La Famille et l’Ecole, unies pour le bien de l’enfant

Conférence aux parents don­née le 12 novembre 2022 – le style oral a été conservé.

En matière d’éducation, la charte des familles et des écoles est l’encyclique Divini illius magis­tri du Pape Pie XI.

Après avoir rap­pe­lé que l’Eglise se fait l’écho des paroles de Notre Seigneur Lui-​même : « Laissez venir à moi les petits enfants[1]», le Pape sou­haite s’adresser aux édu­ca­teurs et aux pères et mères de famille, et cela est d’autant plus « néces­saire à notre époque où nous n’avons que trop à déplo­rer une absence si com­plète de prin­cipes clairs et sains, même sur les pro­blèmes les plus fon­da­men­taux » comme celui de l‘éducation — que dirait-​il aujourd’hui !

Premier prin­cipe : « il ne peut y avoir de véri­table édu­ca­tion qui ne soit tout entière diri­gée vers notre fin der­nière, le salut éternel ».

Deuxième prin­cipe : « II ne peut donc y avoir d’éducation com­plète et par­faite en dehors de l’éducation chrétienne ».

Votre pré­sence ici, bien chers parents, confirme que ces prin­cipes sont aus­si les vôtres, Deo gra­tias. Cependant il était bon de les rap­pe­ler car ils éclai­re­ront la suite de mon propos.

Ensuite, Pie XI dans un long déve­lop­pe­ment que je vais vous résu­mer, répond à une ques­tion essentielle :

A qui appartient l’éducation ?

Le Pape répond : A l’Eglise, à la famille, à l’Etat.

Nous nous en tien­drons aux deux pre­miers points, l’Eglise et la famille. La mis­sion de l’Etat concer­nant I’éducation n’entre pas dans le sujet de cette confé­rence. Du reste, s’il est une ins­ti­tu­tion infi­dèle de fait à sa mis­sion édu­ca­trice c’est bien la France actuelle, laï­ciste, sépa­rée de l’Eglise, affran­chie de la loi divine. Pie XI affirme qu’en matière d’éducation, « c’est le droit, ou pour mieux dire le devoir de l’Etat de pro­té­ger par ses lois le droit qu’a la famille sur l’éducation chré­tienne de l’enfant, et, par consé­quent, de res­pec­ter le droit sur­na­tu­rel de l’Eglise sur cette même édu­ca­tion ». Nous en sommes bien loin ! II suf­fit de consta­ter com­ment et dans quel but nos écoles sont ins­pec­tées. Les élèves y reçoivent néan­moins une édu­ca­tion civique (« EMC ») quant à l’organisation admi­nis­tra­tive de notre pays, se pré­sentent, d’ailleurs avec grand suc­cès, au bac­ca­lau­réat offi­ciel et l’école se plie aux normes de sécu­ri­té imposées.

L’école reçoit sa mission de l’Eglise

C’est pré­ci­sé­ment pour cette rai­son que, s’adressant aux parents d’élèves, votre ser­vi­teur se réfère au magis­tère de l’Eglise, en par­ti­cu­lier à l’encyclique Divini illius magis­tri.

L’Eglise, ain­si, « se fait la pro­mo­trice des lettres, des sciences et des arts, dans la mesure où tout cela peut être néces­saire ou pro­fi­table à l’éducation chré­tienne comme à toute son œuvre de salut des âmes, fon­dant même et entre­te­nant des écoles et des ins­ti­tu­tions qui lui sont propres, en tout genre de science et à tout degré de culture », écrit le Pape selon le canon 1375 du Code de droit cano­nique. il s’agit-là, vous l’avez com­pris, des écoles et des uni­ver­si­tés catho­liques. Des prêtres, des reli­gieux et des reli­gieuses ensei­gnantes sont ain­si délé­gués par l’autorité ecclé­sias­tique qui répond au com­man­de­ment de Notre Seigneur lui-​même : « Allez, ensei­gnez toutes les nations » [2], y com­pris les enfants et les jeunes gens.

