Les circuits [1] pour la Zambie et [2] pour le Malawi
« Ils sont partis de bon matin avant le jour.. »
« Notre-Seigneur Jésus-Christ ordonnait à ses apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné » (St Marc 16,15). »
Village en Zambie
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Vente de mangues sur le bord de la route :
50 mangues pour 1 dollar US ! |
Délicieux champignons à la vente !
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Brother Chapewa sur son ambulance !
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Le cœur du missionnaire vibre toujours lorsque, s’éloignant de son prieuré, il évangélise de nouvelles contrées païennes ou soumises à la nouvelle religion moderniste. Tel un Saint Augustin qui convertit une partie de l’Afrique au vrai Dieu, en propageant la vérité catholique et en détruisant le manichéisme, ainsi, la bouche du missionnaire prêche la Vérité et détruit les idoles.
Dans cette perspective, le vendredi 21 janvier 2005, anniversaire de la mort du roi Louis XVI, assassiné en haine de la religion catholique, le Supérieur du Prieuré St Joseph au Zimbabwe prit le chemin de la Zambie et du Malawi pour apporter la « bonne nouvelle de l’Evangile ».
Départ à 5 H 20 du matin car le voyage sera long ! Dans ma Nissan 4x4, des chapelets, des catéchismes, une deuxième roue de secours…et surtout, les prières des fidèles et de tous ceux qui suivent de près ou de loin mes aventures ! Bien des réflexions sur l’Afrique m’aideront à rester éveillé tout au long de ce grand parcours ! Mon co-pilote, Bryan, jeune homme de 18 ans, pointera sur la carte tous les détours de ces 4 700 km qui nous attendent ! Mon Dieu, que l’Afrique est grande !
Sur le chemin qui nous mène à la frontière du Zambia, de nombreux baobabs s’offrent à nos yeux. Puis il nous faut louvoyer sur la route pour éviter de tuer les singes et les vaches qui traversent tranquillement avec leur nombreuse famille !
Nous ne prendrons pas la route des chutes Victoria Falls dont une partie appartient au Zimbabwe. D’ailleurs, le premier village connu du côté Zambia s’appelle Livingstone, du nom de cet Anglican qui découvrit ces magnifiques chutes. Nous nous dirigeons plutôt plein nord, en passant tout près du lac Kariba (rempli de crocodiles!) vers la capitale de la Zambie, Lusaka.
Il nous faut une heure et demie pour atteindre la frontière en payant bien sûr une assurance d’un mois pour la voiture. Certains petits voleurs en proposaient une plus chère ! Mais la Providence nous accompagne et finalement un assureur (non voleur) nous en propose une pour un bon prix ! A la frontière,un policier vient me dire de faire attention à tous ces jeunes qui se pressent autour de moi, car ce sont des voleurs ! Il aurait mieux fait de les faire partir… Bref ! Merci du conseil !
De l’autre côté, c’est le Congo !
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Sourires de Zambie !
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Enfin, à 9 H 00 notre Nissan traverse un grand pont ; nous sommes en Zambie. Les huttes des villageois sont un peu différentes de celles du Zimbabwe. Durant tout le voyage, nous croisons des milliers d’enfants, tout aussi pauvres les uns que les autres, mais toujours avec ce sourire qui caractérise les visages qui ne peuvent perdre que la vie !
13 H 00, la capitale se profile à l’horizon : Lusaka. Un million d’habitants, ce qui représente un dixième de la population totale du pays. Les routes de la capitale sont à l’image de l’indice de pauvreté : la Zambie arrive au 164ème rang des 175 pays répertoriés dans le monde ! Triste record ! Par contre son taux de fertilité est estimé à 5,53 enfants par femme !
En traversant cette ville, je ne peux m’empêcher de penser à ces plaines (200.000 km² de plus que la France) qui appartenaient à la Rhodésie du Nord en 1911, la Rhodésie du Sud étant le Zimbabwe. Ce pays, sous domination anglaise avec Cecil Rhodes (franc-maçon), devint le premier pays producteur de cuivre (l’or rouge) et 3ème exportateur de cobalt. Mais devant l’expansion américaine et européenne et le peu de richesses trouvé sur ces territoires, il est décidé en haut lieu de se retirer et de tuer l’Afrique ! Comment ? Je n’ai pas lu beaucoup de livres, mais je pourrais vous en donner deux moyens. Je les vois se réaliser : le retrait des Blancs et l’introduction à haute dose du virus du sida.
De fait, en Zambia, en 1959, le « Gandhi noir », Kenneth Kaunda, aidé par la Chine et Moscou, lutte pour chasser les Blancs. En 1964, est réalisée l’indépendance. Les Blancs sont expulsés et commence une terrible crise économique qui entraîne bien sûr des émeutes. De nombreuses tentatives de coups d’état ensanglantent le pays. Le président Kaunda est arrêté. Ce n’est qu’en 1997 que Nelson Mandela, finit par libérer Kaunda et rétablit ainsi une paix bien éphémère !
