Abbé Jean-Yves Tranchet
Certains diront : pourquoi confesser le Christ maintenant ? Par son action contre « Golgota picnic » ou « Sur le concept du visage du fils de Dieu », l’Institut Civitas donne de l’importance à des spectacles dont personne n’aurait jamais parlé. Non seulement l’Institut Civitas n’est pas mandaté par l’Église, mais il fait de la récupération politique. Il incite les catholiques à user de violence, ce qui n’est pas évangélique et ce qui les rend odieux aux yeux des médias et de l’opinion publique ! Bref, diront comme toujours les timorés, il eût mieux valu se taire… Alors qu’en est-il ?
C’est maintenant l’heure de confesser le Christ et de défendre son honneur ! Pourquoi maintenant ? En raison du Golgotha et de ce que ce nom signifie. Le Golgotha, c’est le lieu du Calvaire, le lieu de la Rédemption. C’est là que Jésus-Christ a témoigné jusqu’à la mort de sa divinité et de sa royauté. Le Grand Prêtre Caïphe a condamné Jésus pour s’être dit « Fils de Dieu » ; et le motif de condamnation que le Gouverneur Ponce-Pilate a fait inscrire sur la Croix fut : « Roi des Juifs ».
Or ce témoignage, le Christ l’a fait par amour pour les hommes, afin de sauver les hommes.
Aujourd’hui, c’est de Dieu que l’on se moque, de son image et de l’acte essentiel pour lequel il est venu sur terre, son Sacrifice sur la Croix ! Certes le blasphème n’est pas nouveau et l’on ne peut réparer pour tous les blasphèmes, mais ces derniers revêtent pourtant un caractère nouveau ; ils ne sont pas anodins ; ils sont publics, soutenus, financés et défendus par les autorités publiques ! De même que sur le Calvaire, ce sont les Princes des prêtres et les Anciens qui ont poussé la foule à crier « à mort ; crucifie-le ! », de même ce n’est qu’une poignée d’hommes influents sur le pouvoir public qui veut pousser les foules à rejeter définitivement le Christ de notre société. Ils sont jaloux et haineux, comme les chefs des Juifs d’alors, et ils ont peur de cet Homme-Dieu qui attire les foules.
Comment un catholique pourrait-il ne pas réagir à ces affronts ? Et comment peut-on penser qu’un catholique puisse ne pas réagir ? Serons-nous comme les pauvres disciples, terrifiés, abandonnant le Christ durant sa Passion ? Serons-nous comme le malheureux Pierre, le chef de l’Église pourtant, qui le renia par trois fois ? Allons-nous nous taire ou pire minimiser ces crimes comme certains évêques de France ? Qui donc confessera le Christ ?
Ce sont les catholiques et tous ceux qui se disent catholiques qui doivent confesser le Christ-Roi ! C’est aux catholiques de témoigner désormais leur foi et leur amour pour le Christ, comme lui-même a témoigné sur la Croix par amour pour nous ! Elles sont terribles ces paroles de Notre-Seigneur : « Celui qui m’aura confessé devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les Cieux ; et celui qui m’aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les Cieux » (Mt 10, 32–33).
Et si les catholiques réagissent avec autant de détermination, c’est aussi par amour du prochain, parce qu’ils sont conscients que Dieu a le blasphème en horreur et qu’il châtiera sévèrement notre pays s’ils ne font pas cesser ces blasphèmes publics.
Ce qui est certain, c’est que le chaos dans lequel vit notre société, qui pourrait sombrer dans la guerre civile, est une conséquence directe du laïcisme et de l’apostasie officielle de l’État. Cette agressivité à l’égard de Dieu, bien loin de nous faire peur, doit nous déterminer au contraire à revendiquer haut et fort les droits de Dieu et de Jésus-Christ qui seul apportera au monde la véritable paix.
Soyons donc des témoins (martyrs en grec), même s’il faut souffrir quelque chose pour lui. « Bienheureux serez-vous lorsqu’on vous maudira, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous alors, et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les Cieux » (Mt 5, 11–12).