Par un décret de la Sacrée Congrégation des Religieux, signé le 5 sep­tembre 1953, Nos Mères domi­ni­caines ont reçu la mis­sion d’enseigner vos enfants, mis­sion qui leur vient de l’Eglise. « Leur fin spé­ciale est d’accomplir comme reli­gieuses, à l’égard des jeunes filles, sans dis­tinc­tion de milieu, une œuvre d’enseignement et d’éducation selon l’esprit de l’Evangile et confor­mé­ment aux direc­tives de l’Eglise », comme il est écrit dans leurs Constitutions. Nous y lisons aus­si : « Les Sœurs seront vrai­ment filles de l’Eglise », « elles se donnent à l’Eglise pour la ser­vir à leur poste d’enseignantes ».

C’est donc bien volon­tiers qu’elles recou­rurent à un P. Calmel, domi­ni­cain, pour les gui­der, ou à un Mgr Tissier de Mallerais, de la FSSPX, pour l’approbation de leur caté­chisme. C’est ain­si éga­le­ment que l’ouvrage clé du P. Calmel, de réfé­rence pour les Mères de Saint-​Pré : « Ecole chré­tienne renou­ve­lée [3]» sur l’éducation des filles, a reçu l’imprimatur le 4 juin 1957.

L’enseignement et l’éducation don­nés au Cours Notre-​Dame des Victoires, je suis bien pla­cé pour en témoi­gner, sont éclai­rés, nour­ris par l’esprit de l’Eglise. Enseignement ET Education sont dis­tincts mais non sépa­rés dans les écoles domi­ni­caines. Ainsi, vos enfants étu­dient les lettres modernes ou anciennes, les sciences, l’histoire, la phi­lo­so­phie, certes, mais pas indé­pen­dam­ment d’une droite orien­ta­tion de leur pen­sée et de leur agir dans la socié­té actuelle. « II est indis­pen­sable, dit Léon XIII, que non seule­ment à cer­taines heures, la reli­gion soit ensei­gnée aux jeunes gens, mais que tout le reste de la for­ma­tion soit impré­gné de pié­té chré­tienne[4]» et de vraie sagesse.

Quel est le but de la classe d’histoire ? « Non seule­ment, répond le P. Calmel[5], apprendre la chro­no­lo­gie de l’histoire poli­tique de la France, de l’Europe et même du monde, mais encore, à tra­vers la connais­sance des évé­ne­ments, des régimes et des ins­ti­tu­tions, don­ner le sens du droit natu­rel, de la vie poli­tique juste, de la patrie, de la col­la­bo­ra­tion entre les patries, de la sou­mis­sion de nos patries char­nelles au Christ-Roi ».

Quel est le but de la classe de fran­çais ? « Non seule­ment faire sen­tir ce qu’est une œuvre belle mais encore, à tra­vers une œuvre belle, à tra­vers l’expression lit­té­raire, connaitre ce qu’est l’homme pour mieux vivre. S’habituer à expri­mer dans la beau­té, ora­le­ment ou par un texte, des idées et des sen­ti­ments justes et personnels ».

De même pour les cours de science, de mathé­ma­tiques, de phi­lo­so­phie, ou sur le bien-​écrire, « il ne suf­fit pas d’enseigner quelqu’un pour l’éduquer ». « Chaque dis­ci­pline doit être mise pai­si­ble­ment et inté­grée dans un ensemble cohé­rent ; par là même l’esprit se trouve armé et désen­com­bré par une for­ma­tion pro­fonde et uni­fiante [6] ».

