La peste de notre temps, c’est le laïcisme

Abbé Christian Bouchacourt,
Supérieur du District de France

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Il y a 90 ans, le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait sa magni­fique ency­clique Quas pri­mas sur le Christ-​Roi. Ce docu­ment a gar­dé toute son actua­li­té comme en témoignent les lignes qui suivent :

« Or, si nous ordon­nons au catho­li­cisme entier de véné­rer le Christ-​Roi, Nous pour­voi­rons par le fait même aux besoins des temps actuels et Nous oppo­se­rons un remède sou­ve­rain à la peste qui affecte la socié­té humaine. Ce que nous appe­lons la peste de notre temps, c’est le laï­cisme, ses erreurs et ses ten­ta­tives impies. Ce fléau, Vénérables Frères, vous savez qu’il n’a pas mûri en un jour ; depuis long­temps, il cou­vait au plus pro­fond des socié­tés. On com­men­ça par nier les pou­voirs du Christ sur toutes les nations ; on dénia à l’Eglise un droit déri­vé du droit du Christ lui-​même, celui d’en­sei­gner le genre humain, de por­ter des lois, de diri­ger le peuple, de le conduire à la béa­ti­tude éter­nelle. Alors la reli­gion du Christ fut un peu trai­tée d’é­gale avec les faux cultes, et pla­cée avec une cho­quante incon­ve­nance sur le même niveau ; puis elle fut sou­mise au pou­voir civil et presque livrée à l’ar­bi­traire des princes et des magis­trats ; cer­tains allèrent jus­qu’à prô­ner la sub­sti­tu­tion d’une reli­gion natu­relle, d’un sen­ti­ment natu­rel, à la reli­gion divine. Il ne man­qua pas de nations qui esti­mèrent pou­voir se pas­ser de Dieu et mirent leur reli­gion dans l’impiété et l’ou­bli de Dieu. Les fruits amers que pro­dui­sit si sou­vent et si long­temps une sem­blable sépa­ra­tion des indi­vi­dus et des peuples d’a­vec le Christ (…) nous les déplo­rons aujourd’­hui de nou­veau : les germes de dis­corde semés par­tout, les jalou­sies et les riva­li­tés entre peuples qui retardent encore la récon­ci­lia­tion, le déchaî­ne­ment des convoi­tises qui, bien sou­vent, se cachent sous les appa­rences du bien public et du patrio­tisme, et toutes leurs consé­quences : dis­sen­sions intes­tines, égoïsme aveugle et déme­su­ré qui, ne consi­dé­rant rien, sinon les avan­tages et les pro­fits par­ti­cu­liers, sou­met abso­lu­ment tout à cette mesure ; la paix des familles détruite à fond par l’ou­bli et la négli­gence du devoir ; l’unité et la sta­bi­li­té de la famille bat­tues en brèche ; toute la socié­té enfin ébran­lée et menée à la ruine. »

Quelle clair­voyance ! Le laï­cisme dénon­cé hier par Pie XI ne cesse aujourd’hui de s’étendre comme un can­cer, cher­chant à effa­cer toute trace de chré­tien­té dans la socié­té. Le laï­cisme sor­ti des offi­cines de la franc-​maçonnerie a sa doc­trine, ses dogmes, ses rites, ses thu­ri­fé­raires, ses fêtes, ses saints, sa morale. C’est une nou­velle reli­gion que nos poli­tiques cherchent à nous imposer.

L’homme-dieu doit rem­pla­cer le Dieu fait homme. Il est en effet impres­sion­nant et effrayant de consta­ter vers quel abyme ce laï­cisme cherche à nous entraî­ner. Il veut rem­pla­cer le Créateur en s’appropriant le droit de vie et de mort sur l’enfant à naître, mais aus­si sur le malade et le vieillard. Il s’acharne à détruire la cel­lule fami­liale en favo­ri­sant le divorce et les unions homo­sexuelles. Il veut détruire la com­plé­men­ta­ri­té des sexes vou­lue par Dieu en impo­sant la théo­rie déli­rante du gen­der et favo­ri­ser le com­merce du corps humain par la GPA et la PMA.

