Saint Clément Ier

4e Pape. De 92 à 99

vers 95-96

Épître aux Corinthiens

Pour que vive la charité dans la communauté

Disciple de saint Paul qui en parle dans sa lettre aux Philippiens (4.3), il est l’un des pre­miers suc­ces­seurs de saint Pierre sur le siège de Rome. Mais on sait peu de choses de son pon­ti­fi­cat en ce temps de l’Eglise nais­sante. Sa lettre aux Corinthiens est le pre­mier docu­ment où l’on voit l’Eglise de Rome inter­ve­nir dans une autre Eglise pour qu’y vive la cha­ri­té, docu­ment inap­pré­ciable par la fraî­cheur du texte si proche des rédac­tions des évan­gé­listes. Selon la tra­di­tion il a été exi­lé en Crimée à Cherson où il a subi le mar­tyre par noyade. Ses reliques furent rame­nées à Rome par les saints Cyrille et Méthode au IXe siècle.

L’épître est écrite avant l’an 110, date approxi­ma­tive à laquelle l’évêque de Smyrne, Polycarpe, la cite. D’autre part, elle est écrite après la ter­rible per­sé­cu­tion de Néron, en l’an 64, sur laquelle d’ailleurs elle nous ren­seigne. Tout concorde donc pour fixer la com­po­si­tion de l’épître vers la fin du règne de Domitien. Voici quelle est la suc­ces­sion des empe­reurs romains à l’époque : Néron (54–68), Vespasien (69–79), Domitien (81–96), Nerva (96–98), Trajan (98–117). La per­sé­cu­tion reprit alors, moins san­glante que du temps de Néron, mais rusée et chi­ca­nière. La lettre serait donc écrite vers 95 ou 96.

L’Église de Dieu qui séjourne à Rome à l’Église de Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux qui ont été appe­lés et sanc­ti­fiés dans la volon­té de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Que la grâce et la paix vous soient don­nées du Dieu tout-​puissant par le Christ Jésus en abondance !

I, 1. Ce sont les mal­heurs et les épreuves dont nous avons été frap­pés sou­dai­ne­ment et coup sur coup qui nous ont rete­nus trop long­temps, à notre gré, de nous tour­ner vers vous, bien-​aimés, et de nous occu­per des affaires en litige par­mi vous, de cette sédi­tion qui n’a ni droit ni place par­mi des élus de Dieu, œuvre de souillure et d’impiété, qu’une poi­gnée d’individus a com­men­cée ; et le feu qu’ils ont allu­mé, ils l’ont por­té à un tel degré de démence, que votre nom révé­ré, célé­bré, jus­te­ment aimé de tous, s’en trouve gran­de­ment décrié. 2. Qui donc n’est reve­nu de chez vous convain­cu de la qua­li­té et de la soli­di­té de votre foi, plein d’admiration pour la sagesse et la mesure de votre pié­té dans le Christ, pro­cla­mant par­tout la géné­ro­si­té de votre accueil, éle­vant aux nues la per­fec­tion et la sûre­té de votre connais­sance ! 3. Vous agis­siez en tout sans accep­tion de per­sonnes, vous mar­chiez dans les com­man­de­ments de Dieu, vous obéis­siez à vos chefs, vous ren­diez à vos anciens l’honneur qui leur est dû. Aux jeunes gens vous deman­diez une atti­tude posée et digne ; aux femmes vous recom­man­diez d’accomplir tous leurs devoirs avec une conscience irré­pro­chable, sainte et pure, aimant leurs maris comme il convient ; vous leur ensei­gniez à gou­ver­ner sain­te­ment leur mai­son, sans se sous­traire à la règle de l’obéissance en toute discrétion.

II, 1. Tous, vous vous mon­triez humbles, exempts de jac­tance, plus prompts à obéir qu’à com­man­der, plus heu­reux de don­ner que de rece­voir. Les via­tiques du Christ vous suf­fi­saient et c’est à eux que vous appli­quiez votre esprit ; oui, vous teniez ses paroles soi­gneu­se­ment gra­vées dans votre cœur et ses souf­frances étaient devant vos yeux. 2. C’est ain­si qu’une paix pro­fonde et féconde vous avait été don­née avec un désir insa­tiable de faire le bien ; et une abon­dante effu­sion de l’Esprit-Saint s’était répan­due sur tous. 3. Il n’y avait en vous que volon­té droite, bon zèle, confiante pié­té, lorsque vous éle­viez vos mains vers le Tout-​Puissant pour lui deman­der de vous regar­der avec bien­veillance, si vous aviez com­mis quelque faute invo­lon­taire. 4. Vous lut­tiez jour et nuit pour toute la com­mu­nau­té des frères, afin que soit sau­vé (grâce à votre com­pas­sion et à votre com­mu­nion de sen­ti­ments) le nombre des élus de Dieu. 5. Vous étiez sin­cères, simples, sans ran­cune. 6. Toute sédi­tion, tout schisme vous fai­sait hor­reur. Vous pleu­riez sur les fautes de votre pro­chain ; ses défaillances étaient les vôtres, selon vous. 7. Vous étiez sans repen­tir dans toutes vos bonnes actions, « prêts à toute bonne œuvre » (Tt 3, 1). 8. Une vie toute de ver­tu et d’honneur était votre parure. Vous accom­plis­siez toutes vos actions dans la crainte de Dieu.

Les com­man­de­ments et les pré­ceptes du Seigneur étaient écrits sur les tables de votre cœur.

III, 1. La gloire et la pros­pé­ri­té vous avaient été don­nées en plé­ni­tude et ce mot de l’Écriture s’était accom­pli pour vous : « Il a man­gé et il a bu, il s’est engrais­sé et il a regim­bé, le bien-​aimé » (Dt 32, 15). 2. De là sont nés la jalou­sie et l’envie, la dis­corde et la sédi­tion, la per­sé­cu­tion et le désordre, la guerre et la cap­ti­vi­té. 3. C’est ain­si que « les manants s’en sont pris aux nobles, les petits aux illustres, les insen­sés aux sages, les jeunes aux anciens » (Is 3, 5). 4. Aussi, adieu la jus­tice et la paix, puisque désor­mais cha­cun a délais­sé la crainte de Dieu, obs­cur­ci le regard de la foi ; per­sonne ne marche plus dans les com­man­de­ments de Dieu, per­sonne ne mène une vie digne du Christ, mais cha­cun marche selon les dési­rs de son cœur per­vers, nour­ris­sant en lui la jalou­sie enne­mie de toute jus­tice et de toute pié­té, par laquelle « la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24).

IV, 1. Voici en effet ce qui est écrit : « Le temps pas­sa et il advint que Caïn pré­sen­ta des pro­duits du sol en offrande à Dieu et qu’Abel de son côté offrit des premiers-​nés de son trou­peau et même de leur graisse. 2. Or, le Seigneur agréa Abel et son offrande, mais il n’agréa pas Caïn et son offrande ; 3. et Caïn en fut très irri­té et eut le visage abat­tu. 4. Le Seigneur dit à Caïn : « Pourquoi es-​tu irri­té et pour­quoi ton visage est-​il abat­tu ? Ton offrande était bonne mais ton par­tage était mau­vais, n’as-tu donc pas péché en cela ? 5. Apaise ta colère : ton offrande te revien­dra et tu en seras le maître. » 6. Et Caïn dit à Abel son frère : « Allons dans la plaine » . Et Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua (Gn 4, 3–8). 7. Vous le voyez, frères, la jalou­sie et l’envie ont com­mis un fra­tri­cide. 8. C’est à cause de la jalou­sie que Jacob, notre père, a fui devant la face de son frère Ésaü ; 9. c’est à cause de la jalou­sie que Joseph a subi per­sé­cu­tion mor­telle et cap­ti­vi­té ; 10. c’est la jalou­sie qui a contraint Moïse de s’enfuir devant la face de Pharaon, roi d’Égypte. Voici, en effet, ce que lui avait dit l’un de ses com­pa­triotes : « Qui t’a éta­bli notre arbitre ou notre juge ? Veux-​tu me tuer, moi aus­si, comme l’Égyptien que tu as tué hier ? » (Ex 11, 14). 11. C’est à cause de la jalou­sie qu’Aaron et Marie furent chas­sés du camp ; 12. la jalou­sie a pré­ci­pi­té Dathan et Abiron tout vivants en enfer, parce qu’ils s’étaient sou­le­vés contre le ser­vi­teur de Dieu, Moïse. 13. C’est à cause de la jalou­sie que David encou­rut non seule­ment la haine des étran­gers, mais encore la per­sé­cu­tion de Saul, roi d’Israël.

V, 1. Mais lais­sons les exemples des anciens, et pas­sons aux héros qui nous touchent de tout près ; pre­nons les géné­reux exemples que nous ont don­nés des hommes de notre géné­ra­tion. 2. C’est à cause de la jalou­sie et de l’envie que les plus grands et les plus justes d’entre eux, les colonnes, ont subi la per­sé­cu­tion et com­bat­tu jusqu’à la mort. 3. Oui, regar­dons les saints Apôtres : 4. Pierre, vic­time d’une injuste jalou­sie subit non pas une ou deux, mais de nom­breuses épreuves, et après avoir ain­si ren­du son témoi­gnage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. 5. C est par suite de la jalou­sie et de la dis­corde que Paul a mon­tré quel est le prix de la patience : 6. char­gé sept fois de chaînes, exi­lé, lapi­dé, il devint héraut du Seigneur au levant et au cou­chant, et reçut pour prix de sa foi une gloire écla­tante. 7. Après avoir ensei­gné la jus­tice au monde entier, jusqu’aux bornes du cou­chant, il a ren­du son témoi­gnage devant les auto­ri­tés et c’est ain­si qu’il a quit­té ce monde pour gagner le lieu saint, demeu­rant pour tous un illustre modèle de patience.

VI, 1. A ces héros dont la vie a été sainte vient s’adjoindre une grande foule d’élus qui ont souf­fert, par suite de la jalou­sie, toutes sortes d’outrages et de tor­tures, et sont deve­nus pour nous d’admirables exemples. 2. C’est pour­sui­vies par la jalou­sie que des femmes, nou­velles Danaïdes et Dircés, vic­times d’outrages atroces et sacri­lèges, ont par­cou­ru jusqu’au bout d’un pas ferme la car­rière de la foi, et ont rem­por­té le prix glo­rieux, mal­gré l’infirmité de leur nature. 3. C’est la jalou­sie qui a sépa­ré épouses et maris, fai­sant men­tir le mot de notre père Adam : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair » (Gn 2, 23). 4. La jalou­sie et la dis­corde ont ren­ver­sé de grandes cités et rui­né de puis­santes nations.

VII, 1. En vous écri­vant tout cela, bien-​aimés, nous ne fai­sons pas que vous répri­man­der, nous nous aver­tis­sons aus­si nous-​mêmes, car nous sommes dans la même arène et le même com­bat nous attend. 2. C’est pour­quoi lais­sons là toutes les pré­oc­cu­pa­tions vaines et inutiles et reve­nons à la règle glo­rieuse et sainte de la tra­di­tion ; 3. et voyons ce qu’approuve, ce qu’aime, ce qu’agrée celui qui nous a faits. 4. Fixons nos regards sur le sang du Christ et appre­nons com­bien il est pré­cieux aux yeux de Dieu son Père : répan­du pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la péni­tence. 5. Parcourons tous les âges et nous ver­rons que, de géné­ra­tion en géné­ra­tion, le Maître « a lais­sé place à la péni­tence » (Sg 12, 10) pour tous ceux qui ont vou­lu se conver­tir à lui. 6. Noé prê­cha la péni­tence, et ceux qui l’écoutèrent furent sau­vés. 7. Jonas annon­ça leur ruine aux Ninivites, mais ceux-​ci firent péni­tence de leur péché, et Dieu se lais­sa flé­chir par leur sup­pli­ca­tion, bien qu’ils fussent pour lui des étrangers.

