Le VIIe congrès théologique de Si Si No No

Paris les 5,6 et 7 janvier 2007

Le VIIème congrès théo­lo­gique de Si Si No No orga­ni­sé par Le Courrier de Rome en par­te­na­riat avec l’IUSPX et DICI s’est tenu à Paris ce week-​end. Trois jours pleins de tra­vail intense, d’attention sou­te­nue, de réflexion ali­men­tée par des confé­rences de haute tenue tant intel­lec­tuelle que spi­ri­tuelle. Comme on l’eût dit en d’autres lieux, il s’agissait bien du « der­nier endroit où il fal­lait être abso­lu­ment sous peine d’être taxé de rin­gar­dise »… Qu’il nous soit donc per­mis, par ce bref résu­mé, de vous y conduire !

La réforme grégorienne

Après la pré­sen­ta­tion des 40 années de tra­vaux infa­ti­gables du Courrier de Rome par Monsieur l’abbé du Chalard, Monsieur l’abbé Boivin nous entre­tint de la Réforme Grégorienne en nous rap­pe­lant préa­la­ble­ment que les désordres sur­viennent dans l’Eglise lorsqu’il y a une inver­sion des pri­mats, le tem­po­rel venant domi­ner le spirituel.

La crise de l’Eglise s’était ins­tal­lée au IXème siècle sous l’action conju­guée du déli­te­ment de l’Empire Carolingien et des grandes inva­sions qui défer­laient du Nord, de l’Est et du Sud (n’oublions pas que, en 840, Rome fut mis à sac par les musul­mans qui pillèrent et volèrent une mul­ti­tude de tré­sors reli­gieux les­quels, d’ailleurs, dis­pa­rurent tous dans un naufrage…).

Dès lors les struc­tures de l’Eglise furent subor­don­nées au pou­voir des prin­ci­pau­tés sou­ve­raines issues du mor­cel­le­ment de l’Empire et c’est ain­si que l’Auctoritas Ecclesiæ pas­sa de fait entre les mains de laïcs qui nom­maient les charges spi­ri­tuelles et aux­quels évêques et Pères Abbés devaient hom­mage et allé­geance. De spi­ri­tuelles, ces charges devinrent sur­tout tem­po­relles (les abbayes et les dio­cèses pro­cu­raient des reve­nus lucra­tifs) et l’on put assis­ter, outre la perte d’âme, à des nomi­na­tions aber­rantes comme celle d’un enfant de cinq ans à la tête de l’évêché de Reims ! Tous ces désordres furent accom­pa­gnés d’un pro­fond désordre moral et l’on vit fleu­rir la simo­nie et le nico­laïsme (la simo­nie désigne le com­merce des charges et des sacre­ments, le nico­laïsme désigne l’incontinence des clercs).

La pre­mière réforme fut celle des régu­liers avec, en 909, la fon­da­tion de Cluny par Guillaume d’Aquitaine qui place d’emblée l’abbaye sous la pro­tec­tion de saint Pierre et saint Paul et lui assure l’exemption. Elle fut ulté­rieu­re­ment dotée de l’immunité. La réforme sécu­lière vint plus tard : les papes pré-​grégoriens condam­nèrent la tutelle laïque et Grégoire VII affir­ma la supé­rio­ri­té du spi­ri­tuel sur le tem­po­rel. Par le « Primatus Papæ » il situa réso­lu­ment l’Eglise à la vraie place accor­dée par le « Tu es Petrus » du Christ.

150 ans de crise, 70 années de remise en ordre… Plusieurs géné­ra­tions ! Mais, recou­vrant la Libertas Ecclesiæ et le Primatus Papæ, l’Eglise put reprendre sa route et après une période de friche, elle put connaître la pro­di­gieuse flo­rai­son intel­lec­tuelle, artis­tique et spi­ri­tuelle des XIIème et XIIIème siècles.

Le Protestantisme et la Contre Réforme

Avançant dans le temps, Monsieur l’abbé Schmidberger nous pré­sen­ta la Réforme de Luther en nous rap­pe­lant les grandes lignes de l’hérésie : l’homme est mau­vais par nature, sa concu­pis­cence est invin­cible, il ne peut donc être jus­ti­fié que par la Foi.

De ce fait, les sacre­ments ne dis­tri­buent pas la grâce, ils ne sont que le signe de la confiance que nous por­tons au Christ.

Par l’abandon de l’union entre la nature et la grâce, le sub­jec­ti­visme peut s’installer en lieu et place du Dogme et la Réforme se répandre comme une traî­née de poudre.

Nous évo­quant les causes de l’hérésie, de la rapi­di­té de son impact et les moyens uti­li­sés par ses dif­fu­seurs, il nous pré­sen­ta l’ampleur de la réac­tion de l’Eglise qui per­mit, là aus­si, toute cette efflo­res­cence spi­ri­tuelle, intel­lec­tuelle, artis­tique, que l’on appelle la « Contre-Réforme ».

Les précurseurs de l’aggiornamento, l’ouverture aux idées modernes dans la théologie de la Renaissance et la réaction thomiste

Docteur en Philosophie, Madame Scrosati déve­lop­pa une des causes de la Réforme et nous démon­tra com­ment c’est au cœur de la Renaissance qu’il faut cher­cher les germes de la crise de l’Eglise depuis la Réforme juqu’au Modernisme en pas­sant par le Jansénisme. A cette époque, l’homme n’est plus seule­ment une créa­ture de Dieu, il devient une valeur en soi.

