Chemin de croix pour attirer des grâces durant la période d’épidémie

The Way to Calvary; Simon Bening (Flemish, about 1483 - 1561); Bruges, Belgium; about 1525 - 1530; Tempera colors, gold paint, and gold leaf on parchment; Leaf: 16.8 x 11.4 cm (6 5/8 x 4 1/2 in.); Ms. Ludwig IX 19, fol. 178v

Première station : Jésus est condamné mort.

Le bon Dieu a don­né à l’homme la liber­té. Cette liber­té lui a été com­mu­ni­quée pour qu’il puisse l’aimer de tout son cœur. C’est ain­si que l’homme fidèle marche ici-​bas à pas d’amour vers la Terre pro­mise, vers la béa­ti­tude éter­nelle, vers le Ciel.

Malheureusement beau­coup d’hommes au lieu de se ser­vir de leur liber­té pour che­mi­ner vers le Ciel s’en servent pour satis­faire leurs bas ins­tincts et bien vite, ils tombent dans un escla­vage trom­peur. Parce que leurs œuvres sont mau­vaises, ils vou­draient que Dieu n’existât pas. Comme le dit le psal­miste, « l’insensé a dit dans son cœur : Dieu n’existe pas ».

Mais puisque Dieu existe bel et bien, le pécheur cherche par tous les moyens à l’oublier, et même si cela lui était pos­sible à le détruire. Voilà ce qui explique la Passion de Notre-Seigneur.

Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, vrai Dieu et vrai homme, est venu ici-​bas pour don­ner aux hommes la vie, la vraie Vie, la vie de la grâce sur la terre, et la vie éter­nelle au Ciel. Mais l’homme a pré­fé­ré jouir de façon déré­glée de la vie pré­sente ; c’est pour­quoi il l’a reje­té en s’écriant : « crucifie-​le, crucifie-​le ! » Aujourd’hui plus que jamais l’homme refuse Dieu, mais le bon Dieu, dési­rant la conver­sion des pécheurs, per­met que des maux tels que l’épidémie qui nous frappe, les conduisent à reve­nir vers lui.

O mon Jésus, en vous voyant mis à mort par les hommes que vous avez tant aimés, je com­prends mieux la malice du péché. Je vous en sup­plie, par­don­nez mes péchés, et ne per­met­tez pas que je quitte la route étroite qui mène au Ciel pour me mettre au rang de vos enne­mis. Faites que la situa­tion actuelle soit l’occasion de nom­breuses et pro­fondes conversions.

Deuxième station : Jésus est chargé de sa croix.

Une fois décla­rée sa mise à mort, Notre-​Seigneur est char­gé de sa lourde croix.

Il y a seule­ment quelques jours, les habi­tants de Jérusalem s’étaient écriés : « hosan­na, ô Fils de David », ils l’avaient accueilli avec des palmes à la main en signe de recon­nais­sance, et voi­là qu’aujourd’hui ils réclament sa mort. Ils vont jusqu’à s’écrier : « Crucifie-​le ; crucifie-​le ». Certains lui crachent au visage, l’insultent, le méprisent. On voit par là com­ment une foule est ver­sa­tile, com­ment elle est mani­pu­lable, com­ment elle change faci­le­ment d’avis. On voit aus­si que ce n’est pas la majo­ri­té qui fait la véri­té. Durant la Passion, seul un petit nombre console Notre-Seigneur.

Quant à nous, ne nous lais­sons pas influen­cer par l’opinion publique et pour ne pas perdre la paix inté­rieure en ces heures dif­fi­ciles, limi­tons au maxi­mum l’usage des medias qui plongent le monde dans un cli­mat d’inquiétude sans remon­ter à la racine du mal et sans pro­po­ser de solu­tion efficace.

O mon Jésus, je veux vous conso­ler et si je ne peux plus assis­ter à la messe ni com­mu­nier, je veux néan­moins pui­ser dans la prière, la force néces­saire pour accep­ter géné­reu­se­ment la part de croix que vous m’envoyez pour faire mon salut.

