Entretien avec Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la FSSPX – L’apostolat de la Fraternité Saint-​Pie X – 9 mars 2015

Le dis­trict des Etats-​Unis a inter­ro­gé Mgr Bernard Fellay sur le déve­lop­pe­ment de l’apostolat de la Fraternité Saint-​Pie X. DICI vous pro­pose la tra­duc­tion fran­çaise de cet entretien.

En tant que Supérieur géné­ral de la Fraternité, vous visi­tez régu­liè­re­ment nos six sémi­naires et dif­fé­rents pays à tra­vers le monde lors des confir­ma­tions. La Fraternité avec ses prêtres, sémi­naires, prieu­rés et mis­sions, est-​elle en bonne santé ?

Mgr Bernard Fellay : Nous connais­sons tous les pro­blèmes nor­maux de la vie, bien sûr. A l’heure actuelle, je dirais que la Fraternité est en bonne san­té, en crois­sance par­tout. Nous avons pas­sé le flam­beau à la géné­ra­tion sui­vante. Nous exis­tons depuis plus de 40 ans, nous ne sommes donc plus si jeunes. Avec satis­fac­tion, nous voyons que la Tradition a été trans­mise. La Tradition se pour­suit et se trans­met dans la foi et la vie catholiques.

Cette année, si Dieu veut, nous dépas­se­rons pour la pre­mière fois les 600 prêtres. Cela dit, nous avons encore besoin de bien plus de prêtres ! Nous devons deman­der au Bon Dieu plus de voca­tions ; il y a plu­sieurs pays que nous ne pou­vons pas des­ser­vir comme il fau­drait. Même des pays comme la France ont besoin de plus de prêtres. Nous des­ser­vons près de 70 pays, et nous sommes éta­blis dans presque 35.

Pourriez-​vous nous don­ner des nou­velles du sémi­naire en construc­tion aux Etats-Unis ?

Le pro­jet est en cours. C’est un énorme pro­jet, vrai­ment colos­sal. C’est le plus grand pro­jet de construc­tion dans l’histoire de la Fraternité. J’ai été très impres­sion­né par l’action de la Divine Providence et de saint Joseph. La géné­ro­si­té des fidèles a été très impres­sion­nante. Néanmoins, nous n’avons pas encore fini. La pro­chaine étape, c’est le toit, sui­vie des amé­na­ge­ments inté­rieurs. Nous ne sommes pas encore sûrs, mais nous espé­rons emmé­na­ger dans le nou­veau sémi­naire l’année prochaine.

Dans votre der­nière Lettre aux amis et bien­fai­teurs, vous déplo­rez les attaques contre la famille. Pourriez-​vous nous en dire un peu plus ?

Ce sujet à lui seul pour­rait don­ner lieu à tout un entre­tien ! La famille est la cel­lule natu­relle, élé­men­taire de la socié­té humaine. Nous vivons dans un temps très per­ver­ti où les enne­mis de l’Eglise, les enne­mis de la nature humaine tra­vaillent à démo­lir et à cor­rompre cette cel­lule. Et ils le font à plu­sieurs niveaux, celui de l’union de l’homme et de la femme, qui est une ques­tion de nature humaine. Et ils attaquent éga­le­ment la sta­bi­li­té du mariage et les fruits de cette union : les enfants. La dif­fu­sion de la contra­cep­tion dis­so­cie le plai­sir et les res­pon­sa­bi­li­tés à l’égard des enfants.

Puis il y a les péchés qui crient ven­geance contre le Ciel, comme l’avortement : le meurtre d’innocents dans le sein mater­nel. C’est au delà de toute description.

Il y a d’autres abo­mi­na­tions comme la soi-​disant « union » des indi­vi­dus de même sexe, et aus­si les théo­ries du genre et de la pos­si­bi­li­té de chan­ger de sexe.

Enfin, il y a les ten­ta­tions habi­tuelles contre la pure­té et toutes les ver­tus, ce qui n’est pas nou­veau ou spé­cial à notre temps. Mais tout cela cor­rompt le cœur de l’homme au plus pro­fond. Bien sûr, il y a tou­jours eu des per­ver­sions. Mais main­te­nant, nous les trou­vons encou­ra­gées par l’Etat, éta­blies dans le droit ! C’est le sui­cide direct de la socié­té humaine, révol­tée contre Dieu.

En face de ces attaques, vous avez men­tion­né dans votre Lettre notam­ment deux moyens par les­quels la Fraternité se pro­pose d’aider les familles : nos écoles et les retraites spi­ri­tuelles. Quelle est l’importance des écoles catholiques ?

De toute évi­dence, le père et la mère d’un enfant ont la pre­mière res­pon­sa­bi­li­té. Pourtant, il y a une autre auto­ri­té, qui est aus­si père et mère, c’est l’Eglise. Une fois les âmes bap­ti­sées, l’Eglise a le devoir et le droit de s’occuper de la for­ma­tion cor­recte et de l’éducation de ses enfants qui sont des enfants de Dieu.

C’est dans cette pers­pec­tive qu’il faut consi­dé­rer l’école. L’école est une aide appor­tée aux parents qui ont les pre­miers droits et devoirs. Les parents ne sont pas en mesure, en géné­ral, de s’acquitter entiè­re­ment de cette obli­ga­tion par eux-​mêmes. C’est pour­quoi la socié­té humaine inter­vient pour leur four­nir la pos­si­bi­li­té de l’éducation, et avec l’Eglise l’éducation au plan surnaturel.

