Pèlerinage de Pentecôte de Chartres à Paris du 18 au 20 mai 2013 – Allez à Joseph

Chartres-​Paris 2013 : « Allez à Joseph ! »

Père adop­tif de Jésus, chaste époux de Marie, saint Joseph est sans doute la per­sonne la plus près de Dieu après ceux-ci.

Sa proxi­mi­té avec Jésus, le Dieu fait homme, et Marie imma­cu­lée, ne pou­vait que lui assu­rer la plus grande sain­te­té et aus­si un rôle incom­pa­rable d’intercesseur auprès d’eux.

Durant sa vie ter­restre, il fut char­gé de sub­ve­nir aux besoins de sa sainte famille en dépit de toutes sortes de dif­fi­cul­tés (dont la pau­vre­té et les per­sé­cu­tions). Son immense confiance en Dieu, sa foi débor­dante et les ver­tus qu’il a pra­ti­qué en font un modèle pour tous et le patron de bien des causes. Mort avant la vie publique, la pas­sion et la résur­rec­tion du Christ, il est le sym­bole de la Foi tenace dans l’obscurité.

C’est pour toutes ces rai­sons que l’Eglise en a fait défi­ni­ti­ve­ment son patron uni­ver­sel (par pro­cla­ma­tion de Pie IX le 8 décembre 1870), en sus de toutes les rai­sons pour les­quelles elle l’invoquait déjà (sou­tien des familles, gar­dien des âmes consa­crées, recours pour toutes sortes de dif­fi­cul­tés maté­rielles, pro­tec­teur au moment de la mort, gar­dien des voca­tions reli­gieuses mais aus­si des fian­cés, saint par­ton invo­qué pour obte­nir la pure­té, le cou­rage, la patience, ou encore être pro­té­gé des attaques du démon).

« Je ne me sou­viens pas d’avoir jamais rien deman­dé à saint Joseph jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accor­dé (…) je le sais par expé­rience il étend son pou­voir à tous nos besoins. » Ste Thérèse d’Avila

Editorial du Directeur de Pèlerinages de Tradition

Chers pèle­rins,

Pour la Pentecôte 2013, nous serons gui­dés par l’é­poux de la mère de Dieu. C’est en effet saint Joseph qui nous condui­ra de Chartres à Paris, comme il a conduit la Vierge Marie de Nazareth à Bethleem avant Noël, comme il a conduit la sainte famille vers l’Egypte pour échap­per à la per­sé­cu­tion du roi Hérode. Sa vie modeste et cachée contient des richesses inex­plo­rées. N’attendons pas la Pentecôte pour la décou­vrir. Le dos­sier spi­ri­tuel vient d’être publié. Il décrit d’a­bord les ver­tus de saint Joseph, puis son rôle de chef de la sainte famille. A ce titre, il est le modèle des pères de famille et de tous ceux qui sont inves­tis d’une auto­ri­té. Enfin, le dos­sier déve­loppe la mis­sion de pro­tec­teur de l’Eglise confiée à saint Joseph.

Aujourd’hui, plus que jamais, dans la crise ter­rible que nous tra­ver­sons, son inter­ces­sion est nécessaire.

Nous menons tous une vie très active. Nous sommes sou­vent débor­dés, au point de croire que nous ne sommes pas appe­lés à une vie inté­rieure pro­fonde. C’est alors que saint Joseph est un modèle indis­pen­sable. Il nous donne l’exemple d’une vie à la fois active et contem­pla­tive. Tout en exer­çant son métier de char­pen­tier, comme l’ex­plique le Père Garrigou Lagrange, il a su pra­ti­quer à un degré émi­nent les ver­tus théo­lo­gales et l’u­nion à Dieu.

