Lettre sur les vocations n° 26 d’avril 2018 – Donnez-​nous des vocations religieuses et sacerdotales

Le mot du Supérieur du District de France


Prise de sou­tane, sémi­naire de Flavigny, février 2018

Donnez-​nous des vocations religieuses et sacerdotales

Il y a cin­quante ans, dans les vil­lages et les villes de France, au fond des cam­pagnes les plus recu­lées, le son des cloches réjouis­sait les cœurs des habi­tants. Les jour­nées étaient ryth­mées quo­ti­dien­ne­ment par le triple appel de l’Angélus, tan­dis que chaque dimanche les cloches à la volée appe­laient les fidèles pour la grand­messe. Les évé­ne­ments heu­reux et mal­heu­reux étaient annon­cés par les tin­te­ments joyeux ou par le glas. Les églises étaient pleines, les salles de caté­chisme aus­si. Chaque paroisse avait son curé, aidé d’un vicaire. C’était hier !

Aujourd’hui, « il y a grande pitié au royaume de France », beau­coup de clo­chers se sont tus, les églises sont déser­tées, d’autres menacent ruine, cer­taines sont détruites. Les pres­by­tères sont ven­dus ain­si que de nom­breux cou­vents ou monas­tères. Hier les cal­vaires pla­cés à la croi­sée des che­mins étaient fleu­ris, aujourd’­hui beau­coup tombent en décré­pi­tude ou sont enva­his par les ronces, quand ils ne sont pas sac­ca­gés. Un tel désastre est dû à la dis­pa­ri­tion des prêtres et des reli­gieux au len­de­main du der­nier concile qui a déna­tu­ré le sacer­doce. La révo­lu­tion litur­gique qu’il a engen­drée a fait des ravages. On annon­çait alors un prin­temps radieux pour l’Église ; c’est un hiver gla­cial qui l’a enva­hie. Le Père Garrigou-​Lagrange, émi­nent Dominicain, écri­vait que « si le minis­tère du prêtre ces­sait, le monde retour­ne­rait au paga­nisme[1] ». Le paga­nisme d’au­jourd’­hui, ce sont les plai­sirs, le maté­ria­lisme et l’in­di­vi­dua­lisme qui gan­grènent les cœurs, les familles et la socié­té tout entière.

Saint Ambroise, évêque de Milan au IVe siècle, défi­nis­sait le prêtre comme étant « le vicaire de l’a­mour du Christ ». En effet chaque fois qu’il monte à l’au­tel, le prêtre per­pé­tue l’acte de cha­ri­té le plus grand qui ait été posé, celui accom­pli par le Christ sur le Calvaire le Vendredi Saint. Lorsqu’il admi­nistre les sacre­ments, il répand dans les âmes la cha­ri­té du Christ, qui se dif­fuse elle-​même alors dans les familles et dans la société.

Le car­di­nal Pie a admi­ra­ble­ment décrit le rôle du prêtre lors d’une retraite sacerdotale :

« Les âmes, dont une seule vaut plus que toute la créa­tion maté­rielle, Dieu ne leur donne toute leur parure que par la main du prêtre. Leur robe, leur beau­té, leur ali­ment, les âmes ne les reçoivent que du minis­tère sacer­do­tal. En règle géné­rale, et à part les voies excep­tion­nelles que le Tout-​Puissant s’est réser­vées, si le ministre sacré n’a pas ver­sé l’eau et pro­non­cé les paroles requises, l’âme ne naî­tra pas à la vie sur­na­tu­relle ; s’il ne confère les autres sacre­ments, l’âme ne pren­dra pas les divers accrois­se­ments spi­ri­tuels, ne rece­vra pas les diverses modi­fi­ca­tions de la vie divine qui doivent la pré­pa­rer aux célestes trans­for­ma­tions de la gloire. Si le prêtre n’ex­pose pas la doc­trine, s’il n’en­seigne pas la per­fec­tion, l’âme ne se revê­ti­ra pas de lumière, ne s’é­maille­ra pas de fleurs, ne se char­ge­ra pas de fruits ; s’il n’é­tu­die pas la vie mys­tique spi­ri­tuelle pour la com­mu­ni­quer, la répandre autour de lui, les ver­tus supé­rieures et réser­vées ne ger­me­ront pas dans les jar­dins de l’Époux (…). Dans l’ordre reli­gieux, au contraire, il a presque tout remis aux mains du prêtre : c’est lui dont la main doit s’ou­vrir pour que la béné­dic­tion sur­na­tu­relle des­cende, et que, rem­plis­sant toute la capa­ci­té des âmes, elle déborde jusque sur la créa­tion exté­rieure et visible [2] ».

Le secret de l’é­clo­sion des voca­tions réside, avant tout, dans la famille chré­tienne. Le pape Pie XII l’af­fir­mait par ces mots :

« Que les exemples don­nés dans la famille soient tels que l’on puisse dire d’elle en une cer­taine manière qu’elle est le pre­mier sémi­naire et le pre­mier novi­ciat[3] ».

