La doctrine de Luther est fixée dans son commentaire de l’épître aux Romains : Luther y proclame que le péché originel vicie complètement la nature humaine et qu’il la livre sans recours possible à la concupiscence, si bien que chacun de nos actes est péché mortel. Incapable d’aucun bien l’homme ne sera sauvé que par la foi : à l’âme qui se confie en lui, Dieu donne comme récompense la justification. « Soyez pécheur et péchez hardiment, mais ayez confiance et réjouissezvous dans le Christ plus hardiment encore… Il faut pécher aussi longtemps que nous sommes ici-bas… » (Lettre à Mélanchton, Août 1521). Mais quelle est donc cette foi luthérienne qui sauve ? S’agit-il de la vertu théologale infusée par Dieu en nos âmes ou d’une confiance humaine ?
Si cette foi est telle que l’on puisse dire « autant tu crois, autant tu as » étant donné que cette foi est une œuvre humaine (puisqu’elle est acquise) la conséquence en est que la confiance dans sa propre pénitence consiste dans sa propre œuvre de foi : ce qui est étranger à la vérité chrétienne ». (Cal. Cajetan en 1530).
Pour Luther le pécheur demeure ce qu’il est. Jamais son âme ne sera justifiée, c’est-à-dire en état de grâce. Au mieux le Christ recouvrira d’un manteau pudique une corruption que la concupiscence augmentera. Le jugement de l’Eglise catholique au Concile de Trente est péremptoire : « Si quelqu’un nie que, par la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ conférée au baptême, la culpabilité du péché originel soit remise, ou même s’il affirme que tout ce qui a vraiment et proprement caractère de péché n’est pas totalement enlevé, mais est seulement rasé ou imputé : qu’il soit anathème » DzS.1515.
En conséquence la formule luthérienne » le croyant est à la fois juste et pécheur » (déclaration du 31 oct. 1999 signée par le Vatican !) est fausse. Le pessimisme luthérien conduit au désespoir : entraîné par un péché originel que rien ne saurait détruire, seule une prédestination inconnue fait échapper à la damnation ; la liberté est condamnée. L’Eglise catholique affirme au contraire que la miséricorde divine opère une nouvelle création, (« Si quelqu’un est dans le Christ, il est une nouvelle créature… et tout cela vient de Dieu qui nous a réconcilié avec lui par le Christ » II Cor., V, 17–18), mais non pas sans la coopération libre de l’homme : « Dans le temps même où Dieu infuse le don de la grâce sanctifiante, il meut le libre arbitre à accepter ce don » la llae, q.113, a. 3. Le cardinal Cajetan n’avaitil pas raison de dire dès 1530 : « cela revient en fait à construire une nouvelle Eglise » ?
Puisque la « foi » seule justifie, lesœuvres satisfactoires, pénitence volontaire, indulgences, intercession de la Sainte Vierge et des saints sont complètement inutiles. Les sacrements ne sont plus que des signes de cette « foi en les promesses de Christ » et n’ont aucune vertu par euxmêmes.
Dès lors la messe n’est plus un sacrifice propitiatoire. « L’élément principal de leur culte, la messe, dépasse toute impiété et toute abomination, ils en font un sacrifice et une bonne œuvre. N’y eût-il pas d’autre motif de quitter le froc, de sortir du couvent, de rompre les vœux, celui-là suffirait amplement » (Manifeste à la noblesse d’Allemagne, 1520).
Luther en tirera les conséquences. Il supprimera l’offertoire qui exprime clairement le but propitiatoire et expiatoire du sacrifice. Il supprimera la plus grande partie du Canon, gardera les textes essentiels mais comme récit de la Cène… Il ajoutera dans la formule de consécration du pain « quod pro vobis tradetur », il supprimera les mots « mysterium fidei » et les paroles « pro multis » … On ne peut qu’être stupéfait de constater que la nouvelle messe de Paul VI a appliqué les mêmes modifications et qu’en vérité les textes modernes mis entre les mains des fidèles ne parlent plus de sacrifice mais de la liturgie de la Parole, du récit de la Cène et du partage du pain ou de l’Eucharistie ». (Mgr Lefebvre, année sainte 1975).
Jubilé 2000 – Texte 2, Ecône
En 1545, Luther publie l’un de ses derniers ouvrages, « Contre la papauté fondée à Rome par le diable ». Ce livre manifeste le mauvais goût, la passion haineuse du réformateur. « Viens ici, pape âne, avec tes longues oreilles d’âne et ta gueule damnée de mensonge … La papisterie diabolique est le plus grand fléau de la terre et le plus menaçant pour nous que tous les diables aient pu fabriquer avec tout leur pouvoir ». |
Sources : Ecône /La Porte Latine du 30 novembre 2016