Interview sur Radio Courtoisie : Une action en justice et un appel à la prière le vendredi 15 mai

Monsieur l’ab­bé Benoît de Jorna, Supérieur du District de France de la FSSPX, a livré jeu­di 14 mai une inter­view sur les ondes de Radio Courtoisie afin d’ex­po­ser l’ac­tion lan­cée en jus­tice pour obte­nir la réou­ver­ture des offices publics aux fidèles ain­si que pour faire le point quand aux acti­vi­tés du District en cette période de décon­fi­ne­ment limité.

Le référé intenté par le District de France de la FSSPX pour l’autorisation du culte

Abbé Alain Lorans : Monsieur l’abbé, je vous pose la ques­tion que tous les audi­teurs et que tous les catho­liques se posent : est-​ce que l’on va décon­fi­ner la messe ? Est-​ce que l’on peut espé­rer qu’un jour les églises soient ouvertes, non pas pour vingt per­sonnes, mais qu’elles soient véri­ta­ble­ment ouvertes pour qu’on puisse assis­ter à la messe ? Est-​ce que c’est pos­sible, c’est envi­sa­geable, ou pas du tout ?

Abbé Benoît de Jorna, Supérieur du District de France : C’est la grande ques­tion, vous savez que plu­sieurs, dont nous fai­sons par­tie, ont écrit ou posé ce que l’on appelle des référés-​libertés pour pou­voir effec­ti­ve­ment rendre les églises au culte ou le culte aux églises. Ces réfé­rés sont enre­gis­trés, on a reçu une réponse du Ministère, et ce sera jugé demain. Les fidèles peuvent prier acti­ve­ment pour que l’on obtienne vic­toire. On pas­se­ra en juge­ment demain à 14h30 avec d’autres asso­cia­tions qui ont aus­si fait des référés-​libertés, nous nous l’avons posé nous-​même avec des avo­cats et en par­ti­cu­lier des avo­cats au Conseil d’Etat et à la Cour de cas­sa­tion. On espère bien rem­por­ter vic­toire pour qu’enfin l’Etat, le Ministère, recon­naisse la néces­si­té, c’est ce que l’on veut prou­ver, la néces­si­té de rendre la pos­si­bi­li­té aux fidèles d’assister de nou­veau sans dif­fi­cul­tés, même s’il faut suivre quelques mesures pro­phy­lac­tiques, en tout cas d’assister concrè­te­ment en chair et en os dans les églises car, quoi qu’on en pense, la messe à la télé c’est pas mal, la messe vir­tuelle, c’est bien, mais, vous le savez, la reli­gion catho­lique est une reli­gion qui néces­site le contact au sens théo­lo­gique, phi­lo­so­phique du terme et ceci pour être témoin de la pré­sence, d’ailleurs on parle de pré­sence réelle du Christ dans l’hostie, enfin elle néces­site ce contact réel dans l’église, car l’église est un lieu de culte fait pour cela jus­te­ment, pour hono­rer Dieu. Alors on espère bien demain rem­por­ter cette vic­toire, c’est-à-dire que le Ministère recon­naisse enfin, et pas aux calendes grecques mais recon­naisse presqu’aussitôt, immé­dia­te­ment, la néces­si­té que nous avons de pou­voir pra­ti­quer notre reli­gion dans les églises qui sont faites pour cela.


Abbé Lorans : Ce qui frappe quand même les audi­teurs, c’est que la consom­ma­tion, elle, auto­rise beau­coup de choses, on ouvre les maga­sins, on ouvre les grandes sur­faces, mais les églises…


Abbé de Jorna : Exactement, il y a un espèce d’ostracisme sur les églises parce que l’on peut très bien, je dirais, mar­cher, papo­ter, sur les Champs-​Elysées en grand nombre, on peut même faire des ras­sem­ble­ments de cinq mille per­sonnes dans la mesure où elles auraient une cer­taine dis­tance sur un stade de foot, enfin on peut faire tout ce qu’on veut fina­le­ment, sauf se ras­sem­bler, ou plu­tôt se regrou­per, dans une église. Cela paraît contra­dic­toire, on a l’impression qu’il y a un espèce d’ostracisme contre la religion.