Sans oublier, bien sûr, la sainte Messe, la litur­gie, la réci­ta­tion quo­ti­dienne du cha­pe­let, les cours de doc­trine, tout contri­bue dans cette école à for­mer inté­gra­le­ment une femme chré­tienne, depuis leur tenue ves­ti­men­taire, les temps de prière, en pas­sant par l’acquisition des connais­sances, la for­ma­tion du juge­ment, jus­qu’à l’a­mour de la belle musique. Et « en édu­quant vos filles comme des chré­tiennes authen­tiques et dans la fidé­li­té à leur bap­tême, les Mères n’en font pas des femmes dimi­nuées, sottes ou niaises, bien au contraire car plus une femme est sainte, plus elle est femme [7]». En revanche, la jeu­nesse actuelle, détruite par un monde qui va jus­qu’à nier la nature des êtres tels que Dieu les a faits (théo­rie du genre et tut­ti quan­ti) – car il y a une nature des choses ! – cette jeu­nesse sans foi, ni loi, qui s’affranchit du réel, qui s’empoisonne au sens propre comme au figu­ré, en zap­pant pen­dant des heures sur inter­net, ces pauvres jeunes sont « assis à l’ombre de la mort », sans une once de sagesse, une culture dévoyée et si peu de bon sens et de force.

La mission éducatrice de la famille

« La famille reçoit immé­dia­te­ment du Créateur la mis­sion et consé­quem­ment le droit de don­ner l’éducation à l’enfant, droit inalié­nable parce qu’in­sé­pa­ra­ble­ment uni au strict devoir cor­ré­la­tif, droit anté­rieur à n’im­porte quel droit de la socié­té civile et de l’Etat, donc invio­lable par quelque puis­sance ter­restre que ce soit ».

Soyez donc féli­ci­tés, chers parents, de ne pas confier vos enfants, au prix de nom­breux sacri­fices, à une Education Nationale cor­rup­trice, ni à des écoles pri­vées infec­tées par de mau­vais prin­cipes ou un ensei­gne­ment ten­dan­cieux ; cas de telle ou telle école soi-​disant « très bien », où cir­culent des livres écrits par un auteur favo­rable à la théo­rie du genre, ou à l’é­vo­lu­tion­nisme, et dont la caté­chèse, comme on dit, fait perdre la foi aux enfants, ain­si que l’ha­bi­tude de prier !

C’est sou­vent, hélas, le « qu’en dira-​t-​on », un esprit plus mon­dain que chré­tien, le manque d’es­prit de sacri­fice, si essen­tiel à la vie chré­tienne, qui ins­pire les parents quand ils ins­crivent leurs enfants dans de telles écoles. « La nature, enseigne saint Thomas d’Aquin, ne vise pas seule­ment à la géné­ra­tion de l’en­fant, mais aus­si à son déve­lop­pe­ment et à son pro­grès pour l’a­me­ner à l’é­tat par­fait de l’homme en tant qu‘homme, c‘est-à-dire à l’é­tat de ver­tu [8]». Léon XIII, dans sa belle ency­clique Sapientiae chris­tia­nae, affirme : « Les parents doivent donc employer toutes leurs forces et une per­sé­vé­rante éner­gie à faire recon­naître, d’une manière abso­lue, le droit qu’ils ont d’é­le­ver leurs enfants chré­tien­ne­ment, comme c’est leur devoir de les refu­ser à ces écoles dans les­quelles il y a péril qu’ils ne boivent le funeste poi­son de l’impiété »

La res­pon­sa­bi­li­té paren­tale, en matière d’é­du­ca­tion, n’est pas un vain mot. Il est très sur­pre­nant de voir des parents lais­ser leurs enfants choi­sir leur sco­la­ri­té ! « Je ne suis pas contre son ins­crip­tion à Le Hérie, mais elle aime bien son école, je la laisse choi­sir ». Que choisira-​t-​elle ? A‑t-​elle la matu­ri­té suf­fi­sante pour faire le bon choix, sur­tout si elle a des amies dans cette « école pas si mal », et qui est près de la mai­son où elle rentre tous les soirs ? Devinez ce que cette enfant choisira…

Au contraire, l’ins­tinct pater­nel et mater­nel, qui viennent de Dieu, se tour­ne­ra avec confiance vers l’é­cole inté­gra­le­ment catho­lique, et cela même chez des parents peu ou point croyants, comme cela s’est sou­vent vu. Je me rap­pelle ce chef de gen­dar­me­rie à Prunay qui, après une ins­pec­tion de notre petite école pri­maire me dit qu’il pla­ce­rait volon­tiers ses enfants chez nous ; régu­liè­re­ment, il m’a­ver­tis­sait quand un type louche rôdait à la sor­tie des écoles.

