Chers amis et bienfaiteurs
L’importance du choix de l’école catholique n’est plus à démontrer. Pourtant, certains parents minimisent encore l’état affligeant des écoles publiques ou privées sous contrat pour justifier leurs réticences à envoyer leurs enfants dans des écoles vraiment catholiques. Ils semblent oublier l’avilissement intellectuel et moral qu’ils infligent à ceux dont ils ont la charge devant Dieu.
Lorsque l’on fait le choix d’une école, on ne doit pas se limiter à considérer ce que l’établissement vous offre comme services, prestations ou contenu scolaire. Il faut aussi s’interroger sur ce qu’elle ne donne pas. Autrement dit, si l’on envisage de faire le choix d’une école de bonne réputation dite « neutre » ou « aconfessionnelle » ou encore catholique diocésaine, il faut bien se rappeler que l’enfant ne sera peut-être pas confronté à la drogue, à la violence scolaire, au racket, mais surtout qu’il ne recevra pas d’éducation religieuse traditionnelle, qu’il ne vivra pas dans un milieu où on lui parlera de Dieu et du but de sa vie, qu’il ne sera pas en contact avec des prêtres ou des religieuses en qui il aura confiance, qui lui enseigneront la vraie doctrine, qu’il pourra admirer.
Un garçon et une fille ont besoin de modèles. Or, Dieu se sert des éducateurs religieux pour guider l’enfant vers Lui et forger progressivement un idéal de vie chrétienne, comme le font aussi les parents, à la maison. Priver l’enfant d’une éducation authentiquement catholique, c’est isoler l’enfant de Dieu, c’est le sevrer de la nourriture quotidienne dont son âme a besoin, c’est assécher le chemin de la grâce et rendre bien ardu le combat quotidien de la vie chrétienne. C’est, enfin, le forcer à vivre en schizophrène : chrétien à la maison et gentil païen à l’école.
Donner à l’enfant une école catholique, c’est lui assurer, non pas la tranquillité d’un cocon qui l’empêcherait de connaître la réalité du monde ou de s’y adapter un jour, mais les conditions d’une éducation lucide qui, faisant la part de la nature et de la grâce, lui donne les armes de la vérité avant de l’envoyer au combat, lui fait connaître et aimer le Dieu qui l’a créé et sauvé, avant de le confronter aux inévitables oppositions du monde.
Les écoles traditionnelles ne sont pas des nuages roses en apesanteur, au-dessus du réel. Elles sont le lieu de formation et d’entraînement à la vie réelle, selon un rythme et des moyens proportionnés au développement de l’enfant. On n’envoie pas un soldat au combat sans un minimum d’entraînement préalable. Et ignorer la réalité du combat moral et intellectuel contemporain serait la marque d’un aveuglement coupable. D’où la nécessité d’une formation scolaire adaptée.
D’autre part, si l’on ne regarde que la réputation d’un établissement, son taux de réussite au baccalauréat ou l’encadrement disciplinaire dont il bénéficie, on oubliera généralement de s’interroger sur la moralité des camarades fréquentés à l’école. Quelle est la religion des familles ? Quelle vie morale ont-elles ? Quels loisirs ? Quel mode de vie ? Quelles amitiés les enfants vont-ils pouvoir nouer ? Quelles références et quels modèles seront partagés ? Quant à l’école elle-même, songe-t-on suffisamment que, si elle est en contrat avec l’État, elle est tenue d’appliquer tous les programmes scolaires de l’État, avec tout ce que cela signifie d’immoralité (biologie, par exemple), d’esprit révolutionnaire et de matraquage intellectuel sur les idées modernes ? Quelle formation philosophique recevra l’adolescent dans une école qui promeut le relativisme, le scepticisme, l’égalité de toutes les opinions, mais qui refuse la Vérité ? Comment prétendre se former quand la seule philosophie préconisée consiste à se poser des questions auxquelles chacun est invité à répondre selon sa conscience, à la lumière de philosophes majoritairement choisis dans la famille des idéalistes ?
Les bonnes écoles catholiques sont celles qui mettent l’enfant devant sa fin ultime par un agencement harmonieux des programmes, une vie chrétienne et liturgique concrètement vécue dans le cadre scolaire et contribuent, dans le prolongement de l’action familiale, à lui donner les moyens intellectuels, moraux et sacramentaux pour développer sa foi, son intelligence, sa volonté et sa sensibilité, toute sa personnalité, bonifiée selon ses capacités naturelles et la grâce que Dieu lui donne. La vie de communauté lui donne en outre le sens de la vie sociale, lui fait pratiquer l’oubli et le don de soi, la charité fraternelle, et contribue ainsi à corriger les tendances naturelles d’un individualisme que renforce l’esprit moderne.
C’est de cette école dont l’enfant a besoin. L’Église a reçu cette mission éducatrice et les parents ont le devoir de mettre tout en œuvre pour réussir leur mission qui découle de la fin première de leur mariage, avec l’aide de l’Eglise fidèle à l’enseignement de son divin Maître.
Abbé Philippe Bourrat, Directeur de l’enseignement pour le District de France