Chemin de croix pour la défense de la vie

Introduction

En cet après-​midi du 3 février [2020], pour­quoi sommes-​nous réunis en cette cha­pelle ? Pour offrir une répa­ra­tion aux Cœurs de Jésus et de Marie. En effet, aujourd’hui comme jamais aupa­ra­vant, la loi de Dieu est bafouée. L’homme veut se rendre maître de la vie, jouer de la vie, se jouer de la vie, la plier à ses dési­rs ou à sa volon­té de puis­sance : soit en l’empêchant d’apparaître, soit en la sus­ci­tant de manière pec­ca­mi­neuse, en l’écourtant, en la transformant.

En France, un nou­veau pro­jet de loi com­porte trois trans­gres­sions majeures : « l’accès aux tech­niques arti­fi­cielles de pro­créa­tion humaine ; le déve­lop­pe­ment de la recherche sur les embryons humains ; l’accroissement de la sélec­tion anté­na­tale ». Que de mon­ceaux de crimes dis­si­mulent ces expres­sions ! Que Dieu nous prenne en pitié !

Première station : Jésus est condamné au tribunal de Pilate.

Jésus ne doit plus régner. Il doit s’effacer, se reti­rer, dis­pa­raître. Notre socié­té condamne de nou­veau Notre-​Seigneur. Elle ne veut plus de sa loi d’amour avec ses justes exi­gences de res­pect envers la vie humaine, don de Dieu. Pour elle, la vie n’est qu’un maté­riau qu’elle entend gérer et mani­pu­ler à sa guise par l’entremise de méde­cins fous.

Tout à sa volon­té de puis­sance, elle s’écrie : « celui-​ci vivra si nous le jugeons digne de vivre ; celui-​là mour­ra si nous le jugeons indigne de vivre. » Aussi notre monde est-​il replon­gé dans la nuit du paga­nisme qui fut si dur aux faibles et aux petits. Que Dieu nous prenne en pitié !

Deuxième station : Jésus est chargé du bois de la Croix.

Pourquoi les Juifs et les Romains ont-​ils trai­té hier en mal­fai­teur notre bien­fai­teur, l’auteur du Salut ? Pourquoi appelle-​t-​on aujourd’hui bien le mal et mal le bien ? Pourquoi rejette-​t-​on avec rage la loi natu­relle ins­crite dans nos cœurs et gra­vée sur les deux tables de Moïse ? L’homme entend fabri­quer l’homme, il ne veut plus connaître de limites, il verse dans aune déme­sure qui le perd.

La Révolution en cours se révèle plus pro­fonde encore que les Révolutions fran­çaise et com­mu­niste. En effet, elle ne s’attaque pas seule­ment à un régime poli­tique ou social, mais vise à déna­tu­rer à l’intime l’homme même. Ce pro­jet pro­mé­théen lui est susur­ré par le grand révol­té, le prince de ce monde, Satan. Que Dieu nous prenne en pitié !

Troisième station : Jésus tombe une première fois.

Jésus vient nous sau­ver. Il verse son sang pour tous, mais beau­coup se détournent de lui et rendent vaine pour eux la Rédemption. Ils ont pour ins­pi­ra­teur le démon qui, par orgueil, a refu­sé de vivre dans la douce dépen­dance du Créateur. Cet orgueil a pré­ci­pi­té en enfer l’ange révol­té. Sous son influence, des hommes nous entraînent à la chute, au mal­heur. Que Dieu ait pitié de nous !

Quatrième station : Jésus rencontre sa Très Sainte Mère.

Le petit homme a besoin d’un nid, d’une famille pour l’accueillir. Le Dieu fait homme lui-​même a vou­lu d’une famille : d’une mère, la Vierge Marie ; d’un père nour­ri­cier, saint Joseph. Le petit homme ne peut se déve­lop­per har­mo­nieu­se­ment et s’épanouir qu’entouré d’un père et d’une mère qui se penchent vers lui, l’entourent d’affection, lui pro­diguent des soins, l’éduquent, l’entraînent par l’exemple, le reprennent, l’encouragent.

Aujourd’hui, des gou­ver­nants, affran­chis de toute morale, tra­vaillent sciem­ment, froi­de­ment, cri­mi­nel­le­ment, à ce que des enfants n’aient pas de père, n’aient pas de mère. Nous enten­dons leur cri de des­truc­tion : « Famille, je vous hais ! » Que Dieu nous prenne en pitié !

