Comment est organisée la Fraternité Saint-​Pie X ?

Il y a 50 ans, l’Eglise don­nait nais­sance à une nou­velle congré­ga­tion, la der­nière d’une longue série de socié­tés clé­ri­cales, monas­tiques, reli­gieuses, dont l’histoire de la chré­tien­té est déjà riche : la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

Les membres

De qui est com­po­sée notre congré­ga­tion ? Qui peut en faire par­tie ? La liste com­pète et exhaus­tive se trouve dans les Statuts immé­dia­te­ment sous le titre, pour en dési­gner les destinataires. 

Les clercs avant tout, c’est-à-dire les ecclé­sias­tiques, et en pre­mier lieu les prêtres, qui repré­sentent en effet la majo­ri­té des membres ; c’est pour eux que la Fraternité a été fon­dée et ils en sont, pour ain­si dire, l’âme ; ensuite les sémi­na­ristes, c’est-à-dire ceux qui reçoivent actuel­le­ment la for­ma­tion sacer­do­tale dans l’un des sémi­naires inter­na­tio­naux de la socié­té mais qui, dès le moment de leur enga­ge­ment (voir plus loin) jouissent déjà des béné­fice spi­ri­tuels et maté­riels des membres, et se conforment au res­pect des Constitutions.

Les frères, que Monseigneur Lefebvre avait conçus comme des reli­gieux auxi­liaires du sacer­doce, dont la forme de vie consiste en l’émission des trois vœux reli­gieux de pau­vre­té, chas­te­té et obéis­sance aux supé­rieurs de la Fraternité. Leur rôle est de four­nir, en même temps que le sou­tien spi­ri­tuel de la prière et de la pra­tique des ver­tus de reli­gion, une aide dans la litur­gie, dans l’enseignement du caté­chisme, dans les devoirs plus maté­riels de la vie d’un prieu­ré, d’une école, etc.((Statutis, de regu­lis pecu­lia­ri­bus fra­trum Fraternitatis sacer­do­ta­lis Sancti Pii X, n° 3 : « La fin spé­ci­fique des Frères de la Fraternité est de venir en aide aux prêtres dans tous leurs minis­tères, sans les rem­pla­cer dans leurs fonc­tions sacer­do­tales, mais en faci­li­tant leur tra­vail apos­to­lique de dif­fé­rentes façons […] ». Il s’agira donc aus­si bien de four­nir une aide maté­rielle au sens strict, comme de s’occuper d’activités d’économat, manu­ten­tion, jar­di­nage, cui­sine, que d’une aide plus « apos­to­lique » concer­nant l’enseignement du caté­chisme pour les enfants, ou encore une aide litur­gique comme le chant sacré et le ser­vice de la Messe.))

Les oblates, qui bien qu’elles ne pro­noncent pas publi­que­ment des vœux de reli­gion, s’engagent, sous la conduite directe des supé­rieurs locaux de la Fraternité, à four­nir une aide maté­rielle dans les mai­sons de la socié­té aux­quelles elles sont assi­gnées ; elles par­ti­cipent à la prière com­mune et revêtent un habit reli­gieux. Il s’agit en géné­ral, comme c’est pré­vu par les sta­tuts eux-​mêmes, soit de reli­gieuses d’autres congré­ga­tions qui, obli­gées d’abandonner ces congré­ga­tions en rai­son de l’infidélité de celles-​ci à la doc­trine tra­di­tion­nelle de l’Eglise, dési­rent s’associer à la Fraternité, soit de per­sonnes qui, en rai­son de leur âge, ne peuvent pas entrer dans la congré­ga­tion des Sœurs de la Fraternité Saint Pie X, mais qui dési­rent « quit­ter la vie du monde pour vivre de l’esprit de la Fraternité ».((Statuts des sœurs Oblates de la Fraternité St Pie X, n°1, a) et b). Au n° 2, on lit : « Ces per­sonnes demandent au Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale St Pie X de les accueillir afin de se sanc­ti­fier au contact de la Fraternité, fai­sant du saint sacri­fice de la Messe la source inépui­sable de leur vie spi­ri­tuelle et reli­gieuse. Elles vivent éga­le­ment afin de se don­ner, selon leurs talents, aux œuvres de la Fraternité, de venir ain­si en aide aux prêtres, que ce soit dans les Séminaires, dans les prieu­rés ou dans les écoles ».))

