Les inquiétudes du Collectif laïque National

Dans un com­mu­ni­qué daté du 25 mai 2020, le Collectif Laïque National (qui regroupe des asso­cia­tions laïques et maçon­niques) « s’inquiète » : l’arrêt du Conseil d’État du 18 mai et son appli­ca­tion par le gou­ver­ne­ment le 22 mai mani­fes­te­raient un « trai­te­ment pri­vi­lé­gié » accor­dé à l’Église catho­lique par les pou­voirs publics, faveur qu’il « dénonce ».

L’Église grande pri­vi­lé­giée ? il faut por­ter le masque sur les yeux pour oser l’affirmer. Les der­nières semaines sont au contraire plu­tôt cruelles pour l’Église catho­lique en France. Le gou­ver­ne­ment s’est per­mis d’imposer à par­tir du 11 mai des mesures que le Conseil d’État a fina­le­ment jugées, le 18 mai, comme une « atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale » à la liber­té de culte dont elle pour­rait léga­le­ment se récla­mer pour que ses fidèles se rassemblent.

Dans la mise en œuvre de cet arrêt du 18 mai, le gou­ver­ne­ment a pris comme inter­lo­cu­teur la Conférence des Responsables des Cultes en France. Ainsi, c’est clair : pour l’État en France, l’Église catho­lique n’est qu’une reli­gion par­mi d’autres, sans que le poids his­to­rique ou cultu­rel ne lui apporte quelque avan­tage ni trai­te­ment de faveur particulier.

Cette mise en œuvre déci­dée le 22 mai auto­rise les églises, mais aus­si les syna­gogues, les temples, les mos­quées à accueillir des fidèles à condi­tions de res­pec­ter un strict code sani­taire. Peut-​on sans men­tir lais­ser croire que l’État a renon­cé à impo­ser à l’Église catho­lique « les res­tric­tions que néces­site la san­té publique » ?

Rien donc qui puisse faire peur aux défen­seurs auto­pro­cla­més du « cadre répu­bli­cain de la laï­ci­té ». Pourquoi donc jouer l’inquiétude ?

Cette manière de dénon­cer des pri­vi­lèges ima­gi­naires accor­dés à l’Église catho­lique dévoile le fond d’intolérance qui anime ces défen­seurs auto­pro­cla­més des citoyens « libres et égaux ». Le droit de la République laïque a été appli­qué le 18 mai, mais voi­là : il pro­fite un peu à l’Église et cela leur est into­lé­rable. Toute expres­sion sociale des croyances et en par­ti­cu­lier de l’Eglise catho­lique n’a pas été empê­chée : atten­tion, danger !

« Il ne leur suf­fit pas d’ex­clure de toute par­ti­ci­pa­tion au gou­ver­ne­ment des affaires humaines l’Eglise, ce guide si sage et si sûr : il faut encore qu’ils la traitent en enne­mie et usent de vio­lence contre elle. (…) Ni les droits de l’Eglise, ni les pré­ro­ga­tives dont la Providence l’a­vait dotée, rien n’é­chappe à leurs attaques. On réduit presque à rien sa liber­té d’ac­tion, et cela par des lois qui, en appa­rence, ne semblent pas trop oppres­sives, mais qui, en réa­li­té, sont expres­sé­ment faites pour enchaî­ner cette liber­té ». Ces paroles de Léon XIII condam­nant la franc-​maçonnerie sont encore d’actualité.

Sources : La Porte Latine du 28 mai 2020