VIII, 1. Les ministres de la grâce de Dieu, sous l’inspiration du Saint-​Esprit, ont par­lé de péni­tence ; 2. et le Maître de toutes choses lui-​même a dit de la péni­tence, avec ser­ment : « Je suis vivant, dit le Seigneur, je ne veux pas tant la mort du pécheur que sa conver­sion » (Ez 33, 11). 3. « Repentez-​vous, mai­son d’Israël, de votre ini­qui­té. Dis aux fils de mon peuple : quand même vos péchés iraient de la terre au ciel, qu’ils seraient plus rouges que l’écarlate et plus noirs que le sac, si vous vous tour­nez vers moi de tout votre cœur et me dites : Père ! je vous exau­ce­rai comme un peuple saint » (Auteur. incon­nu.). 4. Et ailleurs : « Lavez-​vous, purifiez-​vous ; ôtez de ma vue la méchan­ce­té de vos âmes ; ces­sez de faire le mal, appre­nez à faire le bien, recher­chez le droit, secou­rez l’opprimé, soyez juste pour l’orphelin, plai­dez pour la veuve ; et alors venez et nous dis­cu­te­rons, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils devien­dront can­dides comme la neige ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, je les ren­drai blancs comme la laine. Si vous consen­tez à m’écouter vous man­ge­rez les pro­duits du ter­roir ; mais si vous ne consen­tez pas à m’écouter, c’est le glaive qui vous man­ge­ra. La bouche du Seigneur a par­lé » (Is. 1, 16–20). S. Dans son désir de faire par­ti­ci­per tous ceux qu’il aime à la péni­tence, voi­là ce qu’a déci­dé la toute-​puissante volon­té de Dieu.

IX, 1. Aussi, soumettons-​nous a sa magni­fique et glo­rieuse volon­té, faisons-​nous sup­pliants, lui deman­dant à genoux sa pitié et sa bon­té ; et, recou­rant à ses misé­ri­cordes, aban­don­nons les vaines pré­oc­cu­pa­tions et la jalou­sie qui mène à la mort. 2. Fixons nos regards sur ceux qui ont été les par­faits ser­vi­teurs de sa magni­fique gloire. 3. Prenons Hénoch qui, trou­vé juste dans l’obéissance, fut pris et l’on ne trou­va aucun indice de sa mort. 4. Noé, trou­vé fidèle, fut char­gé d’annoncer au monte la nou­velle créa­tion, et le Maître sau­va par lui les vivants qui entrèrent dans l’arche avec concorde.

X, 1. Abraham, appe­lé l’ami de Dieu, fut trou­vé fidèle pour s’être mon­tré sou­mis aux paroles de Dieu. 2. C’est par obéis­sance qu’il quit­ta son pays, sa famille et la mai­son de son père ; et, pour avoir lais­sé der­rière lui un pays de peu d’étendue, une famille de peu de puis­sance, un modeste mai­son, il reçut en héri­tage les pro­messes de Dieu. Dieu lui dit en effet : 3. « Quitte ton pays, ta paren­té et la mai­son de ton père pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te béni­rai, je magni­fie­rai ton nom et tu seras béni. Je béni­rai ceux qui te béni­ront, je mau­di­rai ceux qui te mau­di­ront. En toi seront bénies toutes les tri­bus de la terre » (Gn 12, 1–3). 4. Une autre fois, alors qu’il se sépa­rait de Lot, Dieu lui dit : « Lève les yeux et regarde de l’endroit où tu es vers le nord et le midi, vers l’orient et la mer : tout le pays que tu vois, je le don­ne­rai à toi et à ta pos­té­ri­té pour tou­jours. 5. Je ren­drai ta pos­té­ri­té comme la pous­sière de la terre ; quand on pour­ra comp­ter les grains de pous­sière de la terre, alors on comp­te­ra tes des­cen­dants » (Gn 13, 14–16). 6. Et encore : « Dieu condui­sit Abraham dehors et dit : Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles, si tu peux les dénom­brer. Telle sera ta pos­té­ri­té. Abraham crut en Dieu et cela lui fut impu­té à jus­tice » (Gn 15, 56 ; cf. Rm 4, 3). 7. A cause de sa foi et de son hos­pi­ta­li­té un fils lui fut don­né dans sa vieillesse, et par obéis­sance il l’offrit en sacri­fice à Dieu, sur l’une des mon­tagnes qu’il lui avait montrées.

XI, 1. C’est à cause de son hos­pi­ta­li­té et de sa pié­té que Lot fut sau­vé de Sodome, tan­dis que tous les alen­tours étaient châ­tiés par le feu et le soufre. Le Maître mon­tra qu’il n’abandonne pas ceux qui espèrent en lui, mais qu’il livre ceux qui cherchent ailleurs leur appui, au châ­ti­ment et au sup­plice. 2. La femme de Lot qui l’accompagnait dans sa fuite, sans par­ta­ger sa foi, sans avoir accor­dé son cœur au sien, fut éta­blie comme un signe : elle devint une sta­tue de sel jusqu’à ce jour, afin de faire connaître à tous que les cœurs incons­tants, hési­tant à croire à la puis­sance de Dieu, sont punis, et que leur peine sert de leçon à toutes les générations.

XII, 1. C’est à cause de sa foi et de son hos­pi­ta­li­té que fut sau­vée Rahab la cour­ti­sane. 2. Josué, fils de Navé, avait envoyé des espions à Jéricho, et le roi de ce pays sut qu’ils étaient venus explo­rer ses terres, il char­gea donc des hommes de les sai­sir et, une fois pris, de les mettre à mort. 3. L’hospitalière Rahab leur ouvrit sa porte, les fit mon­ter à l’étage et les cacha sous des chaumes de lin. 4. Les émis­saires du roi sur­vinrent et lui dirent : « C’est chez toi que sont entrés les espions qui sont venus recon­naître notre pays ; fais-​les sor­tir, le roi l’ordonne. » Elle répon­dit : « Oui, les hommes que vous cher­chez sont entrés chez moi, mais ils sont repar­tis aus­si­tôt et s’en vont par là », et elle leur mon­tra la direc­tion oppo­sée. 5. Puis elle dit aux espions : « Je sais, j’en suis sûre, que le Seigneur Dieu vous a don­né notre pays ; car la ter­reur et la panique se sont empa­rées à votre approche de tous les habi­tants. Aussi lorsque vous en aurez fait la conquête, sauvez-​moi et la mai­son de mon père. » 6. Les espions lui dirent : « Il en sera comme tu l’as dit. Dès que tu auras appris notre arri­vée, ras­semble tous les tiens sous ton toit et ils seront sau­vés ; mais tous ceux qui seront trou­vés hors de la mai­son péri­ront » (Jos. 2, 3–4, 9, 13, 18). 7. Ils lui pro­po­sèrent encore un signal, qui consis­tait à sus­pendre à sa mai­son une corde de pourpre ; ils mon­traient ain­si que c’est par le sang du Seigneur que se ferait la rédemp­tion de tous ceux qui croient et qui espèrent en Dieu. 8. Vous le voyez, bien-​aimés, en cette femme il n y avait pas seule­ment la foi, mais encore le don de prophétie.

XIII, 1. Ayons donc, frères, des sen­ti­ments humbles, reje­tons toute jac­tance, tout orgueil, tout excès, tout empor­te­ment et accom­plis­sons ce qui est écrit. En effet, le Saint-​Esprit a dit : « Que le sage ne se glo­ri­fie pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse. Mais que celui qui veut se glo­ri­fier se glo­ri­fie dans le Seigneur de le cher­cher et de pra­ti­quer le droit et la jus­tice » (Jr 9, 22–23). Souvenons-​nous sur­tout des paroles de Notre Seigneur par les­quelles il nous ensei­gnait l’équité et la magna­ni­mi­té : 2. « Soyez misé­ri­cor­dieux afin d’obtenir la misé­ri­corde, par­don­nez afin d’être par­don­nés : selon que vous agi­rez, on agi­ra envers vous ; comme vous don­ne­rez, on vous don­ne­ra ; comme vous juge­rez, on vous juge­ra ; selon que vous faites le bien on vous en fera ; de la mesure dont vous mesu­re­rez, on mesu­re­ra pour vous en retour » (cf. Mt 6, 14–15 ; 7, 1–2, 12 ; Lc 6, 31, 36–38). 3. Puisons dans ce com­man­de­ment et dans ces pré­ceptes la force de mar­cher dans la sou­mis­sion à ses paroles saintes en toute humi­li­té. La sainte parole dit en effet : 4. « Sur qui jetterai-​je les yeux, sinon sur l’homme doux, paci­fique, qui tremble à ma parole ? » (Is 66, 2).

XIV, 1. Il est juste et saint, frères, de vous mon­trer obéis­sants à Dieu, plu­tôt que de vous lais­ser entraî­ner dans l’arrogance et l’orgueil par les ins­ti­ga­teurs d’une odieuse riva­li­té. 2. Car ce n’est pas à un dom­mage quel­conque, mais à un grave dan­ger que nous nous expo­sons en nous livrant témé­rai­re­ment à la volon­té de ces hommes qui ne visent qu’à la dis­corde et à la sédi­tion, et cherchent à nous rendre étran­gers au bien. 3. Soyons bons les uns envers les autres, imi­tons la bon­té et la dou­ceur de notre Créateur. 4. Car il est écrit : « Les doux habi­te­ront la terre et les inno­cents y seront lais­sés ; mais les pécheurs en seront exter­mi­nés » (Pr 2, 21–22 ; Ps. 36, 9, 38). 5. Et encore : « J’ai vu l’impie haus­ser sa taille, s’élever comme un cèdre du Liban : je suis pas­sé, voi­ci qu’il n’était plus ; je l’ai cher­ché et je ne l’ai pas trou­vé. Garde l’innocence et observe le droit, car il y a une fes­ti­vi­té pour l’homme paci­fique » (Ps. 36, 35–37).

XV, 1. Adhérons à ceux qui donnent l’exemple de la paix, en toute sain­te­té, et non à ceux qui font sem­blant de la dési­rer. 2. Il est dit en effet quelque part : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Is 19,13 ; Mc 7, 6). 3. Et puis : « De leur bouche, ils bénis­saient, mais ils mau­dis­saient dans leur cœur » (Ps. 51, 5). 4. Et aus­si : « Ils le flat­taient de leur bouche, mais de leur langue ils lui men­taient. Leur cœur n’était pas droit envers lui ; ils étaient sans foi en son alliance (Ps 77, 36–37). 5. C’est pour­quoi, « qu’elles deviennent muettes les lèvres men­son­gères, qui parlent contre le juste, au mépris du droit ! » (Ps 30, 19). Et encore : « Que le Seigneur retranche les lèvres men­son­gères, la langue qui aime les grands mots, ceux qui disent : La langue sera notre puis­sance, nos lèvres sont pour nous, qui sera notre maître ? 6. A cause de la détresse du misé­reux, et des gémis­se­ments du pauvre, main­te­nant je me lève, dit le Seigneur ; je le met­trai en sécu­ri­té ; 7. je juge­rai son cas en toute liber­té ! » (Ps 11, 4–6).