Redisons aus­si du fond du cœur la belle prière de la cou­ronne de l’Enfant-Jésus que nous avons eu la grâce de réci­ter ensemble au mois de jan­vier : « Divin Enfant-​Jésus, j’adore votre croix et j’accepte toutes celles qu’il vous plai­ra de m’envoyer. »

Troisième station : Jésus tombe sous le poids de sa croix.

Notre-​Seigneur acca­blé de souf­frances phy­siques, morales, spi­ri­tuelles, tombe sous sa lourde croix. Il tombe en consi­dé­rant spé­cia­le­ment les chutes de l’homme dans le péché et il prie son Père pour rele­ver l’homme de la boue du péché. « Père, lui dit-​il, que cette croix qui me jette au sol les relève et leur donne la force de mar­cher sous le far­deau doux et léger que je leur ai lais­sé. » Et bien­tôt, repre­nant des forces nou­velles, il se relève géné­reu­se­ment pour conti­nuer sa route jusqu’au lieu de la crucifixion.

En por­tant son lourd far­deau, il nous mérite la grâce de por­ter le nôtre. Il a dit au sujet du nôtre : « mon joug est doux et mon far­deau léger ». Le joug, le far­deau dési­gnent tout ce que nous endu­rons de pénible. Le far­deau est doux et léger pour celui qui aime Dieu car l’amour donne à l’homme la force de sup­por­ter la souf­france. Sainte Thérèse d’Avila le disait : « Je suis per­sua­dée que la force de sup­por­ter une grande croix ou une petite a pour mesure celle de l’amour. » (Chemin de la per­fec­tion, ch. XXIV)

Pour gar­der notre sang froid dans l’épreuve que nous tra­ver­sons et évi­ter toute crainte sté­rile, rappelons-​nous que Dieu est Providence. Il a les rênes en mains. Aujourd’hui encore, il peut tout, il sait tout et il nous aime. Alors ne tom­bons pas dans le décou­ra­ge­ment si pré­ju­di­ciable à notre équi­libre, mais vivons au jour le jour avec patience et confiance. O mon Jésus, faites gran­dir en moi la cha­ri­té, pour que je puisse por­ter avec cou­rage ma croix à votre suite.

Quatrième station : Jésus rencontre sa très sainte mère.

Durant la Passion, tous, ou presque, sont deve­nus les enne­mis de Notre-​Seigneur ; on le tire, on le pousse, on le frappe, on lui lance à la figure la boue des jurons et du blas­phème. Et il n’y a per­sonne pour le soutenir.

Pourtant, si ! il y a encore un cœur qui l’aime, un cœur fidèle, un cœur trans­pa­rent, imma­cu­lé, celui de Marie.

Mais pré­ci­sé­ment, Jésus redoute cette ren­contre. Pourvu qu’elle ne voie rien, cette mère intacte et pure. Pourvu qu’elle ne voie pas ce visage défi­gu­ré et humilié.

Peut-​on rece­voir la conso­la­tion d’une mère quand pour cela il faut se mon­trer à elle dans un tel état de déla­bre­ment ; quand il faut lui faire entendre les gros­siè­re­tés, les injures, lui faire voir ce visage macu­lé de boue, de sueur, de cra­chat et de sang ?

Jésus vou­drait épar­gner à sa Mère ce glaive de dou­leur… mais, au tour­nant de la route, elle est là qui veut souf­frir avec lui, pour être jusqu’au bout la Vierge fidèle. Jésus la contemple, recueille ce cœur aimant et souffrant.

