Chers fidèles,
Voilà on y est ! Le Vatican le laisse entendre par des sources plus ou moins autorisées. la Messe traditionnelle va retrouver sa liberté ! Ce n’est plus qu’une question de jours, de semaines ou de mois ou plus ! Peu importe quand l’attente a duré près de quarante ans, on s’en voudrait de trouver exagérée cette rallonge !
Il ne reste donc qu’à se réjouir benoîtement !
Mais bien vite, les éternels inquiets vont crier à la trahison : « C’est une combine pour nous avoir, c’est évident ! » Voyez ce que dit tel évêque et aussi cet autre.
D’ailleurs le pape lui-même a bien affirmé qu’il n’avait pas changé quant à ses principes antérieurs.
Si on prend un peu de distance avec tout ce brassage émotionnel, et qu’on échappe à cet instantané dans l’information, on devrait pouvoir porter un jugement beaucoup plus serein. On sait que l’information actuelle nous manipule et tente de nous introduire dans le prêt-à-penser vécu au niveau du ressenti.
Aujourd’hui, les médias font des titres avec le catholicisme et les catholiques, et le ton a perdu de son agressivité ; c’est tellement inhabituel, que cela donne un semblant d’espoir. Un éditorial n’hésite pas à affirmer que « les catholiques français sont en train de vivre un moment clef de leur histoire » . Et il ajoute « l’effervescence qui règne dans leurs rangs. sont des signes d’un regain de spiritualité dans l’Eglise »[1].
Mgr Fellay, dans un article pour les membres de la Fraternité [2] reconnaissait lui :
« que la situation dans la- quelle nous vivons est propre à générer la confusion, qui ira probablement grandissant dans les années qui viennent ».
Le mélange de l’erreur avec la vérité devient si subtil, qu’il est possible que le doute s’installe. Est-on encore à la juste place ? Est-ce qu’on exagère et dramatise ? Ou au contraire a‑t-on déjà versé dans la trahison par quelques concessions ?
Mgr Fellay donne alors aux membres quelques principes afin d’ordonner le mieux possible cette marée d’idées confuses :
« Pour que notre Fraternité reste forte, il est capital de lutter contre ce mal (la méfiance). Il faut pour cela respecter strictement les lois qui gouvernent toute société : respect de l’autorité, respect des compétences de chacun sans s’arroger ni prétendre prendre la place des autres, respect de la réputation du prochain et de l’œuvre ».
Ce mot d’ordre démontre que le souci du supérieur est le resserrement des rangs. D’abord les membres de la Fraternité et ensuite les fidèles qui se sont engagés dans ce combat à ses côtés. Vous êtes peut être étonnés de cet engagement, mais vous aussi, chers fidèles, je vous mets dans cette petite armée où vous êtes présents, d’une manière certes différente, mais bien réelle. Car sans ses fidèles et sans ses familles, la Fraternité serait bien vite condamnée à n’être qu’une société désincarnée.
Vous faites corps avec elle, vous êtes donc partie prenante dans ce combat qui est mené pour la Tradition. D’où viennent les futures vocations, d’où viennent les soutiens financiers ? La connexion est évidente, nous savons combien les sacrements de l’Ordre et du Mariage sont à la base de l’Eglise d’ici-bas.
Donc l’attitude seule capable de poursuivre le bon combat de la foi nous est donnée par Monseigneur Fellay selon un triple respect : 1) Respect de l’autorité ; 2) Respect des compétences ; 3) Respect des réputations.
Car nous aurons encore souvent à entendre des déclarations enflammées et élogieuses de la part de pontes de l’Eglise envers le petit monde de la Tradition, qui viendront ponctuellement raviver l’effervescence et la confusion parmi nous. Si nous voulons demeurer au-dessus de ces provocations et de cette agitation, il nous faut garder ces trois points qui permettent la stabilité.
1. Respect de l’autorité !
Après avoir vécu la trahison des clercs, même dans nos rangs, certains peuvent dire : « Je me suis converti à la retraite prêchée par l’abbé un tel. mais depuis il nous a quitté ou pire, il a défroqué ! ».
Chers amis, dans un combat, il y a de tout, des traîtrises, des lâchetés, des défaites, des découragements. il y a même des morts. C’est horrible mais c’est ainsi la guerre !
Cette armée de la Tradition va encore recevoir des coups, mais tant que la victoire n’est pas acquise, il ne faut pas rompre les rangs. Cette étonnante armée est debout, et même elle continue d’avancer. C’est incroyable ! C’est une armée pas très organisée, pas très aguerrie, pas très soudée et pourtant l’immense armée ultra-perfectionnée du modernisme en reçoit des coups qui la déstabilise. Il faut continuer à faire confiance au général qui n’a jamais fait preuve de faiblesse quant au dogme et à la morale, c’est purement et simplement la sagesse. ???
2. Respect des compétences !
Oh comme cela est important ! Peut-être qu’avec Internet vous êtes au courant avant vos prêtres des toutes dernières nouvelles. Alors vos réactions prennent de l’avance.
Voici pour prendre un exemple : lors d’une déclaration à la TV italienne Canal 5 le Cardinal Hoyos nous apprend étonnamment que la Fraternité n’est pas accusée de schisme. Merveilleux, son éminence devient notre défenseur ! Seulement trois mois plus tard, le même personnage trouve remarquable « le retour dans le sein de l’Eglise catholique », et il faisait allusion à des séminaristes ayant quittés notre séminaire de la Sainte-Croix en Australie.
Une même personne mais un double langage !
Et cette personne est responsable devant le Saint-Père des œuvres ayant une sensibilité traditionnelle et conservatrice (Ecclesia Dei). Il semblait qu’il nous libérait d’une chape de plomb et peu après il nous met du plomb dans l’aile.
Cela n’évoque-t-il pas le jeu du chat et de la souris ? Méfions-nous de tout jugement hâtif, restons sur nos gardes, gardons nos postes et attendons le signal donné par les supérieurs. ???
3. Respect des réputations !
Cela va de soi, inutile de développer ce point bien qu’il soit capital. Si nous critiquons l’autorité, si nous critiquons les œuvres de Tradition, si nous laissons traîner des suspicions, nous ne verrons certainement pas tous les fruits empoisonnés de nos paroles.
Mais au jugement dernier, des âmes se lèveront pour nous condamner. elles nous avaient crus !
Ne semble-t-il pas que je vous demande une foi aveugle ? Obéissez ! Punkt schluss ! Non, mais connaissez votre foi, approfondissez-la. Vous ne devez pas être des moutons bêlants, mais des brebis qui suivent le bon Pasteur.
Si par malheur, la Fraternité défaillait de son rôle et glissait à son tour dans l’abîme de la perte de la foi, seuls ceux qui auront approfondi leur foi, sauront prendre la bonne décision.
Pour les plus jeunes, souvenons-nous de nos pères ! C’est pourquoi, encore une fois, je le répète, la connaissance de notre sainte religion est souverainement importante : son histoire, sa doctrine, ses saints, tout ce qu’elle est.
Et si notre prière confie notre pauvreté au Saint-Esprit, Il nous conduira dans la bonne voie.
Abbé Henry Wuilloud [3]