XVI, 1. Le Christ appar­tient aux âmes humbles, à ceux qui ne s’élèvent pas au-​dessus de son trou­peau. 2. Le sceptre de la majes­té de Dieu, le Seigneur Jésus-​Christ, n’est pas venu avec un train d’orgueil et de somp­tueuse appa­rence, encore qu’il l’aurait pu, mais dans l’humilité comme le Saint-​Esprit l’a pré­dit à son sujet : 3. « Seigneur, qui croi­ra à notre parole ? Et le nom du Seigneur, à qui a‑t-​il été dévoi­lé ? Nous l’avons annon­cé comme un petit enfant, comme une racine dans une terre aride. Il n’a ni beau­té, ni éclat ; nous l’avons vu, il n’a ni beau­té, ni aimable appa­rence ; mais son aspect est sans gloire, on n’y recon­naît plus la forme humaine ; homme, char­gé de coups et de peines, habi­tué à por­ter la souf­france, il détourne sa face, il est mépri­sé, on le compte pour rien. 4. C’est nos péchés qu’il porte et c’est pour nous qu’il souffre ; et nous, nous voyons en lui l’homme châ­tié, frap­pé, humi­lié. 5. Et pour­tant, c’est à cause de nos péchés qu’il a été bles­sé, il a été meur­tri à cause de nos ini­qui­tés. Le châ­ti­ment qui nous rend la paix est sur lui, et c’est grâce à ses plaies que nous sommes gué­ris. 6. Tous, nous errions comme des bre­bis, l’homme avait per­du sa route. 7. Le Seigneur l’a livré pour nos péchés, et lui dans les mau­vais trai­te­ments n’ouvre pas la bouche. Comme un agneau conduit à la bou­che­rie, comme une bre­bis muette devant le ton­deur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humi­lia­tion, sa condam­na­tion a été levée. 8. Qui racon­te­ra sa géné­ra­tion ? Sa vie est retran­chée de la terre. 9. Pour les péchés de mon peuple il a été conduit à la mort ; 10. sa sépul­ture sera la ran­çon des impies, sa mort sera le rachat des riches. Car il n’a pas com­mis l’iniquité et on n’a point trou­vé de men­songe en sa bouche. Et le Seigneur veut le puri­fier de ses plaies. 11. Si vous offrez des sacri­fices pour vos ini­qui­tés, votre âme ver­ra une longue pos­té­ri­té. 12. Le Seigneur veut l’arracher aux dou­leurs de son âme, lui mon­trer la lumière, façon­ner son intel­li­gence, jus­ti­fier ce juste qui se fait ser­vi­teur pour le bien d’un grand nombre ; et il pren­dra sur lui leurs péchés. 13. C’est pour­quoi il aura en héri­tage des mul­ti­tudes et il par­ta­ge­ra les tro­phées des puis­sants pour s’être lui-​même livré à la mort et s’être mis au nombre des pécheurs. 14. Il a pris sur lui le péché d’un grand nombre, il a été livré à cause de leurs péchés » (Is 53, 1–12). 15. Lui-​même dit encore : « Je suis un ver et non un homme, la honte du genre humain, le rebut du peuple, 16. tous ceux qui m’ont vu m’ont bafoué, leurs lèvres ont rica­né, ils ont hoché la tête : Il a espé­ré dans le Seigneur, que le Seigneur le délivre, le sauve puisqu’il est son ami » (Ps 21, 7–9). 17. Vous voyez, bien-​aimés, quel modèle on nous donne ; si le Seigneur s’est humi­lié ain­si, que ferons-​nous, nous à qui il donne de mar­cher sous le joug de sa grâce ?

XVII, 1. Faisons-​nous éga­le­ment les imi­ta­teurs de ceux qui ont par­cou­ru le pays, vêtus de peaux de chèvres et de bre­bis, annon­çant la venue du Christ : nous vou­lons dire Élie, Élisée, et encore Ézéchiel, les pro­phètes et avec eux tous ceux qui ont reçu un bon témoi­gnage. 2. Abraham reçut un témoi­gnage magni­fique, lui qui fut appe­lé l’ami de Dieu ; mais lorsqu’il contem­pla la gloire de Dieu, il dit, mon­trant son humi­li­té : « Pour moi, je suis terre et cendre » (Gn 18, 27). 3. De Job aus­si il est écrit : « Job était juste, irré­pro­chable, véri­dique, crai­gnant Dieu, éloi­gné de tout mal » (Jb 1, 1). 4. Mais lui, il dit en s’accusant : « Nul n’est exempt de souillure, pas même pour n’avoir vécu qu’un seul jour » (Jb 14, 4–5). 5. Moïse a été appe­lé « ser­vi­teur fidèle dans toute la mai­son de Dieu » (Nb 12, 7 ; cf. Hé 3, 2), et c’est par son minis­tère qu’il plut à Dieu de frap­per l’Égypte de dou­lou­reux fléaux. Mais lui non plus ne répon­dit pas au grand hon­neur qui lui était fait par des paroles pré­somp­tueuses il dit au contraire, lors de l’oracle du buis­son : « Qui suis-​je pour que tu m’envoies ? (Ex 3, 11). J’ai la voix faible et la langue embar­ras­sée » (Ex 4, 10). 6. Et encore : « Je ne suis qu’une vapeur s’échappant d’une mar­mite » (Aut. inconnu).

XVIII, 1. Que dirons-​nous donc de David et du témoi­gnage qu’il a reçu ? Dieu lui avait dit : « J’ai trou­vé un homme selon mon cœur, David, fils de Jessé et je l’ai oint dans ma misé­ri­corde éter­nelle ! » (Ps 88, 21 ; cf. Ac 13, 22). 2. Mais lui-​même dit à Dieu : « Aie pitié de moi, mon Dieu, dans ta grande misé­ri­corde ; en ton immense com­pas­sion efface mon péché. 3.Lave-moi tou­jours plus de mon ini­qui­té ; et de ma faute purifie-​moi. Car mon péché, moi, je le connais et ma faute est devant moi sans relâche. 4. j’ai péché contre toi seul ; ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait ; ain­si, sois trou­vé juste quant on pro­non­ce­ra, triomphe si l’on te juge ; 5. Voici : dans l’iniquité j’ai été conçu, dans le péché ma mère m’a por­té. 6. Vois : tu as aimé la véri­té ; les obs­cu­ri­tés et les secrets de ta sagesse tu me les as dévoi­lés. 7. Purifie-​moi avec l’hysope et je serai puri­fié, lave-​moi et je serai plus blanc que la neige. 8. Rends-​moi le son de la fête et de la joie, et les os que tu as humi­liés jubi­le­ront. 9. Détourne ta face de mes fautes, et efface toutes mes ini­qui­tés. 10. Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et res­taure en ma poi­trine un esprit ferme. 11. Ne me repousse pas loin de ta face, ne retire pas de moi ton Esprit saint. 12. Rends-​moi la joie de ton salut, et assure en moi un esprit magna­nime. 13. Aux pécheurs j’enseignerai tes voies, et les impies revien­dront à toi. 14. Délivre-​moi du sang, ô Dieu, Dieu de mon salut, 15. et ma langue accla­me­ra ta jus­tice. Seigneur, ouvre ma bouche, et mes lèvres publie­ront ta louange. 16. Si tu avais dési­ré un sacri­fice, je te l’aurais offert ; mais ce ne sont pas les holo­caustes que tu agrées : 17. le sacri­fice pour Dieu, c’est un esprit bri­sé ; d’un cœur contrit et humi­lié Dieu n’a point de mépris » (Ps 50, 3–19).

XIX, 1. Tous ces per­son­nages si grands et si saints par leur humi­li­té et leur abais­se­ment sont pour nous des maîtres dans l’obéissance, et non pas pour nous seule­ment, mais aus­si pour les géné­ra­tions qui nous ont pré­cé­dés, pour tous ceux qui ont accueilli les paroles de Dieu dans la crainte et la véri­té. Prenons donc notre part de tant de grandes et glo­rieuses actions, et diri­geons à nou­veau notre course vers le but qui nous a été pro­po­sé dès le com­men­ce­ment, vers la paix, les yeux fixés sur le Père et le Créateur de l’univers entier ; et attachons-​nous aux pré­sents magni­fiques, sans prix, à tous les biens qu’il nous donne dans la paix. 3. Regardons Dieu en pen­sée, consi­dé­rons des yeux de l’âme sa volon­té lon­ga­nime, réflé­chis­sons com­bien il se montre indul­gent envers toute sa création !

XX, 1. Les cieux se meuvent selon la règle qu’il leur donne et lui obéissent en paix ; 2. le jour et la nuit par­courent la car­rière qu’il leur a fixée sans jamais empié­ter l’un sur l’autre. 3. Le soleil, la lune et le choeur des astres par­courent, selon son ordre, har­mo­nieu­se­ment et sans aucun écart, les orbes qu’il leur a pres­crites. 4. La terre féconde, sou­mise à son décret, offre en abon­dance, selon le rythme des sai­sons, aux hommes, aux bêtes et à tous les vivants qui la peuplent, leur sub­sis­tance ; elle ne s’écarte pas de ses lois, elle ne modi­fie pas l’ordre qu’il a vou­lu. 5. Les pro­fon­deurs inson­dables des abîmes et les gouffres inex­plo­rés des enfers obéissent aux mêmes lois. 6. La mer immense, dans le bas­sin qu’il a façon­né pour la conte­nir, ne fran­chit pas les limites où il l’a enfer­mée, mais selon qu’il lui a ordon­né, ain­si fait-​elle : 7. « Tu n’iras pas plus loin qu’ici, où tes flots se bri­se­ront sans quit­ter ton sein » (Jb 38, 11). 8. Les océans que l’homme ne peut fran­chir, et les montes qui sont au-​delà, obéissent aux mêmes lois de leur maître. 9. Les sai­sons, prin­temps, été, automne, hiver, se suc­cèdent en paix. 10. Les vents sont lâchés de leur cachette au temps conve­nable, et ils accom­plissent leur office sans faillir ; les sources inta­ris­sables, créées pour le plai­sir et la san­té des humains, ne manquent jamais de les lais­ser pui­ser la vie à leur mamelle ; les moindres des ani­maux savent s’unir dans la paix et la concorde. 11. Ainsi, dans toute sa créa­tion, le sou­ve­rain Maître et créa­teur de l’univers a vou­lu que régnât la paix avec la concorde, car il désire le bien de toutes ses créa­tures et se montre sur­abon­dam­ment géné­reux envers nous qui avons recours à ses misé­ri­cordes par Notre Seigneur Jésus-​Christ, 12. à qui soit la gloire et la majes­té dans les siècles des siècles. Amen.

XXI, 1. Prenez garde, bien-​aimés, que ces nom­breux bien­faits ne tournent à notre condam­na­tion, si nous n’adoptons pas une conduite digne de Dieu, en fai­sant tou­jours ce qui lui plaît et ce qui lui est agréable, dans la concorde. 2. Il est dit, en effet, quelque part : « L’Esprit du Seigneur est une lampe dont la lumière pénètre jusqu’aux tré­fonds du cœur » (Pr 20, 27). 3. Constatons-​le, il est tout proche de nous, et rien ne lui échappe de nos pen­sées ni de nos cal­culs. 4. Il est donc juste que nous ne dis­cu­tions pas sa volon­té. 5. Sachons nous heur­ter à des hommes dérai­son­nables et insen­sés, tout enflés et bouf­fis d’arrogance, plu­tôt qu’à Dieu. 6. Révérons le Seigneur Jésus-​Christ dont le sang a été don­né pour nous ; ayons le res­pect de nos chefs, la crainte de nos anciens ; éle­vons nos enfants dans la crainte de Dieu ; diri­geons nos femmes vers le bien. 7. Qu’on puisse recon­naître en elles le charme de la chas­te­té, consta­ter la sin­cé­ri­té de leur dis­po­si­tion à la dou­ceur ; que leur silence mani­feste la dis­cré­tion de leur langue ; que leur cha­ri­té ne dépende pas du caprice de leurs incli­na­tions, mais qu’elle s’exerce sain­te­ment, sans accep­tion de per­sonnes, envers tous ceux qui craignent Dieu. 8. Que nos enfants aient part à l’éducation dans le Christ ; qu’ils apprennent quelle est auprès de Dieu la puis­sance de l’humilité, le pou­voir de la chas­te­té, com­bien la crainte du Seigneur est belle et grande, et capable de sau­ver tous ceux qui se laissent sain­te­ment conduire par elle, en toute pure­té te conscience. 9. Car il pénètre nos pen­sées et nos dési­rs, lui qui a mis en nous son esprit et le reprend quand il le veut.

