Abbé Loïc Duverger, Supérieur du District d’Afrique
Q. Merci M. l’abbé d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Je suis certain que vous êtes très occupé par votre ministère et j’imagine qu’il faut du temps pour répondre à des questions dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle. Quand l’apostolat de la Fraternité a‑t-il démarré en Afrique ? Qui a commencé ce travail ? Était-ce Mgr Lefebvre lui-même ?
L’apostolat de la Fraternité a débuté au début des années 1980, lorsque Mgr Marcel Lefebvre est venu en Afrique du Sud pour encourager les fidèles qui résistaient à la crise de l’Eglise. Mais ce n’est qu’en 1985 que le premier prieuré a été ouvert à Roodeport près de Johannesburg en Afrique du Sud, puis en 1986 au Zimbabwe et au Gabon dont nous fêtons les 25 ans cette année.
Mgr Lefebvre suivait de près ces fondations. Mais il eut une attention toute particulière pour la mission du Gabon sur les lieux où lui-même débuta sa vie missionnaire en 1932. Il y fit un voyage important en 1985 pour préparer la fondation de la mission. A cette occasion, il rencontra le chef de l’état, le président Omar Bongo, plusieurs évêques et personnalités du pays, ses anciens élèves au séminaire et dans les missions de Donguila, Kango et Lambaréné. Par ses lettres au Père Patrick Groche, fondateur de la mission Saint Pie X, il prodigue ses conseils d’ancien missionnaire et montre le soin avec lequel il suivait le développement de ce prieuré. Il y reviendra un an avant sa mort tout heureux de voir le magnifique développement de cette belle œuvre.
Q. Combien de prêtres avez-vous actuellement dans le district d’Afrique ? Combien de prieurés et de missions ? A combien pourriez-vous estimez le nombre de fidèles desservis par la Fraternité en Afrique ?
Aujourd’hui 21 prêtres, 4 frères, 5 sœurs, et 2 oblates exercent leur apostolat dans les 8 maisons que la Fraternité possède en Afrique.
En Afrique du Sud nous avons 3 maisons (2 prieurés et la maison de district) qui desservent 7 chapelles. Au Gabon nous possédons 1 prieuré et une école. Le Kenya est riche d’un prieuré et du tout récent noviciat de religieuses destinées aux missions, les sœurs missionnaires de Jésus et de Marie. Le Zimbabwe est le quatrième pays à posséder un prieuré.
Mais nos prêtres ne se contentent pas de ces pays, ils rayonnent ailleurs là où des fidèles les appellent pour la vraie messe et les vrais sacrements. Par des voyages missionnaires plus ou moins longs et fréquents ils soutiennent des groupes de fidèles au Nigeria, en Ouganda, en Zambie, en Namibie, au Cameroun, en Tanzanie, au Burundi et au Ghana, mais aussi dans les îles de Madagascar, de La Réunion et Maurice. Au total, la Fraternité est présente dans 15 pays en Afrique, entre ceux où elle est installée et ceux qu’elle visite.
Actuellement le Nigeria et l’Ouganda sont les deux pays régulièrement visités qui se développent le plus. Au Nigeria, un prêtre, anciennement religieux augustinien, le Père Obih, a rejoint la Fraternité depuis quelques années. Il prépare l’arrivée de la Fraternité en sillonnant le pays le plus peuplé d’Afrique (150 millions d’habitants). En Ouganda, une fidèle qui depuis longtemps appelait la Fraternité, a aménagé une chapelle chez elle et réunit des catholiques désireux de préserver et de fortifier leur Foi par la prière et les bons sacrements. Nos confrères du Kenya y viennent tous les mois célébrer la messe.
Ailleurs ce ne sont que quelques membres d’une même famille qui sous la bonne influence du père, résiste à la révolution conciliaire et la déchristianisation, ou bien, comme en Namibie, des familles éloignées par des centaines de kilomètres qui se regroupent lorsque le prêtre passe.
