21e anniversaire du rappel à Dieu de S. Exc. Mgr Marcel LEFEBVRE

21° anniversaire du rappel à Dieu de S. Exc. Mgr Marcel LEFEBVRE ;

Archevêque de Dakar,
Délégué apos­to­lique pour l’Afrique francophone
Évêque de Tulle
Assistant au Trône pontifical
Supérieur géné­ral de la Congrégation des Pères du Saint Esprit
Fondateur et Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X
né à Tourcoing le 29 novembre 1905
décé­dé à Martigny le 25 mars 1991
inhu­mé au sémi­naire inter­na­tio­nal Saint-​Pie X à Écône

Mgr Marcel Lefebvre

Les 17 derniers jours de Mgr Lefebvre, par Eric BERTINAT 

Entretien de Jo Grenon, directeur de l’hôpital de Martigny,
à Eric Bertinat, pour Controverses.

Monsieur Jo GRENON est le Directeur de l’hô­pi­tal de Martigny. Il s’oc­cu­pa avec un grand dévoue­ment de Monseigneur durant son hospitalisation.

Il nous a reçus avec beau­coup de gen­tillesse pour nous racon­ter les der­niers jours du fon­da­teur de la Fraternité Saint-​Pie X. 

Samedi 9 mars, Monseigneur Lefebvre entre à l’hôpital de Martigny. Vous avez été par­mi les pre­miers à le voir. Comment l’avez-vous trouvé ?

Alité, sou­riant et confiant ! Monseigneur se trou­vait aux urgences. Puis, nous l’avons ins­tal­lé à la chambre 213, une chambre pri­vée située au deuxième étage. De cette pièce, Monseigneur avait vue sur la Forclaz, donc la France, et sur le col du Grand-​Saint-​Bernard, l’Italie, Rome…

Quels sont les exa­mens qui ont été pra­ti­qués sur Monseigneur lors des pre­miers jours ?

Durant toute la pre­mière semaine, Monseigneur fut nour­ri par per­fu­sion, avec anti­bio­tiques. A part les ana­lyses de rou­tine, il subit de nom­breux exa­mens dont cer­tains sont très dou­lou­reux. Bien que les méde­cins aient déjà diag­nos­ti­qué le mal, ils jugèrent tout de même plus pru­dent de faire subir un scan­ner à Monseigneur Lefebvre. Aussi, nous devions conduire Monseigneur à l’hôpital de Monthey. Je lui ai deman­dé s’il ne pré­fé­re­rait pas s’y rendre en auto­mo­bile plu­tôt qu’en ambu­lance, atta­ché à une civière. Bien que j’insistai pour la solu­tion de l’automobile, Monseigneur pré­fé­ra l’ambulance. Jeudi soir, je lui ai fait appor­ter un repas. Il souf­frait de ne pas pou­voir man­ger normalement.

Monseigneur a‑t-​il beau­coup souffert ?

Oui ! A son arri­vée, il m’a dit souf­frir le mar­tyre. Puis les dou­leurs se sont atté­nuées sous l’effet des médicaments.

Quels ont été les contacts entre Monseigneur Lefebvre et les infir­mières qui le soignaient ?

Les infir­mières l’ont trou­vé très gen­til, très doux, mais aus­si excep­tion­nel­le­ment dis­cret. Il n’a jamais uti­li­sé la son­nette de ser­vice. Il ne vou­lait pas les déranger.

Comment était Monseigneur durant cette pre­mière semaine ?

Il a répé­té à plu­sieurs reprises durant cette semaine : « Je suis un vieil homme ». Il était un peu inquiet des suites d’une éven­tuelle opé­ra­tion. Mais il était en même temps rési­gné et confiant. Je pense qu’il n’a pro­ba­ble­ment pas su l’exacte ampleur de son mal.

Et spi­ri­tuel­le­ment ?

Le lun­di sui­vant, le 12, il a deman­dé à rece­voir l’extrême-onction. Le len­de­main, il m’a expli­qué : « J’ai deman­dé l’extrême-onction, c’est très impor­tant ! Ma sœur est par­tie sans sacre­ment » A plu­sieurs reprises, il m’a dit : « J’ai ter­mi­né mon tra­vail, je n’en peux plus. Je suis épui­sé, il ne me reste main­te­nant plus qu’à prier et souf­frir ».

A‑t-​il par­lé de la Fraternité, de son avenir ?

