La lettre de l’abbé Yves le Roux de mai 2009 – Le masque de la haine

8 mai 2009

Chers amis et bienfaiteurs

Le récent décret papal, réta­blis­sant en jus­tice les évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, a pro­vo­qué une pous­sée de fièvre média­tique dont l’importance ne vous aura sans doute pas échap­pé. Savamment orches­trée, il faut le recon­naître, cette cam­pagne hai­neuse s’est rapi­de­ment pro­pa­gée jusque dans les cou­loirs de quelques évê­chés tou­jours prêts à prendre en marche le train chao­tique du moindre sou­bre­saut catho­dique. Il semble tou­te­fois que la fureur soit quelque peu retom­bée. Cette accal­mie, peut-​être tem­po­raire, nous donne l’occasion de reve­nir, dans un cli­mat moins agi­té, sur cer­tains aspects du décret du 21 jan­vier der­nier.

« À tout Seigneur, tout hon­neur ! » Comment ne point remer­cier, d’abord, la Très Sainte Vierge Marie pour ce décret sou­dain et sur­pre­nant ? Rien ne pou­vait faire sup­po­ser qu’un tel docu­ment soit si vite publié : son inter­ven­tion ne souffre aucun doute. C’est à Elle, en pre­mier, que nous sommes rede­vables et vers qui monte notre reconnaissance.

Ensuite, le cou­rage du Saint-​Père est éga­le­ment remar­quable et mérite nos remer­cie­ments filiaux et recon­nais­sants. Il ne pou­vait igno­rer que la publi­ca­tion de son décret l’exposerait aux cri­tiques acerbes et aux flèches empoi­son­nées. Ces der­nières ne lui ont pas été mesu­rées, déco­chées avec rage par les tam­bours publics et leurs regret­tables caisses de réson­nance. Depuis long­temps, le Saint-​Père n’avait pas été la cible de telles attaques frap­pées du coin de la haine. Nous nous incli­nons devant son cou­rage et lui expri­mons publi­que­ment notre gra­ti­tude. Puisse-​t-​il res­ter vaillant ! Le calme de la mer, encore une fois, n’est sans doute que momen­ta­né… Des lames de fond s’agitent en effet.

Ne nous y trom­pons pas : le décret du 21 jan­vier a ouvert une nou­velle étape du com­bat de la Foi qui ne sera pas moins dure que les pré­cé­dentes ; bien au contraire ! La fumée de la confu­sion, ali­men­tée par le délire d’internet et le manque de vie inté­rieure, aveugle les âmes et les jette dans une anxié­té pro­fonde peu pro­pice à la paix, pour­tant si néces­saire en ces temps cruciaux.

Nous ne revien­drons pas sur tout ce qui a été maintes fois dit et répé­té – très sou­vent ad nau­seam – sur la levée des excom­mu­ni­ca­tions et sur les mau­vais pro­cès qui s’en sont sui­vis : qu’il s’agisse de « l’affaire Williamson », comme il est cou­tume de l’appeler désor­mais, ou des soi-​disant aban­dons de la Fraternité Saint-​Pie X dans ce com­bat de géants, rien n’a man­qué dans le concert des aboie­ments ! Nous met­tons sim­ple­ment au défi ceux qui crient à la tra­hi­son de nous avan­cer une seule preuve concrète, réelle, d’un quel­conque aban­don ou même l’ombre d’une recu­lade de notre part. Ils en seraient bien inca­pables : l’anathème gran­di­lo­quent est l’unique et pauvre argu­ment dont ils usent et abusent. Comment ne point res­ter son­geur, par exemple, face à ces nou­veaux Saint-​Just lorsqu’ils dénoncent les pro­cé­dés révo­lu­tion­naires qui auraient cours au sein de la Fraternité Saint-​Pie X ? Pourquoi leur accorderions-​nous le moindre cré­dit, lorsque l’agitation leur sert de conduite et que leur espé­rance, le plus sou­vent, se résume à l’espoir mala­dif d’une quel­conque reconnaissance ?

A leur égard, la cha­ri­té chré­tienne seule nous intime de ne pas poursuivre.