Abbé Lorans : Avez-​vous des argu­ments ? Parce que vous allez devant le Conseil d’Etat, est-​ce que jus­te­ment vos avo­cats ont l’intention de faire valoir la liber­té de culte, la liber­té de réunion ?


Abbé de Jorna : Je ne peux pas dévoi­ler bien sûr devant vous les argu­ments que demain ils vont déployer devant le Conseil d’Etat, mais de fait ils ont des argu­ments qu’on espère per­ti­nents en réponse à la réplique du Ministère qui a répli­qué lui-​même sur notre propre réfé­ré. Il y a effec­ti­ve­ment des argu­ments impor­tants qui mon­tre­ront que leurs argu­ments ne valent pas sur la néces­si­té que le catho­lique a de pra­ti­quer sa reli­gion. C’est clair, d’autant plus que c’est consti­tu­tion­nel, la liber­té de culte est consti­tu­tion­nelle. D’ailleurs on ne sera pas les seuls, beau­coup d’autres asso­cia­tions ont posé des réfé­rés, on ne sera pas tout seuls.

Effets du confinement et des messes retransmises sur internet


Abbé Lorans : Si on élar­git un petit peu le pro­pos, com­ment est-​ce que vous jugez, bien sûr vous disiez-​vous-​mêmes que les mesures sani­taires contre l’épidémie sont à res­pec­ter, mais on en arrive à se poser la ques­tion, est-​ce qu’on n’entretient pas une psy­chose ? On parle de com­plot… Le prêtre que vous êtes peut-​il nous dire si cette peur est un bon moyen d’entretenir la foi ?


Abbé de Jorna : On a l’impression que la peur a empê­ché toute action. C’est un peu éton­nant que cette peur, qui peut être réelle parce que cer­taines per­sonnes ont été atteintes gra­ve­ment par le Covid, mais je pense que l’émotion, ou l’impression qu’on a don­née, a dépas­sé lar­ge­ment le pro­blème de la mala­die elle-​même. La peur n’est pas un bon moyen d’entretenir la foi, c’est au contraire un moyen dan­ge­reux de dis­si­per la foi, ou de la réduire à une liber­té d’opinion, de parole, ou d’écoute de poste de télé­vi­sion ou d’internet, mais qui com­mence à nuire, je pense, aux bonnes habi­tudes qu’un catho­lique doit avoir, de pra­ti­quer le dimanche, parce que vous savez que nor­ma­le­ment c’est d’obligation de pra­ti­quer sa messe le dimanche. Il y a par­fois des rai­sons pour les­quelles on ne peut pas y aller, mais la peur a contraint, empê­ché, et j’espère que cela va ces­ser d’empêcher les fidèles, si l’église est entrou­verte, de venir à nou­veau et de ne pas craindre d’attraper, ce serait quand même dom­mage, la mala­die dans un lieu de culte qui est fait pour emme­ner au ciel.

Abbé Lorans : Un effet para­doxal de ces images vir­tuelles, vous-​même dites très jus­te­ment que la messe cela ne se fait pas par pro­cu­ra­tion, ce n’est pas à regar­der comme cela sim­ple­ment devant un écran. Il n’empêche que cela peut être un bien­fait, des gens qui ne seraient pas entrés à Saint-​Nicolas, par exemple, et qui chez eux ont vu la messe entrer grâce à cela. Est-​ce qu’il y a eu des décou­vertes de la messe tra­di­tion­nelle, est-​ce qu’il y a des prêtres, est-​ce qu’il y a des fidèles qui se sont dit « ah, tiens, c’est ça » ?

