The Remnant – 12 avril 2006
La lettre ouverte à monseigneur Rifan, écrite par deux laïcs, messieurs Christopher A. Ferrara et Michael J. Matt, est un document superbe, l’un des plus beaux de la résistance catholique traditionnelle de ces dernières années.
Je suis heureux de saluer leur courage et de porter à la connaissance des fidèles français un texte qui, après avoir créé aux Etats-Unis et au Brésil, une onde de choc salutaire, ne manquera certainement pas d’avoir le même effet en France.
Il arrive au bon moment. Les tribunes qui ont été offertes à l’évêque brésilien, à Bordeaux et à Paris, ont généré une confusion que ce document devrait finir de dissiper.
Nous laissons à l’impartialité des lecteurs le soin de juger par eux-mêmes si Monseigneur Rifan a changé de camp ou non. Bonne lecture et un grand merci à nos deux américains !Abbé de Cacqueray, †
Supérieur du District de France
Le 14 avril 2006
Votre Excellence
Le 4 Avril 2006, le site d’angelqueen.org a fait mention d’une « interview exclusive » avec Votre Excellence, dans laquelle parmi d’autres déclarations alarmantes et déconcertantes, vous avez exposé ce que vous appelez « les sept péchés capitaux » des traditionalistes ».
Vous décrivez ces péchés capitaux en tant que « tentations et dangers » auxquelles ils pourraient succomber, et auxquelles parfois ils succombent. D’après Votre Excellence ces sept péchés capitaux seraient :
1. Orgueil – Le sentiment que nous sommes les seuls à posséder la vérité, et cette idée sectaire, que nous sommes également les seuls vrais Catholiques, seuls Sauveurs de l’Eglise.
2. Manque de charité systématique :« regardez comme ils se détestent entre eux « , le contraire de ce que les païens disaient à propos des premiers chrétiens. L’art de changer ses amis en ennemis. L’esprit de division.
3. Jugements impétueux – Esprit soupçonneux. Théorie de la conspiration.
4. Propagateur de scandales. Critiques érigées en système. Ministère de critiques.
5. Esprit de Conflit. Désobéissance systématique. Indépendance envers la hiérarchie et le Magistère de l’Eglise.
6. Esprit de secte -« En dehors de nous, point de salut « .
7. Pessimisme en ce qui concerne l’Espoir chrétien (In spe gaudentes).
Jusqu’à un certain point, une certaine satisfaction quant à l’anormalité de leur situation et envers les erreurs par la partie humaine de l’Eglise, comme si cela pouvait justifier de sa propre position.
Les catholiques traditionnels qui connaissent le rôle important tenu par Votre Excellence , résistant à l’influence moderniste dans le diocèse de Campos en tant que prêtre dans les années 80, sont surpris, c’est le moins que l’on puisse dire, de voir votre liste des péchés « des traditionalistes ».
Ces péchés que vous énumérez sont précisément ceux que les modernistes de Campos vous ont attribué, à vous et à vos frères traditionalistes, y compris le très grand évêque Antonio de Castro Mayer lorsque vous les combattiez à propos de la nouvelle Messe et remettiez en cause les nouveautés théologiques engendrées par Vatican II . C’est-à-dire que ces « péchés, » ne sont pas des péchés, mais des descriptions plutôt injustes du mouvement traditionnel par ses critiques modernistes.
On peut se permettre d’argumenter sur la sagesse de Votre Excellence, énumérant publiquement sur le Web mondial, « les sept péchés capitaux des traditionnels » car beaucoup d’entre eux vous considèrent comme l’un des chefs du mouvement contre-révolutionnaire, du fait de votre attitude courageuse envers la révolution moderniste de l’Eglise. Considérons, Votre Excellence, le fait d’un général qui discuterait des faiblesses et défauts de ses propres soldats dans des communiqués qui seraient lus par l’ennemi : ce serait un euphémisme de dire que ce général serait imprudent. Ses troupes, humiliées et démoralisées seraient pardonnables, si elles le considéraient, en fait, comme un traître à leur cause.
Nous espérons que votre excellence appréciera qu’une telle impression pourrait seulement être confirmée, par le fait que ‚tandis que vous saisissiez l’occasion de votre interview exclusive pour énumérer les sept péchés capitaux des traditionalistes, vous n’avez assigné aucun péché capital aux autorités ecclésiastiques, de quelque niveau qu’ils soient , qui ont présidé à la destruction de la liturgie de l’Eglise,à la ruine de sa discipline, à la corruption de sa doctrine et à sa disgrâce depuis le Concile .
