L’édition 2022 du pèlerinage de Pentecôte restera comme la plus brève, mais non pas la moins intense, jamais organisée.
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La messe à Chartres et la marche du matin
Après avoir été privé de pèlerinage pendant deux ans, les pèlerins affluent de toutes parts à Chartres. A travers les vitres de notre car, vous voyons apparaitre les flèches de la cathédrale sous un ciel noir et menaçant qui n’entame pourtant pas l’enthousiasme du groupe, désireux de retrouver ce temps unique qui élève les âmes vers Dieu dans la prière, la pénitence et l’amitié chrétienne. A la fin de la prière du matin, nous ajoutons quelques invocations à sainte Claire pour demander à Dieu un temps plus clément. Mais l’on sait que nos demandes dans la prière sont toujours implicitement soumises au bon vouloir de Dieu, seul maître des évènements : « cependant, qu’il en soit non pas comme Je veux, mais comme Vous voulez. » (Matthieu 26, 39). La messe est célébrée devant la cathédrale par Monsieur l’abbé France, prieur de Nantes. Le temps est couvert, mais il ne pleut presque pas. Dans son sermon, l’abbé France développe ce beau thème du pèlerinage : « Nous sommes la jeunesse de Dieu », expression qui prend toute sa réalité devant les milliers de jeunes assistants à la sainte messe. Premier incident mineur : le sermon n’a malheureusement pas pu être enregistré.
La marche du matin
Dès le départ de la marche, les nuages se dissipent, le ciel s’éclaircit, devient bleu et laisse apparaitre un soleil radieux. Et c’est en effet sous une magnifique matinée ensoleillée que la colonne enchaine les kilomètres à pied, comme pour nous laisser profiter d’un agréable répit en méditant et en chantant notre rosaire avant la tempête, parfois sans un seul nuage dans le ciel. Le ciel se fait toutefois plus nuageux vers 14h.
La marche dans la tourmente
La colonne adulte termine son arrivée à la pause déjeuner vers 15h. Le ciel s’est alors bien obscurci et une pluie légère commence à tomber. Le repas est expédié plus rapidement que prévu car la pluie va crescendo. Vers 15h40, elle se fait forte, très forte. Elle devient diluvienne. Après cinq minutes, c’est la grêle ! Une grêle dont l’intensité augmente aussi. On entend les « aïe » ! Malgré cela, les sourires restent sur les visages. Les scouts chantent en s’époumonant pour tenter de surpasser le fort cliquetis de la grêle. La colonne repart envers et contre tout et se trouve assez vite dans des rues inondées. Impossible de laisser les chaussures au sec ! L’eau arrive aux chevilles. A 16h02 à peine la pluie a cessé. Le pire moment n’aura duré qu’un peu plus de 20 minutes, mais il fut d’une grande violence. Sur le chemin, des amas de grêles apparaissent, semblables à une neige épaisse. Le vent se lève, et nous aide à sécher. Les chemins à travers champ sont très boueux, surtout pour les pèlerins en fin de colonne, et certain chemins sont inondés, ce qui oblige à plonger les chaussures dans ces quelques centimètres d’eau boueuse et surtout, très froide, en raison de la grêle, qui a servi de glaçon ! Mais les chants continuent avec vaillance et les sourires sont toujours là pour s’amuser de la situation épique !
Nous avons à peine commencé à sécher qu’une forte pluie reprend vers 18h, et dure plus d’une heure. Dans ces conditions, la pause goûter vers 18h30 est expédiée. Le rosaire continue toutefois dans la ferveur et les Ave Maria chantés réchauffent le cœur des pèlerins. Le beau temps revient en soirée, nous permettant de sécher, mais nous apprenons entre-temps que le pèlerinage doit s’arrêter. Déception pour certains et soulagement pour d’autres, avec parfois un mélange des deux. Dans tous les cas, le bivouac est impraticable. Nous serons dirigés vers un autre point de rendez-vous… sans nos sacs, qui sont embourbés au bivouac.