Il est admirable de voir la puissance de la grâce divine qui permet à ces fidèles de garder la Foi, alors que le monde qui les entoure les pousse à s’en éloigner, alors que pullulent les sectes protestantes souvent financées par l’étranger. Il ne faut pas oublier la poussée de l’Islam de plus en plus présent qui marque sa conquête par la construction de mosquées. Ainsi le long de la route qui mène de Nairobi à Monbassa au Kenya, les musulmans financée par les Etats arabes du Golf, bâtissent des mosquées le long de la route même s’il n’y a pas encore de quoi les remplir. A Libreville, au Gabon, lorsque la Fraternité s’installe en 1986 il n’y a qu’une mosquée, aujourd’hui autour de la mission 3 ou 4 minarets font entendre plusieurs fois par jour l’appel du muslim.
La foi des fidèles qui appellent la Fraternité est édifiante et vraiment réconfortante. Nous voudrions pouvoir secourir tous ceux qui nous appellent, répondre à toutes les demandes, mais nous ne sommes pas assez nombreux. Toujours la même constatation « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux ». Aujourd’hui nous estimons avoir environ 3 500 paroissiens.
Comme partout le matérialisme fait des ravages. La course au profit matériel touche tout le monde, les plus riches comme les plus pauvres. Les gens courent s’installer dans les villes parce qu’ils ont l’illusion d’y trouver le bien-être, mais ils viennent grossir d’immenses bidonvilles où ils vivent dans une promiscuité néfaste, et y trouve une misère dégradante souvent pire que la pauvreté de la campagne.
Aussi au Kenya, les abbés fournissent aux enfants de la paroisse un bon repas par semaine, le dimanche après la messe, pour compléter la pauvre et insuffisante nourriture reçue à la maison. Et tout ce petit monde mange avec bon appétit !
Souvent la maison se réduit à une deux petites pièces pour la famille qui s’agrandit de neveux et de nièces dont les parents sont décédés ou incapable d’élever leurs enfants parce qu’encore plus pauvres. Le chômage est important, alors pour faire face, on multiplie les petits boulots, qui font gagner quelques sous. Mais ces quelques sous gagnés difficilement sont souvent dépensés sans discernement. Ainsi sur des baraques faites de planches, avec un pauvre toit de tôle qui fuit en cas de pluie, il y aura la parabole et à l’intérieur la télévision qui permet de recevoir les télévisions du monde entier qui influencent, déforment, désinforment et pervertissent. Ils n’ont pas de quoi payer la scolarité de leurs enfants mais ont tous un téléphone portable.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le matérialisme occidental envahit petit à petit les âmes et fait rêver et désirer des paradis artificiels vus à la télévision. Les âmes deviennent insensiblement hermétiques à la grâce. Les méfaits de l’œcuménisme, de la liberté religieuse et la multiplication des sectes protestantes charismatiques, rendent la religion facultative et la vérité relative : Notre Seigneur Jésus Christ, le seul par qui nous puissions être sauvés, n’est plus nécessaire.
Bien sûr le mal n’est pas aussi avancé qu’en Occident, mais il vient à grand pas. Le travail apostolique, toujours enthousiasmant, devient sans doute par certains aspects plus difficile et plus ardu qu’autrefois.
Q. Quelles sont les autres institutions que la Fraternité dirige en Afrique (orphelinats, écoles, etc.) ?
Pour l’instant nous ne développons que des prieurés avec leurs chapelles. Il faut déjà beaucoup d’énergie dans des climats difficiles, pour faire face aux besoins des fidèles : messe, sacrements, catéchismes, mouvements de jeunes, visites aux malades, aménagements des maisons, travaux de constructions, d’entretien, démarches administratives toujours longues et complexes.
Seul le Gabon et l’Afrique du Sud à Roodeport possèdent une école. Une école primaire à Roodeport et au Gabon, une école primaire et secondaire. Les écoles sont indispensables, elles permettent aux vocations d’éclore et préparent les familles chrétiennes. Elles sont l’avenir de l’Eglise et de nos chapelles. Elles demandent toute notre attention et notre soin mais elles exigent un investissement considérable, nous souhaiterions en ouvrir une par prieuré. Mais il faut alors que Saint Joseph en soit l’économe, sinon nous n’y arriverons jamais.
Avant d’avoir la joie de les voir se développer partout, il faut s’occuper des vocations qui demandent à entrer dans la Fraternité. Le sacerdoce et tout ce qui touche au sacerdoce reste le but premier de la Fraternité. Un de nos grands projets est l’ouverture d’un pré-séminaire pour y recevoir les candidats au sacerdoce ou à la vie religieuse. Cette maison permettra aux jeunes gens sélectionnés par nos prêtres, d’étudier leur vocation, de recevoir une formation doctrinale, d’apprendre les rudiments du latin pour suivre plus facilement leurs études au séminaire. C’est la première étape nécessaire avant l’ouverture d’un séminaire de la Fraternité en Afrique.