Sont membres éga­le­ment les ter­tiaires, c’est-à-dire des laïcs ou des prêtres qui dési­rent vivre de l’esprit de la Fraternité St Pie X en accep­tant le règle­ment du Tiers-​Ordre et en jouis­sant des béné­fices spi­ri­tuels de prière et de suf­frages au sein de la Fraternité.((Statuts, Règles pour le Tiers-​Ordre de St Pie X.))

Enfin, bien que non pré­sentes dans la liste des des­ti­na­taires des Statuts, nous ne pou­vons pas ne pas men­tion­ner les Sœurs de la Fraternité Saint Pie X, congré­ga­tion fon­dée par Mgr Lefebvre lui-​même « […] au moins en esprit et en désir, au même moment que la Fraternité des prêtres((Conférence aux Sœurs de la Fraternité, 11 décembre 1975, Albano.))». Cette congré­ga­tion est struc­tu­rée paral­lè­le­ment à la Fraternité, avec une Supérieure géné­rale dis­tincte et son propre ordre hié­rar­chique ; tou­te­fois elle en est le pen­dant, indis­so­lu­ble­ment lié à la Fraternité Saint Pie X par la même spi­ri­tua­li­té, la même doc­trine, le même apostolat.((Cf. Cor Unum n° 124, novembre 2019.))

Dans le pro­jet ini­tial de Mgr Lefebvre, la Fraternité étant éri­gée comme une pia unio, les membres clercs devaient être incar­di­nés dans un dio­cèse et dépendre par consé­quent de l’Evêque local((Statuts, chap. IV § 2.)); tou­te­fois il était déjà pré­vu par les Statuts que la socié­té accom­pli­rait les pas néces­saires pour deve­nir de droit pon­ti­fi­cal, et en consé­quence avoir la pos­si­bi­li­té d’incardiner en son sein ses membres. Cela arri­va avec le Decretum lau­dis du Card. Wright du 18 février 1971, qui sanc­tionne ce pas­sage ; depuis lors tous les membres sont incar­di­nés au sein de la Fraternité, au moyen d’un enga­ge­ment pro­non­cé et sous­crit à l’occasion de la fête du 8 décembre. Cet enga­ge­ment est contrac­té annuel­le­ment juste avant l’ordination sous-​diaconale, étape avant laquelle les membres devront avoir pro­non­cé l’engagement défi­ni­tif et per­pé­tuel dans la Fraternité Saint Pie X.

La structure

En quoi consiste prin­ci­pa­le­ment la Fraternité ? Rien de plus élo­quent que la défi­ni­tion qu’en donnent ses Statuts : elle est « une socié­té sacer­do­tale de vie com­mune sans vœux ».((Ibidem, chap. I § 1.))

Voilà donc la spé­ci­fi­ci­té de la Fraternité : la vie com­mune. L’idée ne fait que reprendre un modèle cano­nique pré­cis déjà exis­tant depuis plu­sieurs siècles : des prêtres sécu­liers, c’est-à-dire qui, au lieu d’être direc­te­ment au ser­vice d’un dio­cèse, vivent en com­mun mais sans être « régu­liers », c’est-à-dire sans pro­non­cer les vœux habi­tuels reli­gieux de pau­vre­té, chas­te­té et obéis­sance ; ils exercent néan­moins un minis­tère apos­to­lique, dans des mai­sons qui les accueillent au moins par trois, selon la néces­si­té. Monseigneur cite un exemple d’une congré­ga­tion sem­blable dans les Statuts, juste après la défi­ni­tion : la socié­té des Missions Etrangères ; la vie com­mune que l’on pra­tique dans ce type de socié­té faci­lite la constance et la régu­la­ri­té dans la prière, dans les repas, dans les dif­fé­rentes acti­vi­tés, et habi­tue à l’exercice de la cha­ri­té fraternelle.