Le pro­ces­sus de l’individualisme s’amorce, Erasme en est le pen­seur et le chantre. On note un dés­in­té­rêt pour le dogme pré­ci­sé­ment défi­ni, un attrait pour le spi­ri­tua­lisme, un dés­équi­libre entre la foi et la rai­son, un manque total d’obéissance à l’Eglise. Ces théo­ries gagnent les hautes sphères reli­gieuses, et on peut alors voir un pape pré­fa­cer des ouvrages sur la Kabbale ou une tra­duc­tion du Talmud…

Mais à l’Université de Louvain, deux théo­lo­giens, Driedo et Latonus, tra­vaillèrent à carac­té­ri­ser et à répondre aux erreurs répan­dues en par­ti­cu­lier dans les œuvres d’Erasme. C’est eux qui ouvrent la voie à la réponse ferme de la Contre Réforme catho­lique. Pour contrer ce sub­jec­ti­visme nais­sant, saint Pie V pré­co­ni­se­ra le retour à l’enseignement sco­las­tique et fera de saint Thomas un Docteur de l’Eglise à l’enseignement incontournable.

La formation du clergé au XVIIe siècle

Après cette mati­née extrê­me­ment dense, le même rythme nous fut pro­po­sé durant un après-​midi ouvert par la confé­rence de Monsieur l’abbé Portail : Crise et réforme du cler­gé au XVIIème siècle. Un constat : à la fin du règne d’Henri IV (fin des Guerres de Religion), les prêtres menaient une vie licen­cieuse, la simo­nie et le nico­laïsme refleu­ris­saient. Dans les Dombes, saint Vincent de Paul eut à lut­ter contre la fré­quen­ta­tion des caba­rets et autres mai­sons de jeu, contre la vente des sacre­ments et sur­tout contre l’alcool.

Le désastre moral s’accompagnait d’un désordre intel­lec­tuel pire encore, avec un manque de zèle pas­to­ral évident, une absence totale de ser­mons, de caté­chisme, d’évangélisation, et des fidèles lais­sés dans l’ignorance. De leur côté, décou­ra­gés, les évêques ne visi­taient plus leur dio­cèse et démis­sion­naient de leurs res­pon­sa­bi­li­té devant des prêtres qui font de plus en plus appel aux juri­dic­tions civiles.

Plusieurs causes expliquent un tel état de déla­bre­ment. D’abord des causes géné­rales comme les guerres (il ne faut pas oublier que 12 000 prêtres ont été tués durant les Guerres de Religion) et la Fronde qui remet­tait en cause l’Autorité cen­tra­li­sée. Les habi­tudes de jeu­nesse étaient per­ni­cieuses : la chasse, le jeu, le col­lège, dans une ambiance de bru­ta­li­té, d’ivrognerie, de tavernes, de mœurs licencieuses.En ce qui concerne les causes propres aux prêtres, on pou­vait réper­to­rier d’abord le défaut de voca­tion, de pure­té d’intention dans le choix de l’état ecclé­sias­tique ; puis, la trop grande pau­vre­té du cler­gé, son défaut de science et son esprit d’orgueil qui lui fait aspi­rer à l’estime du monde et on voit s’installer la fai­néan­tise, l’absence de péni­tence, le mépris de l’oraison et par des­sus le tout, l’insoumission.

On réagi­ra en reve­nant aux direc­tives du Concile de Trente :
– Les clercs doivent por­ter l’habit sous peine de puni­tion (l’Ordre Sacerdotal étant le pre­mier état social, il doit être mar­qué par l’apparence)
– Célibat ecclé­sias­tique incontournable
– Respect de la « modes­tie clé­ri­cale » (terme géné­ral qui recouvre la façon de vivre)

On crée des sémi­naires (ora­to­riens, sul­pi­ciens, etc.) dont tous les fon­da­teurs seront des mis­sion­naires. Ces sémi­naires ne res­semblent pas aux nôtres : ils sont conçus comme une école de ver­tu et de dévo­tion, comme une mai­son spi­ri­tuelle et d’enseignement de la pra­tique pro­fes­sion­nelle, les études pro­pre­ment dites étant faites à l’Université. Cela com­mence par ce que l’on appe­lait des « retraites d’ordinants » qui duraient 10 jours…

La réforme du cler­gé va être entre­prise et cou­ron­née de suc­cès en deux géné­ra­tions. Cependant, très vite se pro­file une nou­velle crise dont, curieu­se­ment, les pre­miers signes se mani­festent dans les rangs du cler­gé qui a mené la réforme… il s’agit de l’esprit d’indépendance, de curio­si­té toutes choses qui s’expliquent par la pau­vre­té du maté­riel humain et par l’esprit de divi­sion géné­ré en par­ti­cu­lier par le Jansénisme et qui explique cette mon­tée de l’insubordination. Pas plus que le Xéme siècle, le XVIIIème ne ver­ra de grandes figures de clercs.

