Les catacombes de Priscilla
Un parcours ensoleillé dans le sud de l’Italie, entre culture, histoire et vie de l’Eglise : de belles vacances chrétiennes s’ouvrent en ce 25 août, pour ces pèlerins qui, de France et de Suisse, convergent vers la capitale de la Chrétienté.
Vacances chrétiennes, moment unique pour découvrir, tisser des liens d’amitié, enrichir sa culture tant profane que religieuse et se détendre dans une saine atmosphère. Oui, le soleil est au rendez-vous, et notre joie également ! La saine détente si nécessaire pour nous remettre des difficultés du quotidien, la petite vertu de saint Thomas, « eutrapélie », nous accompagne sur les routes, pour profiter pleinement de ces journées, des beautés de la nature et de l’art dont Dieu nous fait don. Nous « déconnectons » un peu du quotidien, mais nous ne déconnectons pas le naturel du spirituel : la nature et la grâce vont d’un même pas !
Si nous ne partons pas à pied, notre itinéraire est bien réel, au sens propre et figuré : la Via Sacra, c’est le cheminement spirituel, à la fois commun et individuel, des âmes qui cherchent Dieu. Nous cheminons, assoiffés de Dieu, comme ces chrétiens des premiers siècles que, dès notre arrivée, nous visitons dans les catacombes de Priscilla. Dans ces galeries souterraines règne une atmosphère de paix et de sainteté, que transcrivent ces fresques des IIème et IIIème siècles, si anciennes et pourtant si fraîches car emplies d’Espérance. Le Bon Pasteur venant au secours de nos âmes, la brebis égarée sur les épaules, et les scènes de l’Ancien Testament, montrent l’intervention divine salvatrice. C’est un cimetière, mais il est habité : ils ne sont pas morts, mais nés à la vraie vie, au jour du Dies Natalis ! Les saints sont toujours là, telle la petite Philomène, dont la tombe ne semble pas vide, même si ses reliques furent transférées. Elle nous guide de sa présence, et nous irons demain vers son sanctuaire !
Première étape de notre car près de Naples, à Mugnano del Cardinale, où réside la jeune martyre, chère petite sainte du Curé d’Ars. Nous invoquons avec ardeur près de son autel [Photo ci-dessus) cette sainte unique, ignorée jusqu’au XIXème siècle, qui ne fut connue que par les innombrables miracles opérés par ses reliques, et par ses révélations. Nous lui apportons, dans la communion des saints, toutes nos intentions, celles qui nous ont été confiées et également celle du recteur du sanctuaire.
Une étape nous permet de prier sur la tombe de la voyante de la Salette, Mélanie Calvat, à Altamura [Phto ci-dessus]. En ce 170ème anniversaire des apparitions, c’est pour nous l’occasion de relire les avertissements de la Vierge, hélas si actuels, décrivant la terrible crise de la société et de l’Eglise !
Enfin, Matera nous accueille, celle que l’on surnomme « Capadocce d’Italie » tant sa physionomie dépaysante est un voyage à part entière : véritable labyrinthe de maisons creusées dans la roche à flanc de colline, dont certaines ornées de superbes fresques. Non loin de la ville, une église rupestre découverte en 1963 a révélé des fresques peintes par des moines venus d’Orient, lors de la persécution des iconoclastes.
En fin d’après-midi, nous rejoignons le premier parc historique rural d’Italie, qui s’inspire du Puy du Fou, nous racontant en une magnifique cinescénie l’épopée des brigands, insurrection contre-révolutionnaire d’Italie du Sud lors du Risorgimento, à rapprocher de notre propre histoire, avec le soulèvement de la Vendée.
L’image de cette région des Pouilles est marquée par ses « trulli », ses petites maisons coniques de pierre sèche, si singulières, dont nous découvrons à Alberobello un village entier. Dans sa cathédrale, nous invoquons les saints médecins Côme et Damien devant leurs reliques.
Le jour baisse (même si certains aimeraient le prolonger !), tandis que nous allons vers le lieu de la lumière : Leuca (du grec leukos, la lumière)où les eaux de la mer Adriatique se mêlent à celles de la mer Ionienne. Des documents attestent que Saint-Pierre y séjourna, sur son chemin vers Rome, et y fonda un sanctuaire, l’actuelle basilique Santa-Maria « de finibus terrae », à la pointe la plus méridionale de la botte italienne !
Le car nous mène, le long de la riante côte Adriatique, avec ses magnifiques baies d’eau turquoise, vers Otrante, dont l’assaut des turcs a eu raison des épaisses murailles, en 1480. Ils firent irruption dans sa cathédrale, à l’exceptionnel pavement en mosaïque du XIIème siècle. Là fut sacrifié d’abord l’archevêque, puis 800 hommes furent menés sur une colline proche de la ville pour y être décapités. Après avoir fait résonner ses voûtes de vibrants Credo et Christus Vincit, nous nous rendons sur la colline, priant sur les lieux-mêmes où ils furent victimes de leur refus d’adhérer à l’Islam. L’un des leurs les avaient exhortés à mourir pour Dieu, leur disant voir déjà le ciel entrouvert. Il mourut le premier, et Dieu permis par miracle que son corps sans tête se releva et resta debout jusqu’à ce que ses frères fussent tous exécutés : tel signe du ciel permit la conversion d’un musulman qui fut massacré sur le champ par ses ex-correligionnaires. Victoire de la grâce, toute puissante ! Cette visite si actuelle nous rappelle qu’aujourd’hui comme hier elle ne fera pas défaut, si nous y sommes fidèles.
