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CITE DU VATICAN (AFP) – Le pape Benoît XVI, déstabilisé par la crise provoquée dans l’Eglise catholique par la levée de l’excommunication des évêques intégristes, se justifie dans une lettre teintée d’amertume et appelle les fidèles à faire taire leurs dissensions.
Ce message au ton inhabituel, adressé aux évêques du monde entier et publié par le Vatican jeudi, révèle un pape isolé et blessé par les polémiques qui n’ont pas épargné sa personne.
Plusieurs médias en avaient déjà révélé la teneur mercredi en Italie ainsi qu’en Allemagne, pays natal de Benoît XVI où la levée, le 24 janvier, de l’excommunication des quatre prélats de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), dont le négationniste Richard Williamson, avait provoqué un tollé.
L’évêque de Stuttgart Gebhard Fürst, parmi d’autres, avait estimé que la décision du pape avait porté atteinte « à la crédibilité de l’Eglise ». Les réactions avaient été vives également en Autriche ou encore en France, pays où la minorité intégriste est bien implantée.
Benoît XVI se plaint de la « véhémence » des réactions « au sein et en dehors de l’Eglise catholique », se dit « peiné » de l’incompréhension, voire de « l’hostilité » de nombreux catholiques et « remercie de tout cœur » ceux qui, au contraire, lui ont apporté leur soutien.
Il se livre même à une réflexion sur le thème du bouc-émissaire.
« On a parfois l’impression que notre société a besoin d’un groupe (…) contre lequel on peut tranquillement se lancer avec haine », dit-il à propos des intégristes.
« Et si quelqu’un ose s’en approcher – dans le cas présent le pape – (…) il peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve », ajoute-t-il.
Sur un ton alarmiste, il évoque le défi lancé à tous les croyants par la disparition de Dieu « de l’horizon des hommes » dans le monde contemporain et, citant saint Paul, lance un avertissement aux fidèles : « si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres ! »
« Cette lettre est un document inhabituel » qui exprime « une implication et une souffrance évidentes », a commenté le porte-parole du Vatican Federico Lombardi lors d’un point de presse.
« C’est une preuve de faiblesse, car le pape interprète les critiques comme des attaques », a déclaré à l’AFP le vaticaniste de La Repubblica (centre gauche laïque) Marco Politi, décrivant « un homme isolé » là où il faudrait « de la collégialité ».
Benoît XVI reconnaît deux « erreurs » : ne pas avoir « suivi avec attention les informations auxquelles on peut accéder sur internet », ce qui aurait permis de connaître les déclarations négationnistes de Williamson. Et l’insuffisance d’explications sur « la portée et les limites » de la levée de l’excommunication, une mesure purement « disciplinaire » sans conséquence sur la « doctrine » de l’Eglise.
Sur le fond, il maintient que sa « main tendue » aux intégristes était un « geste de miséricorde » justifié en outre par le souci de ne pas laisser « aller à la dérive loin de l’Eglise » ce groupe fort de « 491 prêtres » et « de milliers de fidèles.
Réaffirmant son engagement dans le dialogue avec le judaïsme, Benoît XVI remercie les Juifs d’avoir aidé à restaurer la confiance.
Une délégation du grand Rabbinat d’Israël a été reçue jeudi par le pape, qui prépare un voyage en « Terre Sainte » (Jordanie, Israël, territoires palestiniens) du 8 au 15 mai. Les rabbins ont « remercié » Benoît XVI pour ses propos « clairs » contre la négation de la Shoah et assuré que la crise provoquée par l’affaire Williamson était terminée.
AFP - 12 mars 2009