La conclu­sion de cette confé­rence sera double : d’abord la consta­ta­tion que le cler­gé est tri­bu­taire de la socié­té dans laquelle il vit et que sa « réforme » doit donc être per­ma­nente. Ce tra­vail, fort inté­res­sant, fait par­tie de la Thèse à laquelle tra­vaille actuel­le­ment Monsieur l’abbé Portail qui, cette année, a publié sur Internet une étude tout aus­si inté­res­sante sur l’état du cler­gé à la fin du XIXème siècle : Saint Pie X et le Sacerdoce.

Le modernisme : causes et remèdes selon Pascendi

Ce fut au tour de Monsieur l’abbé Thouvenot, rec­teur de l’IUSPX, d’aborder la crise du moder­nisme sous l’angle de l’encyclique Pascendi dont nous fête­rons cette année le cen­te­naire. Le Modernisme dans l’Eglise est une révolte qui touche les esprits et les appa­rente aux anges rebelles. Révolte per­ni­cieuse de clercs qui ne se rebellent pas tota­le­ment mais ne se sou­mettent pas non plus : contrai­re­ment à Luther ils res­tent donc dans l’Eglise, mais c’est l’Ecriture et la Tradition qui sont atteintes.

Saint Pie X fit preuve de toute la vigi­lance qui doit être celle du Pasteur suprême et, avec une « sain­te­té toute papale », por­ta un « regard d’aigle » sur ce qui mena­çait l’Eglise. Dans les deux textes de 1907 (l’al­lo­cu­tion du 17 avril et l’en­cy­clique du 8 sep­tembre), il pose clai­re­ment le pro­blème (on dira même qu’il a « inven­té » le Modernisme), et c’est parce qu’il le pose clai­re­ment qu’il peut alors pré­co­ni­ser les moyens per­met­tant de le résoudre.

Merci à Monsieur l’abbé Thouvenot pour le plan dis­tri­bué (qui allège le tra­vail de ses « recen­seurs » !) et que je res­ti­tue tel quel :

Causes du Modernisme selon Pascendi :
– Causes éloi­gnées : morales (curio­si­té, orgueil alors qu’il convient de se renon­cer à soi-​même pour suivre le Christ), intel­lec­tuelle par l’ignorance (alors que la méthode sco­las­tique est rigou­reuse et exi­geante), la guerre achar­née contre la phi­lo­so­phie sco­las­tique, la Tradition, l’autorité des pères et le Magistère de l’Eglise.
– Cause pro­chaine : per­ver­sion de l’esprit.

Remèdes à la crise selon Pascendi :
– Redressement des esprits par la phi­lo­so­phie thomiste
– Lutte contre les moder­nistes en les excluant sys­té­ma­ti­que­ment de l’enseignement et en fai­sant tout pour neu­tra­li­ser leur influence par la cen­sure et l’obligation d’obéissance.

La critique de la raison moderne selon Benoît XVI

En conclu­sion de cette pre­mière jour­née, Monsieur l’abbé Lorans se livra à une ana­lyse de la posi­tion du pape Benoît XVI à tra­vers le dis­cours de Ratisbonne où il est ques­tion d’une « crise de la rai­son qui devient folle ».

Il fait remar­quer cet appa­rent para­doxe de l’accroissement de la connais­sance qui, au lieu d’enrichir la rai­son, la frappe de cécité.

Le pape, dit-​il, a une pleine conscience de la crise, il ne lui reste qu’à déci­der d’utiliser les remèdes.

Suit alors une brillante pré­sen­ta­tion du kan­tisme ins­pi­ra­teur des idées conci­liaires en géné­ral et de Benoît XVI en particulier.

Faisant appel au sens com­mun, Monsieur l’abbé Lorans conclut alors en disant que l’on ne peut pas faire ne pas être ce qui est, ni inversement.

La notion d’Église

La seconde jour­née fut ouverte par la com­mu­ni­ca­tion de Monsieur l’abbé Gleize à pro­pos de la notion même d’Eglise. Traditionnellement, l’Eglise est une socié­té monar­chique ayant à sa tête un chef unique : le suc­ces­seur de Pierre auquel le Verbe incar­né a confié les pou­voirs et auquel tous sont liés par un lien de dépen­dance et de subordination.

Cette socié­té hié­rar­chique doit assu­rer la fonc­tion de trans­mis­sion et d’enseignement. Ses membres sont donc inégaux et l’on dis­tingue l’Eglise ensei­gnée consti­tuée par les laïcs qui ont le carac­tère du bap­tême, de l’Eglise ensei­gnante consti­tuée par les clercs qui ont le pou­voir d’ordre et admi­nistrent les sacre­ments qui per­mettent la sain­te­té et le Salut.

L’Eglise est donc condi­tion néces­saire (bien que non suf­fi­sante) du Salut : s’il n’est pas de sain­te­té et de Salut sans la grâce des sacre­ments, l’Eglise ne s’identifie pas pour autant au Salut qui ne s’opère que dans la Communion des Saints.

Avec Benoît XVI, on voit for­ma­li­sée une nou­velle notion de l’Eglise. Le pape ne dit plus que le Christ a fon­dé une Eglise : il com­mence en décla­rant que le Christ a sus­ci­té un ras­sem­ble­ment autour d’une expé­rience commune.Le mot expé­rience devient dès lors le maître mot de cette nou­velle ecclé­sio­lo­gie : l’évangélisation devient l’annonce de l’expérience et ce qui est impor­tant, c’est le ras­sem­ble­ment. Le minis­tère, lui, n’arrive qu’en arrière-​plan et ne tra­duit nul­le­ment l’idée d’une socié­té constituée.

