Editorial du numéro 31 de mars 2013 – Aux Sources du Carmel : la grâce du moment présent

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise

La grâce du moment présent
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

« N’ayez donc point de sou­ci du len­de­main : le len­de­main aura sou­ci de lui-​même. À chaque jour suf­fit sa peine [1] ». Par ces paroles, notre Divin Maître nous invite à vivre le moment pré­sent et à le sanctifier.

Dans la prière du Pater, Il nous enseigne à deman­der « notre pain quo­ti­dien », car Dieu nous donne ses dons et en par­ti­cu­lier sa grâce pour le moment pré­sent, comme les Hébreux dans le désert rece­vaient la manne pour le jour même.

La salu­ta­tion angé­lique, dans sa deuxième par­tie, insiste quant à elle sur le mot « main­te­nant » ; c’est pour ce moment que nous sol­li­ci­tons les prières de Notre Dame, et pour l’heure de la mort lors­qu’elle sera deve­nue le moment présent. 

Lors de sa der­nière mala­die, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « je ne vois que le moment pré­sent, j’ou­blie le pas­sé et je me garde bien d’en­vi­sa­ger l’a­ve­nir [2] »

Le pré­sent est notre seule richesse, car le pas­sé ne nous appar­tient plus et l’a­ve­nir nous est incon­nu. De plus, Dieu veut que nous vivions dans le pré­sent, sans nous inquié­ter du len­de­main. Le pré­sent est une ouver­ture sur l’é­ter­ni­té. L’instant pré­sent exprime la volon­té de Dieu et nous livre la pré­sence divine. Dieu nous demande d’être à telle place, à tel moment, accom­plis­sant telle action ; c’est là qu’Il nous attend avec sa grâce. Si nous le cher­chons ailleurs, nous Le manquerons.

L’espérance, qui nous fait attendre l’ins­tant éter­nel, est la ver­tu qui amène l’âme à vivre l’ins­tant pré­sent. Car c’est en le sanc­ti­fiant que nous attein­drons l’ob­jet de notre espé­rance. Ce que Dieu attend de nous, c’est de regar­der et d’ac­com­plir ce qu’Il met sous nos yeux et rend pos­sible quand Il le veut. « Ce qui touche le cœur de Dieu et en triomphe, c’est une ferme espé­rance »,enseigne saint Jean de la Croix [3]. Dieu donne sa grâce au fur et à mesure de nos besoins. « Ma grâce te suf­fit »,disait-​il à saint Paul [4] et sainte Thérèse de l’Enfant-​Jésus de recon­naître : « Il me donne à chaque ins­tant ce que je puis sup­por­ter, pas davan­tage. Et si le moment après, Il aug­mente ma souf­france, Il aug­mente ma force. [5] »

Mais si l’es­pé­rance est néces­saire pour vivre l’ins­tant pré­sent, elle ne suf­fit pas. Il faut encore la foi et la cha­ri­té. En effet, en vivant l’ins­tant pré­sent, nous devons ne plus pen­ser ni au pas­sé, ni au futur. Mais de plus il faut croire que Dieu est pré­sent dans ce moment, par sa volon­té qu’Il mani­feste et la grâce qu’Il accorde. « La foi nous donne Dieu », explique saint Jean de la Croix [6], à la mesure où nous savons ouvrir notre âme. La foi nous per­met de nous unir à Dieu dans l’ins­tant pré­sent et de Le ren­con­trer en toutes choses sous des aspects dif­fé­rents : dans la souf­france, comme dans le pro­chain ou dans le devoir d’é­tat ou tel évé­ne­ment impré­vu. « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu »,disait saint Paul [7].

Quant à la cha­ri­té, elle nous fait vivre dans l’ac­tion de grâces et l’of­frande de nous-​mêmes. Dieu attend l’of­frande de ses dons pour redou­bler de libé­ra­li­té à notre égard ; Il attend même l’o­bla­tion de nous-​mêmes. Par ce don de soi nous pos­sé­dons Dieu. « L’âme qui sou­haite que Dieu se livre entiè­re­ment à elle, doit se livrer tout entière à Lui, sans aucune réserve. [8] »

Comment sanc­ti­fier l’ins­tant pré­sent au milieu de nos occu­pa­tions quo­ti­diennes en ce XXIème siècle tré­pi­dant ? Les temps que nous vivons nous obligent à comp­ter davan­tage sur Dieu car nous ne pou­vons plus nous fier aux valeurs humaines. Aussi notre époque est-​elle bien pro­pice à com­prendre la valeur de l’ins­tant pré­sent. La pre­mière dis­po­si­tion est d’ac­com­plir la volon­té de Dieu en tout : faire ce qu’Il veut et quand Il le veut ; être dis­po­nible, atten­tif à sa grâce et accep­ter joyeu­se­ment ce qu’Il nous offre. De plus, il faut le déta­che­ment de soi-​même, de sa volon­té propre, la pau­vre­té spi­ri­tuelle : c’est la condi­tion pour être dis­po­nible. Lorsque nous sommes alors unis à Dieu à chaque ins­tant, nous domi­nons le temps et vivons l’é­ter­ni­té com­men­cée. Nous fai­sons ce que nous ferons dans l’é­ter­ni­té : nous bénis­sons Dieu, nous L’adorons, nous L’aimons.

« Celui qui a l’ins­tant pré­sent, a Dieu », affirme sainte Thérèse d’Avila [9].

Saint temps de Carême ! 

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq †

« Avoir une grande dou­leur pour tout moment per­du ou qui ne se passe pas à aimer Dieu. » 

St Jean de la Croix, Écrits spi­ri­tuels, Degrés de per­fec­tion, 7, in Jean de la Croix. Œuvres com­plètes, Cerf, 1997, p. 313. 

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines :

Retraite du 7 au 12 jan­vier 2013 : 16 H 00 ‑16 H 00 au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou
Retraite du15 au 20 juillet 2013 : 16 H 00 ‑16 H 00 au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou 

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78

Comme l’in­dique l’or­do de 2012,des messes sont célé­brées au Mans
tous les dimanches et fêtes d’o­bli­ga­tion à l’a­dresse suivante : 

Chapelle Notre-​Dame de l’Annonciation
1, rue des Edelweiss
72000 Le Mans
(Quartier des Maillets)

Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17

Notes de bas de page
  1. Mt. 6, 34.[]
  2. Histoire d’une âme, ch. XII, édi­tion 1907, p. 233–234. []
  3. Œuvres spi­ri­tuelles de saint Jean de la Croix, Paris, Éd. du Seuil, 1948, Maxime 112, p. 1195. []
  4. 2 Cor., 12,9.[]
  5. Histoire d’une âme, ch. XII, édi­tion 1907, p. 245–246.[]
  6. Montée du Carmel, livre II., ch. 24.[]
  7. Rom. VIII, 28.[]
  8. St Jean de la Croix, in Jean de la Croix. Œuvres com­plètes, Éd. Cerf, 2001, p. 284, n°126.[]
  9. Cf. Jean Lafrance, Prie ton Père dans le secret, Paris, Éd. Médiaspaul, 1993, p. 133.[]