Un long entre­tien avec Monseigneur au milieu de la pre­mière semaine m’a per­mis de l’entendre dire sa satis­fac­tion de l’œuvre accom­plie. « La Fraternité est dans de bonnes mains et riche de quatre évêques pleins de zèle » m’a‑t-il dit. Et de s’émerveiller de Monseigneur Fellay qui parle cinq langues « comme je parle le fran­çais, vous rendez-​vous compte ? » Il me par­la aus­si des direc­teurs et des pro­fes­seurs de sémi­naires « dévoués et bien en place ». Monseigneur était par­fai­te­ment serein et appa­rem­ment très heu­reux pour l’avenir.

Vous m’avez par­lé du res­pect qu’il impo­sait aux médecins…

Oui, oui. Un méde­cin m’a même rap­por­té avoir été sub­ju­gué par Monseigneur. « Quand on croise son regard, on ren­contre la bon­té divine » m’a‑t-il dit.

Comment s’est dérou­lée l’opération, lun­di 18 mars ?

A 9 heures, Monseigneur a été conduit en salle d’opération. L’opération a duré de 9 heures 30 à 12 heures 30. Puis il fut conduit dans la salle de soins inten­sifs. Monseigneur eut un réveil dif­fi­cile et des souf­frances intenses pen­dant 2 à 3 jours qui sui­virent l’opération. Puis cela alla mieux ; on le leva un peux mais le cœur res­tait fatigué.

Les méde­cins donnèrent-​ils à Monseigneur des médi­ca­ments pour cal­mer la douleur ?

Bien sûr. Monseigneur fut sous une sur­veillance médi­cale de tous les ins­tants. Grâce à l’appareillage moderne dont est équi­pé l’hôpital, on suit avec exac­ti­tude la pro­gres­sion de la dou­leur. On put ain­si don­ner à Monseigneur, avec beau­coup de pré­ci­sion, la médi­ca­tion adé­quate pour sou­la­ger ses douleurs.

Nous arri­vons à la fin de la der­nière semaine

Vendredi, il me deman­da de lui appor­ter sa chaî­nette – cette pauvre chaî­nette, avec de simples médailles, reste pour moi l’un des sou­ve­nirs les plus émou­vants des der­niers jours de Monseigneur – sa montre et son appa­reil audi­tif : une preuve du mieux-​être du malade. Samedi, on pense à le réin­té­grer dans sa chambre dès dimanche. « Mais les infir­mières veulent me garde ici » me dit-​il en plai­san­tant. Dimanche, l’espoir fait rapi­de­ment place à l’inquiétude. Monseigneur fait de la tem­pé­ra­ture. Le méde­cin car­dio­logue lui fait une écho­car­dio­gra­phie et décide de gar­der Monseigneur aux soins inten­sifs. Dimanche après-​midi, Monseigneur se met à par­ler beau­coup. Mais à tra­vers son masque à oxy­gène, il est dif­fi­cile de le com­prendre. Je per­çois cepen­dant : « Nous sommes tous ses petits enfants ». Avait-​il déjà la vision du ciel ? Il par­lait en tout cas du Bon Dieu. Au moment où je le quitte, il me sou­rit pour la der­nière fois et me tend la main en signe d’adieu… Dimanche soir, je reçois un télé­phone de l’infirmière res­pon­sable. On est en train de réani­mer Monseigneur et ça ne va pas très bien. Je décide d’alerter M. l’abbé Laroche. Puis l’infirmière res­pon­sable me rap­pelle pour me dire que le rythme car­diaque est repar­ti nor­ma­le­ment. A 3 heures 30, un der­nier télé­phone pour m’avertir du décès de Monseigneur.

Vous êtes par­mi les pre­mières per­sonnes à voir Monseigneur mort. Comment l’avez-vous trouvé ?

Je me suis immé­dia­te­ment ren­du aux soins inten­sifs. J’ai trou­vé le corps inani­mé de Monseigneur. J’ai été ter­ri­ble­ment frap­pé par la res­sem­blance entre le corps de Monseigneur et les tableaux repré­sen­tant Jésus des­cen­du de la Croix. Monseigneur avait juste un drap qui lui cou­vrait les hanches. Ses mains et ses bras por­taient les traces des longues souf­frances qu’il venait de subir. Ses jambes étaient très abî­mées, mais depuis des années elles le fai­saient souf­frir. Je pense, encore bien sou­vent à cette der­nière image de Monseigneur, là, éten­du sur son lit aux soins inten­sifs, tel le Christ des­cen­du de la Croix…

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