Il n’est pas à pro­pre­ment par­ler ques­tion d’Eglise, mais de « Royaume » et ce Royaume repré­sente l’union des per­sonnes dont cha­cune fait la même expé­rience reli­gieuse. (Chez les Protestants, le Postulat Individualiste est second, le pre­mier étant consti­tué par le Libre Examen). Dieu existe donc parce qu’on le res­sent et nous consta­tons de ce fait le pri­mat de l’expérience sur l’intelligence.

Cependant Benoît XVI, tout en le gar­dant, puri­fie ce « Postulat Individualiste » : il ne s’agit pas seule­ment d’une expé­rience indi­vi­duelle mais d’une Communion de cha­cun avec Dieu et avec les autres. L’Eglise fut défi­nie à Vatican II comme le signe et l’instrument de l’unité avec Dieu et de l’unité du genre humain. Ce qui fonde l’Eglise c’est la Cène, ce n’est plus la remise des clés à Pierre.

Le minis­tère et la Tradition se trouvent donc dans une toute autre posi­tion. Le minis­tère ne consti­tue pas l’Eglise, il est défi­ni comme un ser­vice qui doit per­mettre cette expé­rience com­mune. La hié­rar­chie n’est pas niée, mais elle est secon­daire et le rap­port est inver­sé car l’unité hié­rar­chique découle de l’unité de l’expérience com­mune qui défi­nit l’Eglise.

Dans la Tradition, l’Eglise, socié­té visible et hié­rar­chique, pré­cède la Communion des Saints. L’une est aus­si dis­tincte et insé­pa­rable de l’autre que le sont les condi­tions du Salut et le Salut. Selon Benoît XVI, l’Eglise est la com­mu­nau­té ras­sem­blée par le Christ qui appelle tous les hommes qui vien­dront y faire l’expérience du Salut don­né par le Père. L’Eglise se confond alors avec la Communion des Saints, et l’expérience com­mune pré­cède le minis­tère. Cette expé­rience com­mune est celle de la digni­té de l’homme et dès lors, le sur­na­tu­rel devient une exi­gence de la nature.

Le mariage en crise

Après cette magis­trale ouver­ture de la jour­née, Monsieur l’abbé Knittel aborde le pro­blème de la crise du mariage, crise en par­ti­cu­lier du mariage catho­lique qui est une catas­trophe pour l’Eglise tant il y a peu de voca­tions sacer­do­tales en dehors des familles basées sur un mariage véri­ta­ble­ment catholique.

Aujourd’hui, la concep­tion catho­lique du mariage s’appuie sur Gaudium et Spes qui déclare que l’amour conju­gal est la base du mariage.Cela s’oppose à tout le magis­tère anté­rieur qui défi­nis­sait une fin pre­mière du mariage : la nais­sance et l’éducation des enfants, et une fin seconde : l’aide mutuelle et le remède à la concupiscence.

Les pre­mières attaques contre cette défi­ni­tion du mariage sur­viennent juste après Pie XI où l’on titre un ouvrage : « Du sens et de la fin du mariage ». Mais, si l’on en vient à dis­tin­guer la fin du sens, com­ment le mariage pourrait-​il avoir un sens qui ne s’appuierait pas sur sa finalité ?

Depuis 1963, l’homme doit être le prin­cipe et la fin de toutes les ins­ti­tu­tions et la fin du Bien Commun est de garan­tir les droits et les devoirs de chacun.En 1983, on déclare que le mariage est ordon­né au bien des époux ain­si qu’à l’é­du­ca­tion des enfants. Mais il est impos­sible que le même acte ait deux fins dif­fé­rentes, voire même contra­dic­toires, et tout cela est lourd de conséquences :
– La fin uni­tive et la fin pro­créa­tive étant de même valeur, cela crée un conflit de devoirs qui abou­tit à la contra­cep­tion, ce à quoi les évêques répondent en invo­quant le prin­cipe du moindre mal.
– La fin uni­tive pla­cée en pre­mier abou­tit à une sur­éva­lua­tion de la sexua­li­té dans la vie de chacun.
– Le bien des époux conduit à l’autorisation du pré­ser­va­tif dans les cas de SIDA ou autre pro­blème de santé.
– Cela conduit à l’immaturité qui, elle-​même, conduit aux innom­brables demandes d’annulation de mariages.
– Et enfin, cela conduit à l’adultère du cœur.

Les causes de cette muta­tion sont à recher­cher dans le per­son­na­lisme inau­gu­ré par Kant qui fait un abso­lu de la per­sonne humaine mais sur­tout avec Jacques Maritain quand il dis­tingue l’indi­vi­du – qui est ordon­né au bien de la cité, de la per­sonne – au bien de laquelle est ordon­née la cité. La conclu­sion en est que la cause de la faillite du mariage est philosophique.