Si Votre Excellence avait pris la peine d’énumérer les sept péchés capitaux des hiérarques- qui incluent la pratique et les mesures protectrices de la sodomie- votre “interview exclusive » n’aurait parlé que de cela et rien d’autre, et aurait due être présentée de façon multiforme. Au lieu de cela, Votre Excellence a fait seulement une vague référence aux« prêtres progressistes » coupables de manque « de sacré » (sic) et de la désacralisation généralisée de l’Eglise, comme si la crise de l’Eglise avait été provoquée par quelques paroissiens renégats plutôt que par les actes et les omissions désastreux, des chefs de l’Eglise, y compris les papes conciliaires et postconciliaires eux ‑mêmes.
Néanmoins, puisque Votre Excellence a trouvé bon d’énumérer publiquement les sept péchés capitaux des traditionalistes, permettez-nous de vous énoncer, publiquement, ces commentaires pour ce qui concerne vos accusations du mouvement traditionnel.
Nous nous devons de le faire du fait de notre conviction que l’interview de Votre Excellence, dans son ensemble n’a pas seulement injustement diffamé le mouvement dont nous faisons partie , mais à également mis en doute (volontairement ou non), la raison même de l’existence de ce mouvement .
Regard sur les » sept péchés capitaux des traditionalistes « .
A propos des trois premiers « péchés capitaux » – Orgueil, Manque de Charité, Jugement imprudent- qui sont terminologiquement reconnaissables en tant que péchés, en opposition avec les quatre autres suivants qui sont exactement du type pseudo-psychologiques, péjoratifs, utilisés par les Modernistes pour décrire n’importe quel catholique qui objecterait à la débâcle ecclésiale qu’ils appellent Renouvellement. C’est avec une grande tristesse que nous avons constaté que Votre Excellence emploie cette même terminologie.
Il ne peut y avoir aucun doute que les péchés « classiques »,Orgueil, Manque de Charité, Jugement Imprudent , peuvent être une tentation pour les traditionalistes,mais pas plus que pour d’autres dans l’Eglise, car ils ne sont guère les « péchés capitaux » des traditionalistes. Que penser, Votre Excellence, des membres de la hiérarchie qui sont coupables de ce que vous appelez » le « manque du sacré, et de la désacralisation généralisée dans l’Eglise » (ce que, pour quelques raisons que ce soit vous ne décrivez pas comme « péché capital » ?).
- N’y a‑t-il aucun péché d’orgueil dans cette participation à la destruction du « sacré », sans mentionner les péchés de sacrilège et de blasphème qui offensent Dieu, directement ?
- N’y a‑t-il pas un manque de charité de la part de ceux qui ont virtuellement dépouillé l’Eglise tout entière de son patrimoine spirituel, qui de droit, revient à chaque Catholique ?
- N’avez-vous pas constaté de jugement imprudent de la part de ces nombreux » progressistes » qui calomnient les traditionalistes en les taxant de « désobéissants » et de schismatiques, pour aucune autre raison que celle de leur juste refus de coopérer avec la désacralisation généralisée de l’Eglise ?
En effet, Votre Excellence, quel jugement pourrait être plus imprudent et absurde que le jugement de ceux qui s’opposent à la désacralisation de l’Eglise et ne sont pas en communion avec l’Eglise ?
En ce qui concerne les quatre autres « péchés capitaux », que Votre Excellence attribue aux traditionalistes, vous énumérez : La Critique en tant que système. Ministère de la Critique. Désobéissance systématique. Indépendance envers la Hiérarchie et le Magistère de l’Eglise. Hors de nous, point de salut. Satisfaction envers l’anormalité de leur situation et envers les erreurs de la partie humaine de l’Eglise.
Et vous, Votre Excellence, que pensez-vous de vos actions ?
Qu’il nous soit ici permis, Votre Excellence, de parler de vous, qui vous êtes, d’où vous venez.
Vous êtes l’évêque d’un groupe de catholiques traditionnels du Diocèse de Campos, qui, pendant plus de 30 années a refusé d’accepter la nouvelle Messe ou aucune des précédentes innovations dans l’Eglise depuis Vatican II et qui s’est retiré de la structure diocésaine plutôt que d’être forcé de changer la pratique de la Foi Eternelle.
Vous êtes devenu évêque seulement du fait de cette résistance qui vous a mis en position d’être choisi pour succéder à Monseigneur Rangel, qui se mourrait, en tant que leader de la Communauté traditionnelle de Campos.