Bien sûr, si l’Eglise fait son tra­vail cor­rec­te­ment, elle rem­plit les deux obli­ga­tions natu­relles et sur­na­tu­relles de l’éducation, ce qui rend les écoles publiques inutiles. Ceci à condi­tion que le tra­vail soit bien fait ! Mais depuis 50 ans ou plus, l’ensemble du sys­tème de l’enseignement catho­lique a été démo­li. Que cela fut l’œuvre de l’Eglise elle-​même est presque impen­sable ; cela est venu des enne­mis de l’Eglise, ils ont uti­li­sé le sys­tème interne de l’Eglise pour réa­li­ser en par­tie ce travail.

Nous voyons là, concrè­te­ment, la dimi­nu­tion de l’influence de l’Eglise sur la vie humaine natu­relle. C’est un signe de la crise, et com­bien effrayant ! De ce point de vue, nous ne com­pre­nons pas com­ment cer­taines auto­ri­tés ecclé­sias­tiques ne veulent plus que les auto­ri­tés civiles chré­tiennes sou­mettent l’éducation aux lois de Notre Seigneur, par une sorte de laï­cisme pra­tique. On a l’impression qu’elles ont tout sim­ple­ment capi­tu­lé devant la situa­tion actuelle.

Les écoles de la Fraternité sont donc une par­tie essen­tielle de son apostolat ?

Elles le sont, oui, même si elles ne sont pas notre pre­mière prio­ri­té. La pre­mière prio­ri­té est la for­ma­tion des prêtres. Mais com­ment allons-​nous avoir des prêtres si nous n’avons pas édu­qué les enfants capables d’accéder à la prêtrise ?

Quelle est l’importance des efforts de la Fraternité en faveur de l’éducation des enfants ?

Nous avons des écoles par­tout et nous savons que les écoles exigent énor­mé­ment d’énergie, de moyens humains et finan­ciers. Nous com­pre­nons que les familles nom­breuses, en rai­son de la situa­tion actuelle, aient du mal à four­nir les res­sources néces­saires au fonc­tion­ne­ment des écoles. Cependant les écoles sont l’un des prin­ci­paux efforts que four­nit la Fraternité, et je peux vous dire que plus de la moi­tié de nos res­sources y sont consacrées.

Que dire des retraites prê­chées par nos prêtres ? Comment aident-​elles les familles à res­ter catholiques ?

Les retraites mettent les fidèles devant leurs obli­ga­tions face à Dieu. Par consé­quent, lorsqu’elles sont bien faites, tout rentre dans l’ordre. Dieu mer­ci, ces Exercices spi­ri­tuels dis­pensent les grâces néces­saires pour obte­nir cette com­pré­hen­sion des choses.

Quel serait votre mes­sage aujourd’hui pour les familles ?

Courage ! Vous avez la grâce néces­saire pour faire votre devoir. Dieu est pré­sent. Il vous don­ne­ra sa grâce. La croix est lourde, mais elle vient avec la grâce néces­saire pour la porter.

Voyez-​vous sou­vent des exemples édi­fiants de familles catho­liques lors de vos voyages ?

Partout ! Elles sont notre cou­ronne, ces belles familles catho­liques ! C’est très encou­ra­geant et c’est l’une des meilleures preuves concrètes que la vie catho­lique est pos­sible aujourd’hui.

La réunion annuelle des prêtres du dis­trict des Etats-​Unis est consa­crée au thème du mariage cette année. Que recommanderiez-​vous à ceux qui ont l’intention de se marier ?

Faites usage de la ver­tu de pru­dence et ne sui­vez pas l’aveuglement d’une pas­sion amou­reuse. Considérez tous les actes de la ver­tu de pru­dence : recher­cher les conseils, s’éprouver l’un l’autre, en par­ti­cu­lier en ce qui concerne la fidé­li­té et la pure­té. Cette ques­tion de la chas­te­té a été com­prise et ensei­gnée par les saints comme la garan­tie de la fidé­li­té dans le mariage. Garder la chas­te­té avant le mariage est l’une des meilleures garan­ties, mais elle est sou­vent oubliée. Il y a une béné­dic­tion spé­ciale de Dieu pour ceux qui la gardent.

Pour main­te­nir l’esprit des croi­sades du Rosaire pas­sées, une sta­tue pèle­rine va voya­ger dans tout le dis­trict des Etats-​Unis à comp­ter du 25 mars. Pouvez-​vous encou­ra­ger et bénir un tel projet ?

Bien sûr, de tout cœur ! Allez à la Sainte Vierge Marie ; elle est notre Mère. L’avoir plus près de nous ne peut faire que beau­coup de bien.

Quelle par­tie du mes­sage de Fatima, recommanderiez-​vous plus par­ti­cu­liè­re­ment aujourd’hui ?

La dévo­tion à son Cœur Immaculé. C’est la clé du mes­sage de Fatima. Dieu veut que les fidèles entrent plei­ne­ment dans la dévo­tion au Cœur Immaculé et Douloureux de Marie. Alors faisons-le !

Un der­nier mot, Monseigneur ?

Béni soit Dieu ! Rendons grâce à Dieu pour les mer­veilles qu’Il accomplit !

Sources : FSSPX – Traduit de l’anglais du 09/​03/​15

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FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.