Colonne adultes
Colonne enfants
Les bivouacs inondés
Merci à Mlle Anne Gaelle Rosquin pour le récit suivant sur la logistique du bivouac :
Après la messe du matin, il nous a bien fallu deux heures pour rejoindre le bivouac et le travail commença après une courte instruction. Le soleil menaçait d’être torride et à 14 h, toutes les équipes regardaient le ciel désespérément, espérant qu’un crachin vienne nous rafraîchir. Notre souhait fut exaucé au centuple car rapidement le ciel se couvrit, avant que les tentes ne soient montées. Dès les premières minutes la terre s’imbiba d’eau, et les toits se courbaient sous le poids de ce qui tombait. C’est alors que le vent se leva. Les toiles qui étaient seulement posées sur les armatures des tentes commencèrent à s’envoler, toutes les équipes vinrent prêter main-forte pour retenir les bâches et essayer de les fixer tant bien que mal. Bien sûr, la grêle s’y mit à son tour : les grêlons s’écrasaient sur le sol, on n’y voyait plus à un mètre devant soi, pourtant il fallait terminer de fixer les toiles. Trempés pour trempés, en chemise ou tee-shirt, nous avons planté les sardines. La moitié des tentes était inhabitable, des cuvettes d’eau se formaient sous les bâches. Le sol était si détrempé qu’on s’y enfonçait jusqu’à la cheville. Une demi-heure plus tard, lorsque toutes les toiles étaient enfin fixées, on est vint nous demander de tout démonter, cela le plus rapidement possible. Il fallut plier les toiles dans l’eau, démonter les armatures, et les ennuis commencèrent pour les véhicules ; les sacs enfant avaient été rechargés mais le camion s’était enfoncé dans le sol jusqu’au capot. Le plus gros manitou présent, roulant incessamment pour ne pas s’enfoncer, tractait les autres véhicules. Des ornières se creusèrent, le terrain était impraticable. On vit arriver un premier tracteur qui essaya de tirer le semi remorque sans grand succès, puis les deux véhicules s’unirent pour le désembourber : le camion avait fait 5 mètres, tirant par devant, poussant par derrière le camion patinait sans bouger. Les équipes restantes démontèrent les grandes tentes, pendant que les cuisines proposaient les repas qui n’avaient pas été envoyés aux pèlerins. Plusieurs heures s’étaient écoulées quand un tracteur de puissance supérieure arriva pour tirer le camion par derrière et le faire sortir de son trou.
Compilation de Vidéos
Le bivouac sous la tempête, le samedi 4 juin 2022, Pèlerinage de Tradition Chartres-Paris pic.twitter.com/kDSMfcAr6N
— La Porte Latine (@LaPorteLatine) June 7, 2022
Un refuge pour la nuit
Nous arrivons tard au point de rendez-vous pour prendre le repas du soir et attendre les instructions. La fatigue se fait sentir. Le service médical est sur le pied de guerre et va au devant des pèlerins pour prévenir la moindre difficulté et distribuer des couvertures de survie. Nous sommes finalement orientés vers différents gymnases avoisinants selon les régions. Il faut encore faire quelques petits kilomètres à pieds qui coûtent beaucoup après une telle journée. Mais la perspective d’un lieu au sec est motivante ! Nous sommes plus de 500 personnes à dormir dans un des gymnases. La lumière finit par s’éteindre pour de bon vers minuit trente, et d’après le chef de région, les sacs sont toujours embourbés au bivouac.
L’incertitude plane pour savoir comment les prêtres pourront célébrer la messe de la Pentecôte, mais le service sacristie est heureusement au rendez-vous. Le lendemain, l’abbé Étienne Beauvais célèbre la messe dans un gymnase pour plus de 500 personnes et l’abbé Biselx dans un autre gymnase. La messe n’est pas pontificale, mais elle restera dans les mémoires et n’en sera pas moins chargée de grandes grâces puisqu’elle a suivit tant de sacrifices offerts pour la seule gloire de Dieu ! Les pèlerins reprennent ensuite la route vers le lieu de rendez-vous de la veille pour récupérer leur sacs qui ont été « repêchés » dans la nuit (merci à la logistique !). Certains ne sont pas au bout de leur peine car les transports ont été désorganisés par les intempéries. Et quand ce ne sont pas les intempéries, ce sont les rencontres sportives de Roland-Garros et une course ayant lieu dans Paris qui perturbent le trafic et empêcheront Mgr Tissier de Mallerais d’arriver à temps pour célébrer une messe chantée à Saint Nicolas du Chardonnet.
Que de sacrifices offerts par les pèlerins en ces quelques heures ! quels efforts admirables déployés par les équipes logistiques pour faire face à cette situation de crise !
On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions ; faut rire ! Mais en face de ces démons, qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créature humaine, la liberté de l’homme intérieur.
Monsieur de Charette
Tous nos remerciements aux photographes : Abbé G. Chauvet, Abbé F. Weil, Marie de Rosny, Louis Guénament, Jean Lorber, Louis-Marie Grossler, et quelques autres qui ont partagés des photos sur les réseaux sociaux.