Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Je pense qu’il est inutile d’insister auprès de vous pour vous montrer que cette fête du Christ-Roi est au cœur même du combat que nous menons.
Si nous avons pris la décision de mener ce combat et de résister à toutes les pressions qui sont faites à l’intérieur même de l’Église, pour nous détourner de ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est qu’il nous a semblé indispensable pour défendre notre foi de mettre en pratique, le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et n’est-ce pas là même, l’objet de notre foi, de faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ sur nous, sur nos familles, sur nos cités : Oportet illum regnare, dit saint Paul : « Il faut qu’il règne ». Il faut que Notre Seigneur Jésus-Christ règne.
Et pourquoi le pape Pie XI a‑t-il jugé bon d’ajouter au calendrier liturgique, une fête particulière pour le Christ-Roi ? Était-ce vraiment nécessaire ? Est-ce que la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ n’était pas suffisamment signifiée, dans toutes les fêtes de l’année liturgique ? En effet, si l’on lit les textes liturgiques de la fête de la Nativité, de la fête de l’Épiphanie, des grandes cérémonies de la Semaine Sainte, à plus forte raison de la fête de Pâques et de la fête de l’Ascension, la royauté de Notre Seigneur est constamment affirmée. Ces fêtes ne font que manifester le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et son royaume. Alors pourquoi ajouter cette fête du Christ-Roi ?
Eh bien, parce que les hommes ont voulu détruire le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Après que pendant de nombreux siècles, les chefs d’État ont reconnu la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ, des disciples de Satan – celui qui poursuit de sa haine Notre Seigneur Jésus-Christ – ont résolu d’en finir avec la chrétienté, avec l’ordre chrétien, avec le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Société et ils ont fomenté des troubles, jusqu’au moment où ils ont pu détruire en effet ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les Sociétés.
Et ils espéraient bien par là, ruiner l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que dit le pape Léon XIII dans son encyclique Humanum genus, à propos des francs-maçons. Il dit : « leur but c’est de détruire toutes les institutions chrétiennes ». (Monseigneur répète) : toutes les institutions chrétiennes. Voilà leur but. Et ils ne pouvaient pas y arriver, tant que la Société était chrétienne ; tant que les princes et les gouvernants étaient chrétiens. Il leur a fallu donc détruire ces gouvernements, détruire ceux qui défendaient la royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et non seulement ils ont pour dessein de détruire les institutions chrétiennes, mais ils ont voulu par là, détruire le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les âmes et créer ce climat d’apostasie générale. Le fait que les institutions ne soient plus chrétiennes ; le fait que Notre Seigneur Jésus-Christ ne règne plus dans les institutions, crée nécessairement un climat d’apostasie, un climat d’athéisme. Et ce climat d’athéisme atteint alors les familles par l’enseignement, par tous les moyens puissants que l’État a à sa disposition pour ruiner la foi dans les familles chrétiennes.
C’est ainsi que l’on a vu l’apostasie petit à petit s’étendre dans la Société. Et si les familles deviennent elles-mêmes apostates ; si dans les familles ne règne plus Notre Seigneur Jésus-Christ, sa loi et sa grâce, alors les vocations aussi disparaissent. Et c’est bien ce qu’ils espéraient. Ils espéraient atteindre l’Église, par l’intermédiaire des familles chrétiennes. Et atteindre ainsi les séminaires, les noviciats, les congrégations religieuses.
Et hélas, ils y sont arrivés et maintenant, nous pourrions dire en vérité que les autorités de l’Église leur prêtent main et les aident dans cette apostasie, par l’affirmation de cette liberté religieuse. S’il y a la liberté religieuse, il n’est plus assurément nécessaire que Notre Seigneur Jésus-Christ règne sur les âmes, sur les Sociétés. C’est là une chose absolument incroyable, mais vraie.
