Editorial de juillet 2010 – Charité ou citoyenneté ?, abbé Guillaume d’Orsanne

Charité ou citoyenneté ?

Nous sommes abreu­vés jusqu’à la nau­sée de termes étranges et plu­tôt nou­veaux : éco­ci­toyen­ne­té, édu­ca­tion citoyenne au déve­lop­pe­ment durable, lutte contre le racisme et la xéno­pho­bie, toutes choses signi­fiant en gros le res­pect de la créa­tion, ain­si que le res­pect de l’autre dans sa diver­si­té qui peut aller jusqu’à l’anti-machinphobie.

Une école qui n’enseignerait pas de telles notions à ses jeunes et qui n’éduquerait pas à ces valeurs serait aujourd’hui suspecte…

Sur ce point, que faisons-​nous dans nos écoles et nos familles ? Parce que nous n’utilisons pas ces termes, avons-​nous quelque faille dans notre édu­ca­tion ? Avons-​nous à rou­gir de notre voca­bu­laire vieillot et des ver­tus qu’il désigne ?

Bien au contraire ! Nous sou­te­nons que la ver­tu de Charité chré­tienne est bien supé­rieure à tout ce gali­ma­tias de paroles confuses. Et l’éducation civique, dans sa par­tie de res­pect d’autrui, est bien infé­rieure au caté­chisme élémentaire.

Éduquer nos enfants à la citoyen­ne­té et s’arrêter là, c’est à nos yeux insuf­fi­sant. Notre Seigneur ne nous dit pas de sim­ple­ment res­pec­ter autrui, il nous com­mande de l’aimer en véri­té, ce qui est bien supé­rieur et pré­sup­pose la grâce. Le pré­cepte le plus impor­tant de notre sainte reli­gion, c’est l’amour de Dieu, puis l’amour du pro­chain qui en découle.

L’éducation chré­tienne a pour point de départ la Charité, pour loi fon­da­men­tale la Charité, pour méthode la Charité. Il n’est jamais trop tôt pour exci­ter et entre­te­nir chez les enfants l’amour de Dieu, qui n’est d’ailleurs pas quelque chose de sen­sible mais une pré­fé­rence habi­tuelle pour Dieu.

Ainsi, toute la péda­go­gie chré­tienne se résume dans la Charité. Le caté­chisme a syn­thé­ti­sé nos devoirs envers autrui en les œuvres de misé­ri­corde. Si donc on nous demande ce que nous ensei­gnons à nos enfants, réci­tons sim­ple­ment ces deux listes.

Les œuvres de misé­ri­corde cor­po­relle sont :

1. Donner à man­ger à ceux qui ont faim.
2. Donner à boire à ceux qui ont soif .
3. Vêtir ceux qui sont nus.
4. Loger les pèlerins.
5. Visiter les malades.
6. Visiter les prisonniers.
7. Ensevelir les morts.

Les œuvres de misé­ri­corde spi­ri­tuelle sont :

1. Conseiller ceux qui doutent.
2. Enseigner les ignorants.
3. Avertir les pécheurs.
4. Consoler les affligés.
5. Pardonner les offenses.
6. Supporter patiem­ment les per­sonnes pénibles.
7. Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Aucun manuel de l’Éducation Nationale n’oserait pro­po­ser des pré­ceptes aus­si éle­vés aux élèves. Aucun ministre défen­seur de la laï­ci­té n’oserait impo­ser l’amour des enne­mis. Aucun ins­pec­teur n’aurait l’idée de contrô­ler le niveau de cha­ri­té d’un éta­blis­se­ment.

Nous sommes donc par­fai­te­ment tran­quilles sur notre pro­gramme. La com­pa­rai­son est hau­te­ment en notre faveur, en témoigne toute l’histoire de l’Église, et un jour vien­dra peut-​être où nous pour­rons entrer dans les lycées publics en disant :

« Messieurs, nous venons vous ins­pec­ter sur quelques points ».

Abbé Guillaume d’Orsanne