XXII, 1. Toutes ces choses, c’est la foi dans le Christ qui nous les garan­tit ; c’est bien lui en effet qui nous invite ain­si par la voix du Saint-​Esprit : « Venez, enfants, écoutez-​moi, et je vous ensei­gne­rai la crainte du Seigneur. 2. Quel est l’homme qui désire la vie, qui aime à voir des jours heu­reux ? 3. Garde ta langue du mal, tes lèvres des paroles trom­peuses, 4. évite le mal et fais le bien. 5. Recherche la paix et poursuis-​la. 6. Sur les justes, les yeux du Seigneur, et pour leurs cla­meurs, ses oreilles ; mais contre les mal­fai­sants la face du Seigneur pour ôter de la terre leur mémoire. 7. Le juste a crié : le Seigneur a écou­té et l’a déli­vré de toutes les angoisses. 8. Nombreuses sont les angoisses du juste, mais de toutes, le Seigneur le déli­vre­ra » (Ps 33,12–18, 20). 9. Il dit encore : « Nombreux sont les tour­ments de l’impie ; qui se fie en le Seigneur, la grâce l’entoure » (Ps 31, 10).

XXIII, 1. Le Père de toute com­pas­sion et de toute bien­veillance a des entrailles de misé­ri­corde pour tous ceux qui le craignent ; dans sa bien­veillante condes­cen­dance, il répand ses grâces sur tous ceux qui s’approchent de lui avec un cœur simple ; 2. aus­si, qu’il n’y ait point en nous de dupli­ci­té et que notre âme ne s’enfle pas à cause te la magni­fi­cence et de la richesse de ses dons. 3. Qu’on ne puisse jamais nous appli­quer l’Écriture disant : « Malheureux ceux dont le cœur est double, et qui, l’âme hési­tante, disent : Ces pro­messes, nous les avons déjà enten­dues au temps de nos pères ; et voi­ci que nous avons veillé, et rien de tout cela ne nous est arri­vé. 4. Insensés ! Comparez-​vous à un arbre : pre­nez un cep ; d’abord, il perd ses feuilles, puis naissent des bour­geons, le feuillage, les fleurs, le rai­sin vert, et enfin voi­ci la grappe » (Aut. incon­nu). Vous le voyez : en peu de temps le fruit est par­ve­nu à sa matu­ri­té. 5. En véri­té, c’est sans retard, sou­dai­ne­ment, que s’accomplit la volon­té de Dieu, comme l’atteste aus­si l’Écriture : « Il vien­dra bien­tôt et ne tar­de­ra pas » (Is. 14, l) et sou­dain, « il entre­ra dans son Temple, le Seigneur, le Saint que vous atten­dez » (Ml 3, l).

XXIV, 1. Observons, bien-​aimés, com­ment le Seigneur ne cesse de nous mon­trer les indices de la future résur­rec­tion dont il nous a don­né les pré­mices, en res­sus­ci­tant des morts le Seigneur Jésus-​Christ. 2. Considérons, bien-​aimés, le rythme natu­rel de la résur­rec­tion. 3. Le jour et la nuit nous montrent une résur­rec­tion : la nuit s’endort le jour se lève ; le jour s’en va, et voi­ci la nuit. 4. Prenons les pro­duits de la terre : les semailles. Avec quoi et com­ment les fait-​on ? 5. Le semeur sort, jette les dif­fé­rentes semences qui tombent sèches et nues sur la terre, où elles vont se décom­po­ser. Mais de leur décom­po­si­tion même, dans la magni­fi­cence de sa Providence, le Maître les fait lever à nou­veau ; et il mul­ti­plie la graine unique et lui fait por­ter du fruit.

XXV, 1. Considérons le signe pro­di­gieux que nous offrent les régions de l’Orient, c’est-à-dire l’Arabie. 2. Il y a là bas, un oiseau qu’on nomme phé­nix. Il est seul de son espèce et vit cinq cents ans ; et lorsqu’il approche du terme de sa vie, il construit lui-​même son cer­cueil où il pénètre, son temps accom­pli, pour mou­rir. 3. De sa chair cor­rom­pue naît un ver qui se nour­rit de la cha­rogne de l’oiseau mort, puis se couvre de plumes ; et lorsqu’il est deve­nu fort, il sou­lève le cer­cueil rem­pli des osse­ments de son ancêtre, et l’emporte loin de l’Arabie, en Égypte, jusqu’à la ville nom­mée Héliopolis. 4. Là, en plein jour, aux yeux de tous, il s’en vient à tire‑d’aile le dépo­ser sur l’autel du soleil, puis il reprend son vol pour le retour. 5. Alors les prêtres consultent leurs annales et constatent qu’il est venu après cinq cents ans révolus.

XXVI, 1. Sera-​ce donc à nos yeux pro­dige et mer­veille, que le Créateur de toutes choses res­sus­cite ceux qui l’ont ser­vi sain­te­ment, avec la confiance de la foi par­faite, Lui qui nous a mon­tré dans un simple oiseau la magni­fi­cence de sa pro­messe ? 2. En effet, il est dit : « Tu me res­sus­ci­te­ras et je te loue­rai ! » (cf. Ps 27, 7) Et encore : « J’étais cou­ché et je dor­mais » (Ps 3, 6) ; « je me suis réveillé parce que tu es avec moi » (Ps 22, 4). 3. Et Job dit : « Alors tu res­sus­ci­te­ras cette chair qui a por­té toutes ces dou­leurs » (Jb 19, 26).

XXVII, 1. Que cette espé­rance attache nos âmes à celui qui est fidèle dans ses pro­messes et juste dans ses juge­ments. 2. Celui qui a défen­du le men­songe, à bien plus forte rai­son ne ment pas lui-​même. 3. Ravivons donc notre foi en lui et consi­dé­rons que tout est dans la main de Dieu. 4. D’un mot de sa puis­sance, il a for­mé l’univers, d’un mot il peur l’anéantir. 5. « Qui lui deman­de­ra : Qu’as-tu fait ? et qui résis­te­ra à la force te son bras ? » (Sg 12, 12 et 11, 22). Quand il veut er comme il veut, il fait toutes choses ; et pas un seul de ses com­man­de­ments ne pas­se­ra. 6. Tout est pré­sent à ses yeux et rien n’échappe à son vou­loir, 7. puisque « les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains le fir­ma­ment l’annonce ; le jour au jour en publie le récit, et la nuit à la nuit en trans­met la connais­sance. Non point récits, non point lan­gage dont ne soit pas enten­du le son » (Ps 18, 24).

XXVIII, l. Puisque tout est vu, tout est enten­du par Dieu, craignons-​le, et aban­don­nons le désir impur des actions mau­vaises, afin que sa misé­ri­corde nous garde des juge­ments à venir. 2. Où fuir, en effet, sa main puis­sante ? quel monde accueille­ra un déser­teur de Dieu ? L’Écriture dit, en effet : 3. « Où irai-​je, où fuirai-​je ta face ? Si j’escalade les cieux, tu es là ; si je suis aux extré­mi­tés de la terre, voi­ci ta droite ; si je me couche dans les abîmes, voi­ci ton esprit » (Ps 138, 7–10). 4. Où donc irait-​on, où pourrait-​on échap­per à celui qui enve­loppe tous les êtres ?

XXIX, 1. Approchons-​nous donc de lui avec une âme sainte 24, levant vers lui des mains pures et sans tache, soyons pleins d’amour pour ce père bien­veillant et misé­ri­cor­dieux qui a fait de nous sa part d’héritage. 2. Il est écrit en effet : « Quand le Très-​Haut don­na aux nations leur héri­tage, quand il répar­tit les fils d’Adam, il fixa leurs limites sui­vant le nombre des anges de Dieu, mais le lot du Seigneur ce fut Jacob, son peuple Israël, sa part d’héritage » (Dt 32, 8–9). 3. Et dans un autre endroit, on lit : « Voici, le Seigneur a pris pour lui un peuple par­mi les peuples, comme un homme prend pour soi les pré­mices de son aire, et de cette nation sor­ti­ra le saint des saints » (cf. Dt 4, 34 ; Nb 18, 27 ; 2 Ch. 31, 14 ; Ez 18, 12 ; Dt 14, 2)

XXX, 1. Puisque nous for­mons une por­tion sainte, accom­plis­sons aus­si toutes les œuvres de la sain­te­té ; fuyons les médi­sances, les embras­se­ments impurs et impu­diques, l’ivresse, la pas­sion de la mode, les vils dési­rs, l’odieux adul­tère et la vile­nie de l’orgueil 2. « Car Dieu, dit-​on, résiste aux orgueilleux, mais donne sa grâce aux humbles » (Pr 3, 34). 3. Attachons-​nous donc à ceux qui tiennent de Dieu cette grâce. Revêtons la concorde, dans l’humilité, la conti­nence, nous tenant loin de tout mur­mure et de toute cri­tique, mani­fes­tant notre jus­tice par des actes, non par des paroles. 4. Car il est dit : « Le bavard rece­vra la réplique ; ou bien croit-​il qu’il suf­fit d’être loquace pour avoir rai­son ? 5. Béni l’homme né de la femme, et qui vit peu ; ne sois pas pro­digue de paroles » (Jb 11, 2–3, d’après le texte de la LXX). 6. Que notre louange soit en Dieu, et qu’elle ne vienne pas de nous-​mêmes ; car Dieu hait ceux qui se louent eux-​mêmes. 7. Que le témoi­gnage de notre bonne conduite soit ren­du par les autres, comme il le fut pour nos pères les justes. 8. L’impudence, la pré­somp­tion, l’audace appar­tiennent aux mau­dits de Dieu ; la dis­cré­tion, l’humilité, la dou­ceur, à ceux qu’il a bénis.

XXXI, 1. Attachons-​nous donc à la béné­dic­tion de Dieu et voyons quels en sont les che­mins. Reprenons le dérou­le­ment des évé­ne­ments depuis le com­men­ce­ment. 2. Pourquoi Abraham notre père fut-​il béni ? N’est-ce pas pour avoir pra­ti­qué la jus­tice et la véri­té, dans la foi ? 3. Isaac, sachant ce qui allait arri­ver était plein d’assurance et se lais­sait emme­ner au sacri­fice, joyeu­se­ment 4. Jacob quit­ta hum­ble­ment son pays à cause de son frère ; il alla chez Laban et le ser­vit ; et c’est à lui que furent don­nés les douze sceptres d’Israël.

XXXII, 1. A les consi­dé­rer l’un après l’autre sin­cè­re­ment, on recon­naît la magni­fi­cence des dons de Dieu. 2. De Jacob vont sor­tir tous les prêtres et les lévites qui servent à l’autel de Dieu ; de lui est né le Seigneur Jésus, selon la chair ; de lui, par Juda, les rois, les princes et les chefs ; et les autres sceptres d’Israël ne sont pas en petit hon­neur, selon la pro­messe de Dieu : « Ta des­cen­dance sera comme les étoiles du ciel » (Gn 15, 5). 3. Tous ont reçu de la gloire et de la gran­deur, non à cause d’eux et de leurs œuvres, ou de la jus­tice qu’ils auraient pra­ti­quée, mais par le bon plai­sir de Dieu.. Et nous qui avons été appe­lés dans le Christ Jésus par ce même bon plai­sir, ce n’est pas par nous-​mêmes que nous sommes jus­ti­fiés, ni par notre sagesse, ni par notre intel­li­gence, ni par notre pié­té, ni par les œuvres que nous avons pra­ti­quées en toute sain­te­té de cœur, mais par la foi ; car c’est par la foi qu’ont été jus­ti­fiés tous les hommes depuis le com­men­ce­ment, par le Dieu Tout-​Puissant, à qui soit la gloire au siècle des siècles. Amen.

