L’espérance de Noël

La fête de Noël rap­pelle aux hommes que le Christ est venu les sau­ver, cha­cun en particulier.

Pourquoi fêter Noël ? Noël est un anni­ver­saire. C’est l’an­ni­ver­saire du Sauveur, un évé­ne­ment d’une por­tée éter­nelle et universelle.

La nais­sance du Christ est tem­po­relle. Elle eut lieu à Bethléem de Juda. « Un sau­veur vous est né, qui est le Christ Seigneur. » (Lc 2, 11). Cette nais­sance est consi­gnée dans l’his­toire. C’était à l’oc­ca­sion du grand recen­se­ment d’Auguste. Les cir­cons­tances sont humbles ; Jésus est né dans une étable. Pourtant cet enfant est le Dieu Très-​Haut et les Mages viennent l’a­do­rer. Son règne augure un grand chan­ge­ment et le roi de Jérusalem le redoute ; Hérode cherche immé­dia­te­ment à faire mou­rir l’en­fant et pour cela mas­sacre même les innocents.

De cet évé­ne­ment dépend le sort de l’hu­ma­ni­té. Avant l’in­car­na­tion du Christ, l’hu­ma­ni­té est déchue, à jamais sépa­rée de Dieu et pri­vée de son ami­tié béa­ti­fiante. L’homme naît pécheur, par la faute d’Adam, le pre­mier père. Il est voué à la mort et à l’en­fer éter­nel et il est humai­ne­ment inca­pable de se redres­ser. A vue humaine, l’homme a tout per­du. Dieu seul peut le sau­ver, ce Seigneur Dieu qui vient avec puis­sance (Is. 40, 10). L’avènement tant atten­du du Christ apporte aux hommes l’es­pé­rance du salut éter­nel. L’incarnation est rédemp­trice. Jésus-​Christ s’in­carne pour rache­ter tous les hommes et, tel un nou­vel Adam, pour réor­don­ner l’homme à Dieu.

La fête de Noël rap­pelle aux hommes que le Christ est venu les sau­ver, cha­cun en par­ti­cu­lier. Il est venu com­mu­ni­quer à cha­cun sa vie divine et les moyens de par­ve­nir à sa béa­ti­tude. Mais Noël rap­pelle aus­si qu’il est néces­saire de se confor­mer au Christ et de s’as­so­cier à sa Rédemption.

Comprenons que chaque grâce est comme un pro­lon­ge­ment de Noël, l’ac­tion sal­vi­fique du Tout-​Puissant qui opère notre conver­sion ; Dieu vient en nous pour nous trans­for­mer et nous éle­ver jus­qu’à lui. Par la foi, Jésus-​Christ, Vérité pre­mière, entre dans notre esprit pour sus­ci­ter une intense vie intel­lec­tuelle, une connais­sance très haute et intime de lui-​même. Par la cha­ri­té, Jésus, Bonté sou­ve­raine, entre dans notre cœur, dans notre volon­té, pour sus­ci­ter une intense vie affec­tive, un amour tout divin, par­fait, par lequel il s’aime lui-​même éter­nel­le­ment. C’est ain­si que le Christ nous sauve et opère notre conver­sion intérieure.

Jésus n’est pas seule­ment Dieu qui béa­ti­fie en com­mu­ni­quant son bon­heur aux hommes, mais il est aus­si Dieu qui rend les actes humains béa­ti­fiants, aptes à pro­cu­rer la béa­ti­tude. L’acte humain, le plus humble soit-​il a, par la grâce du Christ, enten­dez par la Toute-​Puissance agis­sante du Christ, une por­tée béa­ti­fiante. C’est l’a­gir ver­tueux d’un homme ordon­né à Dieu et dépen­dant de lui. Sous la motion de la grâce, cet agir har­mo­nieux de toutes les puis­sances humaines par­fait l’homme d’une per­fec­tion bien supé­rieure à la pure per­fec­tion natu­relle. Par la Toute-​Puissance de Dieu, cet agir humain sur­na­tu­rel per­met à l’homme d’at­teindre sa per­fec­tion d’homme divi­ni­sé, son plein épa­nouis­se­ment. Désormais, l’homme peut se confor­mer à l’a­gir ver­tueux du Christ, le plus par­fait des hommes, et imi­ter son agir.

Certes, il est dif­fi­cile de faire son salut. Parvenir à Dieu est pour cha­cun de nous un enjeu ardu qui sup­pose la constance dans la ver­tu, mais pour autant, cela nous est pos­sible avec le secours de la Toute-​Puissance du Christ. En revanche, pen­ser par­ve­nir à Dieu par ses seules forces humaines est tout à fait illusoire.

Fêtons Noël et contem­plons l’Enfant de la crèche, humai­ne­ment si faible, pauvre et nu. Demandons-​lui de nous gui­der dans la voie du salut. Il nous gar­de­ra fidèle à sa grâce et nous assis­te­ra de sa Toute-​Puissance divine. Il nous sou­tien­dra dans le renon­ce­ment à nous-​mêmes. Il nous aide­ra à offrir nos croix et à sup­por­ter patiem­ment les épreuves et les crises. C’est l’es­pé­rance de Noël, l’es­pé­rance dans le Christ-Jésus.

Source : Le Saint-​Vincent n°32