Abbé Louis-Joseph Vaillant – Octobre 2009
À peine arrivé en terre bretonne, alors que je n’étais pas encore installé, notre bonne secrétaire me transmet une communication :
- « Une dame, Madame J, demande à vous parler. Vous ne vous souvenez sans doute plus d’elle, mais elle se souvient de vous, elle a quelque chose à vous dire, je vous la passe. »
- « Bien », fis-je surpris… « Allô, l’abbé Vaillant à l’appareil. »
- « Bonjour Monsieur l’abbé, je suis madame J. » me répondit une petite voix septuagénaire et enjouée.
- « Bonjour Madame, que puis-je pour vous ?»
- « Vous ne vous souvenez probablement pas de moi, mais je me souviens très bien de vous. Voilà deux ans que je cherche à vous joindre et je suis confuse d’avoir mis tant de temps à vous retrouver. J’habite près de Lourdes. »
- « Mon Dieu, qu’ai-je bien pu faire ? », pensai-je !
- « Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans, poursuivit-elle, dans des circonstances très particulières. Vous faisiez un pèlerinage à Lourdes avec quelques jeunes. »
- « Ah oui, je me souviens de ce pèlerinage ! » Effectivement, nous avions fait Saint- Girond – Lourdes à pied, en six jours, à travers la montagne, par tous les temps ! Cela avait été très dur, mais nous en gardions tous un excellent souvenir.
- « Arrivé à Lourdes, vous aviez eu la grâce de pouvoir célébrer la messe le 22 août à la basilique. » C’était vrai, quelle grâce d’avoir pu ainsi couronner notre pèlerinage !
- « Et là, vous attendiez deux de vos jeunes, encore absents, pour commencer la messe. »
- « Mais oui ! », pensai-je. Oh ! j’avais bien pesté intérieurement car un fâcheux concours de circonstances avait fait que les uns cherchaient les autres et cela eût pu durer longtemps…
- « Je ne voulais pas vous déranger, mais profitant de ce moment d’attente, je vous ai abordé pour vous demander une faveur. J’avais un neveu de soixante ans, non baptisé. J’avais beaucoup prié pour sa conversion, et, suite à une longue maladie, il venait de tomber dans le coma, il était moribond, sa mort était imminente. Et, comme vous alliez célébrer la messe, je vous avais expliqué brièvement son cas et je vous avais demandé si vous pouviez prier pour lui. Et vous m’aviez répondu que vous aviez bien une intention de messe, mais que vous acceptiez de la changer pour la mienne. »
- « Effectivement, je m’en souviens très bien à présent » lui répondis-je, et je m’étonnais intérieurement d’avoir pu oublier cette anecdote qui maintenant me revenait tout à fait, bien que je ne parvinsse pas à remettre un visage sur cette voix si douce dont les bonnes grand-mères ont le secret.
- « Figurez-vous que le lendemain, je suis allée le voir, il était très mal en point. Quand, tout à coup, par trois fois, très distinctement, il s’est écrié « Baptême ! Baptême ! Baptême ! ». Immédiatement, j’ai appelé l’abbé N. qui a accouru et lui a administré le sacrement. Quelques heures après, il mourait… »
- « … » Les mots me manquaient.
- « Oh ! Monsieur l’abbé, voilà deux ans que je vous cherche pour vous remercier ! Un abbé, avec qui vous avez fait votre retraite annuelle, m’a récemment appris que vous étiez nommé à l’école Sainte-Marie et m’a conseillé de vous appeler début septembre pour être sûr de vous avoir ».
Nous étions le 3 septembre, fête de notre Vénéré Patron, Saint Pie X…
- « Mais, c’est la Sainte Vierge qui a fait ce miracle, c’est Notre-Dame de Lourdes, c’est son Cœur Immaculé ! » répondis-je.
- « C’est vrai, mais je tenais à vous raconter la fin de cette belle histoire. J’avais tant prié, pensez-vous ! Il est monté directement au ciel, soixante ans de vie pécheresse effacés par le Baptême !»
Tel fut l’accueil que m’avait réservé Notre Bonne Mère du ciel en ces débuts d’apostolat dans ce beau Pays de Bretagne. J’avais l’impression d’avoir eu le Ciel au téléphone !
Quel encouragement ! Je me rendis immédiatement à la chapelle, aux pieds de notre belle statue de la Sainte Vierge pour la remercier de cette grande grâce et je me disais intérieurement : « Vraiment, elle est toute-puissante sur le cœur de Dieu ».
Pourquoi cette nouvelle le jour de la Saint Pie X ? Mes supérieurs me confiaient un troupeau.
Avant de le prendre en main, il m’a semblé que l’Étoile du Ciel me donnait mes consignes de vol : n’oublie jamais pourquoi je t’ai placé ici ; ces âmes que je te confie, conduis-les à Dieu !
Je me recommande à vos prières… La Sainte Messe, la Sainte Vierge ! Quelles armes redoutables ! Ne désespérons jamais dans nos prières.
Invoquons-la avec foi, surtout en ce mois du Rosaire !
Abbé Louis-Joseph Vaillant, Directeur de l’école Sainte-Marie