Abbé de Jorna : Oui je pense, j’ai vu quelques com­men­taires de gens qui ne connais­saient pas la messe et qui, comme vous dites, ne seraient pas venus à la messe mais la messe est venue à eux et cela c’est une bonne chose. On a vu cer­tains fidèles d’ailleurs qui étaient empê­chés, parce que cer­taines églises dio­cé­saines sont fer­mées, et ont décou­vert les bien­faits de la Tradition. J’espère, pro­ba­ble­ment en tout cas, que l’on ver­ra des figures nou­velles arri­ver dans nos cha­pelles grâce, c’est vrai, aux retrans­mis­sions que l’on avait, heu­reu­se­ment, pré­vues à l’avance et qui étaient de bonne qua­li­té. Cela, c’est cer­tain, a été très appré­cié, et même de prêtres, je le disais déjà dans une pré­cé­dente inter­view, il y a quelques prêtres qui eux-​mêmes ont pu voir la splen­deur de la litur­gie et on a com­men­cé à les convaincre, eux. On se pose la ques­tion de dif­fu­ser de nou­veau un dvd qu’on avait réa­li­sé pour apprendre la Messe de Saint-​Pie V aux prêtres. Cela c’est une bonne chose, oui.

Abbé Lorans : On peut dire aux audi­teurs de Radio Courtoisie que s’ils vont sur YouTube et qu’ils se connectent à la chaîne de Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet, ils peuvent assis­ter à cette messe, non seule­ment à la messe du dimanche mais même les messes de semaine, même le cha­pe­let, ils peuvent réci­ter le cha­pe­let avec les frères de la Fraternité qui le récitent.

Abbé de Jorna : Les prêtres de Saint-​Nicolas ont été très dévoués et on a assu­ré une pré­di­ca­tion au moins une fois par jour, ce qu’on ne fait pas habi­tuel­le­ment. Il y a eu, même de la part des prêtres un tra­vail sup­plé­men­taire et puis un enri­chis­se­ment des fidèles, ce qui auront pu suivre la messe tous les jours ont eu en plus, ce qu’ils n’auraient pas eu, un ser­mon assez court et bien fait pour pou­voir les entre­te­nir dans la foi qui néces­si­tait cette pré­di­ca­tion à cause des lou­voie­ments, je pense, illé­gi­times, parce que là, cela dépasse les bornes.

L’apostolat de la Fraternité en Frannce pendant le confinement


Abbé Lorans : Vous, mon­sieur l’abbé, qui êtes Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-​Pie X, vous avez sous vos ordres 160 prêtres à peu près ?

Abbé de Jorna : Un peu plus, on n’est pas loin des 180 prêtres, 200 lieux de messes, 50 prieu­rés, donc c’est impor­tant. On voit la néces­si­té, la pres­sion même, il y a une pres­sion réelle des fidèles, cela suf­fit, qui veulent abso­lu­ment désor­mais reve­nir à la messe, tout sim­ple­ment, et reve­nir au contact réel avec leurs prêtres, au-​delà de ce que l’on peut faire aujourd’hui : confes­sions, communions.

Abbé Lorans : Parce que jus­te­ment ces prêtres étaient contraints par les lois, sous peine d’amende, s’ils n’obtempéraient pas…

Abbé de Jorna : C’est assez cocasse parce qu’en fait le décret a chan­gé à par­tir du 12 mai, avant le culte n’a jamais été inter­dit, le prêtre avait le droit d’exercer son culte mais les fidèles n’avaient pas le droit de se dépla­cer, c’était com­plè­te­ment contra­dic­toire. Le culte était per­mis, les églises étaient ouvertes, mais les fidèles ne pou­vaient pas venir, on se demande pour­quoi elles étaient ouvertes, il y avait une espèce de contra­dic­tion des décrets. Maintenant, les fidèles ne sont plus confi­nés, ils peuvent venir, mais le culte est inter­dit. Ils peuvent venir au compte-​goutte, sans masques parce qu’il faut rece­voir la sainte com­mu­nion, il faut être un peu cohé­rent. Il y a heu­reu­se­ment un dépla­ce­ment plus facile des fidèles qui viennent, cela c’est vrai, qui fré­quentent davan­tage nos cha­pelles et les prieu­rés partout.