L’éducation et la famille

En der­nière par­tie de cette mati­née, Monsieur l’abbé de Cacqueray nous entre­tint de la crise de l’éducation en met­tant en exergue de sa confé­rence une très belle cita­tion du Père de Foucault : écri­vant à une per­sonne de sa famille, le Bienheureux la sup­plie de ne pas confier ses enfants à l’Ecole Publique car il y avait, lui-​même, per­du la foi. Il reproche sur­tout à cette école sa neu­tra­li­té qui n’est pas de nature à for­mer les intel­li­gences et les volontés.

La décla­ra­tion conci­liaire trai­tant de l’éducation, « Gravissimum Educationis Momentum », est peu connue, peu com­men­tée. Elle inter­vint à la fin de la Troisième ses­sion qui venait âpre­ment de dis­cu­ter de la liber­té reli­gieuse. Cette ques­tion de l’éducation semble avoir pré­sen­té peu d’intérêt pour les Pères, mais la décla­ra­tion per­met de consta­ter toute la cohé­rence des déci­sions du Concile. En effet, le fon­de­ment de ce qui est défi­ni comme le « droit à l’éducation » est, comme pour « le droit à la liber­té reli­gieuse », la digni­té humaine éri­gée en valeur absolue.

Le prin­cipe en est que toute édu­ca­tion fon­dée sur la digni­té humaine favo­rise l’unité véri­table et devient fac­teur de paix dans le monde. En cela, le Concile s’est bien mis à la remorque des idées du temps et s’est for­gé des concepts qui, cen­sés rendre la Tradition intel­li­gible, ne ser­virent qu’à la dénaturer.


Le R.P Marziac tou­jours jeune de 83 printemps

Par la suite, les diverses décla­ra­tions tant des papes que des évêques (Paul VI ira jusqu’à faire l’éloge de l’Ecole Publique) pré­sen­tèrent l’Ecole Catholique comme néces­saire non pas pour des rai­sons essen­tielles d’éducation : il s’agit sim­ple­ment de lais­ser un espace à la sen­si­bi­li­té par­ti­cu­lière des catho­liques et d’intervenir en tant que simple com­plé­ment de l’Ecole publique… On le voit, rien de très motivant !

Mais ce texte, nous dit Monsieur l’abbé de Cacqueray, « véhi­cule une chi­mère natu­ra­liste » : une édu­ca­tion qui ne recon­naît pas la fina­li­té sur­na­tu­relle ne peut pas être fac­teur de paix car elle ne forme pas les intel­li­gences ni les volon­tés. Elle fait l’inverse et, sous pré­texte de droit à l’éducation, on ins­talle un droit contre l’éducation. Le but avoué de l’éducation est aujourd’hui ain­si défi­ni : « les enfants ont le droit d’être inci­tés à appré­cier sai­ne­ment les valeurs morales » (sic…). Disparait alors, par déni­gre­ment de l’autorité, le rôle de l’enseignant en tant que dis­pen­sa­teur du savoir, de l’éducateur en tant que for­ma­teur et dis­pen­sa­teur des règles.

L’enseignement et le magistère

Monsieur le Professeur Dominique Viain eut la lourde tâche de reprendre le flam­beau après le déjeu­ner, mais il le fit avec une verve telle que nous ne ris­quions pas de nous endor­mir ! C’est d’ailleurs une tâche impos­sible que celle de résu­mer sa com­mu­ni­ca­tion. Voici cepen­dant quelques idées sai­sies au vol. La ques­tion posée était de savoir si l’enseignement dis­po­sait d’une garan­tie magis­té­rielle et si l’on est en droit de déduire une méthode d’enseignement des 2 000 ans d’histoire de l’Eglise.

Dans la chré­tien­té des pre­miers siècles, l’enseignement était celui qui était déli­vré dans l’Empire Romain. Les Pères sentent bien qu’il y a là quelque chose d’insuffisant, mais on per­pé­tue la tra­di­tion romaine : on étu­die les grands textes, on les com­mente : Ciceron, Virgile, Horace. On étu­die aus­si diverses matières comme l’Astronomie, la Musique. Progressivement, on ajoute l’étude de l’Ecriture et de la morale. Cela se per­pé­tue durant le Moyen-​Âge. La Renaissance ver­ra une explo­sion cultu­relle liée à la « jubi­la­tion de la redé­cou­verte du Grec » ; le pro­jet d’un savoir ency­clo­pé­dique prend forme et se déve­loppe. C’est durant le XVIIème siècle que s’institutionnalise l’école essen­tiel­le­ment avec les Jésuites et le lycée napo­léo­nien ne sera que la ver­sion laï­ci­sée du col­lège jésuite.

Au cours des siècles, l’enseignement chan­gea de visage pour des rai­sons évi­dentes et tout ce que l’on pri­vi­lé­gie aujourd’hui n’existait pas : les mathé­ma­tiques ne purent s’enseigner tant que l’on n’avait pas la notion du zéro, les langues vivantes n’avaient pas d’objet, avant les XVIème et sur­tout XVIIIème siècle, la géo­gra­phie était une géo­gra­phie d’historiens et l’histoire, essen­tiel­le­ment antique, était l’étude des modèles moraux à tra­vers les grandes figures du pas­sé ; quant à la lit­té­ra­ture natio­nale, elle n’intéressait personne.