Nous sommes persuadés que, face aux besoins immenses de l’apostolat pour soumettre l’Afrique à Notre Seigneur Jésus-Christ, il faut des prêtres africains, des frères africains et des religieuses africaines. Aujourd’hui, cet objectif ne peut être atteint sans l’aide des vieilles chrétientés. Les besoins des fidèles sont si importants et les vocations sont si peu nombreuses que chaque pays voudrait garder les siennes…
Monseigneur Lefebvre a travaillé durant toutes ses années de présence en Afrique à la formation de ce clergé africain, il a ordonné des prêtres, des évêques, suscité des congrégations religieuses africaines [1].
Q. Je crois savoir que l’une des règles importantes que la Fraternité a établies est que les prêtres ne vivent pas seuls. Pour la santé morale des prêtres, la Fraternité exige que les prêtres vivent en communautés d’au moins trois. Pourtant, il y a, à l’évidence, un énorme travail à faire en Afrique. Êtes-vous en mesure de respecter fidèlement cette règle en Afrique où il a tant à faire et si peu de prêtres ?
La tentation peut exister d’aller faire de l’apostolat en s’affranchissant des règles données par notre fondateur. Il est illusoire de vouloir faire du bien en dehors du cadre que donnent les constitutions : rapidement la vie spirituelle s’attiédirait, le dynamisme apostolique s’essoufflerait et la stérilité s’installerait, même si le démon s’ingéniait à manifester le contraire par une réussite superficielle. Mgr Lefebvre, pour illustrer cette tentation, donnait l’image du jardinier qui, à force de tirer sur le tuyau pour arroser plus loin, arrache ce dernier du robinet : il n’arrose alors plus rien.
Nos confrères le savent bien et font tout ce qui est en leur pouvoir pour respecter cette règle d’or de l’efficacité apostolique qu’est la vie en communauté. Mais il faut aussi répondre aux besoins des fidèles, d’où la nécessité de faire des missions, jamais trop longues, puis de revenir ensuite au prieuré y refaire ses forces physiques et spirituelles. L’idéal serait que les missions puissent se faire à plusieurs, pour garder, en voyage, la vie commune. Pour l’instant, ce n’est pas toujours possible.
Q. Quelle est la nature des relations existant entre la Fraternité et les gouvernements des pays dans lesquels vous êtes établi en Afrique ? Sont-elles amicales ou hostiles ?
Partout où nous nous installons nous nous efforçons d’avoir de bonnes relations avec les autorités civiles. D’abord, en respectant les démarches administratives nécessaires pour s’installer et ensuite en faisant notre travail de sanctification des fidèles. Rapidement les autorités civiles, si elles ont pu avoir quelques craintes, s’aperçoivent que notre action est pacifique et bienfaisante. En Afrique, à la différence de l’Europe, la réalité prend souvent le pas sur l’idéologie.
Le vrai prêtre, en soutane, est respecté. Il rencontre rarement l’hostilité. Souvent la conversation s’engage sur des sujets religieux dans les bureaux de l’administration, comme cette veille de Noël, où j’accompagnais un père de l’école de Libreville à la mairie, pour demander que la police fasse régner l’ordre dans la rue qui accède à l’école. L’adjoint au maire était absent, nous avons discuté avec les secrétaires et la conversation s’est achevée lorsque les secrétaires, se souvenant des noëls de leur enfance, se sont mises à les chanter à tue-tête, ameutant petit à petit les autres secrétaires de l’étage. Une autre fois, à la fin d’un rendez-vous auprès d’un responsable des terrains de la ville en Afrique du Sud, ce dernier a demandé la bénédiction du prêtre et la récitation d’une prière. Je l’ai alors béni et nous avons récité le Pater Noster dans son bureau.
