S.O.S Mamans – Journal de bord n° 24

Vendredi 29 août 2008

Une très grande nou­velle nous par­vient de Chine :

« MERCI de tout cœur aux géné­reuses familles qui se sont sacri­fiées pour un bébé du bout du monde, qu’ils ne ver­ront jamais : le 2e bébé d’vient de naître à Ying, en par­faite san­té, plus de 3 Kg de poids, et en plus c’est une FILLE et elle a le joli nom Xiao Hong ! »

Deo gra­tias ! C’est une vic­toire contre le moloch avor­teur chi­nois. David contre Goliath.

Vendredi 5 septembre 2008

Barbara, 16 ½ ans, 3 mois enceinte. Ne pou­vant plus cacher sa gros­sesse, sa mère s’en aper­çoit – et traite sa gamine de tous les noms d’oiseaux. Elle l’amène de force à la police ( !) pour la faire avor­ter, parce qu’elle semble réticente.

La police l’envoie chez une gyné­co­logue, par pro­vi­dence divine une amie de SOS MAMANS. La pre­mière chose que la gyné­co­logue fait, est de mettre la « mère ter­rible » dehors, pour pou­voir cal­me­ment par­ler avec Barbara. Après 1 heure d’entretien, la cause est gagnée : Barbara gar­de­ra son bébé et sera logée par SOS Mamans, en atten­dant que la mère change d’humeur. Jusque là, par sécu­ri­té, Barbara sera logée chez des amis à l’étranger, tout près de la France,

Lundi 8 septembre 2008

Ce matin dans une rue de Paris, nous aper­ce­vons un gar­çon noir qui dis­cute vio­lem­ment avec une jeune fille, éga­le­ment noire, et la contraint d’enlever ses chaus­sures de ten­nis qu’il lui avait appa­rem­ment ache­tées. Il récu­père les ten­nis et les balance avec plein élan contre la tête de sa copine Dominique, 23 ans : « Tu as fini de m’em… ?», crie-​t-​il exci­té comme un diable. Tout cela en pleine rue. Dominique s’en fuit en cou­rant au milieu de l’avenue pour aller plus vite.

L’équipe de SOS MAMANS la suit et arrive à lui par­ler, pieds nus qu’elle était. Dominique trem­blait de tout son corps, elle était sous le choc. Nous sommes vite allés voir un méde­cin avec elle pour la cal­mer. Le pro­blème ? Devinez ! Elle est enceinte, et le copain ne veut abso­lu­ment pas du bébé. Depuis hier il la mal­traite, et nous avons vu les dégâts. Nous lui ache­tons des chaus­sures et l’amenons à l’hôpital pour soi­gner ses blessures.

Nous l’aidons à quit­ter immé­dia­te­ment Paris pour l’héberger dans une famille amie en pro­vince, pour être à l’abri du voyou. Le bébé est sau­vé. – Quant à ces héber­ge­ments, voi­ci une remarque impor­tante : nous rece­vons pas mal d’offres d’hébergements de nos dona­teurs et amis, mais presque tou­jours à la cam­pagne, dans des lieu-​dits ou vil­lages iso­lés et hyper-​tranquilles. Bien sûr, ce serait la meilleure solu­tion pour cer­taines jeunes filles enceintes pour les mettre à l’abri (nous avons constam­ment 12 à 15 femmes ou jeunes filles enceintes en héber­ge­ment d’urgence), mais elles n’en veulent pas. Elles sont pra­ti­que­ment toutes habi­tuées à la vie en ville, et la cam­pagne leur fait lit­té­ra­le­ment peur. Elles mour­raient d’ennui, craignent-​elles. Certaines aus­si ont peur des ani­maux, nom­breux à la campagne.

Ainsi nous res­pec­tons leur sou­hait, n’ayant aucune voca­tion pour être les mora­li­sa­teurs ou édu­ca­teurs du peuple : nous sommes des pom­piers pour sau­ver des bébés de la mort, point final. Nous les diri­geons donc uni­que­ment vers des familles héber­geuses en plein centre-​ville. Là aus­si il faut remar­quer une chose : une chambre seule ne fait pas l’affaire. Il faut des stu­dios, ou au moins des chambres avec WC, douche, kit­che­nette et si pos­sible entrée sépa­rée. Une de nos dames héber­geuses en région pari­sienne a ame­na­gé son garage en stu­dio, juste pour SOS MAMANS, gra­tui­te­ment. Ca, c’est de l’or pour nous. Même si nos jeunes femmes et jeunes filles enceintes sont pauvres et néces­si­teuses dans la situa­tion où nous les ren­con­trons, cela ne veut pas dire qu’on peut leur don­ner n’importe quoi comme loge­ment. N’oublions jamais : ces ‘pauvres’ sont nos rois, nos pro­fes­seurs, nos dona­teurs, voire nos pas­seurs pour le ciel !

Jeudi 11 septembre 2008

Loubliana, russe, 23 ans, 3 mois enceinte, pros­ti­tuée dans les rues de Paris. Elle nous contacte sur recom­man­da­tion d’une autre pros­ti­tuée enceinte que nous avions déjà sau­vée et aidée à ren­trer en Russie. Il faut tout de suite la sor­tir de Paris, car ses patrons veillent. Cette fois-​ci le trans­port coûte très cher, car c’est loin : 550 E pour le chauf­feur, 100 E pour Loubliana, 20 E carte télé­pho­nique pour elle (pour nous dire si elle est bien arri­vée à des­ti­na­tion). Vendredi soir elle est bien par­tie, heu­reuse, vers une tante.

