Editorial de la revue DICI n° 412
Lettre d’information de la Fraternité Saint-Pie X
En 2016, le pape François publiait l’Exhortation post-synodale Amoris lætitia dans laquelle il accordait – au cas par cas — l’accès à la communion eucharistique aux divorcés « remariés » qui n’y ont pas droit, selon la morale constante de l’Église catholique.
En 2021, il fait paraître le Motu proprio Traditionis custodes dont les conditions draconiennes visent à restreindre le plus possible le droit des fidèles à la messe de toujours, avec l’espoir de voir un jour ce droit s’éteindre tout à fait.
D’un côté, il y a un pseudo-droit à la communion accordé par « miséricorde pastorale » ; de l’autre, un vrai droit à la messe de toujours, rogné et presque dénié au nom de « l’unité de l’Église », compromise par un manque de soumission au magistère conciliaire dont la nouvelle messe se réclame.
D’une part, une sollicitude extrême pour les « périphéries de l’Église » ; de l’autre, une sévérité absolue à l’égard de ceux qui sont attachés au Saint-Sacrifice de la messe, et qui à la suite des cardinaux Ottaviani et Bacci – dans leur Bref examen critique du Novus Ordo Missæ (1969) – affirment que la messe de Paul VI « s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle quelle a été formulée à la XXIIe session du Concile de Trente, lequel, en fixant définitivement les “canons” du rite, éleva une barrière infranchissable contre toute hérésie qui pourrait porter atteinte à l’intégrité du Mystère ».
Généreux pour les périphéries, rigoureux pour les catholiques
Ces deux attitudes opposées manifestent un sentiment de paternité inversement proportionnel : généreux pour les périphéries, rigoureux pour les catholiques. Les premiers sont invités à partager la « joie de l’amour » (Amoris lætitia), même en dehors du mariage chrétien ; les seconds sont priés d’obéir aux « gardiens de la tradition » (Traditionis custodes) que sont les évêques. Verra-t-on un jour les prêtres et les fidèles attachés à la tradition bénéficier de la sollicitude réservée aux périphéries, et ces derniers connaîtront-ils la rigueur des rappels à l’ordre dont les gardiens de la tradition conciliaire gratifient les premiers ?
Car c’est bien là que réside le problème : cette « joie de l’amour » est distribuée par les gardiens d’une tradition pas même séculaire. C’est une joie émouvante, fondée sur les sables mouvants d’une tradition en cours d’élaboration, avec une doctrine œcuméniquement changeante (Déclaration d’Abou Dabi, culte de la Pacha-mama…) et une morale à géométrie variable (Amoris lætitia...). Une tradition évolutive, dont les fruits amers – églises vides et séminaires déserts – indiquent déjà qu’elle est biodégradable. En sorte que ses gardiens risquent de n’avoir bientôt plus grand-chose à garder.
Abbé Alain Lorans
Source : DICI n° 412, septembre 2021 ; Image : CreativeCommons
Sommaire
L’Église dans le monde
Russie : l’Église autocéphale russe ne veut pas d’une autorité papale
Chine : un évêque chinois a été ordonné avec l’aval de Rome
De Rome
François présente Traditionis custodes comme « une remise en ordre constructive »
Revue de presse : Traditionis custodes dans le contexte de la crise actuelle
Nouvelles de Tradition
Autriche : une magnifique église pour la Fraternité Saint-Pie X à Vienne
France : pèlerinage du Christ-Roi à Lourdes, fin octobre
Belgique : réfection de la façade de l’église Saint-Joseph à Bruxelles
Lectures
La Terre qui meurt de René Bazin
A marche forcée de Slavomir Rawicz
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