Lettre sur les vocations n° 23 de 2015 : Pourquoi le monde va-​t-​il si mal ?

Le mot du Second Assistant du District de France

Chers Croisés,

Ne sommes-​nous pas pris de ver­tige à la vue de la socié­té contem­po­raine et de l’é­tat de notre pauvre patrie ? Oui, tout le monde en convient, la socié­té va mal. Et il ne s’a­git pas d’é­lu­cu­bra­tions de para­noïaques sor­dides. Il suf­fit de voir la réa­li­té qui nous entoure et les faits divers tous plus hor­ribles les uns que les autres, rapi­de­ment dif­fu­sés dans le monde entier. Personne ne sou­tient que nous vivons dans une socié­té pai­sible, unie, pros­père, où cha­cun peut accom­plir son devoir d’é­tat en toute quié­tude. Si le constat est mal­heu­reu­se­ment facile à faire, la recherche des causes, en revanche, sera beau­coup plus sujette à dis­cus­sion par­mi nos contem­po­rains. Et pour­tant, nous catho­liques, nous les connaissons.

Pourquoi le monde va-​t-​il si mal ? Parce que l’on ne veut pas écou­ter celui qui a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne la donne pas comme la donne le monde »((Jean, 14, 27)). Dans son magni­fique dis­cours après la Cène (St Jean, 14–16), Notre-​Seigneur Jésus-​Christ donne à ses Apôtres, et donc à nous­mêmes, le pro­gramme de cha­cune de nos vies : aller à Dieu le Père par lui, Jésus-​Christ [« Je suis la voie, la véri­té et la vie ; nul ne va au Père que par moi »((Jean, 14,6 ))] et pour cela vivre en état de grâce en obser­vant ses com­man­de­ments [« Si vous m’ai­mez, gar­dez mes C hers croi­sés, 2 com­man­de­ments »((Jean, 14,15 ))] et pra­ti­quer la cha­ri­té fra­ter­nelle [« Aimez-​vous les uns les autres »((Jean, 15,12 ))]. Et le fruit de tout cela sera pré­ci­sé­ment la paix.

En d’autres termes, il ne s’a­git ni plus ni moins de ce qu’on nomme le règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, étant le maître de toutes choses, créa­teur et fin de toutes choses, est appe­lé à régner sur les indi­vi­dus, les familles et les socié­tés par sa loi. « Il faut qu’il règne »((1 Co 15,25 )) nous dit saint Paul. Et d’au­tant plus qu’il est aus­si mort pour nous et qu’il nous a rache­tés. Notre-​Seigneur règne-​t-​il aujourd’­hui dans le monde ? Poser la ques­tion c’est mal­heu­reu­se­ment y répondre par la néga­tive. Non seule­ment nos socié­tés ne veulent pas de Jésus-​Christ, mais en plus elles font tout pour détruire ce qui reste de la chré­tien­té ; et ce, par la laï­ci­té et la sécu­la­ri­sa­tion des Etats. Alors ne soyons pas éton­nés du chaos dans lequel nous vivons.

Et pour­tant la chré­tien­té a exis­té. Même si tout n’é­tait pas par­fait (les consé­quences du péché ori­gi­nel exis­te­ront jus­qu’à la fin du monde !), Notre-​Seigneur était vrai­ment le roi dans les cités, dans les familles, dans les indi­vi­dus. Quelle en était la consé­quence ? Laissons notre fon­da­teur, Mgr Marcel Lefebvre, nous le dire :

« Il y avait alors cet esprit de dépen­dance, de sim­pli­ci­té, de dis­cré­tion, d’hu­mi­li­té dans les foyers. Dans les familles ger­maient des voca­tions en nombre consi­dé­rable, parce que les gens sen­taient le besoin d’al­ler au méde­cin des âmes, ils res­sen­taient cet appel constant d’al­ler à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, d’être dépen­dant de lui »((Mgr Marcel Lefebvre, La vie spi­ri­tuelle, p.78)).

Plus Notre- Seigneur règne dans la socié­té, plus il y a de voca­tions, de per­sonnes qui se donnent à Jésus-​Christ, plus les gens se sanc­ti­fient et plus la paix règne dans le monde. L’inverse est vrai éga­le­ment. Plus il y a de voca­tions, plus les gens obéissent à la loi de Dieu et plus Notre-​Seigneur règne.

Il est ain­si aisé de com­prendre que cette croi­sade pour les voca­tions est fon­da­men­tale. Il nous faut tou­jours davan­tage de prêtres et de saints prêtres pour ®éta­blir le règne indi­vi­duel, fami­lial et social de Jésus-​Christ. C’est ce que disait saint Pie X au début de son Exhortation au cler­gé catho­lique du 4 août 1908, Hærent ani­mo :

« Par cette Exhortation, ce ne sont pas seule­ment vos inté­rêts que Nous défen­drons, mais aus­si les inté­rêts com­muns des nations catho­liques, les uns ne pou­vant en aucune façon être sépa­rés des autres. En effet, le prêtre est tel qu’il ne peut pas être bon ou mau­vais pour lui seul ; mais de quelles consé­quences sont pour le peuple sa conduite et sa manière de vivre ! Quel immense tré­sor qu’un prêtre vrai­ment bon, par­tout où il se trouve ».

Alors soyez déjà remer­ciés de vos prières et de vos sacri­fices pour l’ob­ten­tion et la per­sé­vé­rance des voca­tions sacer­do­tales et reli­gieuses. Mais conti­nuez, ne vous relâ­chez pas. Dieu béni­ra vos efforts. Certes, ce n’est peut-​être qu’au Ciel que vous en ver­rez les fruits, mais d’ici-​là vous aurez obte­nu de la misé­ri­corde de Dieu les prêtres, reli­gieux et reli­gieuses, qui auront tra­vaillé au règne du Christ-​Roi sur la terre et contri­bué à y appor­ter sa paix.

Abbé Emeric BAUDOT† , Assistant du Supérieur du District de France