Si la cha­ri­té fra­ter­nelle à l’égard des confères est l’exercice per­son­nel d’une ver­tu qui tire seule­ment sa matière de la vie sociale, les autres élé­ments sont en revanche des actes essen­tiel­le­ment sociaux, sans les­quels il n’y a pas de vie com­mune pos­sible dans la Fraternité : la prière com­mune, les repas, les récréa­tions, l’activité apos­to­lique, en un mot la jour­née entière.

Quant à la prière, les Statuts en indiquent quatre temps non facul­ta­tifs (bien enten­du, les membres auront d’autres moments de prière per­son­nelle, dont les horaires et les cir­cons­tances sont libres) : l’office de Prime avec la médi­ta­tion, sui­vis de la célé­bra­tion de la Messe de com­mu­nau­té ; l’office de Sexte, le cha­pe­let ou le salut du Saint Sacrement, et l’office de Complies. Ces moments de prière ont lieu dans la cha­pelle du prieu­ré (ou de l’école, ou du sémi­naire), cha­pelle qui est le « cœur » de nos mai­sons. Y par­ti­cipent tous les membres qui ne sont pas légi­ti­me­ment empêchés.

Les repas sont les trois repas cano­niques : petit déjeu­ner, déjeu­ner et dîner. On y réflé­chit peut-​être rare­ment, mais même dans la litur­gie, les membres de la Fraternité entendent des paroles qui rap­pellent cette règle : dans l’ordination au sous-​diaconat, en effet, au moment de l’appel nomi­nal des can­di­dats par l’Archidiacre, le Notaire indique le titu­lum en ver­tu duquel ils reçoivent cet ordre sacré ; dans la Fraternité, les sous-​diacres sont ordon­nés ad titu­lum men­sae com­mu­nis. Comme pour la prière, ce repas com­mun fait par­tie de la règle et seul un empê­che­ment légi­time de san­té ou d’apostolat peut en dispenser.

Les per­sonnes qui fré­quentent de façon habi­tuelle nos prieu­rés se seront aper­çues que bien sou­vent les prêtres et les frères, après les repas prin­ci­paux, passent encore quelques moments de récréa­tion ensemble, en se pro­me­nant ou à l’intérieur, tou­jours dans cet esprit de vie com­mune, mais aus­si, bien enten­du, pour par­ler de ques­tions inhé­rentes à l’apostolat. De plus, quand c’est pos­sible, les supé­rieurs orga­nisent des sor­ties de com­mu­nau­té réser­vées aux membres. Ces moments sont l’occasion pour ceux-​ci, le temps d’une jour­née ou d’une demi-​journée, de mettre tem­po­rai­re­ment de côté les acti­vi­tés et les fatigues apos­to­liques et de pas­ser du temps unique-​ment avec leurs confrères.

Plus géné­ra­le­ment, c’est toute notre jour­née au prieu­ré qui est cal­quée sur une forme de vie com­mune, qui nous rap­pelle pré­ci­sé­ment celle d’une famille, au sein de laquelle les acti­vi­tés et occu­pa­tions les plus diverses se déroulent dans un cli­mat fra­ter­nel, et où règne l’harmonie dic­tée par la charité.

La hiérarchie

En élar­gis­sant un peu notre champ visuel et en nous éloi­gnant des com­mu­nau­tés par­ti­cu­lières comme les prieu­rés, les écoles, les sémi­naires, pour par­ler encore de la struc­ture de la Fraternité, nous ne pou­vons pas ne pas men­tion­ner sa hié­rar­chie. A la tête de celle-​ci, tout d’abord, un Supérieur Général (actuel­le­ment en charge, depuis le 11 juillet 2018, l’italien don Davide Pagliarani), puis deux Assistants géné­raux, qui forment le Conseil géné­ral, char­gé du gou­ver­ne­ment de la congré­ga­tion. S’y ajoutent, depuis juillet 2018, deux Conseillers géné­raux pour les causes d’importance majeure. Tous sont élus par le Chapitre géné­ral (réunion de tous les supé­rieurs majeurs qui se tient tous les 12 ans) pour un man­dat de 12 ans.