Mais on ne peut par­ler d’évolution ni de pro­gres­sion car, aujourd’hui, nous assis­tons à un effon­dre­ment civi­li­sa­tio­nel sans pré­cé­dent qui a un lien intime avec l’effondrement spi­ri­tuel. L’éducation peut-​elle appor­ter des solu­tions ? Les Grecs et les Romains ont tou­jours été à la base de toute édu­ca­tion chré­tienne et euro­péenne : le latin n’est pas une « matière », il est notre langue mater­nelle, l’essence même de l’instruction chré­tienne et euro­péenne ! (Voir les vibrants plai­doyers de l’orateur en faveur du Latin réha­bi­li­té comme langue vivante.) Mais les Humanités ont dis­pa­ru et il est urgent de les réta­blir, urgent aus­si de com­battre le démo­cra­tisme et de dif­fé­ren­cier l’enseignement de l’éducation.

Car en vou­lant que tout le monde appar­tienne à l’élite on a cas­sé la pos­si­bi­li­té de for­mer une élite qui seule a le pou­voir de nous entraî­ner vers le haut. Au lieu de cela, la loi de la majo­ri­té est une loi du peu qui abaisse l’ensemble de la popu­la­tion vers le non-​savoir. Quant à la perte spi­ri­tuelle, elle est le fait de la laï­ci­sa­tion des pro­fes­seurs et des étudiants.

Laissons aux lec­teurs des Actes du congrès (à paraître en juin pro­chain) le soin de décou­vrir les remèdes pré­co­ni­sés par le Professeur Viain avec leur poso­lo­gie et leur mode d’administration !

Le droit

Lui suc­cède Monsieur Franck Bouscau, pro­fes­seur des Facultés de Droit et Président du Jury rec­to­ral de l’Institut saint Pie X. Il explique que, selon la concep­tion tra­di­tion­nelle (le « droit natu­rel clas­sique »), telle qu’elle est énon­cée par Aristote, les Romains et saint Thomas, le Droit est une appli­ca­tion de la jus­tice par­ti­cu­lière qui consiste à rendre à cha­cun son dû, c’est à dire à effec­tuer un juste par­tage (cf. le sym­bole de la balance de Thémis).

Depuis les XVIème et XVIIème siècles, cette concep­tion a été concur­ren­cée par le « Droit natu­rel moderne » qui se fonde sur des prin­cipes géné­raux déduits, ou sup­po­sés tels, de la nature humaine et de la morale. Dans ce contexte, au lieu de cher­cher à déter­mi­ner la juste part de cha­cun, le droit vise désor­mais à satis­faire des reven­di­ca­tions ou droits sub­jec­tifs. Cette concep­tion connaî­tra un apo­gée avec la pro­cla­ma­tion des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Au XXème siècle, les « Droits de l’Homme » pénètrent et bou­le­versent l’ensemble du sys­tème juri­dique, jusqu’au « droit à la san­té », ou récem­ment, au « droit au loge­ment oppo­sable »… le Concile Vatican II, quant à lui, a recon­nu les Droits de l’Homme et la liber­té reli­gieuse comme fai­sant par­tie des impé­ra­tifs deve­nus incontournables.

Cependant, il faut noter que l’invention conti­nue et incon­trô­lée de nou­veaux « Droits de l’Homme » abou­tit à une conta­mi­na­tion de tout le Droit par des notions extra-​juridiques. Il convient donc pour les juristes de reve­nir à la méthode aristotélico-thomiste.

Le travail de Si Si No No

Après avoir, dimanche matin à la Grand’messe, écou­té le ser­mon pro­fon­dé­ment spi­ri­tuel de Monseigneur Fellay qui nous enjoi­gnait d’avoir, à l’instar des Mages, le cou­rage d’ouvrir les yeux dans la nuit pour voir l’étoile et la suivre, nous débu­tons l’après-midi avec un vibrant plai­doyer de Monsieur l’abbé Castelain en faveur de la revue Si Si No No.

Il nous dit l’enthousiasme qu’il res­sent lui-​même face à cette œuvre fon­da­men­tale accom­plie sans relâche depuis qua­rante années et nous rap­pelle que le mot enthou­siasme est issu du mot grec enthou­sias­mos qui signi­fie « trans­port divin », ardeur qui nous pousse à agir. Il nous livre son expé­rience des « confé­rences Si Si No No » orga­ni­sées à Lyon durant les­quelles sont com­men­tés d’anciens numé­ros de la revue, articles qui sont tel­le­ment fon­da­men­taux, qu’ils ne datent jamais et ne perdent jamais leur impact actuel.

Mais pour vivre, une revue a besoin du nerf de la guerre, en l’occurrence elle a besoin d’abonnements. Pour cela c’est très simple, il suf­fit d’écrire au Courrier de Rome. Vous pour­rez vous abon­ner à la revue et aus­si com­man­der les diverses publi­ca­tions. Puisse l’appel de Monsieur l’abbé Castelain ne pas avoir été lan­cé dans le désert !

Le témoignage émouvant et puissant d’un Révérend Père Abbé

C’est alors que nous pûmes entendre l’émouvant et magni­fique témoi­gnage d’un Révérend Père Abbé qui nous expli­qua avec des mots simples et sen­sibles com­ment, ordon­né en 1977 dans l’Eglise issue du Concile Vatican II, il vint à la Tradition après avoir tra­ver­sé une ter­rible crise.