La foi vive de saint Joseph fut à cer­tains jours dou­lou­reuse à cause de son obs­cu­ri­té, obs­cu­ri­té dans laquelle il pres­sen­tait quelque chose de trop grand pour lui : en par­ti­cu­lier lors­qu’il igno­rait encore le secret de la concep­tion vir­gi­nale, que l’hu­mi­li­té de Marie tenait caché. La parole de Dieu trans­mise par l’ange fit la lumière, en annon­çant la nais­sance mira­cu­leuse du Sauveur. Joseph aurait pu hési­ter à croire une chose si extra­or­di­naire ; il y croit fer­me­ment dans la sim­pli­ci­té de son cœur, et cette grâce insigne, loin de l’e­nor­gueillir, le confirme pour tou­jours dans l’hu­mi­li­té. Pourquoi, se dit-​il, à moi Joseph, plu­tôt qu’à tout autre homme, le Très-​Haut a‑t-​il don­né ce tré­sor infi­ni à gar­der ? Il voit avec évi­dence qu’il n’a certes pas pu méri­ter un pareil don. II com­prend toute la gra­tui­té de la pré­di­lec­tion divine à son égard, c’est le bon plai­sir sou­ve­rai­ne­ment libre, qui est à lui-​même sa rai­son ; en même temps s’é­clairent les pro­phé­ties, et la foi du char­pen­tier gran­dit dans des pro­por­tions prodigieuses.

Pourtant l’obs­cu­ri­té ne tarde pas à repa­raître, Joseph doit che­mi­ner à tra­vers les rayons et les ombres. Il était déjà pauvre avant d’être l’ob­jet des pré­di­lec­tions divines, avant d’a­voir reçu le secret de Dieu ; il devient plus pauvre encore lorsque Jésus vient au monde. II n’y a point de place pour le Sauveur dans la der­nière des auberges de Bethléem, il faut se reti­rer dans une étable. Dans la déli­ca­tesse de son cœur, Joseph dut souf­frir de n’a­voir rien à don­ner à Marie et à son fils. Lorsque Jésus vient dans une âme, disent les saints, il y entre avec sa croix, il la détache de tout pour l’u­nir à lui. Joseph et Marie le com­prirent dès le pre­mier jour, et la pro­phé­tie du vieillard Siméon vint confir­mer leur pressentiment.

Déjà la per­sé­cu­tion com­mence. Hérode cherche à faire mou­rir le Messie. Le chef de la sainte Famille, aver­ti par un ange, est contraint de fuir en Égypte avec Marie et l’en­fant Jésus. Pauvre arti­san, sans autre res­source que son tra­vail, il part pour ce pays loin­tain, où nul ne le connaît ; il part, fort de sa foi en la parole de Dieu trans­mise par l’ange. C’est là sa mis­sion : il doit cacher Notre Seigneur, le sous­traire aux per­sé­cu­teurs, et il ne revien­dra à Nazareth que lorsque le dan­ger aura dis­pa­ru. Joseph est le ministre et le pro­tec­teur de la vie cachée de Jésus, comme les apôtres sont les ministres de sa vie publique.

En cette vie cachée, au milieu même des épreuves, la nuit obs­cure de la foi s’é­claire à la lumière tou­jours plus radieuse et plus douce, qui vient de la sainte âme du Verbe fait chair. De retour à Nazareth, pen­dant les années qu’y vécut la sainte Famille, le recueille­ment et le silence ont régné dans la petite mai­son du char­pen­tier, véri­table sanc­tuaire, plus sacré que le saint des saints du temple de Jérusalem. C’était un silence plein de dou­ceur, la contem­pla­tion toute aimante du mys­tère infi­ni de Dieu venu par­mi nous et encore igno­ré de tous. De temps en temps quelques paroles tra­dui­saient l’é­tat pro­fond des âmes ; mais dans cette atmo­sphère d’in­no­cence et d’a­mour les âmes étaient trans­pa­rentes l’une à l’autre et se com­pre­naient d’un regard sans avoir besoin de paroles.