Après ces moments bien émouvants, nous rentrons pour une après-midi de repos et détente avec promenade en bateau sur la mer Ionienne, à la découverte des grottes marines.
Si l’on vient dans cette région du Salento, il ne faut pas manquer Gallipoli, la « belle ville », petite presqu’île du golfe de Tarente, antique ville florissante de la grande Grèce. Au détour de ses ruelles, on découvre encore quelques échoppes d’artisans et d’anciens pressoirs à huile, en sous-sol, les premiers producteurs en Europe d’huile de lampes au XVIIIème s.
Etape à Copertino, pour saint Joseph-de-Copertino, originaire du lieu, ce patron des candidats aux examens que nous avons tous prié. En effet (et c’est là l’humour du Bon Dieu), il bénéficia d’un « coup de chance » quand il passait ses examens d’accès au sacerdoce. Un saint atypique, patron aussi des aviateurs, du fait de ses dons de lévitation exceptionnels.
Avant de regagner Leuca, nous passons par Lecce, la « petite Florence du Sud », une des villes les plus florissantes du Royaume de Naples, à l’architecture baroque si raffinée. Les rappels historiques, et d’histoire de l’Eglise, sont nombreux : l’amphithéâtre antique, la figure de Saint Oronzo, premier évêque et patron de la ville, converti par un « facteur » de Saint Paul qui venait porter ses lettres aux romains, l’évocation de la bataille de Lépante représentée sur la façade de la célèbre église Santa Croce.
Nous quittons la région du Salento pour rejoindre la ville de Bari, chef-lieu de la région des Pouilles, le plus grand port de passagers de la mer Adriatique, centre névralgique du commerce et des échanges avec l’Europe et le Moyen-Orient., où l’on s’embarquait pour la Terre sainte, notamment lors des croisades. Une plaque rappelle le passage de sainte Brigitte de Suède, car c’est, depuis 1087, la ville de Saint Nicolas, évêque de Myre en Lycie, dont les reliques furent volées et apportées par des marins. Dans ce haut-lieu de pèlerinage, nous invoquons ce grand saint très populaire, mais qui gagne à être mieux connu également pour sa résistance aux hérétiques, au Concile Oecuménique de Nicée en 325. Il alla jusqu’à insuffler une « forte gifle » à Arius car il persévérait dans ses erreurs. Ce geste lui valut d’être destitué de sa charge d’évêque et emprisonné, mais l’épisode montre que le ciel bénit son action : Notre-Seigneur et la Vierge en personne lui apparurent dans sa prison pour lui rendre ses ornements, le rétablissant ainsi dans sa charge !
Enfin, nous arrivons dans la soirée dans la région du Gargano. Le Mont Gargan, lieu de pèlerinage célèbre depuis le Vème siècle, car, comme au Mont-Saint-Michel, l’archange y apparut dans une grotte : « Je suis l’archange Michel, un de ceux qui se tiennent sans cesse devant le Seigneur. J’ai choisi ce lieu pour être vénéré sur la terre ; j’en serai le protecteur à jamais. ». Après la visite, nous y entendons la messe, puis l’après-midi nous mène à San Giovanni Rotondo.
San Giovanni Rotondo, le couvent où Padre Pio vécut et où il s’éteint le 23 septembre 1968. C’est là qu’il reçut les stigmates de la Passion en 1918. Même si le nouveau sanctuaire possède une architecture moderne assez déconcertante, nous y descendons, récitant le chapelet, pour nous rendre devant son corps exposé. C’est l’occasion de prier, en ces temps d’apostasie, ce saint si proche de nous qui était connu pour sa célébration si fervente de la Messe, où il revivait réellement le sacrifice de la Croix, et également (moins célèbre) pour sa lutte contre la franc-maçonnerie infiltrée jusque dans les rangs de la hiérarchie de l’Eglise.
Après une dernière soirée dans un restaurant typique de Monte Sant’Angelo et une dernière nuit près du sanctuaire, les pèlerins reprennent la route de Rome. Avant de terminer notre pèlerinage, la dernière messe du parcours est dite à Lanciano, sur le lieu du miracle eucharistique. Un cadeau de la Providence nous permet d’être présents le jour du premier vendredi du mois, messe du Sacré-Cœur, dont l’Evangile rapporte le passage où le soldat romain Longin perça le côté du Christ d’un coup de lance, et se convertit. Nous sommes dans la ville d’où il est originaire et qui porte depuis le nom de sa lance, Lanciano. Le fer de sa lance se trouve précisément à Rome, dans la basilique Saint-Pierre, au cœur de la Chrétienté !
Si Dieu le veut, la Via Sacra vous y mènera ! Ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ?
De l’envoyée spéciale de La Porte Latine en Italie Marie Perrin.