Ecoutons Notre-​Seigneur nous dire : « Lorsque la ten­ta­tion se fait plus vio­lente, lorsque les chutes peut-​être te plongent à terre, si tu m’oublies, au moins pense à ta mère, n’oublie pas les souf­frances de ta mère. »

Notre-​Dame disait à la Salette : « Depuis le temps que je souffre pour vous autres, et vous n’en faites pas cas. » Elle a alors par­lé à Maximin et à Mélanie des mau­vaises récoltes qui étaient la consé­quence des péchés des hommes et notam­ment le manque de sanc­ti­fi­ca­tion du dimanche, de l’abstinence du ven­dre­di, et les jurons. L’épreuve actuelle nous fait mieux sai­sir le prix d’une messe. Aussi, si nous ne pou­vons y assis­ter les pro­chains dimanches, unissons-​nous en esprit aux messes célé­brées dans le monde ou regar­dons celle qui est acces­sible sur la por­te­la­tine.

Cinquième station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix.

Jésus la sent plus que jamais, cette dure mis­sion de sau­ver les hommes. Il l’avait accep­tée telle que le Père la lui avait pré­pa­rée. « Ce n’est pas ma volon­té que je cherche, mais celle de Celui qui m’a envoyé ». « Père, l’heure est venue »… L’heure est venue d’accomplir le sacri­fice total. Il me faut encore faire quelques mètres pour gagner le haut de cette mon­tagne. Quelques mètres encore pour m’offrir et avec moi vous offrir ces âmes qui ont méri­té la mort…

Mais Jésus n’en peut plus. Ses forces, si près du but, ont atteint leurs der­nières limites. Aussi, lui, le Dieu Fort, lui qui il y a quelque temps com­man­dait à la mer et au vent, il se voit obli­gé de trou­ver une aide. Quelle humi­lia­tion ! Et il le fait à nou­veau pour nous don­ner une leçon. Il accueille volon­tiers Simon de Cyrène. C’est pour nous invi­ter à accep­ter nos fai­blesses, à les recon­naître et à nous lais­ser secou­rir, peut-​être par ceux-​là mêmes que l’on croyait plus faibles que nous !

Ô mon Jésus, grande est votre humi­li­té et riche est votre exemple ! Avec vous, je com­prends qu’il me faut aller jusqu’au bout de mon devoir et que je ne le puis qu’aidé par Vous, bien sûr, mais encore par ceux que Vous met­tez, là, Cyrénéens, sur ma route. Merci, ô mon Jésus, pour cette leçon qui me mène à la victoire !

Prions au cours de cette sta­tion pour le per­son­nel hos­pi­ta­lier char­gé de soi­gner les malades. Qu’il le fasse avec zèle, patience et confiance. Que la grâce de Dieu les touche pour leur dévouement.

Sixième station : Une femme pieuse essuie la face de Jésus.

« Nous l’avons vu, s’écriait par avance le pro­phète Isaïe en par­lant de Notre-​Seigneur, il n’avait ni forme, ni beau­té ». Quel contraste entre le visage de Notre-​Seigneur si majes­tueux, si beau, si atti­rant pour les âmes de bonne volon­té il y a encore si peu de temps, et le visage qu’il a aujourd’hui si tumé­fié, les yeux pleins d’an­goisse, de tris­tesse et de larmes… Non, ce n’est plus une face humaine.

Notre-​Seigneur a pris la place du pécheur et il nous révèle ici la face défi­gu­rée de l’homme pécheur. Mais sainte Véronique sait lire encore en ce visage la sainte face de Jésus. Au-​delà de l’horreur, elle par­vient à y décou­vrir la splendeur.

Sainte Véronique nous enseigne le cou­rage de nous pen­cher sur nous-​mêmes ; de décou­vrir en notre âme créée à la res­sem­blance de Dieu toutes les dif­for­mi­tés pro­vo­quées par le péché.

Par son geste, elle nous apprend aus­si à nous pen­cher avec misé­ri­corde sur les âmes souillées de péchés, sur les âmes que je désigne peut-​être comme mes enne­mis mais qui sont avant tout les enne­mis de Dieu.

O mon Jésus, aidez-​moi à avoir pitié de mon âme et des âmes péche­resses et à imi­ter sainte Véronique en pas­sant sur mon âme et sur l’âme de mon pro­chain ce linge puri­fi­ca­teur afin d’y faire res­plen­dir le doux visage du Christ.