Elle est le 9e de 12 enfants, dont 4 ne son plus vivants. Les parents avaient admis qu’elle parte ‘à Paris’ pour rame­ner de l’argent ; ils avaient cru au beau­par­ler de cer­tains pour­voyeurs opé­rant en Russie, par­fois même dans les jour­naux. Bébé sauvé !

Et Maria, une nou­velle jeune fille enceinte esclave sau­vée d’une ambas­sade à Paris. Elle a 15 ans !! Elle avait été enga­gée par l’ambassadeur comme « fille au pair » à 300 E par mois. Nous l’avons sor­tie de là, amo­chée, humi­liée, vio­lée et … enceinte. Pour rai­sons de sécu­ri­té nous l’avons immé­dia­te­ment cachée chez des amis, puis éva­cuée vers une famille héber­geuse à l’étranger, mais encore en Europe, dans l’attente d’un retour aux Phiippines après la nais­sance du bébé. Coût de ce sau­ve­tage : 300 Euro pour l’instant. Nous indi­quons ces mon­tants, car chaque sau­ve­tage a son prix, ridi­cule d’ailleurs par rap­port à la VIE don­née par Dieu.

Lundi 29 septembre 2008

Nous ren­con­trons Géraldine, 17 ans, Ile de France. Elle fai­sait l’objet d’une véri­table engeu­lade en public par sa mère, devant le BHV, rue Rivoli à Paris. Des badauds s’arrêtèrent pour écou­ter l’altercation : « Tu n’es qu’une pute, pas ques­tion de gar­der ton bébé ! » pouvait-​on entendre. Mais nous y étions. Nous sommes venus à la défense de Géraldine en fai­sant face à la mère, encore une de ces ‘mères ter­ribles’. Elle s’est van­tée d’avoir avor­té 8 fois dans sa vie, et qu’elle regret­tait de ne plus pou­voir le faire en rai­son de son âge, « car aujourd’hui cela rap­porte » (allu­sion à la vente des avor­tons aux labos de recherche et aux labos cos­mé­tiques !). Effrayant ! Nous avons dû négo­cier avec cette ‘mère’ son ‘manque à gagner’, pour sau­ver une vie.

Une autre jeune pros­ti­tuée enceinte, Ludmila. Nous l’aidons à fuir vers son pays d’origine, dans la Baltique. Coût total de l’opération : 650 Euro. Deo gratias !

Lundi 6 octobre 2008

Nous aus­si, nous avions notre « nuit blanche » hier soir à Paris. A minuit nous rece­vons un coup de télé­phone d’un hôpi­tal pari­sien. C’est Suzanne, 17 ans, 1 ½ mois enceinte. Elle nous appelle au secours. Tabassée vio­lem­ment par son père lorsqu’il a su de sa gros­sesse, avec une côte cas­sée et maints bleus à la tête et sur le corps, nous l’avions aideé à se faire soi­gner dans cet hôpi­tal. Mais elle était affo­lée : « J’ai télé­pho­né à ma meilleure copine, mais elle a tout de suite racon­té à mon père où je suis. J’ai peur qu’il vienne me cher­cher pour me faire avor­ter de force ! » Dans la nuit même nous l’avons éva­cuée et logée chez une tante loin­taine qui com­pre­nait la situa­tion, pour la mettre à l’abri. A 5 heures ce matin nous sommes ren­trés, fati­gués d’une « nuit blanche » pari­sienne pas comme les autres.

D’autre part nous avons déci­dé de nous impo­ser un « mora­toire » de 3 mois, car les dons dimi­nuent dra­ma­ti­que­ment, et on com­prend la rai­son quand on observe ce qui se passe dans le monde : crise des banques, chute des bourses, incer­ti­tude sur le pétrole, infla­tion, risques de toute sorte… Ce mora­toire consiste à dimi­nuer nos cas d’aide, dans la mesure du pos­sible, notam­ment en ne pas cher­chant de nou­veaux cas ‘coû­teux’, par exemples des pros­ti­tuées enceintes à ache­mi­ner vers l’est. Nos assis­tantes disent que c’est dur de devoir fer­mer les yeux quand on sait ce qui se passe dans les rues. Mais notre tré­so­rier prin­ci­pal est le Bon Dieu Lui-​même : s’Il ne nous accorde pas plus de dons, c’est qu’il faut que nous fas­sions du ‘sur place’ jusqu’à ce que des meilleurs jours arrivent.

Le soleil revient tou­jours, depuis la créa­tion du monde. Nous sommes à 466 bébés sau­vés par nos pauvres forces, depuis le pre­mier bébé sau­vé par SOS MAMANS en juin 1995. Le bébé fut bap­ti­sé ‘Prescillia’, et c’est main­te­nant une jeune fille de 13 ans.

Deo gra­tias !

Cher lec­teur, chère lectrice,

Vous faites par­tie de nos dona­teurs ou coopé­rants, et nous nous ferons une joie de par­ta­ger régu­liè­re­ment avec vous, par le biais des extraits de notre “Journal de bord”, nos joies et nos peines. Ce “Journal” devient un monu­ment de l’es­pé­rance, prou­vant que le crime de l’a­vor­te­ment peut être vain­cu par la cha­ri­té chrétienne.

Nous sommes fiers et heu­reux de savoir tant de gens (1 000 envi­ron) à nos côtés. Ils font véri­ta­ble­ment par­tie de l’é­quipe de SOS MAMANS, mer­ci, et en avant !

S.O.S Mamans

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S.O.S MAMANS (UNEC)
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Rép/​Fax 01 34 12 02 68
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