Dans son ouvrage de référence, très connu, La Gueule du Lion (Mouth of the Lion) le Docteur David Allen White raconte un grand nombre de détails sur la participation de Votre Excellence dans la résistance de la révolution post-conciliaire à Campos : il n’y avait pas de plus féroce résistant que le Padre Fernando Areas Rifan :
- En 1986, vous avez publiquement résisté à l’ordre De Monseigneur Navarro de partir de votre paroisse, quand vous y étiez alors le dernier prêtre du diocèse de Campos à célébrer la Messe traditionnelle en latin.
- 25 Juillet, de la même année , vous avez envoyé à cet évêque » 13 lettres, documents, encycliques pontificales de Pie IX, Grégoire XVI, Léon XIII,Saint Pie X, Pie XI et Pie XII demandant à l’Evêque, dans vos notes personnelles, comment ces enseignements pouvaient-ils se concilier avec Vatican II » .
- En même temps, avec vos lettres et documents vous avez envoyé un extrait de » Summa Theologicae » qui traite de l’obéissance, justifiant votre refus d’obéir aux directives injustes de l’évêque vous ordonnant de cesser la célébration de la Messe tradition, celle en latin et de partir de votre paroisse. Quatre de vos paroissiens, – Gerson Ribeiro Gomez, Géraldo Damiao, de Azevedo, Amaro Fideliz da Cruz et Jonas Moura – barricadèrent la porte de votre église pour que le Vicaire de Monseigneur Navarro, et l’avocat diocésain qui l’accompagnait ne puissent y entrer pour vous remettre en main propre le décret vous stipulant votre ordre de départ de votre paroisse.
- Vous avez engagé alors une bataille légale contre Monseigneur Navarro lorsqu’il vous a traîné devant les tribunaux pour pouvoir s’emparer de votre paroisse comme il l’avait fait auparavant, avec les autres prêtres qui eux aussi, résistèrent à l’injonction de célébrer la Nouvelle Messe contre la volonté du clergé et des laïcs de Campos. Quand vous avez perdu votre procès, vous avez emmené votre communauté tout entière dans une chapelle que vous aviez construite sur un terrain acheté auparavant. Avec les autres prêtres de Campos ayant le même problème, qui firent la même chose que vous dans leurs propres chapelles, vous avez persévéré et avez continué à célébrer la Messe traditionnelle, pour vos paroissiens, en défiant Monseigneur Navarro.
Votre excellence, vous devez certainement vous souvenir de ce vous avez dit de Mgr Navarro et de ses collaborateurs, dans votre dernier sermon avant de quitter votre église dont l’évêque vous chassait, avec l’aide des tribunaux :
« Aujourd’hui, nous n’abandonnons pas notre lutte, nous sommes expulsés par décision juridique, et nous partons pour notre « paroisse-en-exil ». Les responsables de l’implantation du progressisme dans cette église seront les mêmes qui profaneront ce temple par manque de respect, par l’acceptation de vêtements indécents, par la nouvelle Messe. Ils imposent le progressisme par force dans cette église, mais un jour ils devront répondre à Dieu, à l’heure du jugement .Notre mission continue, avec votre aide, dans les quartiers déshérités. C’est aujourd’hui une date historique, et nous ne partons pas vaincus. Un jour le décompte se fera et nous saurons au ciel qui seront les vainqueurs » .
Mais après avoir été nommé évêque après tant d’année de résistance au Modernisme, Votre Excellence nous parle maintenant des péchés capitaux des traditionnels ; il est donc simplement juste de demander à Votre Excellence une question provoquée par ses accusations : lorsque vous avez fait, par écrits, paroles, actions tout ces actes de courage, racontés dans La Gueule du Lion, avez- vous, vous-même commis quelques-uns de ces péchés capitaux, en particulier :
- Etait-ce de l’orgueil d’envoyer à Mgr Navarro des documents de théologie, et de lui demander comment les enseignements passés de l’Eglise pouvaient se concilier avec les nouveautés à l’ordre du jour ?
- Quand vous vous êtes joints avec les autres prêtres et amis de Campos, pour critiquer la nouvelle Messe, le nouvel oecuménisme et les nouvelles libertés religieuses, étiez vous coupable de ce que vous appelez maintenant « la critique en tant que système », ou le« ministère de la critique « ?
- Avez vous émis des jugements imprudents quand vous avez dit, dans votre dernier sermon,dans cette église que plus tard l’évêque Navarro et ses collaborateurs profaneront avec la nouvelle messe et tout ce qui s’ensuit et qu’ils devront répondre de leurs actions devant Dieu, à l’heure du jugement ?
