N° 17 – Mai 2008
hère Madame,
Le respect, comme l’obéissance, se transmet par l’exemple, comme j’ai essayé de vous l’expliquer précédemment. Pour que les parents soient ce qu’ils doivent être vis-à-vis de leur enfant, il faut qu’ils sentent Dieu au-dessus d’eux. Si vous ne sentez rien qui s’impose au-dessus de vous, vous ne saurez et ne pourrez rien imposer au-dessous de vous.
Je pense que la personne qui a dit : « On n’obéit qu’à Dieu » a vu très juste. Dieu est à l’origine de toute obéissance, car son amour pour sa créature exige en retour cette soumission. C’est pourquoi l’obéissance à Dieu est la réponse de l’amour de la créature à l’Amour Infini du Créateur, ne l’oublions pas. Aussi, on obéit aux hommes dans la mesure où on les sent les représentants de Dieu, ce qui est parfaitement logique. Quand on n’admet plus Dieu, on n’admet plus de maître. C’est bien ce que nous offre notre société sans Dieu. Ne l’imitons pas, de grâce ! Apprenons à l’enfant cette soumission à Dieu qui est la preuve de notre amour de Dieu. Jésus ne nous l’a-t-il pas rappelé : « Ce n’est pas ceux qui disent : « Seigneur ! Seigneur ! » qui entreront dans le Royaume des Cieux, mais celui qui fait la Volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7, 21). Voilà une réponse à tous les « droits » que l’on inculque aujourd’hui (à tort) à l’enfant et qui paralysent son cœur en déformant sa volonté. Que de fois j’ai entendu un enfant me dire : « C’est mon droit » ou « J’ai le droit ». Je lui réponds que je n’ai jamais entendu dire cela de la part de Jésus. Ce n’est pas une réponse d’un enfant de Dieu. Dieu nous a donné, depuis Moïse, au moins dix grands devoirs dont le plus important reste toujours « d’aimer Dieu par-dessus tout et le prochain aussi comme Dieu » (4ème commandement). Si les Dix Commandements ne sont pas des devoirs, qu’appelle-t-on les devoirs du chrétien. C’est la Révolution de 1789 qui nous a donné ces fausses idées sur les « droits » de l’homme et maintenant, ces idées (non chrétiennes) sont passées dans l’éducation moderne.
Ce sont ces fausses idées qui rendent impossible l’obéissance des enfants. Et j’ai une grande pitié de voir ces pauvres enfants incapables d’obéir, je dis bien qu’ils sont devenus incapables d’obéir par notre faute, parce que nous nous laissons influencer par les idées modernes qui sont directement contre Dieu. Alors, sommes-nous vraiment des éducatrices chrétiennes ? Avons-nous la foi, et celle-ci est-elle vivante ? Vivons-nous selon notre Foi ? Voici quelques exemples bien concrets de ces « droits » de l’enfant, tels que je les rencontre au quotidien.
Lorsque j’assiste à la Messe, quelle profonde tristesse de voir ce manque de respect enseigné (parfois par ignorance) par les parents à leur enfant. Ce n’est pas parce que certains prêtres rencontrent des difficultés pour célébrer la Messe qui a lieu occasionnellement en plein air, qu’il faut oublier que l’église ou la chapelle est la Maison de Dieu et, qu’en conséquence, c’est faire preuve d’un grand irrespect en face de ce Dieu que nous devons adorer, honorer, aimer… et prier, que d’y rencontrer, notamment, les attitudes suivantes : parler à son enfant, (ce n’est pas le lieu ni le moment de faire du catéchisme, ni de donner des explications !) mais de se taire (à commencer par les adultes). Quand un enfant veut dire quelque chose (car un enfant a toujours quelque chose à dire ou à redire !) il est judicieux de ne pas lui répondre avec des paroles, mais par un regard, un geste, un doigt sur la bouche fermée…,et il comprend très vite et traduit dans sa petite tête : ce n’est pas le moment (bien sûr, il l’avait oublié : ce comportement silencieux le lui rappelle gentiment). C’est de cette façon qu’il apprendra à se taire à l’église…. et à ne désirer parler qu’à Dieu, à prier ou chanter….