Non seulement il n’est pas opportun et il n’est pas peut-être possible – comme ils disent – comme l’ont toujours dit les libéraux, que Notre Seigneur Jésus-Christ règne encore sur la Société. C’était possible au Moyen Âge, ce n’est plus possible maintenant.
Non, ce n’est pas suffisant. Désormais on admet comme principe que Notre Seigneur ne doit pas régner sur la Société. Ce serait contraire à la dignité humaine. La dignité humaine qui veut que chaque homme ait la religion de sa conscience. Et par conséquent, imposer dans la Société le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, ce serait violer la conscience et la liberté et par conséquent la dignité humaine. Et c’est pourquoi il faut que les États soient laïques ; que les États n’aient plus de religion. C’est ce qu’affirment les autorités (actuelles) de l’Église.
Le pape à Strasbourg dernièrement, a affirmé : Il faut que les États soient neutres, n’aient pas de religion. Chose inouïe ! Si nos ancêtres entendaient des choses semblables, ils en seraient stupéfaits et épouvantés. Mais de nos jours, l’on est tellement habitué à cette apostasie générale que l’on ne réagit même plus.
C’est pourquoi cette fête du Christ-Roi est plus utile que jamais. Nous chantions, hier, dans l’Épître :
Scelesta turba clamitat : Regnare Christum nolumus
« La foule impie crie : Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous ».Te nos ovantes omnium Regem supremum dicimus
Hymne des vêpres de la fête du Christ-Roi
« Nous, au contraire, heureux dans nos cœurs de pouvoir dire que vous êtes le Seigneur, le Roi de toutes choses. »
Oui, nous opposons à ce cri de la foule impie qui dit : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous » – nous disons : Nous voulons que Notre Seigneur règne, parce qu’il est le Roi de toutes choses : Omnium Regem supremum. Le Roi suprême de toutes choses. Nous le proclamons et nous voulons le proclamer. Non seulement pour nous personnellement pour que Jésus règne dans nos âmes, par sa Loi, par sa grâce. Mais nous voulons qu’il règne aussi dans nos familles, dans les familles chrétiennes et dans la Société.
Ce qui est à la racine, voyez-vous, de cette apostasie, c’est la négation du péché originel. Car si Notre Seigneur Jésus-Christ est venu sur terre et veut régner dans toutes les âmes, dans toutes les familles, dans toutes les cités, c’est précisément pour faire disparaître et le péché originel et toutes ses conséquences, conséquences abominables et qui conduisent à l’enfer ; qui conduisent à la mort éternelle. Il est venu pour nous donner la vie éternelle. Si l’on nie le péché originel. Notre Seigneur n’est pas nécessaire. Que vient-Il faire ? Pourquoi vient-Il ? Il vient troubler nos familles. Il vient troubler l’ordre de la liberté humaine.
Mais si nous croyons vraiment qu’il y a eu un péché originel dont tous les hommes sont atteints avec toutes les conséquences de ce péché originel et que seul Notre Seigneur Jésus-Christ est capable de nous guérir, de nous apporter la vie, de nous purifier, dans son Sang et de nous donner sa grâce, de nous donner sa Loi, alors nous nous tournons vers notre Sauveur, vers Notre Seigneur Jésus-Christ. Qu’il soit notre Roi, que sa Loi règne partout, que sa grâce règne dans toutes les âmes. Voilà ce que nous disons ; voilà ce que nous pensons.
On ne croit plus au péché originel. On nie le péché originel. Les hommes sont libres ; les hommes ne sont pas mauvais. Les hommes ne naissent pas mauvais, ne naissent pas sous l’influence de Satan. Ce n’est pas vrai. Les hommes sont bons. Ce qu’ils désirent c’est bien. Chacun peut désirer ce qu’il veut, selon sa liberté, selon sa conscience.
Or nous disions aussi ce matin dans les antiennes : Gens et regnumm quod non servierit tibi peribit : La nation et le royaume qui ne te serviront pas, périront (Fête du Christ-Roi, Laudes, 5ème antienne).