« Le pre­mier lieu natu­rel et néces­saire de l’é­du­ca­tion, affirme Pie XI, est la famille, pré­ci­sé­ment des­ti­née à cette fin par le Créateur », et non l’Etat qui pré­tend que l’enfant nait d’a­bord citoyen et qui doit se l’ap­pro­prier le plus tôt pos­sible. « De règle donc, pour­suit le Pape, l’é­du­ca­tion la plus effi­cace et la plus durable sera celle qui sera reçue dans une famille chré­tienne, bien ordon­née et bien dis­ci­pli­née, et son effi­ca­ci­té sera d’au­tant plus grande qu’y brille­ront plus clai­re­ment et plus constam­ment les bons exemples sur­tout des parents puis des autres membres de la famille (…) Que les parents s‘appliquent à user, en toute rec­ti­tude, de l’autorité qui leur a été confiée par Dieu, dont ils sont, en un sens très réel, les vicaires ».

« L’enfance, c’est l’a­ve­nir en pro­messe et en espé­rance ; elle est l’humanité en fleur [9]». « Que sera cet enfant ? », se demandait-​on autour du ber­ceau de saint Jean-​Baptiste. La réponse est : cet enfant sera ce que ses parents l’aideront à deve­nir et ce, dès le pre­mier âge, dont les fautes entraînent des consé­quences ana­logues à celles des erreurs d’aiguillage : une légère dévia­tion au départ peut abou­tir à une catas­trophe [10]. D’où l’im­por­tance aus­si pour les parents de ne pas attendre la classe de seconde pour ins­crire leurs enfants.

Cet enfant sera ce que ses parents l’aideront à deve­nir, avec l’aide de l’école. Collaborer avec elle est donc aus­si un devoir essentiel.

L’union entre la famille et l’école

Après avoir décrit les mis­sions édu­ca­trices de l’école, œuvre d‘Eglise, et de la famille, œuvre du Créateur, la néces­si­té d’une union pro­fonde entre les deux nous appa­raî­tra clai­re­ment. Une dés­union, même à des degrés divers, entre ces deux ins­ti­tu­tions serait au contraire extrê­me­ment dom­ma­geable au bien de l’enfant.

« Comme Dieu l‘a éta­bli [11], la famille est la pre­mière res­pon­sable de l’éducation de l’enfant. Notre tâche [celle du Cours Notre-​Dame des Victoires] n’est pas de nous y sub­sti­tuer mais de la com­plé­ter. Vous com­pre­nez dès lors que pour rien au monde nous ne vou­lons d’une école tota­li­taire et ren­fer­mée sur soi et qu’une étroite col­la­bo­ra­tion s’impose entre nous. Ce sont vos filles qui feraient les frais d’un manque de col­la­bo­ra­tion. Par suite, en cours d’année, nous aurons des réunions avec vous, nul­le­ment solen­nelles, croyez-​le, mais réa­listes et por­tant sur des ques­tions pré­cises pour le bien de vos enfants (comme aujourd’hui). Nous trou­vons cela tel­le­ment indis­pen­sable que si, pen­dant la durée d’une année, il nous eût été impos­sible d’atteindre la famille d’une de nos élèves, la ques­tion se pose­rait de gar­der celle-​ci l’an­née suivante ».

« L’école accepte volon­tiers la col­la­bo­ra­tion des parents quand ils l’offrent et elle doit l’exi­ger s’ils ne l’offrent pas [12]».

