Abbé Loïc Duverger, 1er Assistant du District de France
Directeur de Pèlerinage de Tradition
Le combat de la Foi
– L’édition 2010 du Pèlerinage de tradition a pour thème : « Le combat pour la foi ». Est-ce une référence paulinienne, avec un éventuel clin d’œil au « combat de la foi » de l’abbé Coache ?
– Bien entendu lorsque le thème du « combat de la Foi » est choisi, saint Paul est la référence principale, lui le grand héraut de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, l’unique Sauveur des hommes devant qui tout genou doit fléchir. Saint Paul reste le modèle indépassable en qui l’Eglise puise son enseignement et l’exemple missionnaire.
Mais c’est plus qu’un clin d‘œil au combat de la Foi du vénéré abbé Coache, c’est une volonté de s’inscrire dans le combat de tous ces prêtres, héros des temps modernes, qui ont résisté et combattu contre les erreurs conciliaires avec tant d’enthousiasme de fougue et de force.
Grâce à eux, combien d’entre nous ont gardé la Foi intégrale qu’ils peuvent à leur tour transmettre, sans eux la Tradition en France n’aurait pas la force et l‘étendue qui sont les siennes aujourd’hui.
– Pour le chrétien, la vie est un combat. Pourquoi y insister plus spécialement cette année ?
– A première vue, le thème du combat de la Foi peut paraître une banale redite. Que peut-on dire de nouveau qui n’ait déjà été dit ?
Pourtant, la Foi ne cesse de disparaître dans notre pauvre France, les églises sont vides, le clergé a disparu, les fidèles ne sont plus baptisés et ceux qui le sont, ont une connaissance si approximative de la religion qu’ils nient de nombreux dogmes au point de se demander s’ils ont encore la Foi catholique. Lorsque la Foi disparaît, d’autres religions prennent la place, la perversion des mœurs atteint les bas-fonds et la société civile sombre dans la décadence.
Or, sans la Foi il est impossible de plaire à Dieu, impossible de sauver son âme, c’est saint Paul qui le dit. Il faut donc que les fidèles ardents, joignant la prière aux sacrifices, proclament avec force la Foi catholique. Il faut qu’elle soit prêchée pour qu’elle soit défendue, pour qu’elle soit entendue, reconnue, aimée et pratiquée, c’est encore saint Paul qui l‘écrit.
Contre ceux qui veulent faire taire cette prédication, contre ceux qui craignent que la proclamer trop haut puisse indisposer et armer le bras des ennemis de Jésus-Christ, les fidèles, sans jamais se lasser, doivent manifester par des actions publiques, pleines d’éclat, que nul ne peut faire taire la voix des catholiques professant leur foi, essentielle et nécessaire pour le salut des âmes, des familles, des sociétés. C’est tout le sens de notre pèlerinage.
– Un pèlerinage n’est-il pas d’abord une démarche de conversion ?
– Vous avez raison, le pèlerinage est avant tout une conversion, un retour à Dieu pour le placer au centre de nos pensées, de nos actions, de notre vie quotidienne. Mais ce retour à Dieu se fait par une vie de Foi qui fait régner Notre Seigneur tout d’abord dans les cœurs, avant de le faire régner ensuite dans les familles et dans les sociétés. Cette conversion demande d’entreprendre un combat difficile contre la mollesse, le qu’en-dira-t-on, le respect humain, la tiédeur, la mondanité et l’esprit de jouissance.
La conversion à une vie de Foi vive, nécessaire pour sauver son âme, demande un véritable combat contre la chair, l’orgueil et le monde.
– Pensez-vous que cet appel puisse être missionnaire, et attirer tous ceux qui croiseront votre pèlerinage au gré de ces trois jours ?
– Le chrétien convaincu qu’il n’y a pas de plus grand bien que celui de la Foi, qui procure la vie éternelle, n’a qu’un seul désir celui de faire participer son prochain à ce bien source de toute véritable paix et de toute joie. Plus la Foi est vive, plus ce désir est puissant. Il a animé tous les saints missionnaires et je pense en particulier à tous ces saints qui ont sanctifié notre pays, saint Martin, saint Hilaire, saint Irénée, saint Denis, sainte Blandine, sainte Geneviève…
Nous devons retrouver cette Foi ardente qui brille comme une ville sur la montagne, si nous voulons voir refleurir la civilisation chrétienne.