- Etiez vous coupable de « désobéissance systématique », et « d’indépendance envers le Magistère de l’Eglise » lorsque vous avez refusé d’évacuer votre paroisse, combattu l’évêque au tribunal pour sa possession, et bâti ensuite une chapelle pour sauvegarder la Foi traditionnelle à Campos ?
- Quand vous vous êtes installé dans votre chapelle indépendante, et avez continué de vous prononcer contre la« nouvelle orientation » de l’Eglise, étiez vous « satisfait de cette situation anormale » et par « les erreurs humaines de a partie humaine l’Eglise » ?
- En organisant votre chapelle indépendante en dehors de celle du diocèse, déclariez- vous » hors de nous, point de salut ? »
Dans le monde entier, les traditionalistes qui admiraient l’abbé Rifan et son opposition à « l’auto démolition de l’Eglise » croient que la réponse à ces questions est non.
En effet, puisque Votre Excellence connaissait les maux qui affligeaient l’Eglise après le Concile, vous auriez été en état de péché si vous n’aviez pas agi comme vous l’avez fait. Car comment serait-il possible de ne pas pécher en refusant de résister à ce que l’on savait être la « désacralisation généralisée de “Eglise « ?
Accusation Ironique
Pourtant, maintenant, Votre Excellence accuse les traditionalistes d” »être satisfaits » avec « l’anormalité de leur situation et avec les erreurs humaines de l’Eglise ».
Mais, comment la situation des traditionalistes qui ont pris les mesures nécessaires pour combattre la « désacralisation généralisée » de l’Eglise- comme vous l’avez fait vous-même – devrait-elle être considérée comme anormale ? Ce n’est pas plutôt la désacralisation généralisée de l’Eglise qui présente une situation anormale ? Et ceux qui ont participé à cette désacralisation, alors sont ceux qui se satisfont d’une situation anormale ? Est ce que ces mêmes personnes ‑éminemment satisfaites- ne sont pas les mêmes qui le sont avec les « erreurs humaines de l’Eglise » qui sont responsables de sa désacralisation ?
Vous dites que les traditionalistes sont coupables de croire que « hors de nous, point de salut ». N’est ce pas cela même que votre « troupeau » de Campos croyait ?
Croient-ils à celà ceux qui assistent dans certaines chapelles à la Messe indult en latin ou dans les chapelles de la Fraternité Saint Pierre ? Est ce que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X a jamais dit une telle chose ? Est ce que Votre Excellence peut citer une publication légitime de la Fraternité, mentionnant la phrase « Hors de nous, point de salut « ?
Exactement, qui est coupable de ce« péché capital des traditionalistes », que vous dites être une tendance du mouvement traditionnel en général ? Vous parlez maintenant de la « désobéissance systématique » et de « l’indépendance envers la Hiérarchie et le Magistère de l’Eglise » de la part de traditionalistes autres que vous-même. Désobéissance à quoi ? Et à qui, Votre Excellence ?
Comme vous le savez, et comme le Vatican se prépare à le publier officiellement au monde, la Messe traditionnelle n’a jamais été interdite. « Oecuménisme« et« dialogue » ne nous ont jamais été imposés en tant que lois de l’Eglise. En fait, aucune des nouveautés de ces quarante années passées n’a jamais été demandée aux fidèles en tant qu’obligation de la Foi. Et jamais pour la plupart d’entre nous, comme vous l’avez été, avons nous été dans la position d’avoir à résister directement à un ordre émanant de l’Episcopat d’abandonner la tradition. Comment se fait-il donc maintenant, que Votre Excellence perçoive des péchés capitaux chez les traditionalistes dont les actions dociles, timides mêmes, n’ont rien à voir avec les vôtres en tant que prêtre à Campos.
Nous espérons que Votre Excellence nous pardonnera ce que nous venons de dire, mais qui malgré tout, reste présent dans l’esprit de beaucoup, après votre interview ; il semble que l’homme qui nous parle maintenant, qui donne des « interview exclusives », énumérant les péchés capitaux des traditionalistes, n’est pas le même homme qui refusait les ordres funestes d’un évêque moderniste décidé à complètement supprimer la liturgie catholique, et la Foi qui l’entoure.
« Unité » et « Coxistence avec le Modernisme ».
