimée, je vous invite tous, toi et mes autres serviteurs, à pleurer sur ces morts, et à rester comme des brebis fidèles dans le jardin de la sainte Église, vous nourrissant sans cesse de saints désirs, et m’offrant pour eux l’encens de vos continuelles prières ; car je veux faire miséricorde au monde. Ne vous laissez distraire par rien, ni par l’injure, ni par la prospérité. Ne levez pas la tête ni par l’impatience, ni par une joie déréglée ; mais appliquez-vous humblement à procurer mon honneur, le salut des âmes et la réforme de la sainte Église. Vous me prouverez ainsi que vous m’aimez en vérité. Tu sais bien que je t’ai montré que je voulais que vous soyez les brebis fidèles, et que vous vous nourrissiez toujours dans le jardin de la sainte Église, en supportant la fatigue et la peine, jusqu’à l’heure de la mort. »
Source : La Porte Latine du 3 octobre 2018
- Traduction d’E. Cartier[↩]