Après la contem­pla­tion de la bien­heu­reuse Vierge, y en eut-​il ici-​bas de plus simple et de plus aimante que celle de l’humble char­pen­tier, lors­qu’il regar­dait Jésus ? Par grâce il avait reçu pour lui les sen­ti­ments du père pro­tec­teur le plus dévoué et le plus déli­cat, et il était aimé par Jésus, enfant et ado­les­cent, avec une ten­dresse, une recon­nais­sance et une force qui ne se peuvent trou­ver que dans le cœur même de Dieu. Un regard de Joseph sur Jésus rap­pe­lait à l’humble arti­san le mys­tère de Bethléem, l’exil d’Égypte, le grand mys­tère du salut du monde. Comme dans le pro­phète Joseph de l’Ancien Testament, Joseph ven­du par ses frères et figure du Christ, c’é­tait la plus haute contem­pla­tion dans les formes les plus simples, la contem­pla­tion divine, toute péné­trée du pur amour de cha­ri­té. Il por­tait en son cœur le secret le plus grand, celui de l’Incarnation rédemp­trice ; l’heure n’é­tait pas encore venue de le révé­ler. Les Juifs n’au­raient pas com­pris, n’y auraient pas cru ; beau­coup d’entre eux atten­daient un Messie tem­po­rel cou­vert de gloire, et non un Messie pauvre et souf­frant pour nous. La pré­sence de Joseph voi­lait ce mys­tère : on appe­lait Jésus le fils du char­pen­tier. Le pauvre arti­san avait dans sa mai­son le Verbe de Dieu fait chair, il pos­sé­dait le Désiré des nations, annon­cé par les pro­phètes, et il n’en disait mot. Il était témoin de ce mys­tère, et il le goû­tait en secret en se taisant.

Cette contem­pla­tion très aimante était très douce pour Joseph, mais elle lui deman­dait aus­si la plus grande abné­ga­tion, abné­ga­tion qui allait jus­qu’au plus dou­lou­reux sacri­fice, lors­qu’il se rap­pe­lait ces paroles de Siméon : « Cet enfant sera un signe en butte à la contra­dic­tion », et celles dites à Marie : « et vous un glaive vous trans­per­ce­ra la poi­trine ». L’acceptation du mys­tère de la Rédemption par la souf­france appa­rais­sait à Joseph comme la consom­ma­tion dou­lou­reuse du mys­tère de l’Incarnation, et il avait besoin de toute la géné­ro­si­té de son amour pour offrir à Dieu, en sacri­fice suprême, l’en­fant Jésus et sa sainte Mère, qu’il aimait incom­pa­ra­ble­ment plus que sa propre vie. Il n’a pas offert le sacri­fice eucha­ris­tique, mais il a sou­vent offert l’en­fant Jésus à son Père pour nous. Ne voyant que la volon­té de Dieu, saint Joseph reçoit d’elle, avec la même sim­pli­ci­té, et les joies les plus pro­fondes et les épreuves les plus cruelles.

A peine pouvons-​nous soup­çon­ner ce que furent en l’âme de Joseph les pro­grès admi­rables de la foi, de la contem­pla­tion et de l’a­mour. Autant l’humble char­pen­tier a eu une vie cachée sur la terre, autant il est glo­ri­fié dans le ciel. Celui à qui le Verbe de Dieu a obéi ici-​bas conserve au ciel sur le cœur sacré de Jésus une puis­sance d’in­ter­ces­sion incom­pa­rable. Comme il veillait sur la mai­son de Nazareth, il veille aujourd’­hui sur les foyers chré­tiens, sur les com­mu­nau­tés reli­gieuses, sur les vierges consa­crées à Dieu, il est leur guide, dit sainte Thérèse, dans les voies de l’o­rai­son ; il est aus­si, comme le disent les lita­nies, la conso­la­tion des mal­heu­reux, l’es­poir des malades, le sou­tien des mou­rants, la ter­reur des démons, le Protecteur de la sainte Église, grande famille de Notre- Seigneur. Demandons-​lui de nous faire connaître le prix de la vie cachée, la splen­deur des mys­tères du Christ, et l’in­fi­nie bon­té de Dieu, telle qu’il l’a vue lui-​même dans l’Incarnation rédemp­trice. Et pour mieux nous péné­trer de ses exemples, dès à pré­sent, lisons et médi­tons le dos­sier spi­ri­tuel. C’est le meilleur moyen de pré­pa­rer notre âme au pèle­ri­nage de Pentecôte 2013.

Abbé Bernard de Lacoste, Directeur des Pèlerinages de Tradition

FSSPX

M. l’ab­bé Bernard de Lacoste est direc­teur du Séminaire International Saint Pie X d’Écône (Suisse). Il est éga­le­ment le direc­teur du Courrier de Rome.