XXXIII, 1. Que ferons-​nous donc, frères ? Allons-​nous renon­cer à faire le bien, aban­don­ner la cha­ri­té ? Qu’à tout jamais le Maître nous pré­serve de ce mal­heur, hâtons-​nous plu­tôt de mettre notre zèle et notre ardeur à accom­plir toute bonne œuvre. 2. Car le Créateur lui-​même et le Maître de l’univers s’est réjoui de ses œuvres. 3. Par sa toute-​puissance sou­ve­raine, il a affer­mi les cieux, et son incom­pré­hen­sible intel­li­gence en a exé­cu­té l’ornement ; il a sépa­ré la terre de l’eau qui l’environnait et l’a assise sur le fon­de­ment inébran­lable de sa volon­té ; et les ani­maux qui la peuplent, c’est son ordre qui leur a don­né l’existence ; il a fait la mer et les vivants qu’elle ren­ferme, puis leur a posé des limites par sa puis­sance. 4 Enfin, c’est la plus grande, la plus digne de ses œuvres, car elle est douée d’intelligence, c’est l’homme qu’il a façon­né de ses mains saintes et pures ; il en a fait l’empreinte de sa propre image. 5. C’est bien, en effet, ce que dit Dieu : « Faisons l’homme à notre image et à notre res­sem­blance ; et Dieu créa l’homme : homme et femme, il le créa » (Gn. 1, 26–27). 6. Et lorsqu’il eut ache­vé toutes ses œuvres, il les trou­va bonnes et les bénit en disant : « Croissez et mul­ti­pliez » (Gn. 1, 28). 7. Constatons que tous les justes se sont parés de bonnes œuvres, et que Dieu lui-​même s’est réjoui d’en être paré. 8. Puisque tel est notre modèle, hâtons-​nous de nous sou­mettre à sa volon­té ; et de toute notre force accom­plis­sons les œuvres de la justice.

XXXIV, 1. Le bon ouvrier n’éprouve aucune gêne à prendre le pain qu’il a gagné par son tra­vail, mais l’ouvrier pares­seux et négligent n’ose regar­der en face son employeur. 2. Aussi convient-​il que nous soyons zélés pour le bien, car c’est de notre employeur que nous tenons toutes choses. 3. Il nous a pré­ve­nus en effet : « Voici venir le Seigneur ; et devant lui la rétri­bu­tion pour rendre à cha­cun selon ses œuvres » (Is 40, 10 ; 62, 11 ; Pr 24, 12 ; Ap 22, 12). 4. Il nous exhorte à croire en lui de tout notre cœur, à nous mettre, sans paresse ni indo­lence, à toutes sortes de « bonnes œuvres » (Tt 3, 1). 5. Prenons notre gloire et notre assu­rance en lui ; soyons sou­mis à sa volon­té ; son­geons à toute la mul­ti­tude d’anges qui se tient devant lui pour le ser­vir ; 6. il est dit en effet : « Des myriades de myriades se tenaient devant lui, et mille mil­liers le ser­vaient (Dn 7, 10) ; et ils cla­maient : Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth, toute la créa­tion est pleine de sa gloire » (Is 6, 3). 7. Nous donc aus­si d’un seul cœur, tous d’un seul élan, celui de notre com­mune fidé­li­té, crions vers lui d’une seule bouche, sans nous las­ser, afin de deve­nir par­ti­ci­pants de ses grandes et glo­rieuses pro­messes. 8. Car il est dit : « L’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas enten­du, il n’est pas mon­té au cœur de l’homme tout ce que Dieu a pré­pa­ré pour ceux qui l’attendent » (Is 64, 4).

XXXV, 1. Qu’ils sont riches et mer­veilleux les dons de Dieu. mes bien-​aimés ! 2. La vie dans l’immortalité, la splen­deur dans la jus­tice, la véri­té dans la liber­té, la foi dans la confiance, la conti­nence dans la chas­te­té, et ceux-​là sont dès main­te­nant à la por­tée de notre intel­li­gence. 3. Quels sont donc les biens pré­pa­rés pour ceux qui l’attendent ? C’est le Créateur, le père éter­nel, le très saint qui en sait le nombre et la splen­deur. 4. Luttons donc pour obte­nir d’être au nombre de ceux qui l’attendent, afin d’avoir part aux biens pro­mis. 5. Et com­ment y par­ve­nir, bien-​aimés ? En atta­chant à Dieu notre âme de toute notre foi, en recher­chant ce qui lui plaît, ce qui lui est agréable, en accom­plis­sant ce qui convient à sa sainte volon­té, en sui­vant la voie de la véri­té, en reje­tant toute injus­tice, toute méchan­ce­té, l’ambition, les que­relles, la mali­gni­té et les ruses, les mur­mures et les médi­sances, la haine de Dieu, l’orgueil et la jac­tance, la vani­té, et la porte close aux étran­gers. 6. Car ceux qui accom­plissent ces choses sont haïs de Dieu, et non seule­ment ceux qui les accom­plissent, mais encore ceux qui les approuvent. 7. L’Écriture dit en effet : « L’impie, Dieu lui dit : Que viens-​tu réci­ter mes com­man­de­ments, qu’as-tu mon alliance à la bouche, 8. toi qui détestes la règle et rejettes mes paroles der­rière toi ? Voyais-​tu un voleur, tu cou­rais avec lui ; et par­mi les adul­tères, tu étais de chez eux. Ta bouche, tu l’emplissais de malice, et de ta langue tu tra­mais la trom­pe­rie. Tu t’asseyais et tu médi­sais de ton père, tu livrais au scan­dale le fils de ta mère. 9. Voici ce que tu as fait et je me suis tu ; et tu as pen­sé, fou que tu es, que je te suis sem­blable. 10. Je vais te confondre, et t’obliger à te regar­der en face. 11. Comprenez bien, vous tous qui oubliez Dieu, de peur que je ne vous emporte comme un lion et que per­sonne ne soit là pour vous déli­vrer. 12. Le sacri­fice d’action de grâces, voi­là ce qui me glo­ri­fie, et c’est là le che­min où je vous mon­tre­rai le salut de Dieu » (Ps 49, 16–23).

XXXVI, 1. Telle est la voie, bien-​aimés, où nous trou­ve­rons notre salut, Jésus-​Christ, le grand prêtre qui pré­sente nos offrandes, le défen­seur et le secours de notre fai­blesse. 2. Par lui nos regards peuvent fixer le plus haut des cieux, en lui nous voyons le reflet de la face pure et majes­tueuse de Dieu, par lui se sont ouverts les yeux de notre cœur, par lui notre intel­li­gence obtuse et obs­cur­cie s’épanouit dans la lumière, par lui le Maître a vou­lu nous faire goû­ter à la connais­sance immor­telle : « Resplendissement de la gloire du Père, il est d’autant supé­rieur aux anges que le nom qu’il a reçu en héri­tage est incom­pa­rable au leur » (Hé 1, 3–4). 3. Il est écrit en effet : « Il fait des vents ses anges, et des flammes du feu ses ser­vi­teurs » (Ps 103, 4). 4. Mais au sujet de son Fils voi­ci ce que dit le Maître : « Tu es mon fils, je t’ai engen­dré aujourd’hui : demande et je te don­ne­rai les nations pour héri­tage, pour domaine les extré­mi­tés de la terre » (Ps 2, 7–8). 5. Et encore : « Siège à ma droite car de tes enne­mis je vais faire ton mar­che­pied » (Ps 109, 1). 6. Or, quels sont ces enne­mis ? Les méchants qui s’opposent à la volon­té de Dieu.

XXXVII, 1. Faisons cam­pagne, frères, de tout notre zèle, sous les ordres de ce chef irré­pro­chable. 2. Considérons les sol­dats en cam­pagne, comme ils se montrent dis­ci­pli­nés, dociles, sou­mis aux ordres de leurs chefs. 3. Tous ne sont pas à la tête de l’armée ou de mille ou de cent ou de cin­quante et ain­si de suite, mais cha­cun à son poste exé­cute les ordres de l’empereur et de ses chefs. 4. Les grands ne peuvent être sans les petits, ni les petits sans les grands, mais il y a de tout en toutes choses ; et c est ain­si qu’elles sont utiles. 5. Prenons notre corps : la tête n’est rien sans les pieds ; de même les pieds ne sont rien sans la tête. Et nos moindres membres sont néces­saires et utiles au corps entier ; ou plu­tôt tous ensemble conspirent et col­la­borent dans une una­nime obéis­sance au salut du corps entier.

XXXVIII, 1. Qu’il demeure donc entier ce corps que nous for­mons en Jésus-​Christ ! Que cha­cun res­pecte en son pro­chain le cha­risme qu’il a reçu. 2. Que le fort prenne sou­ci du faible, que le faible res­pecte le fort. Que le riche secoure le pauvre, que le pauvre rende grâces à Dieu de lui avoir don­né quelqu’un qui sub­vienne à ses besoins. Que le sage mani­feste sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes œuvres. Que l’humble ne se rende pas témoi­gnage à lui-​même, mais qu’il laisse ce soin à d’autres. Que celui qui est chaste dans sa chair ne s’en glo­ri­fie pas, sachant que c’est à un autre qu’il doit sa conti­nence. 3. Pensons‑y, frères, de quelle pous­sière avons-​nous été for­més ? Quels étions-​nous, à notre entrée en ce monde ? De quelle mort, de quelles ténèbres notre Créateur nous a‑t-​il tirés, lui qui nous a for­més et conduits dans ce monde qui lui appar­tient et où il avait pré­pa­ré pour nous tous ses dons dès avant notre nais­sance ? 4. Puisque c’est de lui que nous tenons tous ces bien­faits, nous devons lui rendre grâces de tout. A lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

XXXIX, 1. Des sots sans intel­li­gence, des insen­sés qui n’ont rien appris se moquent de nous et nous bafouent, vou­lant se don­ner de l’importance avec leurs idées. 2. Or, que peut un mor­tel ? Quelle est la force d’un fils de la terre ? 3. Il est écrit : « Mes yeux ne dis­tin­guaient aucun visage, mais j’entendais un souffle et une voix qui disait : 4. Eh quoi ! un homme serait-​il pur devant le Seigneur ? ses œuvres irré­pro­chables ? A ses ser­vi­teurs eux-​mêmes, Dieu ne fait pas confiance, il convainc ses anges d’égarement. 5. Le ciel même n’est pas pur devant lui. Que dire de ces hôtes de mai­sons d’argile que nous sommes, et faits de la même pous­sière ? Il les écrase comme un ver. Du matin au soir ils ne sont plus, car ils n’ont pas en eux de quoi se venir en aide. 6. Il a souf­flé sur eux et ils sont morts parce qu’ils n’avaient pas de sagesse. 7. Appelle main­te­nant. Peut-​être on va te répondre, ou tu ver­ras l’un des saints anges ! Vraiment, la colère fait périr l’insensé, la jalou­sie le fait mou­rir dans son éga­re­ment. 8. J’en ai bien vu l’un ou l’autre qui pre­nait racine, mais sou­dain leur résis­tance fut dévo­rée. 9. Puissent leurs fils voir s’échapper le salut, puissent-​ils être moqués à la porte des petits sans per­sonne pour les déli­vrer ! Les biens qui leur étaient pré­pa­rés, ce sont les justes qui les man­ge­ront ; mais eux ne trou­ve­ront pas d’issue à leurs maux » (Jb 4, 16–5, 5).

XL, 1. Puisque toutes ces choses nous sont évi­dentes, puisque nous avons son­dé les abîmes de la science de Dieu, nous devons faire avec ordre tout ce que le maître nous a ordon­né d’accomplir en temps déter­mi­nés. 2. Or, il nous a pres­cris de nous acquit­ter des offrandes du culte, non pas n’importe com­ment et sans ordre, mais à des époques et des moments déter­mi­nés. 3. Il a déter­mi­né lui-​même, en son sou­ve­rain bon plai­sir, où et par quels ministres nous devions nous en acquit­ter, afin que tout se passe sain­te­ment selon son bon plai­sir, et soit ain­si agréable à sa volon­té. 4. Aussi, ceux qui pré­sentent leurs offrandes aux moments qu’il a fixés lui sont agréables et il les bénit ; car en sui­vant les ordon­nances du maître, ils ne peuvent faillir. 5. Au grand prêtre des fonc­tions par­ti­cu­lières sont confiées ; les prêtres ont leur place, les lévites leur ser­vice, le laïc les obli­ga­tions des laïcs.