Il y a 2 000 ans, les chefs des Juifs accusaient déjà Jésus d’être un séditieux bouleversant la nation et s’arrogeant le titre de Christ-Roi. On dit aujourd’hui des catholiques qui défendent leur Dieu qu’ils sont violents et sèment le trouble à l’ordre public ; qu’ils sont intégristes, voire fondamentalistes ! Mais qu’importe ? Qu’importe en effet ce que l’on dit et ce que l’on dira, puisque de fait, ces catholiques confessent le Christ !
Malgré ce qu’on dit, nous n’utilisons pas la violence pour défendre l’honneur de Dieu et faire cesser l’outrage et nous ne l’utiliserons pas car le Christ sur la Croix a vaincu sans violence ! Sur le Calvaire, ce sont de pauvres hommes excités et manipulés par le démon qui ont été violents, comme le sont aujourd’hui ces promoteurs de spectacles. Ils ont violenté le Fils de Dieu en le frappant à mort et ils ont violenté le Fils de Dieu en prononçant d’horribles blasphèmes. Mais le Christ, lui, a commandé à Pierre de remettre son épée au fourreau, il a guéri l’oreille du soldat Malchus et il a pardonné à ses bourreaux.
Comment alors les catholiques confesseront-ils le Christ ? Avec force, en imitant ces témoignages admirables que les saints nous ont laissé durant cette scène horrible de la crucifixion. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix en bravant les humiliations et les représailles. Sainte Véronique fend la foule et écarte les soldats avec un courage héroïque pour essuyer la face du Christ outragée et couverte de crachats. Le bon larron, malgré ses propres souffrances, défend l’honneur de Jésus et reprend son complice qui blasphème. Joseph d’Arimathie, surpassant la crainte des Juifs, se déclare disciple du Christ, réclame à Pilate le Corps de Jésus et l’ensevelit dans son propre tombeau. Il n’y a ni révolte, ni violence chez ces saints. C’est la foi et l’amour de Dieu qui commande leurs actes héroïques !
On objectera peut-être que ces actes sont insuffisants car ils n’ont pas empêché la mort de Jésus. Pourtant la Passion de Jésus, la prière de Marie et le témoignage des saints ont mérité non seulement la conversion du centurion présent au Calvaire, la conversion de saint Pierre et le retour des Apôtres qui mourront martyrs pour le Christ, mais aussi la conversion du monde, la sanctification des mœurs et la paix chrétienne qui a fait notre histoire. Qu’y aurait-il donc de plus efficace ?
Alors prenons garde de ne pas abandonner le Christ aux criminels, par lâcheté, en disant comme Pilate : « Je suis innocent du sang de ce Juste. » Prenons garde de ne pas le renier non plus par crainte de l’opinion publique, en niant notre appartenance au Christ, notre dignité de chrétien, par nos paroles, nos actes ou tout simplement notre inaction.
Professons ouvertement notre foi devant les autres, nous serons bénis de Dieu. L’Église nous y encourage et, contrairement à ce qu’affirme le Cardinal Vingt-Trois, Président de la Conférence des évêques de France, elle nous mandate même en accordant une indulgence à tout fidèle qui le fait de façon spontanée dans ces circonstances particulières [Enchiridion de 1999 – [1]]. Confessons le Christ dans notre vie de tous les jours, en famille, à l’université ou au travail. Confessons le Christ publiquement pour mériter que cessent ces blasphèmes et cette apostasie générale, pour mériter la conversion des pécheurs et des blasphémateurs, pour obtenir la force du témoignage aux hommes d’Église.
Et si nous n’avons pas l’occasion de témoigner publiquement notre foi, prions Notre-Dame Médiatrice de toutes grâces, d’accorder la force du témoignage à ceux qui devront le faire et prions-la aussi de bien vouloir retenir le bras vengeur de son Divin Fils qui a le blasphème en horreur.
Tel est l’esprit qui a présidé à nos actions et à nos manifestations. Et tout ce qui n’a pas cet esprit ne devra pas se faire et ne se fera pas.
Abbé Jean-Yves Tanchet, aumônier national de Civitas
Pour plus de renseignements
Institut Civitas
17, rue des Chasseurs
95100 Argenteuil
01.34.11.16.94
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Notes de bas de page
- Enchiridion des indulgences : Enchiridion indulgentiarum. Manuel des indulgences accordées par l’Eglise. La dernière version a été donnée à Rome, au Siège de la Pénitencerie Apostolique, le 16 juillet 1999.[↩]