Bref… après une courte visite en cherchant désespérément la Cathédrale de Lusaka, nous nous faisons arrêter deux fois pour excès de vitesse ! (67km/heure au lieu de 60 et 96 au lieu de 80 sur de grandes lignes droites ! ) Pendant que les policiers installent leur nouveau contrôle radar, les voleurs ont la vie belle dans ce pays ! Il est vrai que contrôler la vitesse rapporte davantage que d’arrêter un voleur !
Maintenant, il se fait tard ; un beau coucher de soleil ravit nos yeux mais en même temps, les trous sur les routes se repèrent plus difficilement ! Plus tard, nous traversons un grand pont dans une semi-obscurité ; des orages se rapprochent, et tout à coup, les éclairs s’abattent à quelques mètres de notre voiture. Le coassement des grenouilles se fait entendre (les Africains n’en mangent pas); les trombes d’eau réveillent mon co-pilote ; je dois rouler à 20 km/h. Il semble que le vent et la pluie souhaitent détruire notre frêle habitacle ! J’ai l’impression que le démon ne désire pas ce voyage ! Mais tout à coup, le calme revient, la Providence a encore gagné !
« Brother Chapewa avec sa femme : tous les deux dans le Tiers-Ordre franciscain »
Il est minuit. Un panneau indique « Chembe », le village où se trouve notre contact, le « Brother Chapewa ». « Brother » parce qu’il appartient au Tiers Ordre franciscain. Il habite juste à côté de l’Eglise St Augustin. Nous la cherchons, en vain. Un petit chemin s’offre à nous, nous nous arrêtons pour dormir. Il est une heure du matin. J’ai conduit 18 heures, battant ainsi mon record précédent qui n’était que de 17 heures, c’était au Guatemala !
Au petit matin, après 4 heures de lutte contre les moustiques, la chaleur et l’impossibilité de trouver une position tant soit peu confortable, je sors du véhicule. Un jeune homme vient à moi. Evidemment, première question : « Où se trouve l’Eglise St Augustin » ? Candidement, il me désigne l’église qui se trouvait à 15 mètres de la voiture ! Bref, il me demande de le suivre car le Brother Chapewa et lui-même m’ont attendu jusqu’à 23 H 00 ! C’est avec joie que nous reprenons la voiture et que nous la rangeons tranquillement devant sa maison quelques dizaines de mètres plus loin. Joie des personnes qui se trouvaient là à peine réveillées et embrassade du Brother Chapewa ! On parle, puis après deux heures de sieste bien méritée sous une grande moustiquaire, commence la réunion qu’il avait organisée à 10 heures du matin dans la salle de classe contiguë à sa maison. Là, Agatha, une de ses 7 filles, fait l’école à une quinzaine d’enfants. A cette réunion assiste un groupe du rosaire qui se réunit chaque samedi après-midi pour prier le chapelet ! Ah, ces chapelets, que de miracles n’ont-ils pas fait ! Malheureusement, ce groupe est très proche des prêtres en place… En effet, deux prêtres vivent en permanence dans ce village de 4000 personnes (80% ont le sida!) et seuls 200 catholiques assistent à la messe dominicale !
Mme Chapewa et son puits !
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Une partie de la famille du Brother !
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Pendant les conférences… avec traducteur
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L’autel est monté !
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Le prêtre du village désire assister à mes réunions, mais je lui fais dire que je ne préfère pas. Après un « Mwahibukemi » (bonjour en Bemba, pour les non initiés…), j’ébauche une petite histoire de l’Eglise devant une vingtaine de personnes, toujours avec traduction, car nombreux sont les villageois qui ne parlent que le Bemba : environ 72 tribus d’origine bantoue se partagent les 16 principales langues de Zambie dont la plus utilisée est le Bemba !
Avant le déjeuner, nous partons visiter la frontière avec le Congo « ex-belge » appelé maintenant : « République démocratique du Congo » à 5 minutes de Chembe. Seule, une rivière sépare les deux pays. Je voudrais bien mettre un pied au Congo : on y parle encore le français, mais le Brother me le déconseille. Le Congo est encore en guerre et une grande famine suscite de nombreux voleurs. A la place, nous visitons son hôpital, car il est l’ambulancier du village. Du gouvernement, il reçoit 60 US$ par mois ! Voici un repère : le prix d’un litre de pétrole en Zambie est de 1US$ ! Sa paie mensuelle est ridicule en regard de ses responsabilités et de sa nombreuse famille ! D’ailleurs il me dit que 96% des villageois sont sans travail et qu’une grande famine sévit. Il en sait quelque chose de par son métier !
L’après-midi, on continue l’histoire sur la crise de l’Eglise. Cela me rappelle Mgr. Lefebvre donnant ses conférences aux quatre coins de monde !