Comme le dit Pie XI, la mis­sion édu­ca­trice de la famille concorde admi­ra­ble­ment avec celle de l’Eglise et donc de l’école catho­lique, d’abord parce que « toutes deux pro­cèdent de Dieu » qui ne souffre aucune contra­dic­tion. Mais on ne pour­ra exi­ger de miracles péda­go­giques à l’école si les parents négligent l’éducation de leurs enfants [13] et une confiante col­la­bo­ra­tion avec l’école. Le meilleur tuteur du monde ne pour­ra rien si la terre est ingrate. La jolie plante qui pro­met­tait tant depuis le jour de son bap­tême, s’étiolera, puis mourra.

C’est une même per­sonne qui est à la fois votre enfant et élève à l’école. Rassurez-​vous, vous n’êtes pas les seuls à répé­ter 1000 fois les mêmes choses, à les reprendre, à les encou­ra­ger, à les féli­ci­ter ! Il n’y a pas l’élève en semaine d’un côté et votre enfant le week-​end ou en vacances de l’autre. Si l’enfant res­sen­tait des diver­gences entre sa famille et son école, elle souf­fri­rait, au mieux, d’un stra­bisme divergent, par­ti­cu­liè­re­ment incom­mode. Son âme serait tiraillée entre l’amour pour ses parents et le res­pect envers la Mère ou la maî­tresse, ou l’aumônier. En gros, elle ferait ce qui lui est deman­dé, mais n’en pen­se­ra pas moins. Aux grandes causes méta­phy­siques (for­melle, maté­rielle, effi­ciente et finale), s‘ajoutera la « cause tou­jours, tu m’in­té­resses ». II ne fau­dra alors pas s’é­ton­ner si la petite ou la jeune fille vous mani­feste moins de confiance car elle aime beau­coup son école ou qu’elle n’est pas fière de son école, joyeuse d’en par­ler parce que des cri­tiques sur son école ont été faites devant elle à la maison.

« Le cli­mat sco­laire de nos mai­sons est un cli­mat d’hon­nê­te­té, de joie et de confiance. L’entente avec les parents porte sur cinq points prin­ci­paux : doci­li­té, dis­ci­pline, pau­vre­té, pure­té, foi [14]». Ces points essen­tiels doivent être par­fai­te­ment reçus par vous, sous peine d’im­po­ser à votre fille un tiraille­ment bien dom­ma­geable. Reçus, c’est-​à-​dire accep­tés, vou­lus et non subis.

Remarquez bien une chose, chers parents : jamais à l’é­cole les parents sont déni­grés devant leurs enfants, ce serait pure folie, et une faute grave. Mais permettez-​moi, à l’in­verse, de vous don­ner quelques exemples concrets, non pour vous répri­man­der, mais pour vous encou­ra­ger à faire attention.

Ces exemples sont éclai­rés par un prin­cipe fon­da­men­tal : pas de cri­tique, de com­men­taires néga­tifs sur l’é­cole, la Mère titu­laire, les mai­tresses devant votre enfant ; de même que vous évi­tez, je l’es­père, de vous dis­pu­ter devant vos enfants.

Certes, tout ne va pas for­cé­ment très bien, il y a telle ou telle dif­fi­cul­té, un doute, une inquié­tude légi­time ; la seule atti­tude à avoir est de s’a­dres­ser direc­te­ment à l’é­cole, à telle ou telle Mère. Alors tel pro­blème fon­dra comme neige au soleil, même ici dans I’Aisne, qui n’est pas le dépar­te­ment le plus chaud de France !

Très sou­vent, quand une enfant veut chan­ger d’é­cole, qu’elle y va en trai­nant des pieds, la cri­ti­quant sans cesse, ses· parents ont cri­ti­qué l’é­cole devant elle sur tel ou tel point, même secon­daire. Ou alors ils n’exercent pas leur auto­ri­té sur l’en­fant. En tout cas, elle prie moins, ne se confesse pas, elle est inat­ten­tive pen­dant les cours, sinon inso­lente, elle est moins joyeuse en recréa­tion, la petite va com­men­ter cela avec ses amies dans un coin, bref, le mau­vais esprit se fau­file et à la fin de l’an­née, c’est iné­luc­table, elle vou­dra par­tir. Que de grâces perdues !

