Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

8 février 1948

Discours à l'Académie Pontificale des Sciences

La découverte partielle de l'œuvre de Dieu à travers les sciences de la nature.

Table des matières

Dans son Motu Proprio du 28 octobre 1936, S.S. Pie XI explique les ori­gines de cette Académie [1]. Le 17 août 1603, des savants furent réunis à Rome en une assem­blée des­ti­née à leur « per­mettre, d’acquérir la science et la sagesse par une voie droite et pieuse… et d’en faire part pai­si­ble­ment aux autres hommes par la parole et la plume, sans cau­ser de pré­ju­dice à personne. »

Pie IX en 1847, déci­dait que cette ins­ti­tu­tion, dépen­drait du Pontife romain ; à par­tir de ce moment, elle s’appela Pontificia aca­de­mia novo­rum Lynceorum ; Léon XIII en 1887, lui don­na de nou­veaux statuts.

A son tour, Pie XI en 1936, donne de nou­velles régies à la Pontificia Academia Scientiarum. Il en nom­mait en même temps les 70 pre­miers membres [2] et le R. P. Agostino Gemelli O. F. M., pro­fes­seur de psy­cho­lo­gie appli­quée à l’Université catho­lique du Sacré-​Cœur de Milan, et rec­teur magni­fique de cette Université, en fut nom­mé Président.

A l’occasion de l’ouverture de la dou­zième année de l’Académie Ponti­ficale des Sciences, le Pape Pie XII a pro­non­cé le dis­cours suivant :

Souvenir de Pie XI :

En Nous retrou­vant ici, au milieu de vous, illustres acadé­miciens, pour l’inauguration de la nou­velle année de l’Acadé­mie pon­ti­fi­cale des sciences, Notre pen­sée ne peut, en même temps, man­quer d’évoquer encore une fois le sou­ve­nir de Notre inou­bliable et incom­pa­rable pré­dé­ces­seur, fon­da­teur de ce très noble Institut, et de se repré­sen­ter, dans son vête­ment blanc, celui dont les neiges imma­cu­lées des Alpes parurent annon­cer et augu­rer jadis la très haute pater­ni­té ; ces neiges qu’il fou­la d’un pied har­di et ferme, bra­vant les dan­gers, les abîmes et les orages, dési­reux qu’il était d’atteindre non seule­ment les cimes des mon­tagnes natu­relles, mais aus­si les som­mets de la véri­té spé­cu­la­tive et pra­tique. Tandis qu’il esca­la­dait les pentes, il lui sem­blait voir se dres­ser tou­jours plus haut les mon­tagnes et s’abaisser les val­lées — ascen­de­runt montes, des­cen­de­runt valles (Ps. CIII, 8), et lorsqu’il des­cen­dait, il admi­rait dans sa blan­cheur le Dôme de Milan, comme une alpe étin­ce­lante aux mer­veilleuses aiguilles, sur­gis­sant au milieu des plaines lom­bardes. Vous aus­si, vous avez gra­vi les Alpes du savoir, atteint les cimes des sciences spé­cu­la­tives, du cal­cul et de l’astronomie, les hau­teurs où tour­billonnent les étoiles et les nébu­leuses ; vous êtes des­cen­dus aus­si dans les plaines des sciences pra­tiques aux mille formes de l’art, de la tech­nique, de l’expérience ; car la grande puis­sance de l’intelligence humaine dans le domaine spé­cu­la­tif lui per­met d’étendre la main et d’agir, en fai­sant des lois immuables et des matières de la nature un guide et un sou­tien dans son action constam­ment diri­gée et sou­te­nue par le gou­ver­ne­ment et la pro­vi­dence de Dieu.

Au sommet des créatures se dresse l’homme. L’homme par le travail de ses mains exerce sa maîtrise sur la création :

Mais sur notre globe, appa­raît à nos yeux, en maître domi­nant tous les êtres vivants de la nature, l’homme auquel Dieu ordonne de se mul­ti­plier et de peu­pler la terre et par son tra­vail de se pro­cu­rer le pain néces­saire à sa sub­sis­tance. Aussi, ne faut-​il pas s’étonner si le grand phi­lo­sophe de Stagire, Aristote, com­pare l’homme à la main, organe des organes (Περι ψυχὴς I. III, C. 8). Tout en effet, est dû à la main : les villes et les for­te­resses, les monu­ments, les codes de la sagesse, de la science, de l’art et de la poé­sie, l’héritage et le patri­moine des biblio­thèques et de la civi­li­sa­tion humaine.