Par nos prières et nos sacri­fices, par notre séré­ni­té dans l’épreuve actuelle, aidons nos contem­po­rains à se rap­pro­cher de Dieu et à don­ner un sens à leurs souffrances.

Septième station : Jésus tombe pour la seconde fois.

Notre-​Seigneur ne porte plus sa croix, mais mal­gré cela, il est acca­blé de fatigues, de tris­tesse, de dégoût. Il est épui­sé. Il n’en peut plus. Aussi, voi­là qu’il bute sur ce che­min pier­reux et tombe une deuxième fois. Il n’a pas un bien­fai­teur pour le rele­ver, pas une main secou­rable pour lui venir en aide. Au contraire, ce ne sont que des cris de haine, des vio­lences et humi­lia­tions sup­plé­men­taires. On le sou­lève comme une loque, on le secoue pour qu’il ne perde pas connaissance.

Voilà ce qui nous montre l’état déplo­rable du pécheur. Le pécheur lui aus­si tombe à terre et il est inca­pable par lui-​même de se rele­ver. Il y faut une grâce et une grâce puis­sante. Cette grâce, Notre-​Seigneur désire nous la com­mu­ni­quer, mais encore faut-​il la saisir !

O mon Jésus, nous vous prions pour que cette épreuve que nous tra­ver­sons nous conduisent à opter une fois pour toutes pour la ver­tu et à fuir tout ce qui durant votre Passion a été la cause de votre mort. Prions aus­si durant cette sta­tion pour qu’au cours des semaines à venir, beau­coup d’âmes retrouvent le che­min du Ciel.

Huitième station : Jésus console les filles de Jérusalem qui le suivent.

Notre-​Seigneur avait dit : « Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront conso­lés ».

Oui, mais pour­quoi pleu­rer ? Pour qui pleu­rer ? Quand pleurer ?

Pleurer parce que le juste est condam­né ? Pleurer parce qu’on est décou­ra­gé ? Pleurer peut-​être parce qu’on a per­du son sou­tien, parce qu’on a peur, peur de se retrou­ver seul, sans lumière, sans secours ? Parce qu’on a peur que cette épreuve que nous tra­ver­sons dure long­temps, qu’elle nous empêche de joindre les deux bouts, qu’elle nous atteigne physiquement…

Jésus, voyant ces pleurs, a pitié. Il a pitié, car ce ne sont pas les bonnes larmes qui sont ver­sées. Du moins, ce sont des larmes inef­fi­caces. Jésus veut que l’on pleure en voyant sa Passion, mais que l’on pleure sur­tout nos péchés qui sont la cause de sa Passion.

O mon Jésus, aidez-​moi à pleu­rer mes péchés, tous mes péchés, cha­cun de mes péchés afin que vous puis­siez les effa­cer un à un et que puisse paraître tou­jours davan­tage en moi la lumière, la pure­té, la sim­pli­ci­té, la véri­té, la joie, la paix, fruit de votre pré­sence en mon âme.

C’est la coupe des péchés des hommes qui, sous la forme de cette épi­dé­mie, fait débor­der la coupe de la juste colère de Dieu. Le Psalmiste dit que « Dieu est juste, fort et patient ; il ne se met pas en colère tous les jours ». Il est fort puisqu’il est tout-​puissant. Il est juste, donc il punit le péché, mais il est patient. Voilà pour­quoi, il paraît à cer­tains moments oublier les hommes ou dor­mir comme Jésus dans la barque au milieu de la tem­pête. Mais puis­qu’ « on ne se moque pas de lui », arrive le moment, où il finit par inter­ve­nir. Aussi, accep­tons le juste châ­ti­ment de Dieu pour atti­rer sur nous et sur notre pauvre monde sa miséricorde.

Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois.

Dès main­te­nant, Jésus voit le cal­vaire mais il voit éga­le­ment tous les péchés des hommes et spé­cia­le­ment de ceux qui tout au long de leur vie s’enfoncent tou­jours plus pro­fon­dé­ment dans la boue du péché.

