Jubilé du Puy des 9 et 10 avril 2016 – Editorial de M. l’abbé Christian Bouchacourt

Chers fidèles,

Le triste état de notre patrie, de la sainte Eglise et la déso­rien­ta­tion des âmes peut nous por­ter au décou­ra­ge­ment. Humainement par­lant, la situa­tion semble déses­pé­rée et pour­tant, la Providence Divine ne nous aban­donne pas, nous le savons. Pour nous aider à gar­der la sainte Espérance, elle nous pro­pose en 2016 le trente-​et-​unième Jubilé du Grand Pardon de Notre-​Dame du Puy.

En effet, le 25 mars 2016 aura lieu la coïn­ci­dence excep­tion­nelle de l’Annonciation avec le Vendredi Saint. Pour célé­brer cet évé­ne­ment rare, qui n’arrive que deux ou trois fois par siècle, le pape Jean XVI, ins­ti­tua en 992 le pre­mier Jubilé du Puy afin d’honorer la Mère de Dieu et nous rap­pe­ler notre rachat par Dieu fait homme, mort sur la croix pour la rémis­sion de nos péchés. Ce jubi­lé nous don­ne­ra l’occasion de médi­ter sur deux grands mys­tères de notre sainte reli­gion : l’Incarnation et la Rédemption, de renou­ve­ler nos pro­messes de bap­tême par les­quelles nous renon­çons à Satan à ses pompes et à ses œuvres et de mani­fes­ter publi­que­ment notre désir de vivre sous l’étendard du Christ notre Roi.

Comme pour ren­for­cer notre dévo­tion, ce grand jubi­lé coïn­cide aus­si avec le trois cen­tième anni­ver­saire de la mort de saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, grand apôtre de la dévo­tion mariale. Cette date anni­ver­saire n’est pas for­tuite, en effet : le Père de Montfort encou­rage for­te­ment la réno­va­tion des pro­messes du bap­tême pour gran­dir dans la foi et remé­dier aux dérè­gle­ments des chré­tiens. Il démontre cela en s’appuyant sur les Pères de l’Eglise et il cite le caté­chisme du Concile de Trente qui exhorte les curés à « se dévouer et se consa­crer à jamais à notre Rédempteur et Seigneur comme esclaves » [ n° 127 122 129 et 130 Traité de la vraie dévo­tion (1)]. Il se fait ain­si l’écho de saint Paul dans son épître aux Romains qui le pre­mier explique cette notion d’esclave :

« Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la jus­tice. Quel fruit en recueillez-​vous alors ? Vous en rou­gis­sez aujourd’hui ; car le terme de tout cela, c’est la mort. Mais main­te­nant qu’affranchis du péché vous êtes deve­nus les esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sanc­ti­fi­ca­tion, et le terme c’est la vie éter­nelle. Car le salaire du péché, c’est la mort, tan­dis que le don de Dieu, c’est la vie éter­nelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur. (Épitre aux Romains VI, 20–23)

Mais le Père de Montfort va plus loin ; il pro­pose la réno­va­tion des pro­messes du bap­tême par une voie plus par­faite en renon­çant non seule­ment à Satan pour se don­ner à Jésus mais en nous invi­tant à le faire par les mains de la Très Sainte Vierge Marie, lui consa­crant nos per­sonnes, nos biens exté­rieurs et inté­rieurs, tous nos mérites pas­sés, pré­sents et futurs, lui lais­sant le droit d’en dis­po­ser et d’en être la tré­so­rière. [Traité de la Vraie dévo­tion n° 121& n°126]

Il se trouve que cette consé­cra­tion du Père de Montfort a un lien très étroit avec l’histoire même du sanc­tuaire du Puy. En effet, Saint Louis-​Marie raconte, que cette dévo­tion du « Saint Esclavage » fut ins­pi­rée par la Sainte Vierge dans la cathé­drale du Puy à la bien­heu­reuse Agnès de Langeac, qui la trans­mit à Monsieur Ollier, fon­da­teur du sémi­naire du Puy et fon­da­teur de la Compagnie des prêtres de Saint-​Sulpice, où saint Louis-​Marie fit son sémi­naire [Traité de la Vraie dévo­tion n° 170].