Le chrétien, s’il veut entraîner à sa suite, ne doit pas raser les murs. Ce grand pèlerinage impressionne les passants, il provoque dans les âmes des interrogations. La prière de ces milliers de pèlerins fait tomber une pluie de grâces qui touchent les cœurs. La grâce de Dieu fait alors elle aussi son pèlerinage dans les âmes.
– Ce thème a‑t-il une visée sociale ? Voire politique ?
– C’est évident. Mais, ne croyez pas que c’est à de grandes actions politiques et sociales que je pense. Non, c’est à la multitude des petites actions personnelles que je songe.
Il faut que chaque fidèle ait le souci de faire rayonner sa Foi par une charité joyeuse dans son milieu auprès de ses proches. Le prochain c’est celui avec qui l’on vit, que l’on fréquente et qui n’a pas la Foi et met donc son éternité en danger, c’est le boulanger chez qui l’on va chercher le pain, c’est le plombier qui vient faire quelque réparation, c’est la vieille dame du palier que l’on croise dans l’escalier, c’est le voisin de table en classe, à l’université, à l’atelier, c’est l’ami au sein de l’entreprise… C’est là que le fidèle a une action politique et sociale en prêchant par l’exemple, par la bonté, par quelque parole douce et miséricordieuse en parlant de Notre Seigneur et de sa Sainte Mère… Cette prédication est un véritable combat !
– L’Eglise est durement attaquée ces derniers mois. Le Pape lui-même est au centre des coups portés par l’adversaire. Comment votre « combat pour la Foi » éclaire-t-il cette situation ? Et vos relations avec Rome ?
– Le monde ne supporte pas Jésus-Christ, il le haït. Notre Seigneur nous a avertis, le disciple n’est pas au-dessus du maître. Que les cœurs ne se troublent pas, le monde ne cessera jamais de combattre l’Eglise et le Souverain Pontife. Plus l’Eglise paraît faible et sans force, plus le monde et ses suppôts s’acharnent pour la détruire. C’est une illusion que de croire que l’ouverture au monde unie à l‘œcuménisme délétère désarme les persécutions et instaure la paix.
Au contraire, plus la Foi catholique est proclamée, affirmée dans sa pureté, dans son intégralité, sans concession aux erreurs qu’il faut dénoncer avec acharnement, plus l’Eglise est glorifiée, plus le Pape est vénéré, respecté, écouté, plus les âmes se convertissent à Jésus-Christ et trouvent la véritable paix. Alors, l’influence du monde recule et ses attaques blasphématoires deviennent inaudibles.
Aujourd’hui, le meilleur moyen pour le fidèle de défendre l’Eglise contre les attaques si odieuses des derniers mois, de soutenir le Souverain Pontife dans cette persécution contre sa personne est de proclamer haut fort la Foi catholique sans rien concéder à l’esprit du temps et aux erreurs modernes.
– Pensez-vous que le pèlerinage 2010 sera un grand cru ?
– Je le souhaite de tout cœur. Les inscriptions affluent, mais nous ne serons jamais assez nombreux.
Il faut que ceux qui sont déjà inscrits entraînent par leur enthousiasme les indécis à se décider, les craintifs à s’armer de courage, les paresseux à secouer leur torpeur. Le combat de la Foi est le combat de tous, nul ne peut s’en dispenser. Que ceux qui ne peuvent plus marcher viennent aider à la logistique ; que ceux qui ne peuvent plus aider à la logistique soutiennent les pèlerins par quelque généreuse aumône. Et que tous prient et supplient Notre Dame pendant ces trois jours de prières et de pénitence.
– Alors, peut-on s’y inscrire encore ? Et comment ?
– Le Pèlerinage a lieu le 22, le 23 et le 24 mai. Il débute le samedi matin 22 mai dans les jardins de l’Evêché derrière la cathédrale de Chartres et s’achève à Paris le 24 mai après-midi par la messe place Vauban devant l’église des Invalides.
Propos recueillis par Olivier Figueras, Présent du samedi 15 mai 2010
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