Pour l’honneur de la famille

Les pèle­ri­nages de ren­trée à Ri, à la Chapelle-​sur-​Vire, au Mont-​Saint-​Michel et à Lisieux ont armé de cou­rage nos âmes pour les com­bats de l’an­née. Sans nul doute, saint Jean Eudes, le chef de la Milice céleste, sainte Thérèse, ses parents, Louis et Zélie Martin, Notre-​Dame nous viendront-​ils en aide pour que nous pro­cla­mions inlas­sa­ble­ment la véri­té natu­relle et divine sur l’u­nion de l’homme et de la femme. Pour que nous la pro­cla­mions, et pour que ceux qui par­mi nous ont embras­sé l’é­tat de mariage se reprennent au besoin et en vivent jus­qu’à l’hé­roïsme, car l’heure est moins que jamais aux demi-​mesures. Les demi-​mesures gâchent tout, à terme, car elles ané­mient et ne per­mettent pas de résis­ter lorsque souffle le vent mauvais.

Dans une lettre au car­di­nal Caffarra, l’ar­che­vêque de Bologne – qui sol­li­ci­tait auprès d’elle des prières – Soeur Lucie de Fatima écri­vait que le com­bat final, déci­sif entre le Seigneur et Satan se livre­rait au sujet du mariage et de la famille, que les bons seraient haïs de toutes manières, mais que Dieu les sou­tien­drait : La Sainte Vierge a déjà écra­sé la tête du ser­pent ! Cette lettre a été por­tée à notre connais­sance en mars 2008, dans le jour­nal La Voce di Padre Pio.

Hélas ! aujourd’­hui, ce ne sont pas seule­ment les pou­voirs poli­tiques anti-​Christ qui s’ap­pliquent à rui­ner de fond en comble l’é­di­fice fami­lial, le com­bat fait rage jusque dans l’Église et sème un trouble inouï par­mi les bap­ti­sés. Pourra-​t-​on mesu­rer le scan­dale pro­vo­qué par la mise en cause –le plus sou­vent indi­recte et sour­noise – de l’u­ni­té et de l’in­dis­so­lu­bi­li­té du lien conju­gal au nom d’une pseu­do misé­ri­corde, d’une pré­ten­due morale de gra­dua­li­té, d’une notion per­ver­tie de la péda­go­gie divine, d’un che­mi­ne­ment de péni­tence sans regret et sans répa­ra­tion, d’un refus de recon­naître qu’il est des actes intrin­sè­que­ment désordonnés ?

Craignons que tout comme au der­nier Concile sur les sujets d’ordre dog­ma­tique, les évêques réunis à Rome, soient appe­lés à « une conver­sion pas­to­rale » décro­chée de la véri­té, sur les sujets d’ordre moral. Comment jus­ti­fier l’in­jus­ti­fiable ? Certains s’y essaient en décou­vrant dans toute union stable, si pec­ca­mi­neuse soit-​elle, des élé­ments du sacre­ment de mariage. Et pour­quoi non ? Les Pères conci­liaires n’avaient-​ils pas décou­vert des élé­ments de véri­té et de sain­te­té dans toute confes­sion reli­gieuse ? Il suf­fi­rait d’im­po­ser cette trans­po­si­tion de l’ordre dog­ma­tique à l’ordre moral !

Les maîtres d’œuvre de cette entre­prise de sub­ver­sion radi­cale ne sont autres que le car­di­nal Kasper et ses épi­gones, à l’ins­ti­ga­tion du pape François. Ne nous voi­lons pas la face, les faits sont têtus, et toutes les tech­niques de camou­flage ne sau­raient plus nous tromper.

En cette heure dra­ma­tique, toute l’Église devrait être en cla­meurs ! L’est-​elle ? Qui ose encore dire la véri­té toute nue et dénon­cer les causes pro­fondes des aber­ra­tions présentes ?

Nous avons répon­du aux appels à la péni­tence de nos supé­rieurs aus­si bien au Prieuré qu’au Cours Sainte-​Catherine de Sienne. Vous vous êtes asso­ciés à nous en un bel élan.

Nous vou­drions main­te­nant, par ce numé­ro qui rompt de manière excep­tion­nelle le rythme tri­mes­triel de notre modeste publi­ca­tion, contri­buer à notre place d’une part au débat doc­tri­nal, ou plu­tôt à la réaf­fir­ma­tion de véri­tés intan­gibles sur la cel­lule mère de la socié­té, d’autre part à vous aider à implo­rer le Ciel pour que le pire nous soit épargné.

Aussi trouverez-​vous ici dans une pre­mière par­tie quelques rap­pels de doc­trine sur la loi natu­relle – la grande absente du Synode ! – sur le mariage, sur la famille, sur le funeste Concile Vatican II qui, au-​delà d’er­reurs ponc­tuelles gra­vis­simes, a opé­ré « une véri­table révo­lu­tion coper­ni­cienne » en pla­çant l’homme au centre et au som­met de toutes choses, l’homme en lieu et place de Dieu, quelques mots sur les Synodes extra­or­di­naire et ordi­naire aux dérou­le­ments bien étranges et, in fine, comme modèles, deux familles toutes don­nées à Dieu et sanc­ti­fiées au milieu même d’é­preuves crucifiantes.

Dans une deuxième par­tie, nous repro­dui­rons le Chemin de la Croix que nous avons prê­ché devant les Mères domi­ni­caines et leurs élèves.

De la sorte, nous croyons répondre au vœu de nos Supérieurs qui nous pressent de vous aver­tir du dan­ger pré­sent et de vous invi­ter ins­tam­ment à sup­plier Notre- Seigneur par l’in­ter­ces­sion de sa Très Sainte Mère de « nous don­ner beau­coup de saintes familles catho­liques ».

Abbé Philippe Nansenet, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Source : Le Petit Eudiste d’octobre-​novembre 2015