Pour dénon­cer de telles hor­reurs, étaient aupa­ra­vant convo­qués sur les pla­teaux de télé­vi­sion des hommes d’Eglise, mais ils sont deve­nus tel­le­ment timo­rés que leurs avis n’intéressent plus ! Alors quelques intel­lec­tuels les ont rem­pla­cés tel un Eric Zemmour ou un Alain Finkielkraut qui parlent avec un cer­tain cou­rage mais sans don­ner la seule réponse qui vaille : la solu­tion catho­lique ! Il faut relire le com­mu­ni­qué alam­bi­qué de la confé­rence épis­co­pale fran­çaise sur la situa­tion dra­ma­tique de Vincent Lambert. Un chef‑d’œuvre de langue de buis ! Cependant, quelques évêques iso­lés ont été cou­ra­geux et ont sau­vé l’honneur.

Les ténèbres du laï­cisme semblent se répandre inexo­ra­ble­ment sans ren­con­trer aucune résis­tance. Seule la solu­tion catho­lique por­tée par l’Eglise peut soi­gner la socié­té ago­ni­sante. Il est conster­nant de consta­ter à quel point la grande majo­ri­té de nos évêques a bais­sé les bras en adop­tant le pro­fil bas des vain­cus. Pour beau­coup, la royau­té sociale est obso­lète. Ils n’y croient plus ! Alors ils pac­tisent avec ce monde des ténèbres dans l’espoir de l’amadouer et concourent ain­si à la ruine de l’Eglise de France. Jamais il n’y a eu aus­si peu d’ordinations sacer­do­tales que cette année ! Alors, devant un tel vide sidé­ral, les musul­mans reven­diquent nos églises déser­tées pour en faire des mos­quées. Là encore, quelques évêques ont su réagir avec une cer­taine vigueur, mais la majo­ri­té est res­tée comme para­ly­sée et aphone devant cette ten­ta­tive. Il s’est même trou­vé l’un d’entre eux pour dire qu’il pré­fé­re­rait voir une église trans­for­mée en mos­quée plu­tôt qu’en res­tau­rant ! Heureusement quelques per­son­na­li­tés laïques ont su réagir avec force. La ten­ta­tive a échoué… pour cette fois !

C’est un fait ; nos églises sont vides, nos sémi­naires déser­tés et la pra­tique reli­gieuse a chu­té de façon ver­ti­gi­neuse. Pourquoi ce désastre ? Quelle est la cause de cette situa­tion dra­ma­tique ? Est-​ce le maté­ria­lisme ambiant ? Certes, il est un fac­teur qu’il ne faut pas négli­ger. Mais est-​il le prin­ci­pal ? Il faut répondre par la néga­tive. Le res­pon­sable de cette ruine est prin­ci­pa­le­ment le der­nier concile qui a vou­lu marier l’Eglise avec l’esprit du monde. Cet aggior­na­men­to ini­tié par Jean XXIII et por­té par tous ses suc­ces­seurs a chan­gé l’Eglise dans sa sub­stance et a sté­ri­li­sé son rayon­ne­ment. La théo­lo­gie, la litur­gie, le sacer­doce, le caté­chisme, le droit cano­nique, l’Ecriture sainte ont tous été bou­le­ver­sés par ce vent révo­lu­tion­naire qui a déso­rien­té l’Eglise et dis­per­sé ses membres. Et voi­là que main­te­nant, après avoir détruit la foi, lors du pro­chain synode, cer­tains vou­draient remettre en cause la morale catho­lique et sa dis­ci­pline ! Jusqu’où ira-​t-​on ? Nous savons que Notre-​Seigneur n’abandonnera pas son Eglise qui ne peut som­brer. Nous gar­dons confiance contre vents et marées mais il nous faut sup­plier Dieu qu’il mette un terme à cette pas­sion qui s’éternise et cause la perte d’un grand nombre d’âmes.

