Désaccord en Ré autour d’une statue de la Vierge

Une asso­cia­tion anti­clé­ri­cale réclame le débou­lon­nage d’une sta­tue de la Vierge, située à l’entrée de La Flotte-​en-​Ré (île de Ré), éri­gée après la Seconde guerre mon­diale en action de grâces reçue pour le retour au pays, sains et saufs, de jeunes pri­son­niers de guerre.

Tout com­mence par un acci­dent. Celui, en 2020, d’un auto­mo­bi­liste qui, pris sous l’effet de quelque potion dio­ny­siaque, per­cute invo­lon­tai­re­ment la sta­tue de la Vierge Marie, pos­tée à l’entrée de la Flotte-​en-​Ré. Contrit, le cou­pable vient se dénon­cer spon­ta­né­ment le lendemain.

L’image mariale abî­mée fait par­tie de l’histoire de l’île depuis 1945, année de son érec­tion sur un ter­rain alors pri­vé, en remer­cie­ment du retour des jeunes sol­dats rhé­tais de cap­ti­vi­té, et qui a don­né son nom à l’impasse et à l’arrêt de bus voisins.

Dans les années 80, le dépar­te­ment de la Charente-​Maritime expro­prie des ter­rains, dont celui où se trouve la sta­tue de la Vierge. Ce der­nier, situé à l’entrée sud de la com­mune, est alors trans­for­mé en rond-​point. La sta­tue a alors été dépla­cée de 300 mètres, sur une par­celle aujourd’hui publique.

La mai­rie, fière de sa sta­tue, décide donc la répa­rer et de la remettre en place. Las ! C’était sans comp­ter l’émoi – fort sélec­tif – de l’association la Libre-​Pensée, plus prompte à déclen­cher des que­relles de clo­cher, que de minarets.

Le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Poitiers a donc été sai­si – annonce France 3 Aquitaine le 6 février 2022 – pour exi­ger le retrait de la sta­tue au nom de la « neu­tra­li­té de l’espace public en matière religieuse ».

L’affaire n’est pas sans rap­pe­ler l’offensive que la même asso­cia­tion a menée en Vendée il y a quelques semaines, obte­nant de la jus­tice le débou­lon­nage d’une sta­tue de l’archange Saint-​Michel, contre l’avis du maire et de ses administrés.

« Il y a des sta­tues de la Vierge par­tout en France, nous en avons même une seconde sur l’île, à Saint-​Martin. Si la Fédération de la Libre-​Pensée s’est concen­trée sur la sta­tue de la Vierge à La Flotte, c’est sim­ple­ment parce que nous avons sou­hai­té la rem­pla­cer suite à l’accident », déplore le maire de la Flotte-​en-​Ré, Jean-​Paul Heraudeau.

Une péti­tion en ligne a été lan­cée par les habi­tants de l’île, pour dénon­cer un « acte de sec­ta­risme sté­rile » : elle recueillait 2 300 signa­tures, le 10 février dernier.

« Le monde est fou ! Elle a tou­jours veillé sur le vil­lage. Même après avoir subi dif­fé­rents inci­dents et vécu beau­coup de dom­mages, elle se tient tou­jours debout, alors pour­quoi l’enlever aujourd’hui ? », pro­teste un habitant.

Contacté par télé­phone, Claude Biardeau, le Président de l’association La Libre Pensée de Charente-​Maritime pré­fère gar­der un profil-​bas, atten­dant le déli­bé­ré, pré­vu le 3 mars prochain.

Un élu corse a éga­le­ment appor­té son sou­tien au maire de la Flotte-​en-​Ré, indi­quant qu’il atten­dait de pied ferme, en com­pa­gnie des insu­laires, que les anti­clé­ri­caux osent se pré­sen­ter sur l’île de Beauté pour venir reti­rer la sta­tue de la Vierge, trô­nant, elle aus­si, au centre de son village,

L’on peut parier sans trop de risques que, dans ce der­nier cas, la Libre-​Pensée ne se hasar­de­ra pas sur un ter­rain aus­si « explosif »…

Sources : Ré à la Hune/​Le Figaro/​Valeurs actuelles – FSSPX.Actualités