Dans sa première encyclique, E supremi apostolatus, le pape saint Pie X, cherchant la manière efficace de « tout restaurer dans le Christ », et juste après avoir parlé de la formation des prêtres, en vient aux besoins des fidèles. Il écrit alors ces paroles remarquables :
le principal moyen de rendre à Dieu son empire sur les âmes, c’est l’enseignement religieux. Combien sont hostiles à Jésus-Christ, prennent en horreur l’Église et l’Évangile, bien plus par ignorance que par malice (…). État d’âme que l’on constate non seulement dans le peuple (…), mais jusque dans les classes élevées et chez ceux- là mêmes qui possèdent, par ailleurs, une instruction peu commune. De là, en beaucoup, le dépérissement de la foi ; car il ne faut admettre que ce soient les progrès de la science qui l’étouffent ; c’est bien plutôt l’ignorance ; tellement que là où l’ignorance est plus grande, là aussi l’incrédulité fait de plus grands ravages.
Ainsi, le saint pontife nous propose un cheminement : l’ignorance religieuse entraîne le dépérissement de la foi, qui engendre l’incrédulité voire l’antichristianisme.
Cette affirmation de saint Pie X doit nous faire nous interroger : avons-nous un souci suffisant de notre instruction religieuse, ou sommes- nous menacés, en raison de notre paresse et de notre incurie sur ce point capital, d’une ignorance religieuse qui peut, beaucoup plus vite que nous ne l’imaginons, faire dépérir notre foi ?
Et ceci est particulièrement vrai à notre époque, pour trois raisons.
Tout d’abord, les attaques (directes ou indirectes, philosophiques, historiques ou scientifiques) contre la foi et contre l’Église n’ont jamais été aussi nombreuses et aussi violentes.
Ensuite, dans nos pays occidentaux au moins, nos contemporains ont très massivement opté pour un mode de vie matérialiste et hédoniste, ne tenant aucun compte de Dieu et de la religion. Et cela nous imprègne, nous impressionne, nous décourage, nous inquiète.
Enfin, là où nous pensions trouver le calme et la solidité de la vérité, une foi vive et claire, un soutien par la prière, l’enseignement et la liturgie, à l’intérieur donc de l’Église catholique à laquelle nous avons la grâce immense (et imméritée) d’appartenir, nous subissons depuis quarante ans un véritable désordre, des erreurs nombreuses, des scandales, des disputes et des oppositions. En sorte que nous sommes désorientés, « catholiques perplexes » pour reprendre une expression fameuse.
Or. tout récemment, est paru le Compendium du Catéchisme de l’Église catholique. Nous avons, on le sait, émis des réserves sur plusieurs affirmations de ce document. En revanche, nous ne pouvons qu’approuver « l’intention catéchétique » qui sous-tend cette parution, c’est-à-dire la volonté de revenir à un catéchisme clair, précis et normatif.
Si, sur des points précis, nous sommes obligés d’émettre certaines critiques, nous devons, en revanche, dans l’esprit de saint Pie X répondre sans réserve au Saint-Père, quant à cette « intention catéchétique », celle d’une connaissance de la foi sérieuse et profonde, fondée évidemment sur le catéchisme catholique de toujours.
Il nous faut donc voir en cette parution du Compendium un appel de la Providence pour sortir d’une ignorance religieuse trop répandue parmi nous, pour acquérir une formation religieuse à la hauteur de notre formation profane et de nos responsabilités (familiales, professionnelles, civiques), pour nous éclairer afin de suivre une voie droite et de rester missionnaires même en cette crise de l’Église.
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier †
Supérieur du District de France
Extrait de Fideliter n° 170 de Mars – Avril 2006