Il faut seule­ment nous arrê­ter sur le défer­le­ment de haine déver­sé depuis plu­sieurs semaines sur le Pape et sur notre Institut car il s’y trouve matière à bien des enseignements.

Les attaques dont le Pape a été la vic­time vont d’abord bien au-​delà de la per­sonne même de Benoît XVI et visent d’évidence à détruire la papau­té elle-​même. Cette réa­li­té, tris­te­ment ampli­fiée, répétons-​le, par le constat déso­lant de ces confé­rences épis­co­pales joi­gnant ser­vi­le­ment leur voix au concert de ceux qui veulent affai­blir le Pape et sa fonc­tion sainte, consti­tue sans sur­prise la pre­mière leçon.

Il est inté­res­sant de noter éga­le­ment que la Fraternité Saint-​Pie X s’est trou­vée, dans le même élan, sous le tir nour­ri des mêmes bat­te­ries. Quatre évêques, cinq cents prêtres et quelques com­mu­nau­tés reli­gieuses amies répar­tis à tra­vers le monde entier mettent ain­si en émoi les milieux reli­gieux, poli­tique et jour­na­lis­tique. Avouons qu’il y a fran­che­ment de quoi sou­rire devant l’apparente dis­pro­por­tion des réac­tions fébriles aux­quelles nous avons assis­té ! Mais les enne­mis de l’Ēglise, qui grouillent à foi­son dans tous les micro­cosmes sus­dits, savent per­ti­nem­ment que tant que sub­sis­te­ra une poi­gnée d’âmes réso­lues qui refu­se­ront d’abdiquer et de se sou­mettre aux dik­tats révo­lu­tion­naires, ils ne pour­ront pas crier vic­toire car, si pauvres soient-​elles et dotées de si peu de moyens humains, ces âmes leur sont un reproche vivant et insup­por­table de leur pré­va­ri­ca­tion hon­teuse et de leur véri­table félonie.

Ainsi, plu­sieurs épis­co­pats – et non des moindres puisque nous retrou­vons à leur tête, par­mi les plus viru­lents, ceux d’Allemagne, de France et de Suisse – ont pro­duit la preuve mani­feste de leur haine à notre endroit mul­ti­pliant les qua­li­fi­ca­tifs inju­rieux et nous trai­tant publi­que­ment et sans rete­nue comme des sous-​hommes. Pourquoi tant de haine de la part de ces hommes habi­tués pour­tant aux ron­deurs et aux cour­bettes ? Pourquoi cette érup­tion subite qui savait pour­tant se cacher jusqu’ici sous des sou­rires condes­cen­dants ? Sinon parce qu’ils ont com­pris, au soir du 21 jan­vier, que la vic­toire leur échappe et qu’ils ne pour­ront mener la barque de Pierre comme ils l’entendaient. En leur fol orgueil, peut-​être avaient-​ils oublié que le Chef de l’Ēglise est le Christ et qu’Il conti­nue de La diri­ger en se jouant de leurs pauvres argu­ties humaines ?

Nous ne pré­ten­dons pas que le décret papal a réta­blit inté­gra­le­ment les droits du Christ dans son Ēglise et que la vic­toire a son­né défi­ni­ti­ve­ment ; loin s’en faut : ce com­bat dure­ra ce que dure­ra ce monde. Mais com­ment dou­ter un ins­tant, au regard de cette étrange et hai­neuse panique épis­co­pale, que les évêques font feu de tout bois afin de pré­ser­ver « leur » révo­lu­tion qu’ils voient mena­cée et qu’ils devinent, ou qu’ils découvrent, fon­da­men­ta­le­ment bien vaine ?

C’est pour­quoi nous vous invi­tons à repar­tir avec fougue et géné­ro­si­té dans cette nou­velle croi­sade de cha­pe­lets et de sacri­fices en l’honneur du Cœur Immaculée de Marie qu’a lan­cée notre Supérieur Général en ce mois de Marie.

C’est à ce Cœur très saint et très aimé que le Christ a remis la vic­toire : c’est à ses che­va­liers qu’elle est pro­mise. À son école, appre­nons à prier, à nous sacri­fier et lors donc « Dieu don­ne­ra la victoire » !

In Christo sacer­dote et Maria.

Abbé le Roux +