XLI, 1. Que cha­cun d’entre nous, frères, à son rang, plaise à Dieu par une bonne conscience, sans vou­loir fran­chir les limites régu­lières de son office, en toute digni­té. 2. Ce n’est point par­tout, frères, qu’on offre le sacri­fice per­pé­tuel, ou un sacri­fice votif, ou pour les péchés et les fautes, mais seule­ment à Jérusalem. Et là encore, ce n’est pas n’importe où qu’on l’offre, mais face au sanc­tuaire, sur l’autel, non sans que l’offrande ait d’abord été soi­gneu­se­ment exa­mi­née par le grand prêtre et les autres ministres dont il était ques­tion plus haut. 3. Ceux qui contre­viennent à son ordre sont punis de mort. 4. Vous le voyez, frères, plus grande est la connais­sance que nous avons été jugés dignes te rece­voir, plus grave est le risque que nous cou­rons. XLII, 1. Les Apôtres nous ont annon­cé la bonne nou­velle de la part de Jésus-​Christ. Jésus-​Christ a été envoyé par Dieu. 2. Le Christ vient donc de Dieu et les Apôtres du Christ. Cette double mis­sion elle-​même, avec son ordre, vient donc de la volon­té de Dieu. 3. Munis des ins­truc­tions de Notre Seigneur Jésus-​Christ, plei­ne­ment convain­cus par sa résur­rec­tion, et affer­mis dans leur foi en la parole de Dieu, les Apôtres allaient, tout rem­plis de l’assurance que donne le Saint-​Esprit, annon­cer par­tout la bonne nou­velle de la venue du Royaume des cieux. 4. A tra­vers les cam­pagnes et les villes, ils pro­cla­maient la parole, et c’est ain­si qu’ils prirent leurs pré­mices ; et après avoir éprou­vé quel était leur esprit, ils les éta­blirent évêques et diacres des futurs croyants. 5. Et ce n’était pas là chose nou­velle : depuis de longs siècles déjà l’Écriture par­lait des évêques et des diacres ; elle dit en effet : « J’établirai leurs évêques dans la jus­tice, et les diacres dans la foi » (Is 60, 17)

XLIII, 1. Qu’y a‑t-​il d’étonnant à ce que les Apôtres, à qui Dieu confia une si haute mis­sion, aient éta­bli ces ministres, puisque Moïse, le bien­heu­reux « ser­vi­teur fidèle, éta­bli sur toute la mai­son » (Nb 12, 7), a écrit dans les livres saints tous les ordres qu’il avait reçus ; et les autres pro­phètes l’ont sui­vi et ont ren­du témoi­gnage aux lois qu’il avait ins­ti­tuées. 2. Or, lorsque la jalou­sie sur­git à pro­pos du sacer­doce et que les tri­bus se mirent à se dis­pu­ter l’honneur de ce titre glo­rieux, Moïse ordon­na aux chefs des douze tri­bus d’apporter cha­cun un rameau por­tant le nom de leur tri­bu ; alors il lia ces rameaux en fais­ceau, les scel­la avec les anneaux des chefs, puis les dépo­sa dans le taber­nacle du témoi­gnage sur l’autel de Dieu. 3. Il fer­ma ensuite le taber­nacle, en scel­la les agrafes, comme il avait scel­lé les rameaux, 4. et il leur dit : « Frères, la tri­bu dont le rameau ger­me­ra est celle que Dieu a choi­sie pour exer­cer le sacer­doce et le ser­vice du culte. » 5. Le len­de­main, il convo­qua tout Israël, les six cent mille hommes, ouvrit le taber­nacle du témoi­gnage et en sor­tit les rameaux. On trou­va que la verge d’Aaron avait fleu­ri, et même por­tait du fruit. 6. Que vous en semble, bien-​aimés ? Moïse ne savait-​il pas qu’il en serait ain­si ? Il le savait par­fai­te­ment. Mais c’est pour évi­ter le désordre en Israël qu’il agit de la sorte, et pour glo­ri­fier le nom du Dieu véri­table et unique, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

XLIV, 1. Nos Apôtres aus­si ont su qu’il y aurait des contes­ta­tions au sujet de la digni­té de l’épiscopat ; 2. c’est pour­quoi, sachant très bien ce qui allait adve­nir, ils ins­ti­tuèrent les ministres que nous avons dit et posèrent ensuite la règle qu’à leur mort d’autres hommes éprou­vés suc­cé­de­raient à leurs fonc­tions. 3. Ceux qui ont ain­si reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d’autres per­son­nages émi­nents, avec l’assentiment de toute l’Église, s ils ont ser­vi le trou­peau du Christ d’une façon irré­pro­chable, en toute humi­li­té, sans trouble ni mes­qui­ne­rie, si tous ont ren­du un bon témoi­gnage depuis long­temps, nous pen­sons que ce serait contraire à la jus­tice de les reje­ter de leur minis­tère. 4. Et ce ne serait pas une petite faute de dépo­ser de l’épiscopat des hommes qui pré­sentent à Dieu les offrandes avec une pié­té irré­pro­chable. 5. Heureux les pres­bytres qui ont déjà par­cou­ru leur car­rière ! Pour ceux-​ci du moins, elle s’est dérou­lée jusqu’au bout et a rap­por­té son fruit. Ils n’auront plus à craindre qu’on vienne les chas­ser du poste qui leur a été assi­gné. 6. Car nous voyons que vous avez reti­ré à plus d’un bon pres­bytre un minis­tère qu’il exer­çait d’une manière irré­pro­chable et qui lui valait l’estime de tous.

XLV, 1. Vous riva­li­sez d’ardeur, frères, dans les choses du salut. 2. Vous vous êtes lon­gue­ment pen­chés sur les Écritures saintes, qui sont véri­diques, qui nous viennent du Saint-​Esprit 3. Vous savez quelles ne contiennent ni injus­tice, ni faus­se­té. Vous n’y trou­ve­rez pas que des justes aient été chas­sés par des hommes pieux. 4. Les justes ont été per­sé­cu­tés, mais par des pécheurs ; empri­son­nés, mais par des impies ; lapi­dés, mais par des méchants ; mis à mort, mais par des hommes rem­plis d’une hon­teuse et cri­mi­nelle jalou­sie. 5. Ces souf­frances, ils les ont endu­rées glo­rieu­se­ment. 6. Que dire en effet, frères ? Est-​ce par des hommes crai­gnant Dieu que Daniel a été jeté dans la fosse aux lions ? 7. Ananias, Azarias et Misaël, est-​ce par des ser­vi­teurs doués au ser­vice ines­ti­mable et glo­rieux du Très-​Haut, qu’ils ont été jetés dans la four­naise ardente ? En aucune façon. Qui donc les trai­tait de la sorte ? Des indi­vi­dus odieux, rem­plis de toute espèce de malice, et qui exci­tèrent leur rage jusqu’à livrer aux tor­tures des ser­vi­teurs de Dieu, saints et irré­pro­chables, igno­rant que le Très-​Haut pro­tège et défend ceux qui servent son saint nom en toute pure­té de conscience. A Lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen. 8. Quant à ceux qui ont souf­fert avec confiance, la gloire et l’honneur ont été leur héri­tage, Dieu les a exal­tés et les a ins­crits dans le livre, pour y conser­ver leur mémoire aux siècles des siècles. Amen.

XLVI, 1. C’est à ces exemples que nous devons, nous aus­si, adhé­rer, frères. 2. « Attachez-​vous aux saints, car en s’attachant à eux on se trouve sanc­ti­fié » (Aut. inc.). 3. Et dans un autre endroit : « Tu seras pur avec le pur, élu avec l’élu, mais rusant avec le fourbe » (Ps 17, 26–27). 4. Attachons-​nous donc aux hommes purs et justes, car ce sont eux qui sont les élus de Dieu. 5. Que signi­fient par­mi vous les que­relles, les éclats, les dis­sen­sions, les schismes et la guerre ? 6. N’avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul esprit de cha­ri­té répan­du sur nous, une seule voca­tion dans le Christ ? 7. Pourquoi déchi­rer et écar­te­ler les membres du Christ ? Pourquoi vous révol­ter contre votre propre corps ? en venir à ce point de démence d’oublier que nous sommes membres les uns des autres ? Souvenez-​vous des paroles de Jésus, Notre Seigneur : 8. « Malheur à cet homme ! Mieux vau­drait pour lui n’être pas né que de scan­da­li­ser un seul de mes élus ! Mieux vau­drait pour lui se voir pas­ser autour du cou une pierre à moudre et être pré­ci­pi­té dans la mer que de per­ver­tir un seul de mes élus » (Mt 26, 24 ; Lc 17, 2). 9. Or, votre schisme en a per­ver­ti beau­coup, il en a jeté beau­coup dans le décou­ra­ge­ment, beau­coup dans le doute, nous tous dans la tris­tesse ! Et votre que­relle se prolonge !

XLVII, 1. Reprenons la lettre du bien­heu­reux Apôtre Paul. 2. Que vous a‑t-​il écrit dans les com­men­ce­ments de l’Évangile ? En véri­té, il était ins­pi­ré par l’Esprit lorsqu’il vous a écrit au sujet de Céphas et d’Apollos, car à cette époque déjà vous for­miez des par­tis ; 4. mais cela vous ren­dait alors moins cou­pables, car vos par­tis se for­maient autour d’Apôtres auto­ri­sés ou d’hommes éprou­vés par eux. 5. Mais aujourd’hui voyez quels hommes vous ont trou­blés et com­ment se sont affai­blis votre cha­ri­té fra­ter­nelle et le renom de sain­te­té qu’elle vous don­nait. 6. C’est une honte, bien-​aimés, une honte par trop grande ; c’est indigne d’une conduite sou­mise au Christ qu’on raconte que l’Église de Corinthe s’est révol­tée contre ses pres­bytres à cause d’un ou deux indi­vi­dus. 7. Et le bruit n’en est pas venu seule­ment jusqu’à nous, mais aus­si jusqu’à ceux qui ne par­tagent pas notre foi, de sorte que le nom du Seigneur est blas­phé­mé à cause de votre folie, et que vous vous expo­sez vous-​mêmes à des dangers.

XLVIII, 1. Faisons donc dis­pa­raître ce mal au plus vite, et jetons-​nous aux pieds du Maître et supplions-​le avec larmes de se mon­trer favo­rable, de nous récon­ci­lier « de réta­blir chez nous la pra­tique pieuse et sainte de la cha­ri­té fra­ter­nelle. 2. Car la cha­ri­té est une porte de jus­tice qui s’ouvre sur la vie, selon qu’il est écrit : » Ouvrez-​moi les portes de jus­tice, j’entrerai et je ren­drai grâce au Seigneur. 3. C’est ici la porte du Seigneur, c’est par elle que les justes entre­ront » (Ps 117,19–20). 4. Beaucoup de portes nous sont ouvertes : celle de la jus­tice est celle du Christ. Bienheureux ceux qui entrent et dirigent leur marche « dans la sain­te­té et la jus­tice » (Lc 1, 75), et qui accom­plissent sans désordre tous leurs devoirs ! 5. Quelqu’un est-​il fidèle, capable d’exposer une connais­sance, quelqu’un est-​il sage dans le dis­cer­ne­ment des dis­cours, ou chaste dans sa conduite ? 6. Il doit être d’autant plus humble qu’il paraît plus grand, et cher­cher l’utilité com­mune de tous et non la sienne. 4. Les som­mets où nous porte la cha­ri­té sont inef­fables. 5. La cha­ri­té nous unit à Dieu, « la cha­ri­té couvre une mul­ti­tude de péchés » (1 P 4, 8). La cha­ri­té sup­porte tout, la cha­ri­té est lon­ga­nime ; rien de mes­quin dans la cha­ri­té, rien d’orgueilleux. La cha­ri­té ne fait pas de schisme, ne fomente pas de révolte ; elle accom­plit toutes choses dans la concorde ; c’est la cha­ri­té qui fait la per­fec­tion de tous les élus de Dieu ; sans la cha­ri­té, rien n’est agréable à Dieu. 6. C’est dans la cha­ri­té que le Maître nous a tirés à lui ; c’est à cause de la cha­ri­té qu’il a eue pour nous, que Notre Seigneur Jésus-​Christ a don­né son sang pour nous, selon le des­sein de Dieu, sa chair pour notre chair, son âme pour nos âmes.

