Chers Amis et Bienfaiteurs,
La réunion interreligieuse de Lyon organisée par le Centre Sant’Egidio et le diocèse de Lyon remonte au mois de septembre 2005. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, par la protestation de monsieur l’abbé Lamerand, prieur du prieuré Saint-Irénée de Lyon ainsi que par la « Lettre à nos frères prêtres » de décembre 2005, s’est retrouvée seule à dénoncer la gravité des scandales qui s’y sont produits. Sa voix est demeurée malheureusement jusqu’ici sans écho. Nous pensons cependant de notre devoir de revenir sur ce congrès qui marque la volonté de la part de membres éminents de l’Eglise de France de continuer l’esprit d’Assise et place tous les catholiques de bonne foi devant un cas de conscience. Malheureusement, nous n’espérons plus, humainement parlant, d’une voix ecclésiastique autre que la nôtre, une réaction qui nous apparaît comme indispensable pour provoquer un sursaut de lucidité de la population et ne pas laisser entachée l’Eglise de France d’une telle forfaiture.
Je me souviens que dans l’un de ses contes, Andersen met en scène un roi qui parade dans un habit transparent tandis que tout un peuple de courtisans, la peur au ventre, l’applaudit et le congratule au sujet de l’élégance de son vêtement. Mais qu’est-ce que la nudité de ce personnage d’imagination au regard de l’invitation qu’un prince de l’Eglise catholique a adressée à l’ancien ministre, Simone Veil, pour siéger à ses côtés lors du Congrès de Sant’Egidio ? Si cette invraisemblable promiscuité continuait à laisser les catholiques français indifférents ou désespérément muets, je craindrais alors que plus rien ne fût capable de les faire réagir.
J’ai bien conscience que la présence, au côté d’un cardinal de l’Eglise Catholique, de l’auteur d’une loi « légalisant » un péché abominable, ne constituait pourtant pas encore le plus grand péché dudit congrès. La réunion interreligieuse organisée par le Centre Sant’Egidio et le diocèse de Lyon est d’abord une terrible faute publique contre la Foi, qui contribue puissamment à augmenter le relativisme et donc l’indifférentisme religieux. Si toutes les religions sont également valables pour apporter la paix au monde, si même la religion islamique peut être vantée, en présence du cardinal Barbarin qui n’a rien trouvé à y redire, comme la religion la plus tolérante, qu’a‑t-on encore besoin de s’embarrasser à prêcher l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre ? C’est de l’esprit d’Assise que se réclame Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes, lorsqu’il énonce au cours de ce congrès son postulat inviolable : « Il n’y a pas de vérité absolue, pas de dogme intangible, pas de solution qui s’impose naturellement ». Cependant, comme beaucoup de catholiques adhèrent aujourd’hui à cette proposition typiquement maçonnique – aussi contradictoire qu’elle soit pourtant en elle-même –, je n’insisterai pas davantage sur cette atteinte à la Foi qui, pour être le péché originel de cette réunion, n’a plus le pouvoir de les faire encore sursauter.
Pour y parvenir, je puis éventuellement essayer de rappeler que l’appartenance à la franc-maçonnerie demeure encore aujourd’hui motif d’excommunication ipso facto par l’Eglise catholique. Le dernier rappel en a été donné le 26 novembre 2003 par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous la signature du cardinal Ratzinger lui-même. Or, à l’initiative de cette rencontre se trouve le maire de Lyon, Gérard Colomb, que le compte-rendu donné du congrès par le journal La Croix, le 12 septembre 2005, nous présente avec complaisance comme ne cachant pas son appartenance à la franc-maçonnerie. Qui prend le temps de lire les interventions de ces trois journées se verra obligé de reconnaître qu’elles ne sont pas inspirées de l’esprit de l’Evangile mais bien de celui des loges. C’était déjà celui des réunions d’Assise mais une dernière réserve avait évité de donner explicitement la caution maçonnique. A Lyon, ce pas a été franchi. Cependant, l’accoutumance des esprits aux idées des convents, l’indulgence ou la sympathie de bien des évêques à leur endroit me laissent assez peu d’espoir de provoquer par là une réaction du peuple catholique des paroisses.
Il me reste donc à considérer la présence de Simone Veil au côté du cardinal Barbarin pour la séance inaugurale de cette rencontre, et sa prise de parole sur le thème du congrès : « Le courage d’un humanisme de paix ». Puisque tous les papes, jusqu’à ceux d’aujourd’hui, ont toujours condamné l’avortement comme l’un des crimes les plus odieux, comment supporter sa présence à cette réunion organisée par le diocèse de Lyon ? Il est tout simplement intolérable et inexcusable qu’elle se soit trouvée là, et le comble de ce scandale consiste en ce que cette femme, auteur et promoteur d’une « loi » qui ruisselle du sang de millions de bébés innocents ait pu prononcer le moindre mot sur « le courage d’un humanisme de paix » ! Quelle abjection !
Avec tout le respect que nous conservons pour ses fonctions, nous demandons cependant raison au cardinal Barbarin de ce scandale inouï et nous en appelons à la conscience des catholiques. Même si ce dernier motif d’indignation était seul reconnu comme valable, il suffirait à démontrer la dégradation extrême de la situation de l’Eglise. Or le silence le plus total a prévalu, à notre connaissance, jusque dans les structures ecclésia déistes…
Bien chers Amis et Bienfaiteurs, que le récit de cette infidélité terrible nous ancre davantage dans notre prière et dans notre combat. Pour la gloire de Dieu et pour l’honneur de notre pays, nous demandons la grâce de ne pas céder à notre tour à la prostration des esprits et au musellement des langues mais de maintenir coûte que coûte notre lutte pour le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ par le Cœur Immaculé de Marie. Nous faisons appel à vos bonnes prières et à toute votre générosité pour résister à l’étranglement que l’on voudrait faire subir à cette ultime force de résistance catholique, française et contre-révolutionnaire que constitue la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier †
Supérieur du District de France