Et c’est vrai. Tous ceux qui n’ont pas Notre Seigneur Jésus-Christ dans leurs lois, dans leur législation et qui n’ont pas la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, vivent dans le désordre complet et sont atteints par toutes les suites du péché originel, qui corrompent les Sociétés, qui corrompent les âmes.
Alors que devons-nous faire, mes bien chers frères, devant cette situation ? Désirer bien sûr, le règne de Notre Seigneur, prier de tout notre cœur, de toute notre âme aujourd’hui particulièrement, demander à Notre Seigneur de régner, qu’il nous aide, qu’il vienne à notre secours. Dieu sait s’il nous a donné tous les moyens pour nous sauver. Mais devant cette situation qui apparemment est insoluble, que pouvons-nous faire ?
Eh bien, nous devons faire ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a voulu que nous fassions, c’est-àdire nous sanctifier, ressusciter la grâce que nous avons reçue au jour de notre baptême, pour effacer le péché originel et pour en guérir toutes les suites. Nous savons très bien que ces suites du péché originel nous les avons encore, que nous les portons en nous et que nous devons constamment lutter par la grâce de Notre Seigneur, par la prière, par la réception digne et fréquente des sacrements, par l’assistance à la Sainte Messe, à la vraie messe. Nous savons que c’est ainsi que nos âmes se purifieront, que nos âmes se sanctifieront et que nos âmes feront régner en elles la loi et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais il ne suffit pas de le faire pour nous. Nous avons des fonctions. Nous avons tous une vocation ici-bas. Nous ne vivons pas seul ; nous ne vivons pas isolé et par conséquent nous avons le devoir de faire régner Notre Seigneur partout dans nos fonctions. Et pas seulement dans nos familles. Le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas seulement un règne qui doit se limiter à la famille et que dès que l’on sort de la maison familiale, il n’y a plus de place pour Notre Seigneur Jésus-Christ, que cela ne regarde pas Notre Seigneur. Ce que nous faisons dans notre profession, ce que nous faisons dans la Cité, en dehors de notre famille. Notre Seigneur n’a plus rien à y voir. C’est faux ! Nous devons être soumis à Notre Seigneur toujours, en tout ce que nous faisons, dans tous nos actes et par conséquent dans les actes de notre profession aussi. Et par conséquent dans les actes que nous avons à accomplir et qui regardent le bien de notre commune, le bien de notre village, le bien de notre cité, le bien de notre État. Il est temps, mes bien chers frères, il est temps, plus que temps, que les chrétiens et particulièrement les chrétiens traditionalistes – si l’on peut les appeler ainsi –c’est-à-dire les vrais chrétiens, les vrais catholiques, il est temps qu’ils se rendent compte de la situation qui existe autour d’eux, qui est en train de se dégrader de mois en mois, d’année en année. Nos pays n’ont pas perdu toute foi catholique. Il y a encore des gens qui croient, des gens qui ont encore la foi. Il faudrait les réunir ; il faudrait les réveiller. Et il faudrait que parmi nous, parmi ceux qui ont des convictions profondes, catholiques, qu’ils prennent des responsabilités.
On est stupéfié de voir des pays catholiques – disons comme le Valais – comme tous les pays catholiques de la Suisse, comme la France, comme l’Italie, comme l’Espagne, comme l’Irlande, comme tous ces pays catholiques qui sont à 80 %, 85 % catholiques, qui sont dirigés par des francs-maçons, qui sont dirigés par des ennemis de l’Église. Comment est-ce possible ? Comment ces gens-là ont-ils pu arriver à dominer des pays à grande majorité catholique, des gens qui ne sont pas chrétiens, des gens qui veulent détruire la famille chrétienne ; qui introduisent des lois qui démolissent l’enseignement chrétien, qui démolissent les écoles chrétiennes ; qui introduisent toutes ces initiatives abominables que nous voyons, comme ces discothèques qui se multiplient partout maintenant dans tous les villages. Qui introduisent par conséquent dans la législation, l’avortement, la contraception, qui supportent la drogue, qui ne poursuivent pas la pornographie et qui acceptent ces films abominables contre Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà des petits groupes de gens qui sont contre Notre Seigneur Jésus-Christ et qui dominent des nations chrétiennes.