Dans quelques pays, les difficultés demeurent pour obtenir les autorisations, les visas de longs séjours. Ce sont de longues, très longues démarches auprès des services, qui ont un savoir-faire impressionnant pour vous apprendre la patience, la gentillesse, l’amabilité, en un mot le « self control », c’est ainsi que l’on dit chez vous : lorsqu’après de longues heures d’attente, la personne derrière son guichet vous renvoie parce qu’il manque un papier, que votre dossier est perdu ou que l’heure de fermeture est arrivée. Ce n’est pas de l’hostilité à notre égard, tout le monde est au même régime. C’est comme ça, c’est l’Afrique : belle école de patience !
Q. Et les évêques diocésains, les trouvez-vous aussi hostiles à la Fraternité qu’en Europe (en France par exemple) ?
Avec les diocèses les relations dépendent beaucoup de l’évêque. Nos relations ne sont pas très fréquentes ni très étroites, mais lors de certaines occasions, nous avons pu observer la bienveillance de plusieurs. Ainsi, l’évêque de Johannesburg a permis de faire vénérer, au Prieuré de Roodepoort, les reliques insignes de sainte Thérèse de L’Enfant Jésus. Ce fut une belle fête, une source de grâce, au début de la retraite sacerdotale d’octobre 2010. L’évêque de Nairobi, au Kenya, a donné son accord écrit pour l’installation de la Fraternité dans le pays, autorisation indispensable pour obtenir du gouvernement l’agrément d’ouverture du prieuré. A noter encore, l’accueil toujours amical de l’évêque d’Oyem, au Gabon, lorsque nous faisons escale chez lui, en allant au Cameroun : il nous invite à sa table et, la dernière fois, nous avons pris le petit déjeuner avec les prêtres du diocèse, venus en session de travail.
Les meilleurs des évêques et des prêtres voient bien que nous faisons du travail sérieux, que nous sommes pleinement catholiques. Bien sûr, la plupart ne comprennent pas notre attitude, ne connaissent pas les véritables raisons de notre résistance et de notre combat, ils sont souvent très modernes et remplis des idées fausses répandues dans l’Eglise aujourd’hui, mais rarement on rencontre une hostilité affichée.
Dans certains pays, il semble que les réformes conciliaires aient mis du temps à s’imposer, ainsi au Nigeria, la communion dans la main n’a été permise qu’en 2008.
Les séminaires sont, paraît-il, remplis mais quelle formation reçoivent ces futurs prêtres ? Une formation conciliaire, avec l’enseignement de toutes les erreurs que nous combattons.
Il est bien à craindre que demain, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Comme en Europe, le modernisme enseigné par des prêtres mal formés videra les églises en Afrique. Petit à petit, c’est une constatation générale, les jeunes générations formée à cette doctrine moderniste et perverties par le matérialisme, perdent le sens de Dieu, désertent les églises et se laissent aller à tous les vices et paradis artificiels que propose la société moderne.
Q. Le travail de la Fraternité en Afrique est-il d’abord d’apporter aux catholiques la foi traditionnelle et les sacrements ou bien s’agit-il de déployer une activité missionnaire en faveur des non catholiques ?
Notre action est multiple. Elle s’adresse tout d’abord aux catholiques qui nous ont appelés et puis naturellement les âmes viennent à nous. Ainsi, au Kenya, parmi les catéchumènes, l’un est le gardien embauché par les pères pour garder la mission, un autre est arrivé un jour à l’église et demande maintenant le baptême, un troisième a été amené par un ami… Les voies du Seigneur sont multiples. Au Gabon, près de 6 000 baptêmes ont été administrés en 25 ans, du petit enfant qui vient de naître à ce vieillard sur son lit de mort dans sa pauvre maison de planches : il avait été animiste, puis musulman, et quelques semaines avant sa mort, il eut la grâce de rencontrer une fidèle de la mission, le prêtre après de courtes leçons de catéchisme lui a donné le baptême et l’a préparé à mourir chrétiennement.
C’est sans doute une des belles consolations du missionnaire que de voir comment le Bon Dieu attire les âmes de bonne volonté, les conduit petit à petit sur le chemin du salut et leur permet de rencontrer le prêtre qui va les conduire aux portes de l’Eglise pour les faire devenir enfants de Dieu par le Baptême.
Mais c’est aussi une grande souffrance que de voir certains qui, après avoir traversé tant de difficultés et passé tant d’obstacles pour être régénérés par l’eau du baptême sont emportés plus tard par les passions et les tentations et abandonnent petit à petit la vie chrétienne qu’ils avaient commencée avec un si bel enthousiasme.