Cinquième station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter la Croix.

Le cardinal-​archevêque de Bologne venait de fon­der un ins­ti­tut pour la défense de la famille. Il pen­sa à sol­li­ci­ter les prières de la der­nière voyante Fatima, sœur Lucie. En retour de sa demande, il eut la sur­prise de rece­voir une longue lettre où il lut : le com­bat pré­sent, le der­nier, se livre sur le ter­rain de la famille.

Oui, le démon veut l’écrasement de la famille, son écla­te­ment, sa pul­vé­ri­sa­tion qui pri­ve­ra le petit homme de tous repères et le remet­tra, impuis­sant, désar­mé, aux mains d’un État aux visées totalitaires.

Sixième station : Sainte Véronique essuie la Face de Jésus.

Jésus, d’un souffle, pour­rait ren­ver­ser ses enne­mis comme il le fit quelques ins­tants avant son arres­ta­tion au Jardin des Oliviers. Mais il veut à l’ordinaire que nous coopé­rions à son pro­jet de bon­heur sur nous. Saint Augustin nous le rap­pelle :« Dieu qui t’a créé sans toi ne te sau­ve­ra pas sans toi ».

À nous de lut­ter pied à pied contre les enne­mis de Jésus qui sont tout uni­ment les enne­mis de nos âmes. À nous de réaf­fir­mer la Royauté uni­ver­selle de Jésus, la pri­mau­té de sa Loi. Son obser­va­tion est seule en mesure d’assurer à l’homme la paix véri­table ici-​bas — la tran­quilli­té de l’ordre —, et l’accès aux joies du Ciel, au terme de son pèlerinage.

Septième station : Jésus tombe une deuxième fois.

Un pré­sident de la République affir­mait que la loi posi­tive prime la loi natu­relle, qu’il n’est pas de loi supé­rieure à celle que les dépu­tés votent, loi d’un jour pour­tant qu’une future majo­ri­té pour­ra défaire.

Parler ain­si, c’est ver­ser dans un rela­ti­visme abso­lu, immo­ral au plus haut degré, c’est se sou­mettre aujourd’hui à la pres­sion des arti­sans de mort et aux puis­sances d’argent.

Huitième station : Les filles de Jérusalem pleurent sur Jésus

Jésus ne refuse pas la com­pas­sion de ces jeunes femmes. Mais que leur dit-​il ? Vos pleurs se trompent d’objet. Pleurez, oui, mais sur vous et sur vos enfants, « car si l’on traite ain­si le bois vert, qu’en sera-​t-​il du bois sec » ? Quarante ans plus tard, Jérusalem fut inves­tie par les troupes de Titus ; les hommes furent pas­sés au fil de l’épée, cru­ci­fiés par mil­liers au point qu’il man­quait de bois où les pendre ; les femmes et les enfants furent ven­dus à l’encan comme vil bétail.

Terrible châ­ti­ment ! L’apostasie offi­cielle attirera-​t-​elle de pareils maux sur notre pays autre­fois chré­tien ? Il faut que des justes conti­nuent de pro­cla­mer le carac­tère sacré de la vie de la concep­tion à son terme natu­rel, accueillent les plus faibles et les entourent.

Neuvième station : Jésus tombe une troisième fois.

La Sainte Église fon­dée par Notre-​Seigneur n’est hélas ! plus l’inspiratrice de notre France apos­tate. Elle a été rem­pla­cée par la franc-​maçonnerie, la « Synagogue de Satan » comme l’appelait le pape Léon XIII dans son ency­clique Humanum genus qui réité­rait la condam­na­tion de cette socié­té secrète. Les francs-​maçons tra­vaillent à tordre les men­ta­li­tés, à faire admettre le crime. Ils tra­vaillent dans l’ombre, à cou­vert. Ils ne répugnent pas à user de men­songes, à inver­ser le sens des mots.

