Le National Catholic Register a récemment (23 septembre 2019) donné une longue interview du cardinal Sarah, connu pour ses positions conservatrices, pour son amour de la fameuse « forme extraordinaire » de la messe.
Cet interview illustre très bien la déclaration récente de M. l’abbé Pagliarani (« une Eglise qui marche sur la tête, LPL, 17 septembre 2019). Notre Supérieur Général, au sujet de ces prélats qui vont dans le bon sens en dénonçant certaines erreurs ou réaffirmant certaines vérités, affirme que tout en se réjouissant de cela, « la Fraternité a le devoir d’être très attentive à ces réactions, et en même temps d’essayer de leur éviter de se fourvoyer et de n’aboutir à rien ».
Une critique des conservateurs qui épargne toujours Vatican II
Et l’abbé Pagliarani de fournir la clé essentielle : ces prélats doivent aussi reconnaître la « continuité entre les enseignements du Concile, des papes de l’époque postconciliaire et le pontificat actuel ». Car ces mêmes prélats ne manquent pas, dans le même temps, de vouloir nous faire avaler le Concile Vatican II et les réformes postconciliaires. Exemple : le cardinal Müller, le plus virulent de tous contre Amoris laetitia et l’Instrumentum laboris (projet de réforme de la Curie), qui n’hésite pas à parler de « rupture avec la tradition ». Mais le même cardinal Müller est celui qui « a voulu imposer à la Fraternité Saint-Pie‑X − en continuité avec ses prédécesseurs et ses successeurs à la Congrégation pour la Doctrine de la foi − l’acceptation de tout le Concile et du magistère postconciliaire. »
Comment ce diagnostic du Supérieur Général de la Fraternité concerne le cardinal Sarah, quelques lignes de l’interview de celui-ci suffiront à le montrer !
Lorsque la forme extraordinaire est célébrée dans l’esprit du Concile Vatican II, elle révèle toute sa fécondité, dit le cardinal. L’idéal qu’il souhaite est-il donc d’aimer la liturgie traditionnelle à la lumière du Concile ?
Et quand la liturgie traditionnelle est célébrée (comme nous le faisons dans la Fraternité) non comme forme extraordinaire, mais simplement en tant qu’elle-même, comme seule forme latine de messe qui soit légitime et fructueuse pour les âmes, sera-t-elle féconde ? A cet égard le cardinal dit ceci : Il serait donc faux d’opposer le Concile à la Tradition de l’Église. En ce sens, il est nécessaire que ceux qui célèbrent la forme extraordinaire le fassent sans esprit d’opposition et donc dans l’esprit de Sacrosanctum Concilium.
Heureusement, nous ne sommes pas concernés, nous qui ne célébrons pas la forme extraordinaire !
Cardinal Sarah : aucune opposition entre la messe traditionnelle et la messe de Paul VI
Forme ordinaire (messe de Paul VI) et forme extraordinaire se valent tout-à-fait selon le cardinal : Les deux formes ont la même foi et la même théologie. Les opposer est une erreur ecclésiologique profonde. On est bien obligé d’être atterré par cette affirmation d’un homme si bien placé pour connaître ces jugements bien connus du Bref examen critique du Novus Ordo Missae : « le nouvel ORDO MISSAE, si l’on considère les éléments nouveaux, susceptibles d’appréciations fort diverses, qui y paraissent sous-entendus ou impliqués, s’éloigne de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe » et « la promulgation du nouvel ORDO MISSAE met chaque catholique dans la tragique nécessité de choisir »
Le cardinal Sarah admet cependant implicitement comme une faille dans la messe de Paul VI, puisque « nous avons besoin de la forme extraordinaire pour savoir dans quel esprit célébrer la forme ordinaire ». Il est vrai que le diagnostic est fait depuis longtemps : cette messe de Paul VI est d’esprit protestant, favorise l’hérésie et est dangereuse à terme pour la foi des fidèles et des clercs. Il est malhonnête de vouloir faire revenir en arrière ainsi les fidèles catholiques. L’avenir est la dénonciation claire et publique de cette messe de Paul VI, n’en déplaise à tous les Instituts ralliés (ou alliés) à Rome.
D’autant que le cardinal Sarah admet aussi cette succulente réciproque : Inversement, célébrer la forme extraordinaire sans tenir compte des indications de Sacrosanctum Concilium risque de réduire cette forme à un vestige archéologique sans vie et sans avenir. Voilà l’avenir prédit pour ceux qui veulent dire l’ancienne Messe dans l’obéissance à Rome tout en prétendant combattre le Concile.
La Fraternité Saint-Pie X : la seule à dénoncer les vraies causes du cataclysme
Donc… nous gardons l’exclusivité de dénoncer le Concile et de ne pas célébrer cette « forme extraordinaire » (belle insulte à la liturgie traditionnelle que ce nivellement avec la messe de Paul VI) pour l’honneur de Dieu, celui de la sainte Messe et pour le bien des âmes.
Abbé Jacques Mérel
Source : La Porte Latine du 7 octobre 2019