Q. Selon vous, le commentaire imprudent du Saint Père (dans le récent livre d’entretien) à propos du sida et de de l’usage du préservatif a‑t-il eu un effet négatif sur la situation en Afrique ?
Certainement les propos du pape n’ont pas été sans conséquences. Mais je ne crois pas qu’ils aient non plus fait un ravage. Lorsque la religion catholique disparaît, la morale elle aussi disparaît. Ainsi le divorce et la polygamie sont permis par la loi et donc largement répandus.
Depuis le concile Vatican II, l’Eglise perd son influence bénéfique : l’œcuménisme, la liberté religieuse ont fait un mal incroyable. Si toutes les religions se valent pourquoi se convertir, pourquoi changer de religion ? Avec cette perte d’influence, le mariage chrétien tend à disparaître, le concubinage devient monnaie courante et les naissances hors mariage sont légions. La famille est détruite, les enfants ne sont plus éduqués avec toutes les conséquences dramatiques qui en découlent pour la vie de la société et la prospérité des pays.
Aussi les propos du pape ne changent pas grand-chose à une situation déjà tellement dégradée.
Cependant, il faut noter que certains gouvernements réagissent d’une façon saine. Ainsi, la pornographie est interdite au Kenya et en Ouganda. Pour lutter contre le sida, « la maladie » comme on l’appelle ici, véritable fléau en Afrique, le gouvernement ougandais a fait réaliser des campagnes de publicité prêchant la fidélité dans le mariage pour éviter la propagation de la maladie. Et il est prouvé que l’Ouganda résiste mieux que les autres pays à « la maladie », même si les Organisations internationales ne veulent pas l’avouer.
Q. De quels pays viennent vos prêtres ? D’Europe ? D’Amérique ? Est-ce un clergé natif d’Afrique ?
Les prêtres viennent de France (13), d’Australie (1), du Gabon (1), du Nigeria (1), des Etats Unis (1), du Zimbabwe(1), d’Autriche(1), des Philippines(1), de Belgique (1). C’est vraiment international !
Actuellement, la Fraternité compte 2 grands séminaristes africain (l’un du Zimbabwe, l’autre du Kenya) dont l’un fait sa théologie à Winona et l’autre à la Reja en Argentine. Nous avons quelques pré-séminaristes dont trois sont déjà au séminaire de Goulburn en Australie.
D’autres frappent à la porte mais nous devons étudier chaque cas pour n’accepter que ceux qui vraiment pourront poursuivre leurs études.
Ailleurs, dans d’autres prieurés de la Fraternité, il y a 4 prêtres africains gabonais.
Dernièrement un deuxième prêtre du Nigeria, curé de paroisse, a demandé à rejoindre la Fraternité. Je dois le rencontrer dans quelques semaines. Il a suivi, l’an dernier, une retraite prêchée par le père Obih, son ami, et le père Vernoy, l’ancien supérieur de district. A cette occasion, il a repris définitivement la célébration de la messe de Saint Pie V dans sa paroisse. Cette année, il a suivi à nouveau la retraite et a décidé de nous rejoindre. Nous allons l’accueillir dans un prieuré pour un temps de probation comme le demande les statuts de la Fraternité. Ce sera pour lui l’occasion de compléter sa formation doctrinale, de mieux connaître l’œuvre de Mgr Lefebvre et les raisons de notre combat.
Q. Quels sont les plus grands « challenges » que la Fraternité rencontre dans son travail en Afrique ?
L’Afrique est un territoire immense (3,3 fois la superficie des Etats Unis), avec un milliard d’habitants. Malheureusement, il n’y a que 145 à 150 millions de catholiques. Un habitant sur trois est musulman. L’islam progresse dans des pays qui, autrefois, ne le connaissaient pas comme au Gabon (l’Islam est arrivé dans les années 1960). A cet ennemi irréductible du catholicisme s’ajoute la forte poussée, souvent financées par l’étranger, des sectes évangéliques qui détachent de l’Eglise Catholique nombre de ses fidèles. C’est dire l’immense foule qui gît à l’ombre de la mort…
Le « challenge » est tout tracé. Il faut combattre et se donner entièrement à notre tâche pour conquérir ce continent à Notre Seigneur. Il faut que Jésus Christ règne dans les cœurs des Africains, il faut qu’Il règne dans les sociétés. C’est la condition de la paix et de la prospérité. Pour qui suit l’actualité de cet immense continent, il est effrayant de voir combien la guerre et la révolution règnent quasiment partout, combien la corruption morale des élites détruit la vie économique, combien souffrent les plus démunis, victimes de ce désordre. Si les gouvernants étaient soumis à Notre Seigneur et respectaient ses commandements, ces pays magnifiques regorgeant de richesses, pourraient être de véritables havres de paix et de bien-être.