L, 1. Vous voyez, bien-​aimés, com­bien la cha­ri­té est chose grande et admi­rable, et il n’est pas pos­sible d’en expli­quer la per­fec­tion. 2. Qui peut être trou­vé capable d’y atteindre, sinon celui à qui Dieu en a fait la grâce ? Prions-​le donc, et deman­dons à sa misé­ri­corde d’être trou­vés tans la cha­ri­té, loin te toute accep­tion de per­sonnes, exempts de reproches. 3. Toutes les géné­ra­tions, depuis Adam jusqu’à ce jour, ont pas­sé, mais ceux qui ont été trou­vés dans la cha­ri­té par la grâce de Dieu demeurent dans le séjour des saints, qui se mani­fes­te­ront lorsque appa­raî­tra le royaume du Christ. 4. Il est écrit en effet : « Entrez dans vos chambres un ins­tant, jusqu’à ce que soient pas­sées ma colère et ma fureur ; et je me sou­vien­drai d’un jour favo­rable, et je vous ferai remon­ter du tom­beau » (Is 26, 20 ; Ez 37, 12). 5. Heureux sommes-​nous, bien-​aimés, si nous accom­plis­sons les com­man­de­ments de Dieu dans la concorde de la cha­ri­té, afin que nos péchés nous soient remis à cause de la cha­ri­té. 6. Il est écrit en effet : « Heureux qui est acquit­té de son péché, absous de sa faute. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute aucun tort et dont la bouche est sans fraude » (Ps 31,1–2). 7. Cette béa­ti­tude s’adresse à ceux qui ont été élus de Dieu par Notre Seigneur Jésus-​Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

LI, 1. Toutes nos chutes et toutes les fautes que nous avons com­mises sous l’investigation d’un de ces sup­pôts de l’ennemi, implorons-​en le par­don. Et ceux qui ont été les ins­ti­ga­teurs de la révolte et de la sédi­tion doivent consi­dé­rer quelle est notre com­mune espé­rance. 2. Ceux qui vivent dans la crainte de Dieu et sa cha­ri­té pré­fèrent subir eux-​mêmes des tour­ments que de les voir infli­ger à leur pro­chain. Ils pré­fèrent sup­por­ter eux-​mêmes le blâme, plu­tôt que de voir blâ­mer l’harmonie dont la tra­di­tion a été si sain­te­ment et si bel­le­ment conser­vée jusqu’à nous. 3. Il vaut mieux confes­ser publi­que­ment ses fautes que de s’endurcir le cœur, comme il arri­va à ceux qui se révol­tèrent contre le ser­vi­teur de Dieu, Moïse ; et leur châ­ti­ment fut écla­tant. 4. Car « ils des­cen­dirent vivants dans l’enfer » (Nb 16, 33), et c’est la mort qui les mène­ra paître. 5. Le Pharaon et son armée, tous les chefs d’Égypte avec leurs chars et leurs cava­liers furent englou­tis dans la mer Rouge et y périrent pour la seule rai­son qu’ils avaient endur­ci leurs cœurs sans intel­li­gence, après tous les miracles et les pro­diges opé­rés en Égypte par Moïse le ser­vi­teur de Dieu.

LII, 1. Il n’a besoin de rien, frères, le Maître de toutes choses, il ne demande rien à per­sonne, sinon l’aveu tes fautes. 2. David, son élu, dit en effet : « Je confes­se­rai à Dieu mes fautes, cela plai­ra au Seigneur plus qu’un jeune tau­reau avec corne et sabots. A cette vue, les humbles se réjoui­ront » (Ps 68, 31–33). 3. Et encore : « Offre à Dieu un sacri­fice d’action de grâces, accom­plis tes vœux pour le Très-​Haut. Appelle-​moi au jour de l’angoisse, je t’affranchirai et tu me ren­dras gloire » (Ps 49, 14–15). 4. « Le sacri­fice pour Dieu, c’est un esprit bri­sé » (Ps 50,19).

LIII, 1. Vous connais­sez, vous connais­sez très bien les saintes Écritures, bien-​aimés, et vous vous êtes lon­gue­ment pen­chés sur les paroles de Dieu. Ce n’est donc que pour mémoire que nous vous écri­vons ceci. 2. Lorsque Moïse fut mon­té sur la mon­tagne et qu’il eût pas­sé qua­rante jours et qua­rante nuits dans le jeune et l’humilité, Dieu lui dit : « Moïse, Moïse, des­cends d’ici en hâte, car ton peuple a péché, ton peuple que tu as rame­né d’Égypte. Ils n’ont pas tar­dé à s’écarter de la voie que je leur avais pres­crite ; ils se sont fait des idoles de métal fon­du » (Dt 9,12). 3. Puis le Seigneur lui dit : « Une fois et même deux fois, je t’ai adres­sé la parole pour te dire : « J’ai vu ce peuple ; c’est un peuple à nuque raide. Laisse-​moi, que je les détruise et que j’efface leur nom de des­sous les cieux ; et je ferai de toi une nation puis­sante, pro­di­gieuse, nom­breuse plus que celle-​ci » (Dt 9, 13–14). 4. Et Moïse répon­dit : « Non, Seigneur ; mais par­donne à ce peuple son péché, sinon efface-​moi aus­si du Livre des vivants » (Ex 32, 32). 5. Ô la grande cha­ri­té, ô l’inégalable per­fec­tion ! Le ser­vi­teur parle libre­ment à son maître, il demande par­don pour la mul­ti­tude, ou de périr avec elle.

LIV, 1. Qui, par­mi nous, se sent une âme géné­reuse, com­pa­tis­sante, pleine de cha­ri­té ? 2. Qu’il dise : « Si c’est moi qui apporte ici la sédi­tion, la dis­corde, le schisme, je vais m’en aller où vous vou­drez et je ferai ce que déci­de­ra l’assemblée ; seule­ment que le trou­peau du Christ demeure dans la paix avec ses pres­bytres consti­tués. 3. Celui qui se condui­ra de la sorte s’acquerra une grande gloire dans le Christ et il sera bien reçu où qu’il aille ; car « au Seigneur la terre et toute sa plé­ni­tude » (Ps 23, 1). 4. Voici com­ment agissent et agi­ront ceux dont la conduite est de Dieu, et ne connaît pas le remords.

LV, 1. Mais pour prendre aus­si des exemples chez les païens, bien des rois et des chefs, alors que la peste sévis­sait, se sont don­nés la mort sur le conseil d’un oracle, afin de sau­ver leurs conci­toyens, au prix de leur sang. D’autres, en grand nombre, se sont exi­lés de leur patrie, pour que la sédi­tion ne s’y pro­lon­geât pas davan­tage. 2. Nous savons que beau­coup des nôtres se sont volon­tai­re­ment consti­tués pri­son­niers pour en déli­vrer d’autres de leurs fers. Beaucoup aus­si se sont ven­dus comme esclaves pour en faire sub­sis­ter d’autres avec l’argent. 3. Plus d’une femme, ren­due forte par la cha­ri­té de Dieu, a accom­pli des exploits dignes d’un homme. 4. La bien­heu­reuse Judith, voyant qu’on fai­sait le siège de sa ville, sol­li­ci­ta des Anciens qu’on la laisse aller dans le camp enne­mi ; 5. s’exposant volon­tai­re­ment au dan­ger, elle sor­tit de la ville, par amour pour la patrie et pour son peuple assié­gé. Et le Seigneur livra Holopherne entre les mains d’une femme. 6. Esther, à la foi si par­faite, n’encourut pas un moindre péril pour sau­ver les douze tri­bus d’Israël d’une mort immi­nente. Elle sup­plia, dans le jeûne et l’humiliation, le Maître qui voit tout, le Dieu de tous les siècles, et lui, voyant l’humilité de son âme, sau­va le peuple pour l’amour de qui elle s’était expo­sée à la mort.

LVI, 1. Nous aus­si, prions pour ceux qui ont com­mis quelque faute ; qu’ils reçoivent de Dieu la dou­ceur et l’humilité qui les feront céder non pas à nous, mais à la volon­té de Dieu ; car c’est ain­si que por­te­ra tous ses fruits le sou­ve­nir com­pa­tis­sant que nous avons eu d’eux devant Dieu et devant les saints. 2. Acceptons les cor­rec­tions fra­ter­nelles, per­sonne ne doit s’en offen­ser, bien-​aimés. L’avertissement que nous nous don­nons les uns aux autres est une chose bonne et tout à fait utile. 3. Voici, en effet, ce que dit l’Écriture sainte : « Il m’a châ­tié et châ­tié, le Seigneur, et à la mort il ne m’a pas livré » (Ps 117, 18). 4 Car celui qu’il aime, le Seigneur le cor­rige ; il châ­tie tous ceux qu’il agrée (Pr 3, 12). 5. « Que le juste me cor­rige avec misé­ri­corde, et qu’il me reprenne ; mais que l’huile de l’impie jamais n’orne ma tête » (Ps 140, 5). 6. Et encore : « Oui, heu­reux l’homme que Dieu cor­rige. Aussi, sois docile à la leçon du Tout-​Puissant, lui qui blesse, puis panse la plaie, 7. qui meur­trit, puis gué­rit de sa main. 8. Six fois, de l’angoisse il te déli­vre­ra, et une sep­tième, le mal t’épargnera. 9. Dans la famine il te sau­ve­ra de la mort, à la guerre, des atteintes de l’épée. 10. Tu seras à l’abri du fouet de la langue, sans crainte à l’approche du pillard. 11. Tu te riras des injustes et des méchants, et tu ne crain­dras pas les bêtes mal­fai­santes ; 12. les ani­maux sau­vages seront en paix avec toi. 13. Tu trou­ve­ras ta mai­son pros­père ; sous ta tente tes biens ne feront pas défaut. 14. Tu ver­ras ta pos­té­ri­té s’accroître, tes enfants pous­ser comme l’herbe des champs. 15. Tu entre­ras dans ta tombe bien mûr comme le blé qu’on mois­sonne, quand c’est la sai­son, ou comme on entasse la meule en son temps » (Jb 5, 17–26). 16. Vous le voyez, bien-​aimés, quelle pro­tec­tion s’étend sur ceux qui acceptent le châ­ti­ment du Maître ; comme un bon père, il ne nous châ­tie que pour que ce saint châ­ti­ment soit un nou­veau motif de sa miséricorde.

