Le cardinal Jorge Bergoglio
en prière devant la charte du
Parlement des Religions Unies
Dès le début de son pontificat, le nouveau pape François a manifesté de manière très claire et avec une hâte impressionnante sa résolution de placer le dialogue interreligieux parmi les priorités de sa politique.
Le soir même de son élection, nous l’avons signalé, il trouvait le temps d’écrire sa première lettre en tant que pape au grand rabbin de Rome, le Professeur Riccardo Di Segni, l’invitant à la messe d’inauguration de son pontificat (19 mars), où les juifs côtoyèrent les protestants, les orthodoxes et les musulmans.
Le 20 mars, le pape François recevait en audience tous ces « représentants religieux ». Parmi eux on notait la présence d’Oded Wiener, représentant du grand rabbinat d’Israël ; du rabbin David Rosen, directeur du département pour les questions interreligieuses de l’American Jewish Committee ; et du grand rabbin de Rome, avec qui le pape François s’est entretenu longuement « avec une certaine complicité ». Il leur a dit :
Je désire vous assurer, dans le sillage de mes prédécesseurs, de ma ferme volonté de poursuivre sur le chemin du dialogue œcuménique. […] L’Église catholique a conscience de l’importance de la promotion de l’amitié et du respect entre les hommes et les femmes de différentes traditions religieuses. Cela est attesté aussi par le précieux travail du conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux [1].
Le 22 mars, il déclarait au corps diplomatique :
Il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’islam, et j’ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses autorités civiles et religieuses du monde islamique [2].
Le 25 mars, il adressait un message à la communauté juive de Rome s’apprêtant à fêter la Pessah (passage de la Mer Rouge : Pâque juive) :
Que le Tout-puissant, qui a libéré son peuple de l’esclavage en Égypte pour le guider vers la Terre promise, continue à vous libérer de tout mal et à vous accompagner de sa bénédiction [3].
Ce message est particulièrement odieux, car il est daté du 25 mars, date de l’incarnation du Fils de Dieu, celui par qui nous vient toute bénédiction. Comment prétendre que le Tout-puissant puisse « continuer d’accompagner de sa bénédiction » ceux qui refusent de reconnaître la source de la bénédiction ?
Le Jeudi Saint 28 mars, il a célébré la Messe Vespérale non pas à Saint-Jean de Latran selon la coutume mais dans une prison d’adolescents à Rome. Alors que le missel romain prévoit que dans cette cérémonie seuls des hommes bénéficient du lavement des pieds, il a lavé et baisé les pieds de deux femmes (comme il l’avait déjà fait en tant que cardinal, notamment à la maternité Sarda de Buenos Aires en 2005).
L’une était italienne catholique et l’autre serbe musulmane. Il a déclaré faire « un signe qui est une caresse de Jésus », soulignant : « Je le fais avec amour, pour moi qui suis évêque et prêtre, c’est un devoir. » Outre l’incongruité pour un pape de laver des pieds de femmes, ce geste n’a pas de sens puisqu’il est censé reproduire le geste de Notre-Seigneur lavant les pieds de ses Apôtres. Notons aussi le mélange des religions au cours même de la liturgie de la messe.
Cette attitude très œcuménique du nouveau pape est bien en continuité de son action en tant que cardinal.
En Argentine, il a travaillé avec le Parlement des Religions Unies (PRU), organisme inspiré par la franc-maçonnerie, syndiquant les fausses religions dans la pluralité et la fraternité, prétendant mettre sur le même plan le catholicisme et les fausses religions.
En juin 2006, le cardinalBergoglio s’est mis à genoux pour recevoir la « bénédiction » de quelque vingt pasteurs protestants présents lors de la troisième rencontre de la « Communion renouvelée des Évangéliques et Catholiques », qui a eu lieu dans le stade Luna Park à Buenos Aires. Était présent également le prédicateur de Benoît XVI, le père Cantalamessa capucin.
Le cardinal Bergoglio a participé à la commémoration de la Nuit de Cristal, le 12 novembre 2012, à la cathédrale métropolitaine de Buenos-Aires. En face de lui six cierges ont été allumées à la mémoire des « six millions » de juifs tués lors de la Shoa.La célébration de la Pâque juive dans la Basilique de San Francisco en 2009 avait aussi bénéficié de son appui.
En décembre 2012, coiffé de la kippa juive, il a célébré dans une synagogue la fête de Hanoucca commémorant l’inauguration de l’autel des offrandes dans le second Temple de Jérusalem. Elle symbolise la résistance spirituelle du judaïsme à l’assimilation grecque.
Il a participé à des offices de seli’hot (hébreu : סליחות « pardons » : au sens large, offices de prière et, au sens restreint, pièces liturgiques juives implorant la clémence divine pour les fautes commises par les enfants d’Israël).
Extraits du Sel de la Terre n° 85 – Eté 2013
- Pape François, Audience aux représentants religieux, Rome, 20 mars 2013. Zenit.org[↩]
- Pape François, Audience au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, Salle Royale du Palais Apostolique au Vatican, 22 mars 2013 (ORLF, 28 mars 2013). [↩]
- Pape François, télégramme au grand rabbin de Rome (ORLF, 28 mars 2013) [↩]