Intérieurement, il pro­nonce déjà la parole : « Père, pardonnez-​leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Mais quant à lui, la per­cep­tion de l’insouciance de tant et tant d’âmes qui passent leur exis­tence dans l’illusion la plus com­plète du vrai sens de la vie, ne cher­chant qu’à lais­ser libre cours à leurs pas­sions déré­glées, tout cela le conduit à tom­ber dans l’abattement au point de tré­bu­cher une nou­velle fois.

Comment tant d’âmes peuvent perdre la grâce, perdre le Ciel pour des satis­fac­tions pas­sa­gères qui bien sou­vent ne laissent après elles qu’une sen­sa­tion de dégoût, et qui en aucun cas ne peuvent com­bler les aspi­ra­tions les plus pro­fondes de notre être ?

Mais en même temps que Notre-​Seigneur pleure sur tant d’âmes infi­dèles, il implore son Père pour le retour à lui des plus grands pécheurs. « Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m’avez don­nés y soient aus­si avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire ». « Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se conver­tisse et qu’il vive ». Et c’est ain­si que tout au long de l’histoire de l’Eglise, nous ver­rons des conver­sions spectaculaires.

Si nous pou­vons voir à tra­vers le microbe qui met le monde par terre, un juste châ­ti­ment de Dieu, on doit aus­si y voir éga­le­ment une inter­ven­tion de sa misé­ri­corde, car si le virus est un mal qui, dans cer­tains cas, conduit à la mort, le péché grave conduit à la mort éter­nelle qui est un mal infi­ni­ment plus grand. Aussi, puisse le coro­na­vi­rus ame­ner les âmes à une vraie conversion.

Dixième station : Jésus est dépouillé de ses vêtements.

C’est encore pour l’homme pécheur que Notre-​Seigneur offre à Dieu son Père cette humi­lia­tion de la nudi­té. Il nous montre par là l’état dans lequel est réduit l’homme par le péché et notam­ment par le péché d’impureté.

Dans le livre de l’Apocalypse est décrit l’état d’une âme tiède. Notre-​Seigneur dit à l’adresse de cette âme : « Je connais tes œuvres, je sais que tu es ni chaud, ni froid. Ah ! que n’es-tu froid ou chaud ! Mais parce que tu es tiède, et que tu n’es ni chaud, ni froid, je te vomi­rai de ma bouche. Car tu dis : je suis riche, et je me suis enri­chi, et je n’ai besoin de rien ; et tu ne sais pas que tu es mal­heu­reux, misé­rable, pauvre, aveugle et nu » (Ap 3, 15–16). Oui, le pécheur est nu, dépouillé du vête­ment de la grâce, dépouillé de l’habit de noces qui seul donnent accès au paradis.

Ainsi Notre-​Seigneur iden­ti­fié au pécheur sur la croix subit l’humiliation de la nudi­té. Puisse Notre-​Seigneur nous épar­gner un tel état misérable !

O mon Jésus, pour ne pas tom­ber dans la tié­deur, qui est déjà un com­men­ce­ment de répro­ba­tion, aidez-​moi à conser­ver la fer­veur et pour cela à lut­ter vaillam­ment contre la triple concu­pis­cence. Le monde actuel se vautre dans la boue du péché et notam­ment du péché d’impureté. Malheureusement, le milieu tra­di­tion­nel n’est pas épar­gné en rai­son des moyens modernes qui y donnent si faci­le­ment accès. Puisse cet aver­tis­se­ment du Ciel ame­ner cha­cun d’entre nous à cou­per radi­ca­le­ment avec l’occasion pro­chaine de péché ! Prenons éga­le­ment la réso­lu­tion de ne jamais nous lais­ser prendre au piège du res­pect humain en cédant aux pres­sions de la mode et de ne jamais offen­ser Dieu par une tenue légère, incom­pa­tible avec notre digni­té d’enfant de Dieu.

