Lettre aux mamans n° 18

N° 18 – Juin 2008

hère Madame,

Dans ma pré­cé­dente lettre, je vous disais que « le res­pect, comme l’o­béis­sance, se trans­met par l’exemple » et j’ai ten­té de vous le démon­trer par quelques faits. Je suis frap­pée de consta­ter, au cours des années, com­bien les enfants deviennent de plus en plus ner­veux, agi­tés, bruyants, bavards, etc.,… et, éga­le­ment, impo­lis dans leur com­por­te­ment et leur lan­gage ! A juste titre, on pour­rait cher­cher la cause de ce phé­no­mène afin d’y remédier.

Permettez-​moi de vous rap­pe­ler que les enfants miment ou répètent ce qu’ils voient ou entendent autour d’eux. En avons-​nous suf­fi­sam­ment conscience ? C’est ce qu’il y a lieu de se deman­der. Un auteur écri­vait que « les exemples cor­rigent mieux que les répri­mandes ». L’expression « prê­cher par l’exemple » est bien élo­quente aussi.

Suite à ma lettre n° 17, je sou­haite à nou­veau vous entre­te­nir du com­por­te­ment et de la tenue en géné­ral et, plus spé­cia­le­ment, dans les églises ou durant la prière.

De par sa nature bles­sée par le péché ori­gi­nel, l’être humain est pous­sé vers la faci­li­té, vers « ce qui est plus pra­tique, plus com­mode » et qui requiert le moins d’ef­forts. Même si le péché ori­gi­nel est effa­cé par le sacre­ment du bap­tême, il reste tou­jours dans l’être humain cette ten­dance vers la paresse que nous devons cor­ri­ger le plus tôt pos­sible chez l’en­fant. N’oublions pas que celui-​ci imite son entou­rage et, en pre­mier lieu, ses parents.

Il vous appar­tient d’i­ni­tier votre enfant à bien se tenir dans la Maison de Dieu : droit, les pieds au sol sans s’ap­puyer exa­gé­ré­ment sur le prie-​dieu ni même debout sur celui-​ci, les mains dans une atti­tude de prière ou un mis­sel – choi­si en fonc­tion de son âge – ouvert dans les deux mains et non posé sur le prie-​dieu ! (com­bien de fois entendons-​nous des mis­sels ou livres de chants qui tombent, faute de les tenir). Tout cela s’ap­prend. Agissez contre ces atti­tudes confor­tables et pra­tiques. Quand je vois les parents faire exac­te­ment le contraire parce qu’ils en ont l’ha­bi­tude, il est logique que l’en­fant vou­dra prier comme papa, comme un « grand », les bras croi­sés (comme s’il était en classe et non à la messe !), s’ap­puyant trop en avant sur le prie-​dieu, s’as­seyant de la même façon que papa comme s’il était dans un fau­teuil, une jambe sur l’autre, ou le corps pen­ché en avant, le dos tor­du,…. et j’en passe. Où est le res­pect de ce lieu saint qu’est la Maison de Dieu ? La tenue res­pec­tueuse à l’é­glise, et plus encore durant la Messe, est une preuve de notre Foi, et même « un acte de Foi » en la pré­sence divine sur nos autels. Alors n’ac­cep­tez pas, je vous en prie, ces tenues irres­pec­tueuses, laxistes, com­modes et confor­tables. L’enfant vous regarde et pense que ce que font papa et maman est bien. Il juge­ra que tout autre édu­ca­teur, maître, caté­chiste et prêtre même, exa­gèrent « puisque papa et maman font ain­si » ou « qu’ils ne me disent rien ». Car le silence des parents qui ne cor­rigent pas au moment vou­lu est un acquies­ce­ment. Pensez que vous avez le devoir de trans­mettre à votre enfant la Foi envers Dieu et le res­pect qui Lui est dû. Rappelez-​vous ce que je vous disais de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : c’est l’at­ti­tude de son père qui lui a fait mieux connaître ce que pou­vait être le Bon Dieu. Quelle responsabilité !

Cette tenue bien­séante à l’é­glise s’ap­prend d’a­bord à la mai­son, en exi­geant de votre enfant une atti­tude cor­recte et polie envers ses proches. Il y a déjà une hygiène pour le corps de votre enfant qui gran­dit, change et évo­lue. Au début c’est dur, il est vrai, mais com­bien vous serez récom­pen­sée par la suite, car il est tout aus­si facile de bien ou de mal se tenir : la pre­mière habi­tude est à incul­quer. Je pense, hélas, que les parents négligent trop ce point qu’ils consi­dèrent peu impor­tant ; peut-​être parce que vous-​même vous le faites aus­si et, par votre silence, vous vous excu­sez ou vous ne vou­lez pas voir la réa­li­té. Ne pen­sez pas que je sois trop sévère. Par amour pour votre enfant il faut le diri­ger, il vous en sera recon­nais­sant plus tard, je puis vous l’assurer.