Abbé Lorans : Pendant la période du confi­ne­ment même, vous signa­liez la géné­reuse idée du cler­gé de Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet, mais je pense que dans l’ensemble du dis­trict de France, c’était le même prin­cipe : si les fidèles ne peuvent pas venir au prêtre, le prêtre ira aux fidèles ? Je crois que cer­tains se sont dépen­sés sans compter…

Abbé de Jorna : De fait c’était moins connu parce que les enre­gis­tre­ments pro­ve­naient sur­tout de Saint-​Nicolas, dans quelques cha­pelles, quelques prieu­rés, on a pu mettre en place des enre­gis­tre­ments qui étaient très locaux, qui ser­vaient aux fidèles du prieu­ré et puis les prêtres ont beau­coup cir­cu­lé, effec­ti­ve­ment, dans des lieux pro­pices à pou­voir sou­la­ger les fidèles, c’est vrai.

Abbé Lorans : Vous avez les prieu­rés, mais vous avez aus­si les écoles. Cette semaine à Paris c’était la ren­trée, alors de même qu’il y a un décon­fi­ne­ment pro­gres­sif, on a l’impression que la ren­trée se fait aus­si de façon très progressive.

Abbé de Jorna : Les écoles ont rou­vert dans des condi­tions variables en rai­son des pres­crip­tions légales néces­si­tant une cer­taine dis­tance entre les élèves, un cer­tain volume dis­po­nible, etc. On n’a pas le régime ordi­naire des classes, mais les classes ont repris. Certains ne vont venir par exemple que le matin et d’autres que l’après-midi, ou bien un jour sur deux, ou bien telle classe ou telle autre, afin que tous puissent venir suivre leurs cours dans la semaine, moins pro­ba­ble­ment qu’ils ne l’auraient fait s’ils étaient en régime nor­mal, mais les classes ont repris presque par­tout. Il y a quelques fidèles qui ont pré­fé­ré s’abstenir mais en géné­ral, c’est plu­tôt l’inverse, c’était la hâte aus­si, peut-​être moins des enfants qui étaient en vacances, et encore, la hâte de reve­nir à l’école pour pou­voir suivre les cours. Partout, dans les écoles pri­maires au moins, on a repris ces cours.

Abbé Lorans : Donc là, rue du Petit Musc, l’école a rouvert…

Abbé de Jorna : Rue du Petit Musc, à Bailly, un peu par­tout dans la région pari­sienne, dans toute la France, j’ai des nou­velles aus­si bien du sud, de l’est, de l’ouest, enfin partout.

Le pèlerinage de Chartres à Paris et celui de Lourdes

Abbé Lorans : Une autre ques­tion que tout le monde veut vous poser c’est ce grand pèle­ri­nage de Pentecôte qui tra­di­tion­nel­le­ment per­met aux fidèles, non seule­ment du dis­trict de France mais aus­si de toute l’Europe, par­fois même du monde, puisqu’il peut y avoir des pèle­rins qui viennent des Etats-​Unis, voire du Japon et de Madagascar, j’en sais quelque chose, cela n’a pas lieu ?

Abbé de Jorna : Cela mal­heu­reu­se­ment est inter­dit quoique les ras­sem­ble­ments à cinq mille per­sonnes soient per­mis sur la voie publique, mais bon cinq mille per­sonnes avec des dis­tances, cela ferait beau­coup de sur­face, cela serait dur de mar­cher dans ces condi­tions. Donc le pèle­ri­nage au sens strict, en tant que tel, n’aura pas lieu mais, on est en train de mettre cela en place, il y aura quelques groupes de pèle­rins qui satis­fe­ront aux condi­tions légales mal­heu­reu­se­ment encore impo­sées, qui per­met­tront de faire le pèle­ri­nage quand même du same­di au lun­di. Le pèle­ri­nage sera réduit à ces groupes qui vont mar­cher pour tous les autres, alors qu’habituellement on a les priants qui sont peu nom­breux et qui sou­tiennent la prière des mar­chants, cette fois-​ci c’est l’inverse, on aura des priants très nom­breux qui sou­tien­dront les quelques mar­chants qui seront sur la route de Chartres à Paris. On orga­nise des petits groupes parce que main­te­nant il est per­mis de se dépla­cer à moins de dix, des petits groupes avec un prêtre à chaque fois qui assu­re­ra ce pèle­ri­nage avec des laïcs.