Plus que jamais, dans ces ténèbres, nos familles, nos prieu­rés, nos églises, nos cha­pelles, nos écoles et nos com­mu­nau­tés doivent être des lieux où brillent la sain­te­té, la cha­ri­té et la véri­té. Que le Christ-​Roi y règne ! Plus que jamais, nous devons tra­vailler cha­cun à notre place à faire la volon­té de Dieu dans l’accomplissement de notre devoir d’état et la sain­te­té de notre vie. Humainement, la tâche qui nous attend nous dépasse, mais ayons la foi en la grâce et en la toute-​puissance de Dieu. Nous nous trou­vons dans la même situa­tion que David face à Goliath. Gardons une confiance inébran­lable en la sainte Providence qui aura tou­jours le der­nier mot.

Comme il est beau et conso­lant de voir ces familles nom­breuses dans nos prieu­rés qui accom­plissent tant de sacri­fices pour l’éducation des enfants, qui récitent le cha­pe­let chaque jour. Comme il est récon­for­tant de voir tout ce dévoue­ment qui sou­tient nos prêtres. La Tradition catho­lique est la jeu­nesse de l’Eglise.

Cependant, atten­tion de ne pas don­ner prise au prince de la divi­sion, au Malin, qui rôde cher­chant à divi­ser nos rangs en y semant le trouble, le doute et le décou­ra­ge­ment. Restons unis autour de nos prêtres et de nos Supérieurs dans le com­bat de la foi que la Fraternité veut mener dans la fidé­li­té à son fon­da­teur, Monseigneur Marcel Lefebvre. Unis, nous pou­vons tout. Divisés, nous serons réduits à l’impuissance comme le sou­haitent nos ennemis.

Plus que jamais, nous avons besoin de votre géné­ro­si­té pour répondre aux appels qui nous arrivent de toutes parts. Il nous faut construire des églises, pré­pa­rer l’ouverture de prieu­rés, conso­li­der nos œuvres comme vous pour­rez le lire ci-dessous.

Votre cha­ri­té nous per­met­tra d’œuvrer à la res­tau­ra­tion du règne du Christ-​Roi qui seul peut faire bar­rage aux ravages du laï­cisme. Que Notre-​Seigneur et Notre-​Dame vous comblent de grâces et vous pro­tègent. Chaque jour, dans nos prieu­rés et nos mai­sons, nous prions pour nos bien­fai­teurs à qui nous devons tant. Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France de la FSSPX

Source : Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 84 d’oc­tobre 2015

Grâce à vous, nous avons pu réaliser ce qui suit :

- La cha­pelle de l’école Saint-​Joseph-​des-​Carmes (11) a été bénite, ain­si que ses cloches baptisées.
– Les cloches de la cha­pelle de l’école Saint-​Michel (36) ont été bap­ti­sées et ins­tal­lées dans leur clo­cher d’où elles tintent avec allégresse !
– Au terme d’un long et oné­reux chan­tier, la cha­pelle de l’école Stella Maris de Brest (29) a été bénite, en même temps que l’école elle-même.
– La cha­pelle du prieu­ré d’Unieux (42) a vu sa toi­ture res­tau­rée et sa route d’accès goudronnée.

Il reste beaucoup à faire :

- L’achat d’un futur prieu­ré à Avignon (84) va être réa­li­sé ces pro­chaines semaines.
– Les tra­vaux de la future cha­pelle du prieu­ré de Lyon (69) ont commencé.
– Le chan­tier de la construc­tion d’une belle église à la Placelière (44) va commencer.
– Deux per­mis de construire pour l’édification d’une église à Nantes (44) et à Bailly (78) ont été déposés.
– La construc­tion d’une nou­velle mai­son pour abri­ter les prêtres du prieu­ré de Mantes-​la-​Jolie (78) va com­men­cer très prochainement.
– En octobre com­men­ce­ront les tra­vaux d’agrandissement de la cha­pelle de la Maison Saint-​Pie X du dis­trict, à Suresnes (92), ain­si qu’un impor­tant chan­tier pour conso­li­der le mur de la ter­rasse sur le point de s’effondrer.
– D’importants tra­vaux de res­tau­ra­tion de la col­lé­giale de Thouars (79) doivent être entre­pris d’urgence.

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.