Un Secrétaire géné­ral et un Econome géné­ral sont nom­més par le Supérieur géné­ral pour un man­dat de six ans. Toutes les charges décrites jusqu’ici forment la Maison géné­ra­lice, qui se trouve actuel­le­ment à Menzingen, dans le can­ton suisse de Zürich.

La hié­rar­chie se com­pose encore, prin­ci­pa­le­ment, des Supérieurs de Séminaire nom­més par le Supérieur géné­ral ad nutum. La congré­ga­tion étant géo­gra­phi­que­ment divi­sée en Districts ou Maisons auto­nomes (cha­cun cor­res­pon­dant à un pays ou un groupe de pays, ou même à un conti­nent, sur l’exemple des pro­vinces ecclé­sias­tiques des congré­ga­tions reli­gieuses), il y a ensuite les Supérieurs de dis­trict ou de Maisons auto­nomes, res­pon­sables de l’apostolat dans ces régions.

Chaque District a un Econome et un ou plu­sieurs Assistants. Enfin, il y a les Prieurs, char­gés de la ges­tion de l’apostolat des mai­sons par­ti­cu­lières (les prieu­rés) et supé­rieurs de celles-ci.

Les écoles de la Fraternité Saint Pie X dis­tinctes des prieu­rés ont un Directeur qui a les fonc­tions de prieur ; il faut citer enfin la pos­si­bi­li­té plu­tôt rare que cer­tains prêtres soient Aumôniers rési­dents de mai­sons de Sœurs, qu’elles soient de la Fraternité St Pie X ou de congré­ga­tions tra­di­tion­nelles amies.

Pour conclure la des­crip­tion de ce qu’est la Fraternité nous devons dire un mot de la sainte Messe : celle-​ci est véri­ta­ble­ment le cœur de l’activité apos­to­lique des membres, qu’ils soient prêtres (alors dans la célé­bra­tion), sémi­na­ristes, frères, oblates ou ter­tiaires (alors dans la pieuse assis­tance) ; il n’y a pas une page des Statuts où notre Fondateur n’en parle pas et n’en fasse pas le soleil qui irra­die toutes les ver­tus, toute la doc­trine, toute la vie spi­ri­tuelle, puisqu’elle consti­tue le but de la venue de Jésus sur la terre, c’est-à-dire la Rédemption des âmes, ritua­li­sée de façon non san­glante sur nos autels. Voici un extrait des Statuts à ce propos :

La Fraternité est essen­tiel­le­ment apos­to­lique, parce que le sacri­fice de la Messe l’est aus­si et parce que ses membres auront géné­ra­le­ment à exer­cer un minis­tère exté­rieur. Ils vivront dans cette convic­tion que toute l’efficacité de leur apos­to­lat découle du Sacrifice de Notre-​Seigneur qu’ils offrent quotidiennement.

Statuts, chap. I, § 2.

Il s’agira donc, pour nous, membres, de faire de la sainte Messe la réa­li­té du « Mihi vivere Christus est((Saint Paul, Phil. 1, 21.))», comme l’affirment encore les Statuts((Statuts, chap. I § 3.)). La dévo­tion pour cet inef­fable Sacrifice, nous exhorte encore le Fondateur, nous por­te­ra à en avoir une connais­sance théo­lo­gique tou­jours plus grande pour nour­rir la ver­tu de Foi, et à avoir en outre une atten­tion par­ti­cu­lière pour sa pré­pa­ra­tion spi­ri­tuelle et maté­rielle.((Ibidem, chap. II § 3.)) Comme le disait le Fondateur, la Fraternité, bien que s’inspirant du patri­moine spi­ri­tuel de nom­breuses congré­ga­tions et ordres du pas­sé, n’a pas une spi­ri­tua­li­té propre ; mais elle fait sienne la spi­ri­tua­li­té de l’Eglise, fon­dée pré­ci­sé­ment sur le saint Sacrifice de la Messe, sur le sacer­doce catho­lique, sur le mys­tère de la Rédemption.