La famille chré­tienne est en effet le creu­set des voca­tions reli­gieuses et sacer­do­tales : lors­qu’y brille l’es­prit de sacri­fice – c’est-​à-​dire le dévoue­ment, l’ou­bli de soi, le par­don des offenses – ain­si qu’une vie de prière régu­lière, l’ap­pel de Dieu est enten­du et reçu avec géné­ro­si­té. Le maté­ria­lisme, l’é­goïsme, l’in­di­vi­dua­lisme rendent l’ap­pel divin inau­dible car ils sté­ri­lisent les âmes.

L’école catho­lique favo­rise aus­si l’é­clo­sion des voca­tions. M. Bourdoise (fon­da­teur du sémi­naire de Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet au XVIIe siècle) disait que « l’é­cole, c’est le novi­ciat du chris­tia­nisme ». Elle doit être le pro­lon­ge­ment de l’é­du­ca­tion don­née en famille. Aujourd’hui, plus de 90% des jeunes gens qui entrent au sémi­naire sont issus de familles catho­liques et de nos écoles.

Chers Parents, vous qui faites des sacri­fices héroïques pour ins­crire vos enfants dans de bonnes écoles, soyez cer­tains que des voca­tions reli­gieuses et sacer­do­tales se lève­ront dans vos familles. Celles-​ci atti­re­ront des grâces spé­ciales sur vos foyers. Dans l’é­ter­ni­té, ces voca­tions favo­ri­sées et accep­tées brille­ront sur vos cou­ronnes comme des pierres précieuses.

Des enfants éle­vés dans de bonnes familles chré­tiennes et fré­quen­tant des écoles vrai­ment catho­liques se trouvent dans les meilleures condi­tions pour que la grâce croisse en eux. L’appel de Dieu est alors comme l’a­bou­tis­se­ment de cette édu­ca­tion. Monseigneur Lefebvre le rappelait :

« La voca­tion n’est pas le fait d’un appel mira­cu­leux ou extra­or­di­naire, mais l’é­pa­nouis­se­ment d’une âme chré­tienne qui s’at­tache à son Créateur et Sauveur Jésus-​Christ d’un amour exclu­sif et par­tage sa soif de sau­ver les âmes[4] ».

L’an der­nier, Dieu a enten­du vos prières. De belles voca­tions sont entrées au sémi­naire et dans dif­fé­rentes com­mu­nau­tés de la Tradition. D’autres se pré­parent pour l’an pro­chain. Ainsi, s’il plaît à Dieu, demain, la cha­ri­té du Christ se dif­fu­se­ra davan­tage dans nos prieu­rés et nos écoles où les prêtres et les frères sont tant attendus.

Entrez avec géné­ro­si­té dans cette nou­velle croi­sade des voca­tions ! Notre-​Seigneur enver­ra des ouvriers à sa mois­son comme Il l’a pro­mis. Surtout, que les enfants la rejoignent en réci­tant la neu­vaine pré­vue du 5 au 13 mai. Notre-​Seigneur ne résiste pas à leurs prières.

Que Notre-​Dame Reine du Clergé, Mère de toutes les voca­tions reli­gieuses et sacer­do­tales, inter­cède auprès de son divin Fils pour qu’Il nous donne beau­coup de saintes voca­tions reli­gieuses et sacerdotales.

Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian BOUCHACOURT† , Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X 

Croisade des vocations 2018 – Répondre à l’appel

Lire l’in­té­gra­li­té de cette lettre de la croi­sade des voca­tions ICI 
Appel à tous les enfants de bonne volon­té : neu­vaine pour les voca­tions du 5 au 13 mai 2018, abbé C. Bouchacourt
Seigneur, donnez-​nous des prêtres ! – Appel aux mamans et aux grand mères en faveur du sacer­doce catholique

Image de la croisade des vocations 2018

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Notes de bas de page
  1. RP Garrigou-​Lagrange, l’u­nion du prêtre avec le Christ prêtre et vic­time, p. 190.[]
  2. Cardinal Pie, OEuvres de l’Evêque de Poitiers, Tome 2, avec le cler­gé dio­cé­sain, suite à la retraite sacer­do­tale de 1853, p. 20–21.[]
  3. Pie XII, Pergratus nobis, 3 avril 1958, au congrès des états de per­fec­tion du Portugal.[]
  4. Monseigneur Marcel Lefebvre, lettre Albano du 17 octobre 1983.[]

FSSPX Second assistant général

Né en 1959 à Strasbourg, M. l’ab­bé Bouchacourt a exer­cé son minis­tère comme curé de Saint Nicolas du Chardonnet puis supé­rieur du District d’Amérique du Sud (où il a connu le car­di­nal Bergoglio, futur pape François) et supé­rieur du District de France. Il a enfin été nom­mé Second Assistant Général lors du cha­pitre élec­tif de 2018.