La ten­dance actuelle, réseaux soi-​disant sociaux aidant, est de par­ler de tout et de tous, en com­pa­rant, en plai­san­tant, en par­lant haut, ou en rela­ti­vi­sant, en cri­ti­quant telle per­sonne, en pas­sant en revue les diverses ten­dances dans les cha­pelles, en jugeant les prêtres, et ce devant les enfants. II faut faire atten­tion à cela.

II n’y a qu’un seul Dieu ; celui du Cours Notre-​Dame des Victoires est le même que celui de la cha­pelle ou de l’é­glise ou du Prieuré du dimanche. II mérite ce même res­pect qui se mani­feste par la modes­tie de la tenue ves­ti­men­taire à la Messe, selon les direc­tives de l’Eglise depuis saint Paul, à Le Hérie comme ailleurs. Quel dom­mage de retrou­ver ain­si nos élèves en pan­ta­lon, la tête décou­verte à la com­mu­nion, enfin « libres », soi-​disant. C’est sur­tout une porte ouverte au manque de docilité.

Quand je suis reve­nu d’Amérique du sud, en 2012, après y avoir pas­sé 10 ans, quelque chose m’a impres­sion­né : la palette des fran­çais dits « tra­di­tio­na­listes ». II y a la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et ses fidèles, dont vous êtes pour la plu­part, ceux qui sont plus durs, les « résis­tants », ceux qui sont moins durs, et ce à des degrés divers, les sédé­va­can­tistes, cer­tains venant dans nos cha­pelles d’autres non, les « accor­distes », un pèle­ri­nage de Pentecôte dans les deux sens, ceux qui fré­quentent indif­fé­rem­ment les cha­pelles de la FSSPX ou toute autre cha­pelle, d’autres à l’oc­ca­sion, d’autres jamais, bref ! Un fidèle m’a dit une fois : « la FSSPX devient libé­rale » ; peu de temps après, une autre per­sonne me dit : « la FSSPX se dur­cit ». Mgr Lefebvre nous a don­né une ligne de crête à suivre, nous la sui­vons contre vents et marées, c’est tout.

Pourquoi je vous dis cela ? Pour que vous ne débat­tiez pas de cela devant vos enfants. A la moindre répri­mande juste, ils diront, comme cela a été enten­du récem­ment dans un cou­loir de l’é­cole : « Elles (les Mères) ne sont pas cools, elles sont rat­ta­chées à la FSSPX ; au Christ-​Roi, à la Frat’ Saint-​Pierre au moins c’est cool ». II y aura comme des petits clans à l’é­cole sui­vant les options paren­tales. Ne par­lez pas de tout cela, dites du bien des œuvres que fré­quentent vos filles et aux­quelles vous les avez confiées. Dites du bien des Mères, des ensei­gnantes, dont le tra­vail est admi­rable. Attention à la médi­sance ! Parlez-​en aux Mères ou aux per­sonnes concernées.

L’idéal serait bien sûr que nous nous retrou­vions tous au même lieu de culte les dimanches.

Dernier point : ne lais­sez pas la toile (inter­net) enva­hir leur vie, leur ima­gi­na­tion, leur curio­si­té. On ne joue pas impu­né­ment avec l’a­rai­gnée de cette toile qui fait écran à la vie spi­ri­tuelle, à la vraie sagesse, à la pureté.