Le but

C’est volon­tai­re­ment que nous par­lons de « but » au sin­gu­lier et non de « buts », même si concrè­te­ment les Statuts en indiquent plu­sieurs. En réa­li­té il s’agit d’un seul but, aux­quels les autres se rat­tachent, et en un cer­tain sens, dont ils par­ti­cipent : « Le but de la Fraternité est le sacer­doce et tout ce qui s’y rap­porte et rien que ce qui le concerne, c’est-à-dire tel que Notre Seigneur Jésus-​Christ l’a vou­lu lorsqu’il a dit : “Faites ceci en mémoire de moi” ».((Ibidem, chap. II § 1.))

Le sacer­doce, donc. Et donc avant tout sa for­ma­tion : c’est pour cela que l’œuvre prin­ci­pale de notre congré­ga­tion, qui fut aus­si la pre­mière réa­li­sée his­to­ri­que­ment, est celle des Séminaires ; c’est pour cela que le livret de nos consti­tu­tions rap­pelle, tout de suite après le texte des Statuts, le Règlement des Séminaires. L’analyse de ce règle­ment, bien qu’intéressante, serait trop longue, mais il suf­fi­ra de rap­pe­ler que Mgr Lefebvre fon­dait la bonne réus­site de la for­ma­tion sacer­do­tale des sémi­na­ristes prin­ci­pa­le­ment sur la foi pro­fonde dans le mys­tère de Jésus-​Christ et de sa Rédemption, et sur l’étude appro­fon­die des réa­li­tés natu­relles et sur­na­tu­relles ensei­gnées par la saine phi­lo­so­phie et la théo­lo­gie tho­miste((Règlements des Séminaires de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, pre­mière par­tie, n°4–5.)). En effet le doc­teur angé­lique St Thomas d’Aquin a été et sera le guide des jeunes lévites de la Fraternité pré­ci­sé­ment comme l’a tou­jours dési­ré l’Eglise dans ses pater­nelles exhor­ta­tions sur la for­ma­tion sacer­do­tale. Cela per­met­tra aux jeunes lévites, en outre, d’éviter les erreurs modernes du libé­ra­lisme, comme le disait Mgr Lefebvre lui-​même.((Statuts, chap. III § 1.))

Mais qui dit « sacer­doce » dit obli­ga­toi­re­ment « sacri­fice », et voi­ci que les Statuts affirment que la fina­li­té de la congré­ga­tion est d’orienter et réa­li­ser la vie du prêtre vers le saint sacri­fice de la Messe, qui est sa rai­son d’être.((Ibidem, chap. II § 2))

La Messe, comme nous l’avons dit plus haut, est le som­met de la vie sacer­do­tale et donc de la vie des membres de la Fraternité Saint Pie X ; autour d’elle se construit l’apostolat et toute forme de vie apos­to­lique ; il est utile de rap­pe­ler à ce pro­pos que, dans la jour­née de tout prêtre, est stric­te­ment obli­ga­toire, sous peine de péché grave, la réci­ta­tion inté­grale du Bréviaire ou Office divin, tan­dis que la célé­bra­tion de la Messe, selon le droit canon, n’est obli­ga­toire que quelques fois par an (pour les prêtres, bien enten­du, qui n’ont pas charge d’âmes).((CIC, can. 805)) Toutefois nous avons noté plus haut que Monseigneur nous dit, à pro­pos de la sainte Messe, « qu’ils [les prêtres membres] l’offrent quo­ti­dien­ne­ment »((Cit. de la note 8.)); il est en effet en usage dans la Fraternité que nous, prêtres, sauf cas de force majeure, célé­brions tous les jours le saint Sacrifice, même si cela ne consti­tue pas une obli­ga­tion stricte ; et ceux qui nous fré­quentent un peu savent bien que lorsque nous nous dépla­çons pour des voyages apos­to­liques ou de brèves vacances, notre pre­mière pré­oc­cu­pa­tion est tou­jours de savoir où, com­ment et quand célé­brer la Messe. Il est dif­fi­cile d’imaginer, du reste, ce que peut faire quo­ti­dien­ne­ment un prêtre si ce n’est pré­ci­sé­ment inter­cé­der pour les péchés du peuple à tra­vers cet ins­tru­ment très effi­cace vou­lu et ins­ti­tué par Jésus-​Christ lui-même.