A contrario, maintenant Votre Excellence parle de « co‑existence avec le diocèse local-unité dans la diversité » – et vous dites que la démonstration de cette « co-habitation » est utile pour les progressistes et pour les traditionalistes ; Mais, comment pourrait-il y avoir une unité quelconque entre les progressistes qui, vous l’admettez sont coupables de la désacralisation de l’Eglise, et les traditionalistes qui essaient de la re-sacraliser ? Et même si quelques évêques locaux sont d’accord pour tolérer l’existence de traditionalistes dont les communautés sont en stricte quarantaine dans leur diocèse, est-il possible de décrire cet arrangement comme une « unité dans la diversité ? »
Qu’est-il advenu de l’opposition de principe entre progressistes et traditionalistes, cette opposition qui, il n” y a pas déjà si longtemps, vous avez conduit, vous et vos paroissiens dans ce que vous appeliez une « chapelle-en-exil ? Quant à cette idée de traditionalistes en « co-habitation » avec les progressistes Votre Excellence a fait une déclaration quelque peu confuse :
« Les progressistes sont persuadés que ce n’est pas possible, craignant que l’unité de l’Eglise soit ébranlée s’ils ouvraient leur porte aux traditionalistes et les traditionalistes craignent qu’ils puissent perdre leur identité avec cette co-habitation. Non ! La paix est possible avec une diversité liturgique, une diversité dans la discipline et naturellement, fidélité à la Doctrine ».
Votre Excellence veut-elle vraiment dire que les progressistes sont maintenant une partie légitime dans l’Eglise – même dominante -, avec lesquels les traditionalistes sont obligés de chercher « l’unité dans la diversité », et « la paix » ? Est-ce donc pour cela que vous vous rendiez aux scandaleuses Journées Mondiales des Jeunes dont les les vêtements sont plus « indécents » que les vêtements que vous interdisiez dans votre paroisse de Campos et vous joindre aux modernistes qui caricaturent les catholiques romains traditionnels en bigots à l’esprit étroit ? Appelez-vous alors à l’unité avec les modernistes en opposition vers une fin légitime (que vous poursuiviez en tant que prêtre à Campos) dans le but de prendre pied dans un diocèse pour l’amener à la tradition, Mais qu’est-il donc arrivé à votre totale opposition au Modernisme ?
Il nous semble que maintenant, vous considérez Modernisme/Progressisme comme l’une des nombreuses identités de l’Eglise « co-habitant » avec le Catholicisme Romain, et que ce dernier ne doit plus être comparé avec la Foi « simpliciter » qui se doit d” être reconstituée pour tous .
Absoudre la Nouvelle Messe d’être coupable de la Crise.
La répudiation, par Votre Excellence du document : « 62 raisons pour lesquelles on ne doit pas, en bonne foi, assister au Nouvel Ordo », publié par les prêtres de Campos, ‑dont la plupart, votre interviewer l’a noté, sont sous votre juridiction, – est bien alarmante. Vous l’écartez comme un « document rédigé, pas officiellement, il y a bien longtemps. » Mais, vous-même n’étiez vous pas d’accord avec ce document lorsqu “il fut publié ?
Cependant, maintenant Votre Excellence déclare » La plupart de ces (62) raisons sont réellement artificielles, prenons par exemple, sur l’apostasie des prêtres, etc. sans aucune relation causale avec le « Novus Ordo ». » Votre Excellence si l’on prend en considération votre histoire personnelle en tant que militant de l’opposition de la révolution liturgique, comment pouvez ‑vous, maintenant, en conscience, dire qu’il n’y a aucune relation causale nécessaire entre le Novus Ordo et le déclin immédiat de l’Eglise après son introduction, spécialement quand ce déclin est celui-là même que vos amis prêtres de Campos et l’Evêque de Castro Mayer avaient prédit qu’il arriverait ?
Votre Excellence ne croit-elle plus en ce que le Dr White a écrit au sujet de la conservation de la Foi à Campos, alors que le reste du Brésil subissait une apostasie ? Laissez moi vous rappeler ses mots :
» Dans Campos, ou la Messe Tridentine avait été préservée et la Foi demeurée en place sans changement,.…rien de ces bouleversements ne s’est produit .La vie du peuple est demeurée catholique. Un grand nombre de personnes assistait à la Messe, et le nombre de prêtres ne faisait que s’accroître. Les couvents du diocèse étaient remplis de religieuses qui travaillaient, priaient, enseignaient et qui avaient l’air de religieuses. Campos a précisé que l’effondrement turbulent des années précédentes avait été inutile, et qu’il était dû aux changements de la Messe et que l’empiétement des idées modernistes avait affaibli la Foi. »
Votre Excellence rejette-t-elle maintenant ce que même l’ex-Cardinal Ratzinger a déclaré au sujet de la connection entre la nouvelle liturgie et la crise ecclésiale ? Comme le Cardinal l’a écrit :
» Je suis convaincu que la crise ecclésiale dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, dépend pour une grande partie de l’effondrement de la liturgie.(1) »
Quelle est donc cette liturgie qui s’est effondrée, Votre Excellence, si ce n est celle du Novus Ordo ? Pourtant, maintenant il semblerait que Votre Excellence soit satisfaite d’énoncer que « la Messe du Novus Ordo est, une Messe catholique, valide, naturellement, » comme si il n’y avait eu cet effondrement de la liturgie produisant une grande crise dans l’Eglise. Vous faites vôtres les sentiments d’un certain fonctionnaire romain qui avait dit : » le problème n’est pas le rite, le problème est le sermon. » Est-ce donc ce que vous croyez maintenant, Votre Excellence, que la crise dans l’Eglise serait simplement survenue à cause de mauvais sermons ?