Abbé Lorans : Le prin­cipe est main­te­nu, il n’y a pas de rup­ture, pas de « solu­tion de conti­nui­té », au contraire, on main­tient en atten­dant que tout soit réglé et que l’an pro­chain cela puisse être un beau et grand pèlerinage.

Abbé de Jorna : Voilà, on aura assu­ré la conti­nui­té, il n’y aura pas eu de trou.

Abbé Lorans : Je sais aus­si, puisque la Fraternité Saint-​Pie X fête ses cin­quante ans cette année, qu’un grand pèle­ri­nage, qui lui est sus­cep­tible de réunir beau­coup plus que cinq mille per­sonnes, doit se tenir à Lourdes. Or, ces der­niers jours encore Lourdes était fer­mé, il est ques­tion de rou­vrir un peu, qu’est-ce qu’il en est ? Evidemment ce n’est pas la Pentecôte, ce n’est pas fin mai, début juin, c’est en octobre pour la grande fête du Christ-Roi…

Abbé de Jorna : On est dans l’expectative, on attend, est-​ce qu’on sera encore tenu à cinq mille, est-​ce que l’on pour­ra faire plus ? Est-​ce que l’on ne sera plus dans des condi­tions dra­co­niennes pour pou­voir se réunir avec un mètre cha­cun de dis­tance ? La basi­lique est grande. Il est pro­bable que peut-​être on aura moins de monde que ce que l’on atten­dait, puisque l’on atten­dait énor­mé­ment de monde, il y a des gens qui avaient déjà réser­vé, en Afrique, aux Etats-​Unis, les billets étaient déjà pris, on est un peu dans l’expectative. C’est abso­lu­ment cer­tain qu’il aura lieu, main­te­nant il n’y a pas de doute, on sera au moins cinq mille, peut-​être qu’on sera davan­tage si les mesures nous le per­mettent. Il aura lieu, il n’y a pas de doute là-​dessus. Et puis on pour­ra fêter comme cela, mon­dia­le­ment quand même pro­ba­ble­ment, les cin­quante ans de la Fraternité. On voit l’acuité de notre socié­té qui se bat pour la messe et en par­tie pour la liber­té reli­gieuse, c’est-à-dire que le culte catho­lique soit à l’honneur dans tous les pays du monde, en France en par­ti­cu­lier. On voit com­bien c’est important.

Les ordinations à Ecône


Abbé Lorans : Pour qu’il y ait la messe, il faut qu’il y ait des prêtres, fin juin ce sont les ordi­na­tions. Qu’est-ce qu’il en est ?

Abbé de Jorna : Je viens d’avoir une nou­velle toute fraîche, j’espère qu’elle est vraie, du direc­teur d’Ecône, qui me dit que le 15 juin la fron­tière franco-​suisse devrait rou­vrir, elle est fer­mée. Donc les ordi­na­tions devraient avoir lieu le 29 juin, ce qui fait que les prêtres seront bien contents de pou­voir aller tran­quille­ment à Ecône le 29 juin pour les ordi­na­tions qui seront assez nom­breuses puisqu’il y a huit prêtres ordon­nés cette année, pas mal de fran­çais, mal­heu­reu­se­ment pas tous vien­dront en France, mais cela vaut la peine. Normalement on devrait pou­voir se retrou­ver tous le 29 juin.

Abbé Lorans : Ce qu’il faut dire aux audi­teurs de Radio Courtoisie, c’est que les ordi­na­tions sont pour les prêtres, qui eux sont déjà ordon­nés depuis dix, vingt, trente ou qua­rante ans, et vont venir impo­ser les mains. C’est vrai que vous avez été direc­teur d’Ecône, vous avez vu des confrères en grand nombre, il y a com­bien de prêtres qui viennent pour les ordinations ?