Le Puy est un haut lieu de chré­tien­té. Le sanc­tuaire fut bâti à la demande de la Sainte Vierge (Première appa­ri­tion publique mon­diale) sur l’emplacement d’une pierre des druides, pour ren­ver­ser le paga­nisme et implan­ter la foi. Placé sous le vocable de l’Annonciation, il fut consa­cré mira­cu­leu­se­ment par les anges au Ve siècle, d’où son nom de « chambre angé­lique ». Plus qu’ailleurs, les géné­ra­tions ont hono­ré en ce lieu le « Fiat » de Marie et la dépen­dance de Jésus qui vient à nous par Marie, pre­nant notre condi­tion pour expier le péché et nous réta­blir dans l’amitié divine. Le Père de Montfort insiste sur cette dévo­tion au « Fiat » et à l’Incarnation le 25 mars. Il désigne ces mys­tères de notre Rédemption comme capi­tale pour notre foi [n°243 & n°142 n°152 Traité de la vraie dévo­tion].

La prière quo­ti­dienne de lAngélus honore tout par­ti­cu­liè­re­ment ces mys­tères. Et c’est d’ailleurs auPuy, qu’en 1449, Louis XI fit publier les lettres apos­to­liques qu’il avait obte­nues du pape Sixte IV pour étendre la réci­ta­tion de l’Angélus à midi. L’usage en fut consa­cré par le pape Calixte III et Louis XI l’étendit à tout le Royaume en 1476.

Mgr Lefebvre voyait dans cette consé­cra­tion au Saint Esclavage à Jésus par Marie, l’excellente attache pour gar­der la foi sous la pro­tec­tion de la Très Sainte Vierge Marie. Il avait en outre une dévo­tion pro­fonde au mys­tère de l’Incarnation, point capi­tal du com­bat de la foi. Et c’est sans doute pour hono­rer sa foi vive que Dieu l’a rap­pe­lé à lui un 25 mars, c’était un Lundi Saint, il y a 25 ans. Ainsi, pour ravi­ver notre espé­rance dans le com­bat de la foi, la Providence per­met éga­le­ment d’associer ce Jubilé du 25e anni­ver­saire du rap­pel à Dieu de Mgr Lefebvre au Jubilé du Puy et au trois cen­tième anni­ver­saire de la mort du Père de Montfort. Que de coïncidences !

Venez nom­breux au Puy ! N’attendez pas la pro­chaine occa­sion qui n’aura lieu qu’en 2157 ! Dieu n’attend que nos prières et notre venue au sanc­tuaire du Puy pour déver­ser ses grâces sur l’Eglise, la France et les âmes. La sta­tue de Notre Dame de France qui domine le sanc­tuaire du Puy rap­pelle toutes les grâces pri­vées et publiques don­nées à notre pays au cours des siècles. Alors acquies­çons à la volon­té de Dieu en sa Providence, soyons géné­reux et venons nous consa­crer à Jésus par la Vierge Marie.

Il faut sou­li­gner enfin que le Salve Regina com­po­sé par Adémar de Monteil, évêque du Puy, fut chan­té pour la pre­mière fois dans la cathé­drale du Puy, le 15 août 1096, à l’occasion du départ à la pre­mière croi­sade : venons renou­ve­ler notre fer­veur et implo­rer Notre Dame avec cette belle prière les 9 et 10 avril 2016 au pèle­ri­nage orga­ni­sé par le Prieuré Saint François-​Régis.

Dans l’attente de nous retrou­ver tous au Puy pour ce jubi­lé béni, que Notre-​Dame dis­pose dès main­te­nant nos âmes à rece­voir toutes les grâces que son divin Fils vou­dra nous accor­der par sa mater­nelle inter­ces­sion à l’occasion de ce pèlerinage. 

Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France.

(1) Consulter toute la docu­men­ta­tion dans la biblio­thèque de la Confrérie Marie Reine des Coeurs

Organisation : prieuré Saint-​François-​Régis d’Unieux

Abbé Pierre Barrére

Prieuré Saint-​François-​Régis
31, rue Holtzer
42240 Unieux

04 77 40 20 55
04 77 40 20 59

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.