Participation « Occasionnelle » dans une ambiance Moderniste.
Même lorsque vous faites référence à » l’ambiance moderniste » du Novus Ordo qui doit, dans certains cas » être évité » – depuis quand les Catholiques ont-ils évité le Modernisme dans quelques cas seulement, Votre Excellence ? – vous justifiez votre » propre participation occasionnelle en concélébrant la liturgie du Novus Ordo, avec un certain nombres de vos prêtres. Voici donc que vous indiquez que vous avez participé à une telle liturgie avec des évêques anglicans, qui y avaient assisté » par courtoisie ». Vous, qui dans le passé avait barré la porte aux hommes de l’évêque Navarro, quand ils sont venus pour vous empêcher de célébrer la Messe traditionnelle en latin, vous êtes maintenant d’accord pour concélébrer » occasionnellement » avec quelques faux prélats Anglicans, qui prêchent tous l’hérésie et l’immoralité, conduisant les âmes en enfer !!!!
En ce qui concerne ce scandale, vous demandez à votre porte-parole de vous défendre comme suit :
« Dom Fernando est un évêque catholique, membre de l’épiscopat catholique, en communion avec Sa Sainteté le Pape. De ce fait, comme tous les évêques catholiques, même ceux d’un rite différent, il doit, en pratique, démontrer cette pleine communion. Maintenant, refuser ce rite, explicitement et continuellement dans une ou plusieurs Messes, du même rite que le Pape, et de tous les évêques de l’Eglise, tout en jugeant, en soi, ce rite incompatible avec la Foi, cause même de péché, représenterait un refus formel de communion avec le Pape et l’épiscopat Catholique ».
Avons-nous lu la déclaration de votre porte-parole correctement, Votre Excellence ? Est-ce vraiment, maintenant, qu’une abstention consciencieuse et complète est un acte schismatique ? A votre avis, il est schismatique de toujours éviter » une ambiance moderniste » dans la liturgie ? Comment votre propre porte-parole peut il prononcer de tels non sens ? Imitant les sédévacantistes, votre porte-parole suggère qu’on ne peut éviter la Nouvelle Messe sans impliquer que l’Eglise a échoué « universellement en voulant promulguer un rite invalide et illégitime ». Les sédévacantistes doivent être ravis de voir que vous acceptiez leur argument trompeur. Mais votre porte-parole, sans précision aucune, ne fait pas de distinction entre » la Nouvelle Messe » telle que promulguée, en latin, par Paul VI, et la Nouvelle Messe dans sa pratique. En pratique, la Nouvelle Messe est imparfaitement célébrée dans une sorte de traduction vernaculaire, avec d’innombrables options, et abus tolérés. Ces éléments de la nouvelle liturgie n’impliquent pas l’autorité disciplinaire universelle infaillible de l’Eglise, mais sont seulement des jugements prudents et faillibles, et une mauvaise gouvernance dont le Pape lui même n’est pas immunisé et que les Catholiques n’ont pas le devoir de respecter. En outre, votre porte-parole ne mentionne pas, que même, l’édition typique de la Messe en latin de Paul VI était, comme de légitimes documents romains en font état, rien de plus qu’une exception au rite universellement reconnu et approuvé de la Messe de l’Eglise qui reste la liturgie Damasienne-Grégorienne en Latin, canonisée à perpétuité par le Saint Pape Pie V.
Paul VI lui-même a dit au Frère Jean-Marie Charles Roux » Je n’ai jamais défendu de célébrer l’Ancienne Messe ; j’en ai simplement offert une alternative.(2) »
Comme Votre Excellence l’a jadis, lui même reconnu, aucun Catholique, en fait, n’a jamais été obligé de participer, même » occasionnellement » à cette liturgie alternative : une expérience dont l’échec est évident pour n’importe qui en toute possession de sa raison.