On pourrait désespérer : vouloir changer le monde, convertir tous ces peuples, n’est-ce pas une illusion ridicule, un idéalisme insensé ? Ne vaut-il pas mieux se contenter de nos chapelles, de nos prieurés, de nos quelques milliers de fidèles ?
Une telle attitude n’est pas catholique. Si les apôtres avaient tenus de tels raisonnements, Saint Thomas ne serait pas allé au fin fond des Indes, et aujourd’hui nous ne serions pas baptisés !
Nous avons la grâce de Dieu, elle est toute puissante et de pierres elle peut faire des fils d’Israël, alors, à plus forte raison d’hommes trompés par les fausses religions.
Nous connaissons nos limites et par nous-même nous ne pouvons rien. Mais des prêtres toujours plus nombreux démultiplient le bien qui se fait. C’est pour cela que l’intuition de notre vénéré fondateur est magnifique : pour conduire les foules à Jésus-Christ, il faut des prêtres sanctifiés par la messe de toujours, et toujours plus de ces prêtres aux quatre coins du monde.
Avis aux jeunes gens qui nous lisent !
Aussi pour être précis, le « challenge » de la Fraternité Saint Pie X en Afrique est de former des prêtres, de rechercher les vocations, de les faire fructifier et de conduire ces jeunes gens au sacerdoce, d’encourager un nombre toujours croissant de prêtres à nous rejoindre dans cette croisade pour le triomphe de Notre Seigneur, de soutenir les quelques rares prêtres qui sont restés fidèles à la messe de toujours.
Q. Comment les lecteurs du Remnant peuvent-ils vous aider pour soutenir votre apostolat en Afrique ?
Auparavant, je vous remercie de l’honneur que vous me faites en me permettant de présenter la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X en Afrique dans votre journal et je remercie les lecteurs du Remnant de l’attention qu’ils ont porté à notre entretien.
Ensuite, je les sais déjà très sollicités par toutes les œuvres qu’ils soutiennent et par ce combat pour le triomphe de l’Eglise Catholique dans leur pays, alors je leur demande simplement la charité de ne pas oublier dans leurs prières ces régions du monde plus délaissées, plus malheureuses et de prier pour les prêtres qui travaillent à y étendre le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, seul principe de paix.
Si, en plus, ils peuvent nous aider matériellement par leurs aumônes et leurs dons, ce sera magnifique.
Notre projet qui nous tient à cœur est la construction d’un pré-séminaire qui pourra aussi servir de noviciat pour les frères. Nous avons le terrain de 16 hectares à la sortie de Libreville en grande partie défrichée, les routes y ont été tracées, un puits y a été creusé et l’électricité branchée, il manque simplement les 700 000 $ qui permettraient de construire une maison de formation pour une vingtaine de jeunes gens. Si Saint Joseph pouvait par la main des bienfaiteurs nous trouver cette somme, ce serait merveilleux… !
Quoiqu’il en soit notre reconnaissance est acquise à tous ceux qui pourront apporter leur petite brique à ce projet, nous prions tous les jours le chapelet à leur intention, le Bon Dieu seul saura leur rendre au centuple.
A tous merci.
Abbé Loïc Duverger – Bredell, Afrique du Sud
Merci à M. l’abbé Loïc Duverger, supérieur du District d’Afrique, pour son aimable autorisation de publier et à M. Brian McCall, du Remnant, pour ce magnifique entretien sur l’apostolat de la FSSPX |
- Mgr Lefebvre fut l’initiateur de la grande encyclique de Pie XII fidei Donum (21 avril 1957), appelant des prêtres des vieilles chrétientés à venir passer quelques années en Afrique pour aider à faire face à un développement magnifique de ces jeunes chrétientés. Ainsi de 1957 à 1981, près de 950 prêtres français ont répondu à l’appel de l’encyclique.[↩]