Abbé de Jorna : Je ne me sou­viens pas des chiffres, 180, 200 qui arrivent du monde entier. J’avais tou­jours une crainte qu’on soit dehors, sous tente ; il y avait ce qu’on appelle un podium, à un moment je me disais, mais on va avoir une pho­to extra­or­di­naire « Ecône s’écroule », parce qu’avec le nombre de prêtres j’avais quel­que­fois une inquié­tude que le podium soit bien stable, qui est sur­éle­vé, il faut qu’il tienne bien pour accueillir tous ces prêtres qui, lorsqu’ils ont à impo­ser les mains, sont autour de l’autel. Cela fait un grand nombre, mais rien ne s’est pas­sé, heu­reu­se­ment, et on en met de plus en plus et le podium est solide.

L’université d’été


Abbé Lorans : Ce sera pos­sible cette année puisque les fron­tières seront rou­vertes et ils pour­ront venir comme cela impo­ser les mains à leurs jeunes confrères. Je pose toutes les ques­tions que les fidèles et les audi­teurs se posent, vous aviez pro­gram­mé, chaque année, une uni­ver­si­té d’été, qui com­mence à accueillir pas mal de gens, il y a eu votre uni­ver­si­té d’hiver qui a eu lieu en février, il y avait 200 per­sonnes, qu’est-ce qu’il en est cette année ?

Abbé de Jorna : On était dans l’expectative en rai­son de la peur cau­sée par le gou­ver­ne­ment plus que par le Covid, et main­te­nant on en a le cer­ti­tude, l’UDT aura bien lieu du 12 au 16 août. Comme d’habitude fina­le­ment, mais le lieu change puisque cela sera à l’école que nous avons, ce qu’on appelle La Martinerie, c’est à côté de Châteauroux, dans le centre de le France. Ce qui sera bien car c’est en plein centre et donc plus facile d’accès pour toute la France, alors qu’autrefois on fai­sait cela aux Carmes, ce qui néces­si­tait un long dépla­ce­ment pour cer­tains, par­ti­cu­liè­re­ment de l’ouest. Ce sera plus acces­sible et on aura peut-​être plus de monde que d’habitude encore, d’autant plus qu’évidemment le sujet, je pense que tout le monde l’a devi­né, ce sera « les 50 ans de la Fraternité » en voyant son acui­té, parce que, par exemple, la liber­té reli­gieuse, je reviens là-​dessus mais cela me paraît impor­tant, on ver­ra bien que c’est vrai­ment pas quelque chose de théo­rique mais c’est quelque chose de pra­tique, la preuve : on a été, par l’Etat, contraints, asser­vis à s’abstenir de culte, ce qui était enfin inad­mis­sible, même au regard de la Constitution. Donc cela sera très d’actualité, l’UDT, du 12 au 16 août à La Martinerie.

Abbé Lorans : Je rece­vrai en deuxième par­tie Baudouin Bevillard qui orga­nise avec vous cette Université d’été, je lui deman­de­rai des détails sur l’organisation pra­tique, le pro­gramme. En tout cas c’est une bonne nou­velle, on sait que ça y est, cela a lieu, on n’est plus dans l’expectative sur ce point-​là au moins, c’est une bonne chose.

Abbé de Jorna : On peut s’inscrire déjà.

Les vocations en France

Abbé Lorans : Nous par­lions des ordi­na­tions, mais pour qu’il y ait des ordi­na­tions, il faut qu’il y ait des voca­tions, vous avez-​vous aus­si un regard sur ces voca­tions, un regard pater­nel. Est-​ce que les voca­tions sont confinées ?

Abbé de Jorna : C’est dif­fi­cile, c’est vrai, parce que d’habitude lorsque des jeunes gens veulent entrer au sémi­naire, il est néces­saire qu’ils prennent contact avec le dis­trict, avec moi, et avec Flavigny. Là les dépla­ce­ments étaient très dif­fi­ciles, ce qui fait qu’il y a des jeunes gens que je ne ver­rai que très tard. Mais, heu­reu­se­ment, on cette année une petite four­née encore, comme l’an der­nier, il n’y a pas de pro­blème. Il y a un pro­blème, si, de nombre : je suis un peu déçu que des jeunes gens ne soient pas davan­tage moti­vés en voyant l’importance du prêtre que l’on a vue par le manque, par l’absence. Je pen­sais que l’éloignement du prêtre qui a été cau­sé par le Covid, que l’absence en quelque sorte du culte, qui est une souf­france en fait, ferait réagir davan­tage de jeunes et je suis un peu éton­né, bon on n’est encore qu’au mois de mai, que davan­tage de jeunes n’aient pas vu la néces­si­té fina­le­ment de s’engager dans le com­bat qui est le nôtre et qui est extrê­me­ment impor­tant. L’épidémie a bien mon­tré l’importance de la reli­gion catho­lique, du culte, et donc que cela néces­site des prêtres.