Avec tout le respect que je vous dois, Votre Excellence, entre vous et votre porte-parole, l’approche de la Société de Saint Jean-Marie Vianney à la Nouvelle Messe est devenue incohérente. En raison de cette confusion, on se demande ce qui a bien pu arriver à la simple conviction de Votre Excellence qui vous avez conduit à la « Chapelle-en-Exil » située au milieu des taudis de Campos, que la nouvelle liturgie avait affaibli la Foi Catholique.
Avez-vous oublié, Votre Excellence, la déclaration d’un de vos propres paroissiens, Damiao Geraldo de Azevedo, un Protestant converti qui était l’un de vos quatre paroissiens qui avaient barré la porte de votre paroisse aux représentants de l’évêque Navarro ? Voilà ce que dit cet homme, pour votre défense, comme il est mentionné dans les rapports du Dr White :
» Réfléchissez sur cela : A Campos, curieusement Dom Navarro persécute ceux qui célèbrent la Messe qui a fait que des protestants se convertissent au Catholicisme et d’une main de fer implante la Messe qui a fait que les Catholiques deviennent Protestants. Sûrement, ce doit être la fin du monde « .
Pourtant , il semble que Votre Excellence a peur de dire ce que même Monsignor Klaus Gamber a dit dans sa Réforme de la Liturgie Romaine, que la Messe Traditionnelle « doit devenir , à nouveau, la norme de notre Foi, et le symbole de l’unité Catholique à travers le monde, un roc de stabilité, dans une période de bouleversement et changement sans fin ».
Croyez-vous toujours que le rite de la Messe Traditionnelle doit être restauré en tant que norme de notre Foi, et pour le bien de l” Eglise toute entière et le bien des âmes ? Si c’est le cas, laissez-nous vous entendre Votre Excellence, nous le dire, sans ambiguïté, une fois encore ! Sinon, qu’est-il advenu de votre apostolat ? Déjà, il apparaît, à beaucoup, que votre apostolat a été réduit à la simple recommandation d’une liturgie « de préférence » que les catholiques peuvent prendre ou laisser, sans qu’il y ait aucune différence pour le bien de l’Eglise (ou de leurs âmes). C’est ce qui nous semble être l’opinion de Votre Excellence ces jours-ci.
Mais, Votre Excellence, considérez les raisons que vous donnez dans votre interview pourquoi vous « aimez, préservez et préférez » la Messe Traditionnelle, pour une question de mieux et de façon plus précise d’exprimer notre Foi dans le Dogme Eucharistique :
- Pour la sécurité et la protection contre les abus Pour la richesse et la solennité des rites
– Pour une meilleure précision et la rigidité des rubriques
– Pour le sens du Sacré
– Plus de richesse et de précisions dans les formules des prières
– Pour une rituelle et personnelle humilité
– Pour l’élévation et la noblesse des cérémonies
– Pour le respect, la beauté, le bon goût, le langage sacré, la tradition.…
Par une implication nécessaire, Votre Excellence « préfère » la Messe Traditionnelle parce que la Nouvelle Messe pêche par manque de : expression de notre Foi, du dogme Eucharistique, de sécurité et de protection envers les abus, solennité, précisions des rubriques, sens du sacré, respect, humilité personnelle et rituelle, élévation et noblesse, respect de la beauté, du bon goût, de la piété, du langage sacré, et de tradition. !
Par cette explication négative de la Nouvelle Liturgie, Votre Excellence nous dit qu’elle a été un désastre complet pour l’Eglise, en dépit de son « essentielle validité ». Pas étonnant qu’elle s’est effondrée ! Car votre propre liste de raisons pour lesquelles vous « préférez » la Messe Traditionnelle révèle que ces innovations sont ruineuses.
De plus, le Cardinal Ratzinger, lui même, a posé cette question accablante :
» Quand la Communauté de la Foi, l’unité mondiale de l’Eglise et son histoire ne sont plus visibles dans la liturgie, dans le mystère du Christ Vivant, ou alors l’Eglise doit-elle devenir visible dans son essence spirituelle ? »(3)
Ou, sincèrement, Votre Excellence, qu’est-il advenu de vos inquiétudes en ce qui concerne ces catastrophes dans l’Eglise ? Partout, les traditionalistes se demandent ce qui est arrivé au militant qui avait établi cette « chapelle-en-exil » indépendante, plutôt que de permettre que la tradition immémoriale liturgique de l’Eglise, son grand rempart contre l’hérésie, soit remplacée par une nouveauté protestantiste dont l’introduction, il y a juste 36 ans, que le Cardinal Ratzinger avait appelé « une brèche dans l’histoire de notre liturgie et dont les conséquences ne peuvent être que tragiques »(4)…
Mais étonnantes sont maintenant les vues de Votre Excellence envers » l’occasionnelle » participation à cette tragédie comme le signe de « parfaite communion » pendant que vous consentez à la proposition que le rite reçu de l’Eglise et approuvé de la Messe, et perpétuellement sanctionné par le Saint Père, est simplement une liturgie de préférence à laquelle aucun Catholique n’est tenu de participer, même « occasionnellement ». Comment est-ce que le prêtre militant traditionnel de Campos a pu permettre de se laisser manoeuvrer pour accepter un renversement aussi absurde ?