Un deuxième travers d’irrespect, c’est la bougeotte. Je sais bien qu’un enfant ne peut pas rester toujours immobile. Ce n’est pas de cela dont il s’agit. Mais que de va et vient pour conduire son enfant aux toilettes. C’est souvent le signe que votre enfant s’ennuie et qu’il a besoin de se distraire. Par expérience, il ne faut pas hésiter à faire attendre un peu l’enfant (tout en l’observant sans le faire remarquer). Vous constaterez que souvent il n’y pense plus. Mais une sage façon est de lui faire prendre ses précautions avant la Messe quand nous savons notre enfant sujet à cette nécessité. Je voudrais vous rappeler que lorsque j’étais petite, nous n’avions pas cette possibilité de sortir durant la Messe, car il n’y avait pas de lieux à notre disposition avoisinant l’église. On le savait, on faisait attention avant de quitter la maison. Maintenant qu’il y a cette possibilité pour les malades ou les accidents imprévisibles, tout le monde en profite, quel que soit le moment de la Messe. Si un enfant demande à sortir pendant le Canon, a fortiori pendant la Consécration, faites-lui comprendre par un signe que c’est « non » et qu’il devra attendre. Et croyez-moi, à moins de maladie reconnue ou d’une nécessité absolue et très occasionnelle, un enfant peut attendre, si vous lui apprenez la patience. Je me permets de vous dire cela, l’ayant expérimenté chez des enfants, y compris des petits. C’est une sorte d’ascèse que cette retenue, mais une ascèse adaptée aux jeunes enfants. Faites-en l’expérience et vous le constaterez vous même.
Récemment, assistant à la Messe, un père (au quatrième rang) était avec son petit garçon et sa petite fille (5 et 3 ans environ). Etant derrière je fus distraite malgré moi ! Cette petite ne cessait pas de tourner la tête dans tous les sens, se faisant remarquer, elle montait sur l’agenouilloir, et finalement, elle est sortie de son banc, a descendu la nef, puis l’a remontée bruyamment « en courant » ! avec sa poupée dans les bras, vraisemblablement donnée par sa maman qui devait se trouver au fond de la chapelle. Toute triomphante, elle a voulu grimper sur les genoux de son père pour se faire câliner. Et le père de s’exécuter ! Et à la fin, le père est allé communier avec l’enfant trottant devant lui, sa poupée dans les bras. Excusez-moi, mais vraiment vous comprendrez que ce n’était pas le lieu pour un enfant de venir avec un jouet. A ce propos, je profite de l’occasion pour vous recommander d’évitez de donner à votre enfant toute sorte d’objets pour l’occuper, parfois bruyants, ce qui ne lui apprend pas à se tenir ni, selon son âge, à prier dans la Maison de DIEU. Savez-vous qu’il existe, notamment, des livres en toile. Pourquoi oser et accepter cela ? L’audace de faire ainsi montre une bien grande ignorance sur la façon de se comporter dans un tel lieu, en présence du Très Saint Sacrement Où sommes-nous ?
Ce « droit » qu’on a donné progressivement au cours de ces dernières années (15/20 ans environ) à l’enfant, (qui n’a pas encore fait sa première communion) d’accompagner les parents au banc de communion, est une grave erreur, et ceci pour plusieurs raisons.
En plus du manque de respect, comme signalé dans l’exemple ci-dessus, j’ai remarqué, en préparant des enfants à la première communion, qu’ils étaient, pour un grand nombre, déjà habitués à s’approcher de la Sainte Table, et qu’ils y avaient contracté de mauvaises habitudes : celle de ne pas joindre les mains, d’y aller, bras ballants, ou les bras croisés comme pour attendre (on ne sait quoi !), ou en regardant en l’air ou de tous les côtés. Bref ! il fallait leur enseigner l’attitude recueillie qu’ils n’avaient pas apprise en regardant les parents. Et cela est pourtant la première chose à leur inculquer. Pourquoi ? Si les parents vont communier avec toute leur progéniture, ils ne peuvent pas y aller et en revenir d’une manière recueillie, les mains jointes et les yeux baissés. Les parents doivent tenir un enfant par la main, guider le deuxième pour retrouver sa place. Résultat : l’enfant ne voit jamais son père et sa mère revenir de la Communion dans une attitude adorante et recueillie lui montrant qu’ils ont reçu le Bon Dieu. Ils sont plutôt occupés à l’ordre matériel de tous ces petits et sont bien distraits de l’essentiel, et finalement, ce n’est pas plus compliqué que cela : les enfants imitent leurs parents (ils vous imitent). Croyez-moi, Dieu qui est « Notre Père » bénira votre enfant bien mieux s’il se tient bien durant la Messe (silence, ne pas parler, ne pas se retourner, bien se tenir sans chercher à jouer sur les genoux de maman ou de papa pour faire « passer le temps », mais lui apprendre à prier, selon son âge, avec des livres appropriés).
A ce propos le Père Emmanuel explique bien à la maman ce qu’il faut apprendre à l’enfant tout petit, et de quelle façon. Ce prêtre fut un grand pédagogue : suivez son enseignement dans le livre (Lettres à une mère sur la foi)que je vous invite instamment à lire ou relire.. C’est à méditer afin d’en vivre et de le transmettre à votre enfant.
C’est ce que je vous souhaite de tout cœur avec la grâce de Notre-Seigneur et l’intercession de sa Sainte Mère.
(à suivre)
Une Religieuse.
Adresse courriel de la Lettre aux mamans sur l’éducation
Rappel de conseils de lecture : Catéchisme des plus petits enfants par le Père Emmanuel. (édité par Dominique Martin Morin)