2e pèlerinage 2005 au Mont Saint-Michel

Eté 2004

Quelques jeunes demandent au Prieuré Saint Jean Eudes s’il est pos­sible d’or­ga­ni­ser un pèle­ri­nage au mont Saint Michel ; on y invi­te­rait quelques amis, et ce serait un pèle­ri­nage informel.

Le 18 sep­tembre, une qua­ran­taine de pèle­rins accou­rus de notre chère Normandie et de la loin­taine contrée luté­cienne, se retrouvent sous les voûtes de l’é­glise parois­siale de Genêts, qui résonnent aus­si­tôt au son angé­lique des mélo­dies gré­go­riennes. La messe ache­vée, les dunes de sable accueillent les plas­tiques, papiers d’a­lu­mi­nium et autres car­tons débal­lés pour un pique-​nique convi­vial . mais bien sage­ment rem­bal­lés avant le départ (éco­lo. euh ! cha­ri­té oblige !). Le guide nous rejoint, et, ser­rés der­rière un abbé qui tâchait d’é­le­ver nos esprits du sable vaseux cares­sant nos pieds, tan­dis que le porte-​voix lan­çait au tra­vers de la baie des chants à Notre-​Dame, les pèle­rins s’é­lan­çaient vers le Mont sacré.

Un pho­to­graphe jour­na­liste du conseil régio­nal atten­dit patiem­ment notre départ pour immor­ta­li­ser dans son objec­tif ce groupe de jeunes gens du XXI ème siècle conduit par deux sou­tanes et parais­sant prier du fond de leur âme.
Après être pas­sés sur des sables mou­vants (ou au-​dedans pour cer­tains), nous arri­vons au Mont, et, ensemble, gra­vis­sons les ruelles jus­qu’à l’é­glise paroissiale.
Là, face à l’im­po­sante sta­tue de st Michel, nous nous age­nouillons et le prieur com­mence la prière sup­pliante des lita­nies à l’ar­change. Les nom­breux tou­ristes passent et voient. Beaucoup ne peuvent s’empêcher de s’ar­rê­ter. de s’a­ge­nouiller. de prier ! Qu’elle est aimée de Dieu la prière publique !

Le retour res­te­ra gra­vé en nos mémoires : Juste après la fin du 2° mys­tère dou­lou­reux où nous avons spé­cia­le­ment deman­dé à Dieu la grâce de souf­frir dans notre corps en union à sa fla­gel­la­tion, le vent se fit sou­dai­ne­ment plus fort et une fine pluie s’a­bat­tit sur nous, mélan­gée au sable sou­le­vé par le vent. Nos corps haras­sés étaient réchauf­fés par la joie qui régnait en notre cour ; Dieu sem­blait pré­sent au milieu de nous.

Arrivés, nous nous retrou­vons tous dans une crê­pe­rie, heu­reux d’a­voir hono­ré et deman­dé avec confiance l’aide du chef des milices célestes, heu­reux d’a­voir eu à souf­frir quelque chose pour N.S.J.C., heu­reux d’a­voir fait du bien aux tou­ristes en leur mon­trant ce qu’est un chré­tien, heu­reux enfin d’a­voir fait connais­sance entre nous et dégus­té de bonnes crêpes !

Un an plus tard le Prieuré récidive au vu de l’enthousiasme des jeunes.

Samedi 24 sep­tembre 2005, midi : Alors que la messe com­mence et qu’un prêtre du Prieuré est déjà en train de rece­voir les confes­sions, des visages nou­veaux se joignent aux pèle­rins de l’an der­nier, et la nef se rem­plit de plus en plus. région pari­sienne, Bretagne, Normandie ; une majo­ri­té de 25 – 35 ans vient s’a­ge­nouiller en la belle église de Genêts pour s’u­nir au Sacrifice salvateur.

Quelques ins­tants après, entre un soleil radieux et le sable fin, les pèle­rins piochent dans leurs sacs à dos les calo­ries qui vont les faire arri­ver de l’autre côté de la baie. Car il va bien fal­loir la tra­ver­sée, cette baie !

Paraissant fan­geuse, plate et mono­tone, elle semble une image de notre vie sur terre. Et pour­tant on la tra­verse avec joie, car le regard est tou­jours atti­ré par ce mont, cette basi­lique, cette cité sainte, qui semblent se rap­pro­cher : espé­rance ! Joie aus­si de cette proxi­mi­té et de ce par­tage d’une souf­france com­mune, de ces chants et de ces prières répé­tés d’une seule voix : charité !

Mais pour cela il faut lever les yeux de cette vase, de nos propres pieds, de nos dif­fi­cul­tés. Les diri­ger vers ce but, les diri­ger aus­si vers les autres autour de soi, et c’est alors que vient la joie.
Deux atti­tudes dans la marche, deux atti­tudes dans la vie : sou­pirs ou joie., se nour­ris­sant pour­tant de la même chose.

Au fait, com­bien sommes-​nous ? Cent trente, cent qua­rante à l’al­ler ; un peu moins au retour. Le petit pèle­ri­nage infor­mel a plus que tri­plé sans l’a­voir publi­ci­sé. La Providence fait ce qu’elle veut.

La mon­tée dans le Mont, chant de l’Ave à plein cour et pleins pou­mons, sous l’oil médu­sé des tou­ristes, nous mène en l’é­glise parois­siale, lieu tra­di­tion­nel des appa­ri­tions. Là, cent qua­rante pèle­rins à genoux épanchent leur âme devant St Michel, se sachant écoutés.

Retour par la baie, puis une soixan­taine de pèle­rins se retrouve dans une crê­pe­rie nor­mande. Occasion rêvée pour tis­ser des liens entre tous ces jeunes, et décou­vrir ain­si la pro­fon­deur de ce qui nous unit.

Retour, puis coups de télé­phone sur coups de télé­phone, remer­cie­ments. L’enthousiasme est grand : remer­cions le Seigneur et à l’an prochain !

Dossier trans­mis par l’ab­bé Guillaume Gaud