La raison de notre Mouvement
Dans votre interview, vous racontez avec satisfaction que vous » avez rendu visite à Monseigneur Vingt-Trois, à paris, au Cardinal Ricard à Bordeaux, vous avez déjeuné avec Monseigneur Pansard à Chartres et que vous avez été reçu par le Nonce Apostolique à Paris. Ils m’ont tous traité comme un frère. » Pendant que cela a pu plaire à Votre Excellence d’être traité courtoisement par des prélats libéraux, qui ont présidés à la destruction de la Foi en France où seulement 12% de catholiques assistent à la Messe hebdomadaire, pouvez-vous blâmer ceux qui pensent que, au milieu de tout cette chaude atmosphère de bons sentiments et votre acceptation en tant qu’évêque, vous perdiez un peu de vue de ce qu’est le mouvement traditionnel dans l’Eglise ?
Quand vous étiez jeune prêtre à Campos vous agissiez, et parliez comme quelqu’un engagé dans la bataille de la Foi elle-même,et non dans une simple poursuite d’une préférence liturgique . Votre motif ‑c’est vous même qui l’avez déclaré – était le salut des âmes et le bien de l’Eglise Universelle, qui, vous le saviez ‚étaient menacés par un soulèvement révolutionnaire néo-moderniste, s’étendant bien plus loin que la liturgie, et provoquant la plus grande crise ecclésiale depuis le temps d’Arius .
Comme Monsignor Gamber l’écrivait, parlant de notre situation :
» Grande est la confusion ? Qui peut encore voir clair au milieu de cette obscurité ? Où sont dans notre Eglise les leaders qui peuvent nous montrer le bon chemin ? Où sont les évêques, assez courageux pour sectionner cette croissance cancéreuse de cette théologie moderne qui s’est implantée elle-même et infecte, de l’intérieur, la célébration du mystère le plus sacré, avant que ce cancer ne s’étende et cause de plus grands ravages encore ?
Ce dont nous avons besoin aujourd’hui est un nouvel Anastase, un nouveau Basil, des évêques comme ceux-la qui au IVème siècle combattirent l’Arianisme quand la presque entière majorité de la Chrétienté avait succombé à l’hérésie. Nous avons besoin de saints qui peuvent unir ceux dont la Foi est demeurée ferme, pour que nous puissions combattre l’erreur, et réveiller le faible et le vacillant de leur apathie.(5)»
Votre excellence, laissez la renaissance de la Tradition réduite à une » préférence » de quelques catholiques soi-disant traditionnels, et il n’y aura plus de fin a cette obscurité et à cette confusion que Monsignor Gamber décrivait.
La cause dans laquelle vous êtes impliqué, cependant, a toujours été une cause pour la restauration de « tout l’élément humain de l’Eglise à l’intégrité liturgique, doctrinale et morale ». En tant que jeune prêtre Catholique Romain militant, vous l’aviez compris ; Mais maintenant il est juste de vous demander si vous le comprenez encore, tant de Catholiques attendent d’entendre votre réponse.
Respectueusement vôtres dans le Christ,
Christopher A. Ferrara, Michael J.Matt
(1) Ratzinger, La Mia Vita, quoted by Michael Davies in The Latin Mass, Fall 1997.
(2) « Restore the Old Mass, » Inside the Vatican, May 4, 2004.
(3) Ratzinger, Joseph, Milestones : Memoirs : 1927–1977 (Ignatius Press : San Francisco, 1998), p. 149.
(4)Ibid, pp. 156, 148.
(5) Gamber, Reform of the Roman Liturgy, p. 113.
Notes de la rédaction de La Porte Latine
- (*) Christopher A. Ferrara et Michael J. Matt sont deux journalistes proches des milieux ecclésiadéistes américains et ne se revendiquent en aucune manière d’une appartenance quelconque à la FSSPX : leur objectivité n’en prend que plus de relief et de force.
- Traduction par Madame Annick Eldridge, correspondante niçoise de La Porte Latine.