Abbé Lorans : On devine mieux le prix de quelque chose quand on en est pri­vé, la messe, la valeur spi­ri­tuelle des sacre­ments, quand on n’y a plus accès. Il faut pen­ser qu’il y a des cha­pelles qui n’ont pas été des­ser­vies depuis le début du confi­ne­ment, cou­rant mars.

Abbé de Jorna : Si les prêtres étaient sur place, ils auraient pu aller com­mu­nier. Là il y a eu des cha­pelles qui n’ont plus eu de prêtres parce que l’on était coin­cé, blo­qué, confi­né, et sans pos­si­bi­li­té de s’éloigner trop de notre domi­cile. Je fais un appel à ces jeunes gens qui se sont posé la ques­tion, qu’ils se dépêchent de répondre oui à l’appel qui devient urgent, qui est impor­tant sur­tout, plus qu’urgent et grave parce qu’en fait il y un péril grave pour la France.

Abbé Lorans : C’est d’autant plus vrai que l’on voit le cler­gé offi­ciel vieillis­sant, très dis­per­sé, très clair­se­mé, en pro­vince il n’est pas rare de voir un prêtre qui a dix, vingt, trente clo­chers. C’est la grande misère spi­ri­tuelle de la France et même de la chré­tien­té, c’est vrai qu’une âme géné­reuse ne peut que répondre à l’appel. Justement, de façon très concrète, mon­sieur l’abbé, quelqu’un qui vou­drait déce­voir votre décep­tion, qui vou­drait répondre à l’appel, qu’est-ce qu’il doit faire ? On sait d’abord qu’on ne va pas au sémi­naire d’Ecône comme cela, on passe d’abord par un sémi­naire qui est en France, à Flavigny, et on y fait sa pre­mière année. Mais par qui passe-​t-​on avant d’entrer à Flavigny ?

Abbé de Jorna : La démarche la plus facile pour un jeune homme qui pen­se­rait à ren­trer au sémi­naire, c’est de prendre contact avec le prêtre de sa cha­pelle, ou le prêtre de son prieu­ré le plus proche, qui pour­ra dis­cer­ner avec lui le bien­fon­dé de cet appel. Après, il peut prendre direc­te­ment contact avec moi, à Suresnes, il appelle Suresnes et je serai très content de le ren­con­trer, main­te­nant il pour­ra pas­ser plus faci­le­ment, et puis en fonc­tion de cette ren­contre il peut aus­si s’adresser au sémi­naire à Flavigny, aller faire un petit tour pour voir mon­sieur le Directeur, et puis après avec le temps, les vacances, on peut voir si c’est bien ou si ce n’est pas bien de ren­trer tout de suite, enfin si c’est vrai­ment un appel ou pas. Donc la démarche ordi­naire c’est le prêtre local, mais cela peut être direc­te­ment Suresnes ici, soit le sémi­naire de Flavigny.

Abbé Lorans : Pour Suresnes je vais don­ner tout de suite les coor­don­nées, c’est donc 11, rue Cluseret, dans les Hauts-​de-​Seine, 92150, et si on n’est pas trop loin de ce très joli vil­lage médié­val de Flavigny, en Bourgogne, on peut aus­si pas­ser, main­te­nant que l’on a droit à 100 kilomètres.

Abbé de Jorna : Si l’on est à moins de 100 kilo­mètres on peut aller faire un tour à Flavigny, il faut pré­ve­nir avant d’arriver, ne serait-​ce que pour avoir une assiette et une soupe, et le direc­teur sera content de les voir, c’est l’abbé Gaud.