LVII, 1. Vous donc qui êtes à l’origine des dis­sen­sions, soumettez-​vous aux pres­bytres, laissez-​vous cor­ri­ger afin de vous repen­tir et de ployer les genoux de votre cœur. 2. Apprenez à obéir, lais­sant là votre arro­gance et la trop brillante audace de votre langue. Mieux vaut, en effet, pour vous, être petits, mais comp­tés dans le trou­peau du Christ que d’être esti­més très haut et de vous voir exclus de l’espérance que nous avons en lui. 3. Voici en effet comme s’exprime la très sainte Sagesse : « Pour vous je vais épan­cher mon esprit et vous faire connaître mes dires. 4. Puisque j’ai appe­lé et que vous avez refu­sé, que j’ai par­lé lon­gue­ment, sans que vous y pre­niez garde, puisque vous avez négli­gé mes conseils et que vous n’avez pas vou­lu de mes remon­trances, je me réjoui­rai à mon tour de votre perte, et je vous nar­gue­rai quand vien­dra la ruine, quand l’épouvante fon­dra sur vous et la catas­trophe comme un oura­gan, quand l’épreuve et l’angoisse fon­dront sur vous. 5. Un jour ils m’invoqueront, mais je ne répon­drai pas. Les méchants me cher­che­ront et ne me trou­ve­ront pas. Ils détes­taient le savoir, ils n’aimaient pas plus que tout la crainte du Seigneur, ils ne vou­laient pas de mon conseil, ils fai­saient fi de mes répri­mandes. 6. Ils man­ge­ront donc du fruit de leurs erre­ments, ils se ras­sa­sie­ront de leur propre impié­té. 7. Pour avoir fait du mal aux simples, ils connaî­tront la mort, le juge­ment sera la perte des impies. Mais celui qui m’écoute éta­bli­ra en confiance sa demeure dans l’espérance ; il sera dans la paix sans craindre aucun mal » (Pr 1, 23–33).

LVIII, 1. Obéissons donc à son nom très saint et plein de gloire, mettons-​nous à l’abri des menaces pro­fé­rées par la Sagesse contre les insou­mis, afin de vous éta­blir dans un confiant aban­don au nom très saint de sa Majesté. 2. Recevez notre conseil et vous n’aurez pas à vous en repen­tir. Car aus­si vrai que Dieu est vivant, vivants le Seigneur Jésus-​Christ et le Saint-​Esprit, objets de la foi et de l’espérance des élus, celui qui met hum­ble­ment en pra­tique les com­man­de­ments et les pré­ceptes que nous a don­nés le Seigneur, avec une per­sé­vé­rante dis­cré­tion et sans négli­gence, celui-​là trou­ve­ra son rang et sa place au nombre de ceux qui sont sau­vés par Jésus-​Christ, par qui la gloire soit à Dieu aux siècles des siècles. Amen.

LIX, 1. Mais s’il y en a qui résistent aux aver­tis­se­ments que Dieu leur envoie par notre tru­che­ment, qu’ils sachent que leur faute n’est pas légère, ni mince le dan­ger auquel ils s’exposent. 2. Pour nous, nous serons inno­cents de ce péché et nous prie­rons d’une prière et d’une sup­pli­ca­tion inlas­sables le Créateur de toutes choses, de main­te­nir intact le nombre de ses élus dans le monde entier, par son Fils bien-​aimé, Jésus-​Christ, qui nous a appe­lés des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la connais­sance de la gloire de son nom. 3. Il nous a appris à espé­rer en ton nom, prin­cipe de toute créa­ture, Tu as ouvert les yeux de notre cœur pour qu’il te connaisse, Toi, « le seul Très-​Haut dans les cieux très hauts », « le saint qui repose par­mi les saints » (Is 57, 15), « Toi qui abaisses l’orgueil tes superbes » (Is 13, 11), « Qui confonds les pen­sées des peuples » (Ps 32, 10), « Qui exaltes les humbles, et qui humi­lies les hau­tains » (Jb 5, 11), « Toi qui donnes la richesse et la pau­vre­té » (1 S 2, 7), « Toi qui fais mou­rir, qui sauves, et qui fais vivre » (Dt 32, 39), « Toi seul bien­fai­teur « des esprits, et Dieu de toute chair » (Nb. 16, 22 ; 27, 16), « Toi qui sondes les abîmes » (Dn 3, 55), qui scrutes les œuvres de l’homme. Secours dans le dan­ger, « Sauveur dans le déses­poir » (Jdt 9, 11), Créateur et évêque de tout esprit vivant. Toi qui mul­ti­plies les races sur la terre, Et qui, du milieu de cha­cune d’entre elles, choi­sis ceux qui t’aiment, par Jésus-​Christ, ton Fils bien-​aimé, Par qui tu nous as ensei­gnés, sanc­ti­fiés, glo­ri­fiés. 4. Nous t’en prions, Maître, « fais-​toi notre secours et notre pro­tec­teur » (Ps 118,114). Parmi nous, sauve les oppri­més, Aux humbles fais misé­ri­corde. Ceux qui sont tom­bés, relève-​les ; A ceux qui sont dans la misère, montre ta face. Les faibles, daigne les gué­rir, Les éga­rés de ton peuple, veuille les rame­ner, Donne du pain aux affa­més, Délivre-​nous de nos liens, Rends-​nous debout ceux qui lan­guissent, Console les pusil­la­nimes. « Que toutes les nations connaissent que tu es toi le seul Dieu » (1 R. 8, 60) Et que Jésus-​Christ est ton Fils Et « nous-​mêmes, ton peuple et le trou­peau de ton ber­cail » (Ps 78, 13)

LX, 1. C’est toi dont les œuvres ont fait appa­raître l’immortelle har­mo­nie du cos­mos, C’est toi, Seigneur, qui as fait la terre habi­tée, Toi qui te montres fidèle dans toutes les géné­ra­tions, Juste dans tes juge­ments, Admirable dans ta force et ta majes­té, Sage dans ta créa­tion, Tout intel­li­gence pour éta­blir cette créa­tion dans la sta­bi­li­té. Bonté mani­fes­tée dans le monde visible, Fidélité envers ceux qui se confient en toi, Seigneur « misé­ri­cor­dieux et com­pa­tis­sant » (Jl 2, 13), Remets-​nous nos péchés et nos ini­qui­tés, Pardonne nos fautes et nos man­que­ments, 2. Ne fais pas le compte des fautes de tes ser­vi­teurs et de tes ser­vantes, Mais purifie-​nous en nous lavant dans ta véri­té (Ps 118, 133). « Dirige notre marche » (Ps 118, 133), « afin que nous allions dans la sain­te­té du cœur » (1 R. 9, 4), Et que « nous accom­plis­sions ce qui est bien et agréable à tes yeux » (Dt 13, 18) Et aux yeux de ceux qui nous gou­vernent. 3. Oui, Maître, « fais luire sur nous ta face » (Ps 66, 2) Pour notre bien, dans la paix, Pour nous être un appui, par ta main puis­sante, Pour nous libé­rer de tout péché, par ton bras éten­du, Et nous déli­vrer de ceux qui nous pour­suivent d’une injuste haine. 4. Donne-​nous la concorde et la paix, A nous et à tous les habi­tants de la terre, Comme tu les as don­nées à nos pères Lorsqu’ils invo­quaient ton nom dans la foi et la véri­té. Et pour cela rends-​nous sou­mis A ton nom tout-​puissant et très saint, Ainsi qu’à ceux qui nous gou­vernent et nous dirigent sur la terre.

LXI, 1. C’est Toi, Seigneur, qui leur as don­né le pou­voir d’exercer leur auto­ri­té, Par ta force magni­fique et inef­fable, Afin que sachant que c’est de toi qu’ils ont reçu leur gloire et l’honneur où nous les voyons, Nous leur soyons sou­mis, bien loin de nous oppo­ser à ta volon­té. Donne-​leur donc, Seigneur, la san­té, la paix, la concorde, la sta­bi­li­té, Afin qu’ils exercent sans obs­tacle la sou­ve­rai­ne­té que tu leur as confiée. 2. Car c’est toi, Maître, Roi des Cieux pour les siècles, Qui donnes aux fils des hommes la gloire et l’honneur Et le pou­voir sur les choses de la terre. Toi donc, dirige leur conseil selon ce qui est bien et agréable à tes yeux, Afin qu’en exer­çant dans la paix, la man­sué­tude, Avec pié­té, l’autorité que tu leur as don­née, Ils obtiennent ta grâce. 3. Toi seul peux faire ces choses Et nous en accor­der de bien plus grandes encore, Nous t’en ren­dons grâces par le grand prêtre et le chef de nos âmes, Jésus-​Christ, Par qui gloire et magni­fi­cence soit à Toi, main­te­nant, De géné­ra­tion en géné­ra­tion, Et dans les siècles des siècles. Amen.

LXII, 1. Pour les dis­po­si­tions conve­nables à notre reli­gion, pour l’attitude la plus utile à la ver­tu, chez des per­sonnes qui veulent se conduire en toute sain­te­té et pié­té, nous vous en avons suf­fi­sam­ment écrit, frères. 2. Pour la foi, la péni­tence, la vraie cha­ri­té et la conti­nence, la chas­te­té et la patience, nous avons vu tous les aspects de la ques­tion, et nous vous avons rap­pe­lé qu’il vous faut plaire au Dieu Tout-​Puissant, par votre sain­te­té, qui sera toute jus­tice, véri­té, lon­ga­ni­mi­té, en main­te­nant la concorde par l’oubli des injures, en vivant dans la cha­ri­té et la paix, en demeu­rant dis­crets en toutes cir­cons­tances, comme nos pères dont nous vous avons mon­tré l’exemple, et qui ont plu par leur humi­li­té envers leur Père, leur Dieu, leur Créateur et envers les hommes. 3. Nous avons pris d’autant plus de plai­sir à vous rap­pe­ler ces choses que nous savions nous adres­ser à des per­sonnes fidèles, dont on fait cas, et qui ont appro­fon­di les maximes de l’enseignement divin.

LXIII, 1. Il est donc juste de nous mettre à l’école de tant de grands et beaux exemples, et de cour­ber la tête, de rem­plir la place que nous donne l’obéissance afin d’apaiser une dis­corde vaine, et d’atteindre sans reproche le but qui nous est pro­po­sé dans la véri­té. 2. Vous nous cau­se­rez joie et allé­gresse, si vous obéis­sez à ce que nous vous avons écrit par le Saint-​Esprit, et si vous met­tez une fin aux res­sen­ti­ments cou­pables que votre riva­li­té a fait naître, selon les invi­ta­tions à la paix et à la concorde, que nous vous fai­sons dans cette lettre. 3. Nous vous avons envoyé des hommes sûrs et sages qui ont vécu sans reproche au milieu de nous depuis leur jeune âge jusqu’à la vieillesse ; ils seront témoins entre vous et nous. 4. Nous avons agi de la sorte afin que vous sachiez que tout notre sou­ci a été et demeure de vous réta­blir promp­te­ment dans la paix. 

LXIV, 1. Pour le reste, que Dieu qui sait tout et qui est « le Maître des esprits et le Seigneur de toute chair » (Nb 16, 22 ; 27, 16), lui qui s’est choi­si le Seigneur Jésus-​Christ et nous-​mêmes en lui, pour être son peuple par­ti­cu­lier, que Dieu donc donne à toute âme qui invoque son saint nom de majes­té, la foi, la crainte, la paix, la patience et la lon­ga­ni­mi­té, la conti­nence, la chas­te­té, la tem­pé­rance, afin de plaire à son nom, par notre grand prêtre et notre chef, Jésus-​Christ, par qui la gloire, la majes­té, la puis­sance et l’honneur soit à Dieu main­te­nant et dans tous les siècles des siècles. Amen.

LXV, 1. Rendez-​nous promp­te­ment, en paix et joie, les mes­sa­gers que nous vous avons envoyés : Claudius Ephebus et Valerius Biton avec Fortunatus, afin qu’ils nous annoncent au plus vite la paix et la concorde si dési­rables et si dési­rées par nous, et que nous nous réjouis­sions, nous aus­si, au plus tôt du bon ordre par­mi vous. 2. Que la grâce de notre Seigneur Jésus soit avec vous et avec tous les élus que Dieu a appe­lés en tout lieu par lui, à qui soit l’honneur, la gloire, la puis­sance et la majes­té, le trône éter­nel, depuis le com­men­ce­ment jusqu’à la fin des siècles. Amen.