C’est ain­si qu’un ancien Grand Maître de la Grande Loge de France, gyné­co­logue de pro­fes­sion, pous­sant à la contra­cep­tion, à l’avortement, à l’euthanasie, et pré­voyant la PMA et la GPA, avait inti­tu­lé son livre : De la vie avant toutes choses. S’il avait été hon­nête, il aurait dû l’intituler De la mort avant toutes choses. Mais avant d’agir, il faut trom­per, biai­ser, uti­li­ser des sigles ou des expres­sions d’apparence ano­dine, para­ly­ser les réac­tions, avan­cer pas à pas, trans­for­mer les men­ta­li­tés, faire admettre ce qui était tout d’abord refu­sé de la plu­part par une juste réac­tion de sens commun.

Dixième station : Jésus est dépouillé de ses vêtements.

Nous sommes dépouillés du man­teau pro­tec­teur de la chré­tien­té, des mœurs de la foi qui pous­saient au bien, éta­blis­saient, sta­bi­li­sés dans le bien. L’enfant n’est plus res­pec­té. La femme n’est plus res­pec­tée. Pis, on s’ingénie à ce qu’elle ne se res­pecte plus, qu’elle appelle liber­té, éman­ci­pa­tion son avi­lis­se­ment, son asser­vis­se­ment ; qu’elle récuse sa fémi­ni­té et son aspi­ra­tion à la maternité.

Aujourd’hui, on pro­tège le petit ani­mal, mais l’homme n’a pas l’honneur d’appartenir à une espèce pro­té­gée ! Seul le retour à Jésus et à Marie fera renaître le sens du réel et natu­rel et surnaturel.

Onzième station : Jésus est cloué à la Croix.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Autrefois ; nous l’apprenions bien vite en classe. Tout civi­li­sé le savait. Aujourd’hui des hommes au cœur endur­ci, au regard aveu­glé, qui ne savent plus ou ne veulent plus savoir que l’homme vient de Dieu et doit faire retour à Dieu par le Seigneur Jésus, pré­tendent que tout ce qu’on est en mesure de faire se fera, iné­luc­ta­ble­ment. Véritables doc­teurs Diafoirus, ils sacra­lisent les appli­ca­tions de la science. Ils ne regardent pas à l’homme qu’ils défi­gurent, écrasent, crucifient.

Douzième station : Jésus meurt sur le bois de la Croix.

Satan est homi­cide dès les ori­gines. Il enrage de ce que le Paradis nous soit pro­mis. Avec ses affi­dés qui tiennent le haut du pavé, il se mul­ti­plie pour nous éga­rer hors de la voie du salut.

Sachons lui dire NON en nous effor­çant à la ver­tu ; en four­nis­sant des efforts sur nous-​mêmes, en ten­dant à la sain­te­té, par une vie de prière qui atti­re­ra sur nous et nos proches la grâce de Dieu. C’est ain­si que nous tue­rons en nous les germes de mort, et que la vie en nous pour­ra se déve­lop­per en plénitude.

Treizième station : Jésus est descendu de la Croix et remis à sa Mère.

Tout semble déses­pé­ré ! Tout le sem­blait éga­le­ment le Vendredi-​Saint. Mais Jésus domine les évè­ne­ments, les dirige mal­gré les appa­rences contraires. C’est l’heure des ténèbres. Mais les méchants n’auront qu’en temps. Leur perte est assu­rée. Nous avons au Ciel une Mère qui est « forte comme une armée ran­gée en ordre de bataille ». Recourons à elle. Elle nous secour­ra et nous gar­de­ra du décou­ra­ge­ment et de toute com­pro­mis­sion avec les enne­mis de son Divin Fils.

Quatorzième station : Jésus est descendu de la Croix et mis au tombeau.

La vic­toire est pro­mise aux amis de Jésus. Ne nous lais­sons pas impres­sion­ner par les puis­sances du mal. Les ténèbres ont enva­hi la terre tan­dis que Jésus pen­dait au bois de la Croix. Mais après que Jésus eut ren­du le der­nier sou­pir, les ténèbres se dis­si­pèrent et le ciel rede­vint radieux.

Formez-​vous au com­bat, instruisez-​vous afin de for­ti­fier vos convic­tions ! Entrez à fond dans l’éducation que vous avez le pri­vi­lège de rece­voir ici ! Ainsi serez-​vous à même de témoi­gner de la véri­té humaine et divine, et de la rayon­ner par des actes en cha­cun de vos milieux de vie.

Abbé Philippe NANSENET, FSSPX