Onzième station : Jésus est cloué à la croix.

Le roi David décri­vait déjà dans le psaume 21 le sup­plice de la cru­ci­fixion : « Ils ont per­cé mes mains et mes pieds,… mes os se sont dis­joints, … ils me regardent, ils m’observent… »

En même temps, il décri­vait aus­si les blas­phèmes qui fuse­raient tant de la bouche des sol­dats que de celle des pha­ri­siens et des princes des prêtres. « Il en a sau­vé d’autres, qu’Il se sauve lui-​même ! » Oui, Jésus pour­rait faci­le­ment se sau­ver, comme il res­sus­ci­te­ra dans trois jours. Il pour­rait ! mais il aime trop les âmes, ces hommes qu’il a créés, ché­ris, gui­dés. Il veut res­ter leur ami. Et c’est pour­quoi, il leur crie : J’ai soif, j’ai soif de cette ami­tié, j’ai soif du salut de ceux qui me condamnent, me méprisent, m’oublient. J’ai soif de ces pha­ri­siens qui pra­tiquent leur reli­gion sans m’aimer. N’y en aura-​t-​il pas un pour me dire : « souvenez-​vous de moi lorsque vous serez dans votre royaume » ?

Si ; il y en a un, l’un des bri­gands qui souffre à ses côtés. Aussitôt, Jésus lui dit : « aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le para­dis ». O mon Jésus, je veux moi aus­si étan­cher la soif que vous avez du salut de mon âme et du salut de toutes les âmes par une vie de fidé­li­té, de pure­té et d’amour. Trop sou­vent, je le recon­nais, je me suis lais­sé aller par le pas­sé sur la pente de la faci­li­té. Je veux désor­mais être vrai­ment catho­lique à part entière et prendre ma vie au sérieux afin de cor­res­pondre le mieux pos­sible à votre plan d’amour sur moi.

Jésus, cloué à la croix, ne peut plus bou­ger. Il n’est plus libre de ses mou­ve­ments. S’il est vrai que la période de confi­ne­ment nous empêche de nous mou­voir libre­ment et nous oblige à limi­ter nos sor­ties, pen­sons à l’offrir en union avec Jésus crucifié.

Douzième station : Jésus meurt sur la croix.

Notre-​Seigneur est né pauvre. Il a vécu dans la plus grande pau­vre­té. Durant sa vie publique, il n’avait pas où repo­ser la tête. Et voi­là que main­te­nant, il meurt, dépouillé de tout. Tout lui a été enle­vé, jusqu’à ses vête­ments. Il n’a plus que sa Mère qui est là à ses pieds, il nous la donne.

Mère, lui dit-​il, souvenez-​vous de la pro­phé­tie du vieillard Siméon : « un glaive de dou­leur vous trans­per­ce­ra l’âme ». Mère, c’est en pauvre que je dois mou­rir pour faire com­prendre aux hommes com­bien ils sont pauvres. Mère, main­te­nant que je m’en vais, je vous donne tous ces pécheurs, pour qu’à ma place, ils vous appellent « ma mère » et que vous les appe­liez « mes enfants ». « Fils, voi­ci ta mère. » « Mère, voi­ci vos enfants. »

Ô Notre Dame, si vous avez mis Jésus au monde sans dou­leur, étant imma­cu­lée dès votre concep­tion, dans quelle inten­si­té de souf­france, vous nous avez enfan­tés ! Si aujourd’hui, j’ai la grâce de pou­voir vous dire « ma mère », je le dois à votre fidé­li­té à Jésus jusqu’au cal­vaire. En signe de recon­nais­sance, je veux à mon tour vous mani­fes­ter mon amour en res­tant atta­ché à mon devoir jusque dans l’épreuve.
Les cru­ci­fiés étouffent pro­gres­si­ve­ment. Le coro­na­vi­rus pro­duit chez les grands malades un étouf­fe­ment. Puissent-​ils l’offrir en expia­tion de leurs péchés !