D’autres acti­vi­tés, enfin, font par­tie des buts, ou plu­tôt de l’unique but de la Fraternité : la sanc­ti­fi­ca­tion des prêtres, et par­mi eux aus­si ceux qui sont exté­rieurs à la congré­ga­tion, les voca­tions reli­gieuses, les écoles, les chapelles.

Quant à la sanc­ti­fi­ca­tion du cler­gé, nous ne pou­vons pas ne pas remar­quer le zèle que nos Supérieurs ont tou­jours eu à pro­mou­voir des ren­contres et des retraites sacer­do­tales dans les­quelles des prêtres amis sont accueillis et encou­ra­gés à conti­nuer, en ces temps de crise, la lutte pour la vraie doc­trine et la litur­gie tra­di­tion­nelle ; nous savons aus­si que par­fois cer­tains de ces prêtres, ayant aban­don­né cou­ra­geu­se­ment leur dio­cèse, se sont unis à l’apostolat de la Fraternité, après une période de formation.

Des voca­tions reli­gieuses des Frères et des Oblates, nous avons déjà par­lé. Quant à la for­ma­tion de la jeu­nesse : « Les écoles, vrai­ment libres de toutes entraves afin de dis-​penser une édu­ca­tion tota­le­ment chré­tienne à la jeu­nesse, seront encou­ra­gées et éven­tuel­le­ment fon­dées par les membres de la Fraternité. C’est d’elles que sor­ti­ront les voca­tions et les foyers chré­tiens ».((Statuts, chap. III § 4))

On remar­que­ra que pour l’œuvre des écoles aus­si, ce qui est en vue est le sacer­doce, dans la pos­si­bi­li­té et même la pro­ba­bi­li­té concrète qu’une saine for­ma­tion natu­relle et sur­na­tu­relle fasse naître chez les jeunes le désir de coopé­rer à l’œuvre du salut des âmes par le sacer­doce catholique.

Enfin, de chaque prieu­ré ou école dépendent une série de Chapelles, c’est-à-dire de centres de Messe, dans les­quels nous nous ren­dons en fin de semaine pour la célé­bra­tion domi­ni­cale des saints mys­tères, l’administration des sacre­ments, les caté­chismes, des confé­rences, des visites aux malades, et autres acti­vi­tés sem­blables. Les Statuts disent : « Le minis­tère parois­sial, la pré­di­ca­tion de mis­sions parois­siales, sans limites de lieux, sont éga­le­ment des œuvres aux­quelles s’adonne la Fraternité »((Ibidem, § 5.)). Quant à ce der­nier point, qui, par­mi nos fidèles, ne s’est pas aper­çu des cen­taines de kilo­mètres que la plu­part de nos prêtres par­courent chaque week-​end, en long et en large dans les dif­fé­rents pays ! Voiture, train, car, et même avion sont le rendez-​vous heb­do­ma­daire de ces infa­ti­gables voya­geurs. Justement, comme l’écrivait pro­phé­ti­que­ment Mgr Lefebvre, sans limites de lieux.

Il fau­drait encore décrire, mais la place nous manque, les acti­vi­tés connexes liées à ces acti­vi­tés prin­ci­pales, et que la Fraternité déploie néan­moins avec zèle et enga­ge­ment : les camps d’été pour les jeunes de tous âges, (Croisade Eucharistique, scou­tisme, mou­ve­ments pour la jeu­nesse) ; exer­cices et retraites spi­ri­tuelles dans ses nom­breuses mai­sons, selon dif­fé­rentes méthodes, par­mi les­quelles la pre­mière est l’inimitable méthode des exer­cices de Saint Ignace de Loyola ; congrès de for­ma­tion en tous genres, dans tous les Districts et sou­vent plus d’une fois par an ; ses­sions théo­lo­giques pour prêtres membres et exté­rieurs ; pèle­ri­nages sur les prin­ci­paux lieux saints de la chrétienté.

Abbé Gabriele d’Avino

Source : Extrait de l’ar­ticle La Fraternité Saint-​Pie X : une œuvre sacer­do­tale, paru dans le Courrier de Rome n°635.