Une question d’Agatha :
« Si j’ai bien compris, il ne faut pas aller à la nouvelle messe car elle est mauvaise ? »
Réponse difficile devant ce parterre de personnes qui s’empresseront de tout raconter au Curé, même s’ils sont des amis du Brother et même s’ils se rendent compte que leurs prêtres se saoulent et ne donnent pas toujours le bon exemple ! Ma réponse est simple :
« ceux qui ont compris mes paroles et en sont convaincus, laissent la nouvelle messe et se retrouvent ici, dans cette salle de classe le dimanche pour y réciter le chapelet et faire du catéchisme. Les autres peuvent continuer à se rendre à la nouvelle messe en promettant d’étudier la crise de l’Eglise. »
La réunion se termine. Je confesse une dizaine de personnes avec comme traducteur, le Brother ! J’accepte finalement que le vicaire assiste à ma messe. Une trentaine de personnes en forme l’assistance. Un petit sermon de circonstance sur la foi aide à prolonger indirectement ma conférence…
Après la messe, le vicaire demande à me parler et me pose une seule question :
« Êtes-vous en communion avec le Pape ? »
Que répondre ? Si je réponds « oui », il connait notre position, il ne me croira pas. Si je réponds « non », il s’empressera de me discréditer. Alors je réponds en faisant cette distinction :
« Nous sommes en union avec le Pape lorsque celui-ci rappelle la doctrine qui a toujours été enseignée. Mais lorsqu’il baise le coran par exemple, nous ne sommes pas en union avec lui. »
Il reste perplexe et me laisse un peu froidement. Bref !
Dimanche 23 janvier. La nuit fut un peu difficile : un bébé « braillait » à proximité de ma chambre. Après m’être lavé dans un baquet d’eau à la mode carmélitaine (mais avec de l’eau chaude!), tout est prêt pour la messe de 7 H 00. Pourquoi 7 H 00 ? Parce que la messe du village débute à 9 H 00 et que par prudence, le Brother ne souhaite pas la concurrencer.
Un homme vient de l’église : les prêtres souhaitent parler au Brother. Je commence la messe avec un peu de retard, prie pour le Brother qui comparaît face au « sanhédrin » (rien de nouveau sous le soleil!). A la fin de la messe, le Brother apparaît, la paix sur le visage. Nous saluons la dizaine de fidèles tout en leur demandant de continuer la récitation du chapelet pour que nous puissions revenir ici un jour !
Le Brother Chapewa m’explique en particulier que le Vicaire a rapporté au Curé que je n’étais pas en union avec le Pape et que par conséquent, le Curé m’excommuniait (sic!) et excommuniait le Brother et tous les fidèles qui avaient participé à cette messe (resic!). De plus, ils en parleront à leur évêque ! « On vous exclura des synagogues » (St Jean 16,2). Alors, par bonté, le Brother leur demanda de ne pas punir les fidèles, qu’il en prenait seul l’entière responsabilité. Ceux-ci acceptèrent (re-resic!). Il me dit que cela ne changerait pas sa foi, qu’il avait lu suffisamment de livres sur la crise de l’Eglise et qu’il n’attendait rien de bon de ces prêtres !
« Petit déjeuner composé de riz, poulet et poisson, mets réservé aux invités importants »
Après ces bonnes paroles, nous prenons notre petit déjeuner composé de riz, poulet et poisson, mets réservé aux invités importants. Plus tôt que prévu, nous songeons au départ car, pour se rendre en Malawi, il faut repasser par Lusaka et cela représente un très long voyage !
Départ à 10 H 00. Le Brother nous accompagne jusqu’à Mansa, à 87 km de Chembe : il souhaite nous présenter sa famille, sa mère et ses 3 autres filles. Nous changeons de l’argent USA en Kwacha Zambia (1 US$ égal 4730 KZ) auprès d’un riche Indien musulman. Par la suite, j’apprends que cet homme est un meurtrier ! L’argent n’a pas d’odeur ! Nous nous arrêtons chez un des frères du Brother : depuis 2 ans, il a abandonné le catholicisme pour devenir « Pentecôtiste ». Sa décision fut prise suite au scandale causé par les prêtres. Mais, eux, ces prêtres sont « en communion » avec le Pape !
Après nos adieux au Brother (« Kagukegupo » : bye bye), nous laissons Mansa et, le soir, nous reprenons nos forces dans un petit hôtel de Lusaka.
Lundi 24 janvier : en route vers le Malawi ! Quelques pensées me viennent : Je réfléchis à cette différence qui existe entre l’apostolat de Mgr. Lefebvre et le mien.
Quand il se déplaçait dans les villages d’Afrique, c’était « le Père Marcel » qui arrivait. Maintenant, avec cette crise, je ne représente pas officiellement la « religion catholique » ; je suis comme un parasite qui vient apporter une autre manière de vivre la religion catholique en opposition avec celle qui existe actuellement ! Et ceci est bien différent ! Et bien plus difficile… Car les autorités officielles, évêques et prêtres tiennent les populations sous leur joug. Rien ne peut passer sans leur autorisation. Les pauvres fidèles ignorants ne peuvent s’exprimer et n’ont pas le choix ! De plus, ces prêtres parlent la langue du pays ce qui, dans les villages, représente pour eux une force et un atout essentiel.
Mais je m’imagine plus facilement ce qu’à souffert notre saint Archevêque lorsqu’il partait pour ses tournées de confirmations ou de conférences à travers le monde hué et haï par les siens « les évêques » après les années 1970 ! Deo gratias !
Suite dans notre prochain épisode : « Apostolat en Malawi »
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