La prière est, dit-​on, la res­pi­ra­tion de l’âme. L’homme moderne ne prie plus. Aussi, vivons-​nous dans une atmo­sphère de plus en plus étouf­fante mora­le­ment. Puisse le coro­na­vi­rus qui mul­ti­plie ses vic­times dans le monde rame­ner l’homme à la prière, prière qui est le moyen le plus effi­cace avec le sacri­fice pour ame­ner le bon Dieu à mettre fin à ce fléau.

Treizième station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère.

Comme autre­fois, Marie peut appro­cher de Jésus. Il n’est plus à son minis­tère débor­dant. Il n’est plus assailli par les foules et les malades. Il est là, sur ses genoux, il est mort. Mais la Vierge des Douleurs n’a pas chan­ce­lé. Sa foi est là, forte. Son Jésus, amer­tume sans nom pour ses sens et son cœur imma­cu­lé, son Jésus est vivant en elle. Sa foi est intacte. Elle a confiance en lui, elle sait que ce grain tom­bé sur une bonne terre va faire ger­mer les âmes.

Ô Notre Dame, laissez-​moi appro­cher de vous, laissez-​moi contem­pler cette scène. Permettez-​moi de pui­ser en votre cœur quelque chose de la peine immense qui vous accable mais aus­si de l’espérance et de la cha­ri­té qui vous animent. Et j’ose en ce jour vous for­mu­ler une demande sereine et confiante : « Priez pour moi, pauvre pécheur, main­te­nant et à l’heure de ma mort ». Prions éga­le­ment durant cette sta­tion pour les vic­times du coro­na­vi­rus et notam­ment pour celles qui en mour­ront dans les jours à venir.

Quatorzième station : Le corps de Jésus est déposé dans le sépulcre.

La chute du jour va bien­tôt mar­quer le début du repos sab­ba­tique. Un pro­fond silence entoure la tombe de Notre-​Seigneur qui gar­de­ra son secret jusqu’au matin de Pâques.

Jésus, vous n’êtes plus visible à nos yeux. Cependant votre œuvre de vie com­mence, fai­sant suite à notre œuvre de mort. Autant nous avons su vous aban­don­ner, vous tra­hir, vous oublier, autant vous êtes actif et libé­ral en dévoue­ment pour nous rendre la vie, pour nous faire vivre de vous.

A l’occasion de la fête de Pâques à venir, vous m’offrez une nou­velle fois votre ami­tié. Une ami­tié pro­fonde, de chaque jour et de chaque instant.

Je suis pro­fon­dé­ment ému par votre Passion et votre mort : et voi­là que vous me dites les paroles que vous avez adres­sées à Marie-​Madeleine pour la conso­ler : « Pourquoi pleures-​tu ? » En me voyant déter­mi­né à vous res­ter fidèle quoi qu’il m’en coûte, vous me redites cette autre parole : « Qui cherches-​tu ? » Et bien­tôt, pour me mani­fes­ter votre ami­tié, vous m’appelez par mon nom. A moi alors de répé­ter cette parole de Marie-​Madeleine : « Rabboni. Mon maître. » Oui, je ne veux plus désor­mais avoir d’autre maître, d’autre guide, d’autre Dieu que vous. Enfin, pour m’engager à deve­nir comme Marie-​Madeleine un Apôtre cou­ra­geux et infa­ti­gable, vous me redites ces paroles pro­non­cées devant vos Apôtres : « Courage, j’ai vain­cu le monde »

.Puisse le fléau qui s’abat sur nous ame­ner notre pays à une véri­table conver­sion ! Rappelons-​nous aujourd’hui plus que jamais la pro­phé­tie conso­lante de saint Pie X du 29 novembre 1911 : Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts bap­tis­maux de Reims se repen­ti­ra et retour­ne­ra à sa pre­mière voca­tion… Les fautes ne res­te­ront pas impu­nies, mais elle ne péri­ra jamais, la fille de tant de mérites, de tant de sou­pirs et de tant de larmes.

Abbé Patrick TROADEC, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X