Témoignage d’anciennes élèves

En guise de conclu­sion, je don­ne­rai la parole à d’an­ciennes élèves qui ont mani­fes­té par écrit leur gra­ti­tude envers leur Mère titu­laire et le Cours Notre-​Dame des Victoires ; cette sin­cère recon­nais­sance est indé­nia­ble­ment le fruit d’une étroite col­la­bo­ra­tion entre leur famille et leur école. Voici quelques témoi­gnages, choi­sis par­mi de nom­breuses lettres :

« Quels que soient les sujets trai­tés devant moi, je sais com­ment répondre droi­te­ment. Je le dois à ce que j’ai reçu à l’é­cole », (et sans doute dans sa famille).

« Je vous remer­cie de nous avoir for­mé à bien pen­ser parce que le monde va de pire en pire et les gens avalent tout ce qu’on leur dit… »

« Depuis que j’ai mon por­table, je n’ar­rive plus à lire, ce que je fai­sais pour­tant à toutes heures avant. Ou, pour être hon­nête, je n’en prends pas le temps. (…) Auriez-​vous des titres de livres inté­res­sants, qui donnent vrai­ment envie de lire, sur un domaine ou sur un autre ? J’ai vrai­ment envie d’ap­prendre, de me for­mer et de me culti­ver au vrai. En réac­tion aux men­songes qu’on nous raconte sans cesse à la fac. (sur tout ce qui touche à l’his­toire en par­ti­cu­lier). D’ailleurs nous avons pour pro­jet de créer un cercle de formation ».

« C’est vrai que c’est une fois que l’on est mélan­gé au reste des étu­diants que l’on com­prend l’im­por­tance de tout ce que l’on a reçu : la semaine der­nière encore j’en­ten­dais une étu­diante dire que les chiens étaient plus intel­li­gents que les humains et qu’elle ne com­pre­nait pas pour­quoi il y avait une dif­fé­rence animaux/​humains ».

D’une pro­fes­seur dans un lycée ou sévit l’ab­sen­téisme : « Les élèves n’ont aucun sou­ci de leur ave­nir, avec eux c’est bien simple : ils n’ont pas envie, ils ne font pas. C’était, je pense pou­voir le dire, un choc pour moi quand ils n’allaient pas en cours par flemme, ou ne fai­saient pas tel devoir pour la même rai­son, sans que cela leur soit péna­li­sé sur le court terme d’une quel­conque façon. C’est aus­si un gros pro­blème, que je trouve aber­rant : le per­son­nel n’a qua­si­ment aucun pou­voir pour édu­quer les élèves dans le cadre sco­laire (…) Merci à vous, ma Mère, et à la com­mu­nau­té pour votre tra­vail durant mes cinq années chez vous (…) Je vois bien que j’ai reçu une for­ma­tion solide et pleine de valeurs ce qui est très pré­cieux pour la vie et cela m’ac­com­pa­gne­ra sans aucun doute tout au long de ma vie » …

Notes de bas de page
  1. Mc, 10, 14.[]
  2. Mat. 18,20.[]
  3. Ed. Téqui.[]
  4. Militantis Ecclesiae, du 4 août 1897.[]
  5. Ecole chré­tienne renou­ve­lée, p. 148, 149.[]
  6. Ecole chré­tienne renou­ve­lée, p. V.[]
  7. Ecole chré­tienne renou­ve­lée, p. 158.[]
  8. Supplément de la Somme théo­lo­gique, III q.41, art. 1.[]
  9. Eduquer un enfant, par le P. Joseph Duhr, S.J. — Ed. de Chiré, 2018.[]
  10. Esquisse d’une péda­go­gie fami­liale, par François Charmot — Ed. Clovis, 2006.[]
  11. Ecole chré­tienne renou­ve­lée, p.159.[]
  12. François Charmot, p.15, op.cit.[]
  13. La conclu­sion de l’enquête de La Croix en 1931, déjà, sur la crise de l’éducation fami­liale signale par­mi les causes de déca­dence « L’abdication des parents en matière d’éducation » cité par François Charmot, op. cit.[]
  14. Ecole chré­tienne renou­ve­lée, p. 159.[]