Leçons à tirer des épreuves actuelles

Abbé Lorans : Flavigny est uni­ver­sel­le­ment pour son sémi­naire mais aus­si pour ses anis de l’abbaye de Flavigny, c’est Flavigny-​sur-​Ozerain, 21150, et l’on peut comme cela faci­le­ment s’y rendre. Monsieur l’abbé, avant de nous quit­ter, je m’adresse au prêtre, au supé­rieur que vous êtes : vous-​même, qu’est-ce que vous tirez comme leçon spi­ri­tuelle de cette épreuve ?

Abbé de Jorna : Première chose, c’est que les fidèles prient avec fer­veur jusqu’à demain 14h30, n’oublions pas l’enjeu impor­tant, c’est que l’on puisse retrou­ver nos églises dimanche pro­chain. L’absence de culte montre l’importance de la par­ti­ci­pa­tion litur­gique réelle, les fidèles prennent conscience que même si l’on peut aller à la messe en semaine, la messe en famille le dimanche me paraît très impor­tante pour entre­te­nir les familles contre la dis­so­lu­tion qui se pré­pare, indi­vi­duelle, pour entre­te­nir la foi en famille. On ne se rend pas compte de l’héritage que l’on trans­met à ses enfants lorsque l’on voit ses parents prier avec soi quand ils nous emmènent, quel que soit l’âge qu’on ait. Personnellement, j’ai des sou­ve­nirs, on allait à la messe en famille, ma mère y tenait beau­coup, je crois que c’est une chose qui s’enracine et qui ne s’en va pas. J’encourage les familles à faire un effort, peut-​être plus qu’elles ne l’auraient fait, à aller autant qu’elles peuvent en famille à l’église, dès qu’on le pour­ra à la messe, pour entre­te­nir et déve­lop­per cette foi dont on voit l’importance puisque notre pays mal­heu­reu­se­ment pâtit de la dis­pa­ri­tion du culte catho­lique, parce que dis­pa­ri­tion des prêtres, des évêques, voi­là le conseil que je don­ne­rais : la prière litur­gique, l’importance de la prière litur­gique. Certes per­son­nelle, mais sur­tout liturgique.

Abbé Lorans : Vous savez le mot, le déses­poir est une sot­tise en poli­tique, mais en reli­gion c’est plus grave, c’est un péché.

Abbé de Jorna : Exact, on fêtait sainte Jeanne d’Arc, elle a tra­ver­sé toutes les épreuves pos­sibles d’un chré­tien ordi­naire, parce qu’elle en a quand même eu des épreuves. Elle est morte brû­lée vive avec une hor­reur épou­van­table et elle a mon­tré la can­deur de l’espérance, la fraî­cheur de l’espérance, que rien ne peut atteindre, quelles que soient les dif­fi­cul­tés, et elle a ren­con­tré des dif­fi­cul­tés plus grandes que nous-​mêmes. Cette can­deur, cette fraî­cheur, cette pure­té de l’espérance est vrai­ment pour nous un phare, un exemple, un modèle à suivre.

Abbé Lorans : Je vous remer­cie infi­ni­ment et nous res­tons sur la figure de sainte Jeanne d’Arc, patronne secon­daire de la France. Mais, j’ai envie de dire, pas secon­daire actuel­le­ment, elle est même primordiale.

Abbé de Jorna : C’est cela, vive Jeanne, vive la France !

Abbé Lorans : Parfait, un grand mer­ci mon­sieur l’abbé, à très bien­tôt, et alors on est unis par la prière avec vous, demain, à 14h30, nous sommes tous spi­ri­tuel­le­ment devant le Conseil d’Etat.

Sources : Radio Courtoisie le jeu­di 14 mai 2020 /​La Porte Latine du 14 mai 2020

FSSPX Supérieur du District de France

L’abbé Benoît de Jorna est l’ac­tuel supé­rieur du District de France de la Fraternité Saint Pie X. Il a été aupa­ra­vant le direc­teur du Séminaire Saint Pie X d’Écône.