Ordonné dans un monas­tère ita­lien , il fut nom­mé prieur en 1989 et se fit une spé­cia­li­té d’organiser des ren­contres inter-​religieuses (sa pre­mière ren­contre fut celle du DalaÏ-​Lama dans la basi­lique de San Miniato) tout en menant de front diverses acti­vi­tés poli­tiques tein­tées gauche.

Mais à vou­loir dia­lo­guer sans son­ger à être mis­sion­naire, on tombe dans la « crise du rien » nous dit-​il et la crise d’identité des prêtres est pro­fonde : préa­la­ble­ment défor­més au sémi­naire où on détruit leur sens du sur­na­tu­rel en leur fai­sant lire Kant, per­dus dans les acti­vi­tés sociales, ils ne savent plus ce qu’est le prêtre quand le Christ lui-​même est réduit à un agi­ta­teur poli­tique, à un simple « maître à pen­ser ». Lorsqu’on fait comme Che Guevara, dans ses études on lit Hegel et Marx de pré­fé­rence à saint Thomas, Dieu se réduit à la Communauté, et la litur­gie devient pri­son­nière des fidèles…

Après vingt années de ce régime, il subit une crise per­son­nelle dra­ma­tique en 1998 au cours de laquelle il fit l’expérience du « ciel fer­mé sans la moindre lumière ». Alors il s’astreint à lire : l’Introduction à la Vie Dévote de saint François de Sales, l’Imitation de Jésus-​Christ et retourne à saint Thomas mal­gré le sou­ve­nir du mépris de son pro­fes­seur de phi­lo­so­phie lui affir­mant que saint Thomas était dépas­sé… Puis il se ren­dit au Barroux et com­prit qu’il y avait une autre Eglise qu’il ne connais­sait pas. C’est là qu’il dit sa pre­mière messe tri­den­tine, et c’est à par­tir de cela que sa vie chan­gea radi­ca­le­ment. Ensuite, il ren­con­tra le Révérend Père Ange à Bellaigue, puis la FSSPX avec Monsieur l’abbé du Chalard et Monseigneur Fellay. Quand on pense avec un peu de droi­ture intel­lec­tuelle dit-​il, on ne peut qu’être recon­nais­sant à Monseigneur Lefebvre qui disait si jus­te­ment que lorsqu’on perd la Tradition, on perd sa culture et son âme.

Mais la Tradition, ce n’est pas que la litur­gie : c’est une véri­té, cela concerne la véri­té de la foi​.Il n’y a pas que la messe, il y a la foi ! Bien sûr on attend le Motu Proprio du pape, mais il ne règle­ra pas le pro­blème de la foi. Dans les rap­ports avec Rome, il faut évi­dem­ment être pru­dent, mais il ne faut pas avoir peur. Lui-​même, lors d’une de ses ren­contres, il deman­da au car­di­nal Castrillon ce qu’il pen­sait de Monseigneur Fellay. Oh ! lui répondit-​il… « Monseigneur Fellay ? Lui, il est vrai­ment évêque ! »

Il conclut son inter­ven­tion « ex abon­dan­cia cor­dis » comme il la défi­nit lui-​même, en nous disant son bon­heur, le matin même, d’avoir vu à la messe de saint Nicolas une église pleine, et pleine de nom­breux jeunes, de nom­breux enfants. Mais il sait bien qu’ils n’étaient là que parce qu’il y a des prêtres capables de vivre un vrai sacerdoce.

Typologie de la crise présente

Nous arri­vions presque à la fin du congrès, mais le rythme ne se ralen­tit pas et nous pûmes écou­ter Monsieur le Professeur d’Amico pour une confé­rence pas­sion­nante sur la Typologie de la crise pré­sente qu’il ouvrit sur la très belle phrase de Dostoïevsky : « La beau­té sau­ve­ra le monde ».

Tout d’abord il nous rap­pe­la les prin­cipes de l’œcuménisme tels que l’Eglise les a tou­jours définis :
– L’Eglise a reçu la plé­ni­tude du Christ et n’a pas besoin de perfectionnements.
– Puisque nous ne pou­vons pas modi­fier le Dogme, il est impos­sible de faire une uni­fi­ca­tion par assimilation.
– L’unification ne peut se faire que par conver­sion, prin­ci­pa­le­ment par conver­sion personnelle.
– Qui vient au catho­li­cisme ne perd rien de positif.

Face à cette défi­ni­tion, l’œcuménisme actuel s’inscrit donc dans une totale irra­tio­na­li­té. Pour faire accep­ter cette irra­tio­na­li­té, il convient de mani­pu­ler le lan­gage. On n’a jamais autant écrit dans l’Eglise que depuis Vatican II, ni avec… une expres­si­vi­té aus­si vide.Les paroles ne disent rien, ou autre chose, et s’il est vrai que le pre­mier acte d’une révo­lu­tion est la mani­pu­la­tion du lan­gage, nous sommes bien en pré­sence d’une révo­lu­tion dans l’Eglise.