Voici quelques idées que je vous donne pour aider votre petit enfant à avoir un bon com­por­te­ment, en vous rap­pe­lant que l’en­fant apprend plus par les actes que par les paroles :

- Si cela vous est pos­sible, en semaine, essayez d’emmener votre enfant dans une cha­pelle, une église, pour faire une visite à Jésus. Dites-​lui, avant le pas­sage de la porte, que vous entrez dans un lieu saint : porte ouverte et fer­mée silen­cieu­se­ment, l’eau bénite et le signe de la croix, la recherche de la lampe de sanc­tuaire indi­quant la pré­sence réelle. Apprenez-​lui à ne pas cou­rir, à mar­cher len­te­ment en évi­tant de faire du bruit, parlez-​lui le moins pos­sible ou tout bas, et déli­mi­tez les endroits où il est per­mis d’al­ler et ceux qu’il ne faut pas fran­chir ou qu’il ne faut pas tou­cher : chœur, autels laté­raux, confes­sion­naux, tables et nappes de com­mu­nion, même la marche de la table de com­mu­nion (enfants, il nous était, notam­ment, inter­dit de mon­ter sur la marche de la table de com­mu­nion qui déli­mi­tait le « Saint des Saints »), et autres lieux et objets, etc.,…

Emmenez-​le devant le Saint Sacrement et faites vous-​même une belle génu­flexion, agenouillez-​vous avec lui dans la posi­tion la plus res­pec­tueuse et faites ensemble, à voix très basse, une prière courte et recueillie, sans répondre à ses éven­tuelles ques­tions. Il com­pren­dra au bout de plu­sieurs visites que c’est un lieu où le silence est de rigueur. Puis, quit­tez le lieu de la même façon que l’en­trée. Selon l’âge, ce n’est qu’en sor­tant que vous répon­drez à ses éven­tuelles ques­tions par des expli­ca­tions simples.

- Combien de parents vont com­mu­nier, accom­pa­gnés de leurs plus jeunes enfants qui n’ont pas encore fait leur pre­mière com­mu­nion (chose qui ne se voyait jamais autre­fois, comme je le pré­ci­sais dans ma pré­cé­dente lettre). Les enfants sont debout sur la marche de com­mu­nion, les doigts « propres ! », par­fois avec un gâteau, sur la nappe de com­mu­nion, tirant sur celle-​ci au risque de déchi­rer les bro­de­ries quand il y en a. D’autres enfants, plus petits, dans les bras des parents avec les chaus­sures contre la nappe. Précédemment, je vous le disais, cette manière de faire est sûre­ment pour cer­tains de ces enfants un empê­che­ment pour leur Foi en Jésus-​Hostie. Pour eux, venir s’a­ge­nouiller à la table de com­mu­nion pour rece­voir, la pre­mière fois de leur vie Notre Seigneur, sera deve­nu banal. Se souviendront-​ils, comme nous, de ce grand jour ? Un enfant ne pour­ra jamais devi­ner que ce qu’il fait, dans ces cas là, est un manque de res­pect. C’est à vous, Chère Madame, de le lui apprendre.

- Par ailleurs, je ne com­prends pas l’u­sage de plus en plus fré­quent des pous­settes dans l’é­glise. Est-​ce uni­que­ment le côté pra­tique ? Il y a quelques années encore elles n’é­taient pas accep­tées (et cela est tou­jours vrai dans cer­tains grands lieux de culte où leur accès est for­mel­le­ment inter­dit). Alors ? La cha­pelle n’est pas un garage, sur­tout quand, par­fois, on les voit vides pen­dant tout le temps de la Messe. Quel manque de bon sens quand elles sont mises dans l’al­lée cen­trale (gênant la pro­ces­sion du prêtre et des ser­vants), voire sur les tapis, vers le pre­mier rang ou près de la table de com­mu­nion. Là aus­si, il fau­drait que la maman se dise « si tout le monde fai­sait comme moi ». Il ne vous vien­drait pas à l’es­prit de venir avec une pous­sette si votre famille était invi­tée à une récep­tion par une haute per­son­na­li­té. Oui, le res­pect envers Dieu est peu gar­dé et c’est pour­quoi la foi chré­tienne s’af­fai­blit.

- L’église ou la cha­pelle n’é­tant pas une pou­pon­nière, il serait bon d’é­vi­ter d’y don­ner le bibe­ron au petit der­nier (ou même de l’al­lai­ter – conduite inouïe alors qu’un mini­mum d’i­so­le­ment est requis par pudeur et décence) et le bis­cuit pour conso­ler le plus grand ou de le faire boire à la bou­teille (vous n’as­sis­tez pas à une messe pon­ti­fi­cale en plein air et sous le soleil où cela peut se jus­ti­fier). Un enfant est en mesure de res­ter une heure sans man­ger ni boire. Donnez-​lui ce qu’il faut avant de venir. Vous lui appren­drez ain­si le res­pect du lieu où l’on ne peut pas se per­mettre d’y faire n’im­porte quoi.

- Si votre très petit enfant pense être plus doué que la cho­rale, apprenez-​lui l’hu­mi­li­té en le sor­tant rapi­de­ment (mais cal­me­ment et sans bruit de talons de votre part !). Avez-​vous pen­sé com­bien cela pou­vait gêner le prêtre au moment du ser­mon ou à son recueille­ment et à celui des fidèles pen­dant la Messe ? Il est des parents qui ne réagissent que rare­ment ou tar­di­ve­ment aux gazouillis, pleurs et cris de leur enfant. On a par­fois l’im­pres­sion qu’ils ne se sentent pas concer­nés par le déran­ge­ment occasionné.

Ne cher­chez pas, pen­dant toute la Messe, à expli­quer à l’en­fant où en est le prêtre. Vous ne sui­vez pas votre Messe, vous gênez les voi­sins et vous don­nez un mau­vais exemple aux autres enfants. Tournez-​lui sim­ple­ment les pages du « petit » mis­sel que vous lui aurez offert en lui indi­quant avec le doigt la page cor­res­pon­dante. La pre­mière chose pour un petit enfant, durant la Messe, est d’ap­prendre le res­pect du lieu (silence de la parole, des gestes, la tenue, ne pas se retour­ner, etc.,.…). Que la maman aide son enfant à diri­ger ses regards vers l’au­tel, le prêtre, et il trou­ve­ra Jésus, et petit à petit il prie­ra comme les autres.

Laissez faire aus­si la grâce de Dieu. Il y a votre part (dis­po­ser l’en­fant) et il y a celle de Dieu…

(à suivre)

Une Religieuse.

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