Est-ce possible ? Comment expliquer cela, comment expliquer que dans un pays à 80 %, 85 % de catholiques, ce soient des gens contre l’Église catholique, qui sont contre Notre Seigneur, qui dominent et dirigent tout le monde ?
Je pense que c’est parce que les catholiques s’imaginent qu’ils ne doivent pas entrer dans les fonctions publiques. Ils ont peur de s’immiscer dans les fonctions publiques. Sans doute ils ont raison dans la mesure où ils devraient participer à des choses qui sont mauvaises et contribuer à des choses qui sont mauvaises. Mais s’ils le font au contraire pour empêcher les choses mauvaises de se réaliser, ils doivent se manifester ; ils doivent prendre des responsabilités pour le bien des âmes, pour faire régner Notre Seigneur Jésus-Christ dans la législation.
Il me semble qu’il y a là une déficience et peut-être une incompréhension du devoir des catholiques, catholiques fidèles. Il faudrait que dans des villages à 80 % catholiques encore et qui ont encore des convictions à 90 %, ce soient de bons catholiques qui dirigent le village, qui prennent des responsabilités communales. La même chose dans les États. Il ne faut pas avoir peur de prendre des responsabilités. Ce n’est pas là faire de la mauvaise politique, ce n’est pas faire de la politique de parti, c’est tout simplement chercher le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le règne social de Notre Seigneur.
Alors nous devons prier pour cela et encourager tous ceux de nos amis que nous connaissons, toutes nos connaissances qui sont capables de prendre des mandats dans les communes, dans les cités, dans l’État, de se présenter. Et puisque désormais, nous avons vu l’initiative qui a été provoquée par (certains) de nos amis, ce petit journal qui a dernièrement paru et qui s’appelle Controverses, dans lequel nos confrères prêtres, aussi, se sont engagés d’une certaine manière ; eh bien, c’est là, à mon avis, une très bonne initiative qui peut éventuellement servir, au moment d’un vote, pour être distribué dans les familles, partout, pour être encouragé à faire un bon vote, le vote pour Notre Seigneur Jésus-Christ. Sans faire de partis spéciaux, mais qu’ils soient, comme le dit saint Pie X , le parti de Dieu, le parti de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est là, il me semble, ce que cette fête du Christ-Roi nous rappelle et nous demande d’agir courageusement. Comme le disait Jeanne d’Arc, n’est-ce pas, dans son combat : « Nous combattons, nous prions et Dieu donnera la victoire ».
On dit : Oh, c’est impossible !… On ne pourra pas. C’est trop difficile ; jamais nous n’arriverons à dominer les gens qui actuellement dirigent nos pays. Nous n’arriverons jamais à les renverser.
Mais il faut compter sur la grâce du Bon Dieu. Le Bon Dieu est avec nous. Le Bon Dieu veut régner ; le Bon Dieu veut le bien des âmes. Et si par conséquent, les catholiques s’unissent, prient, font des sacrifices et militent en faveur du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, il faut compter sur la grâce de Notre Seigneur, sur l’aide de la très Sainte Vierge Marie qui est forte comme une armée rangée en bataille, sur l’aide des saints, de saint Michel Archange, de tous les saints du pays, de saint Nicolas de Flüe, ici de saint Maurice, invoquons-les et demandons-leur de nous aider pour que Notre Seigneur Jésus-Christ règne dans nos pays, pour sauver les âmes des générations futures, sauver nos âmes et remettre notre pays sous le doux règne de Notre Seigneur.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.