Souvenons-​nous du livre de Georges Orwell « 1984 » et com­ment cet écri­vain met en lumière les méca­nismes d’oppression du peuple par la des­truc­tion du lan­gage, com­ment il nous montre l’essence du pou­voir tota­li­taire qui repose sur la dis­pa­ri­tion du pas­sé : « Qui contrôle le pas­sé contrôle le futur, et qui contrôle le pré­sent contrôle le pas­sé ».

On assiste actuel­le­ment à un véri­table « géno­cide cultu­rel », à un « sta­li­nisme ecclé­sio­lo­gique », par fer­me­ture de la mémoire au moyen de la des­truc­tion du lan­gage. Nous sommes bien dans la nov­langue et la bi-​pensée quand deux pro­po­si­tions qui s’annulent sont simul­ta­né­ment consi­dé­rées valables comme, par exemple, les expres­sions « com­mu­nion non pleine » ou « uni­té par­tielle ». L’effort de réflexion n’est pas gigan­tesque pour com­prendre que, s’il y a com­mu­nion elle est for­cé­ment pleine et que, s’il y a uni­té elle ne peut pas être par­tielle ! D’autres pro­cé­dés lin­guis­tiques sont uti­li­sés, Monsieur d’Amico les déve­lop­pe­ra dans les Actes du congrès.

Le but de tout cela est de faire péné­trer l’utopie dans l’Eglise alors même qu’il n’y a pas de plus grand enne­mi de l’utopie que l’Eglise qui a tou­jours fait preuve d’une sainte sus­pi­cion. L’utopie est par­tout : uto­pie poli­tique, uto­pie huma­ni­taire. Avec elle, la révo­lu­tion a pris ses marques dans l’Eglise.

Le rôle de la FSSPX dans la crise présente

Le congrès s’achève, Son Excellence Monseigneur Fellay qui, depuis le début, a assis­té à toutes les confé­rences, prend la parole pour conclure, et il nous par­le­ra sur­tout de l’action de Monseigneur Lefebvre qui pres­sen­tit la crise avant même son explo­sion et en déter­mi­na immé­dia­te­ment le remède. Voyant que la crise de l’Eglise est avant tout une crise du Sacerdoce, il en dédui­sit immé­dia­te­ment que la solu­tion en est la res­tau­ra­tion et la sau­ve­garde du sacer­doce. Cependant plu­sieurs années s’écoulèrent entre ce « rêve » fait dans une église de Dakar et la créa­tion de la FSSPX. Les œuvres divines ne se font pas dans la précipitation.

Saint Paul explique que la lettre tue s’il manque l’esprit. Or, par le Concile, c’est ce for­mel qui a été atteint, et c’est cela qui met l’Eglise en péril par perte de « l’esprit chré­tien », par perte de « l’esprit sacer­do­tal ». Monseigneur Lefebvre com­prend qu’il y a un lien intime entre la messe, le prêtre et la socié­té chrétienne.

Le Libéralisme érige la liber­té en abso­lu. Mais, la liber­té repose sur la rai­son et la volon­té et, l’érigeant en abso­lu, on érige aus­si la rai­son et la volon­té en abso­lu à l’exclusion de Dieu. A par­tir de là, le péché n’a plus de sens et ce qui suit n’a pas de sens non plus : la peine dis­pa­rait, la sanc­tion dis­pa­rait, la répa­ra­tion aus­si et plus n’est besoin de Rédemption… Or Vatican II bap­tise le libéralisme…

A tra­vers quatre nou­velles défi­ni­tions des rela­tions entre l’Eglise et le monde au Concile sou­li­gnées par Benoît XVI (l’Eglise et l’Etat moderne, la foi et la science, l’Eglise et les autres reli­gions, l’Eglise et la foi hébraïque) on voit com­ment l’Eglise accom­plit les plans maçon­niques même si, indi­vi­duel­le­ment, le pape est hos­tile à la maçon­ne­rie. (La phrase telle qu’é­non­cée ici est en fait, pour néces­si­tés de résu­mé, un court-​circuit d’une par­tie de la confé­rence, la conden­sa­tion de deux argu­ments que vous trou­ve­rez, déve­lop­pés, dans les Actes.)

Lorsque Monseigneur Lefebvre entre­prit de sau­ver le Sacerdoce, la messe et l’esprit chré­tien, toutes les auto­ri­sa­tions furent don­nées pour la fon­da­tion de la FSSPX et du sémi­naire d’Ecône « Manifestation évi­dente, écri­vit Monseigneur, de la béné­dic­tion sur l’Oeuvre à laquelle Dieu va confier l’Arche d’Alliance du Nouveau Testament ». Bien sûr il ne s’agit pas de s’encenser mais de peser une mission.

Or cette mis­sion, même si beau­coup l’ont délais­sée, ne repré­sente jamais que le devoir de chaque Chrétien et, ce fai­sant, nous ne fai­sons rien de spé­cial. Alors, conti­nuons tout sim­ple­ment à faire notre devoir ! 

A Paris, le 8 jan­vier 2007

DP-​SI pour La Porte Latine

Notes de la rédaction de La Porte Latine

1 – Tous nos remer­cie­ments à DP-​SI pour ce compte-​rendu fidèle et à Monsieur Francis Vaillant pour les photos.

2 – La revue Si Si No No :

Le Courrier de Rome
B.P. 156
78001 Versailles Cedex

Le cour­riel du Courrier de Rome