Jeux olympiques : pourquoi le pape s’est tu sur la cérémonie d’ouverture blasphématoire – DICI n° 448

Rome se tait, la cause est entendue ?

A la veille du synode sur la syno­da­li­té, l’a­ve­nir de l’Eglise en jeu ?

Lettre d’information de la Fraternité Saint-​Pie X

DICI numéro 448

Éditorial de M. l’abbé Alain Lorans

Rome se tait, la cause est entendue ? 

L’adage tra­di­tion­nel « Roma locu­ta, cau­sa fini­ta ; Rome a par­lé, la cause est enten­due » semble se trans­for­mer subrep­ti­ce­ment en un mot d’ordre nou­veau : « Rome se tait, le débat est clos ».

Après le scan­dale de la céré­mo­nie d’ouverture des Jeux olym­piques de Paris, un com­mu­ni­qué du Vatican a tar­di­ve­ment fait savoir que le Saint-​Siège était « attris­té ». Les fidèles étaient indi­gnés face à cette attaque contre la Cène du Christ, face à ce blas­phème contre le sacre­ment de l’Eucharistie. Rome n’était qu’attristée, et le pape François res­tait muet. Diplomatie oblige ! Le Vatican est en pleine trac­ta­tion pour obte­nir du Comité inter­na­tio­nal olym­pique (CIO) la pos­si­bi­li­té d’être pré­sent aux Jeux de Los Angeles en 2028. Se taire pour ne pas déplaire au CIO, on voit où sont les prio­ri­tés romaines aujourd’hui.

Sur les accords pas­sés entre le Vatican et le gou­ver­ne­ment com­mu­niste chi­nois au sujet des nomi­na­tions épis­co­pales, là aus­si le mutisme est de règle. Un silence romain de plomb sur une poli­tique chi­noise de plomb. Les prêtres sont désor­mais obli­gés de suivre des cours d’endoctrinement, et Rome se tait. Le conte­nu de l’accord reste secret, le Vatican se montre dis­cret sur ses moda­li­tés d’application, y com­pris sur ces séances de réédu­ca­tion impo­sées aux prêtres par les gar­diens de la révolution.

Le pro­chain synode trai­te­ra de la syno­da­li­té ; des réformes modi­fiant pro­fon­dé­ment la consti­tu­tion divine de l’Église seront pro­po­sées. Des voix de car­di­naux, d’évêques, de prêtres et d’universitaires s’élèvent pour aler­ter du dan­ger. La curie n’en a cure : les appa­rat­chiks mitrés dis­cré­ditent les oppo­sants, les pré­sen­tant comme des attar­dés psy­cho­ri­gides. Ils étouffent ces voix « conci­liai­re­ment incor­rectes », et n’invitent qu’à écou­ter « le cri de la Terre » mena­cée par le chan­ge­ment cli­ma­tique. Se taire sur l’essentiel évan­gé­lique et se com­plaire dans le bruit média­tique, telle est la nou­velle conspi­ra­tion du silence.

Car, au fond, le mutisme romain actuel veut taire le règne social de Jésus-​Christ. Une réponse lui a déjà été faite, il y a 2 000 ans, au moment de l’entrée du Sauveur à Jérusalem : « Lorsque Jésus était déjà près de la des­cente du mont des Oliviers, toute la foule des dis­ciples, trans­por­tés de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus. “Béni soit, disaient-​ils, le roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel, et gloire au plus haut des Cieux !” Alors quelques Pharisiens, au milieu de la foule, dirent à Jésus : “Maître, répri­man­dez vos dis­ciples.” Il leur répon­dit : “Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crie­ront.” » (Lc 19, 37–40) – Les pierres crie­ront, et ceux qu’on vou­drait pétri­fier, ostra­ci­ser et neu­tra­li­ser, en les qua­li­fiant de « psy­cho­ri­gides », ne se tai­ront jamais.

Source : DICI n° 448, sep­tembre 2024