D’autre part, par son esprit, l’homme domine également les choses :

Pareillement, l’âme est don­née à l’homme, pour ain­si dire à la place de toutes les natures des choses, dans la mesure où notre âme, par les sens, et son intel­li­gence, per­çoit toutes les formes ou images des choses elles-​mêmes. Laissez-​Nous donc admi­rer votre main et votre intel­li­gence de dis­ciples de la nature, comme vous l’êtes dans vos écoles, dans vos labo­ra­toires, dans vos offi­cines, dans vos chan­tiers, dans vos arse­naux. Cependant, vous êtes en même temps des maîtres ; vous ensei­gnez et pro­je­tez en dehors de vous-​mêmes, non pas les formes sen­sibles et intel­lec­tuelles de votre âme, mais par elles ce que la nature a pro­duit et pro­je­té dans vos facul­tés intel­lec­tuelles. Dans votre ima­gi­na­tion et dans votre esprit, vous for­mez, inven­tez et com­po­sez d’admirables images et plans d’appareils, d’instruments, de téles­copes, de micro­scopes, de spec­tro­scopes et de mille autres moyens de toutes sortes pour domp­ter, enchaî­ner et diri­ger les forces naturelles.

Dieu seul a cependant le pouvoir créateur ; l’homme n’a que le pouvoir de transformer :

Toutefois, votre art ne crée pas la matière, qui est dans vos mains, mais par un arti­fice savant il la modi­fie seule­ment, en dirige l’action sui­vant les lois que vous avez décou­vertes, en com­bi­nant et en accor­dant votre connais­sance pra­tique et tech­nique de la réa­li­té des choses avec votre connais­sance spé­culative de ces choses réelles.

Le savant découvre par son labeur, les lois profondes, cachées dans la nature :

De cette façon, la véri­table loi de la nature que le savant for­mule à la suite d’une obser­va­tion et d’une atten­tion patiente dans son labo­ra­toire, est bien plus et mieux qu’une simple des­crip­tion ou qu’un simple cal­cul intel­lec­tuel n’ayant pour objet que des phé­no­mènes et non des sub­stances réelles avec leurs pro­prié­tés. Elle ne s’arrête pas à l’apparence ni à l’image sen­sible, dont elle ne se contente pas, mais elle pénètre dans la pro­fon­deur de la réa­li­té, recherche et découvre les forces intimes et occultes des phé­no­mènes, en montre l’activité et les rap­ports. Il est donc facile de com­prendre que la connais­sance des lois natu­relles rend pos­sibles à l’homme la domi­na­tion des forces de la nature et leur mise à son propre ser­vice dans la tech­nique moderne tou­jours en pro­grès. De cette manière seule­ment la pen­sée humaine peut s’élever et com­prendre com­ment l’ordre régu­lier des lignes spec­trales, que le phy­si­cien observe et dis­tingue aujourd’hui dans son labo­ra­toire, ouvri­ra peut-​être demain à l’astrophysicien une vision et une connais­sance plus pro­fondes des mys­tères de la consti­tu­tion et du déve­lop­pe­ment des corps célestes.

Ainsi du fon­de­ment de la loi natu­relle, de l’aide effi­cace de la tech­nique moderne, de la connais­sance posi­tive et véri­table des ten­dances internes des élé­ments et de leurs effets sur les phé­no­mènes natu­rels, le savant, mal­gré toutes les dif­fi­cul­tés et tous les obs­tacles arrive à des décou­vertes ulté­rieures, en insis­tant avec constance et per­sé­vé­rance dans ses recherches.

Aujourd’hui, la science a réussi à démonter l’atome ; et à se servir de la puissance extraordinaire qui y est contenue.

Le plus gran­diose exemple des résul­tats d’une si intense acti­vi­té semble devoir être le fait que les inlas­sables efforts de l’homme ont fina­le­ment abou­ti à une connais­sance plus pro­fonde des lois rela­tives à la for­ma­tion et à la dés­in­té­gra­tion de l’atome, de façon à déter­mi­ner expé­ri­men­ta­le­ment, jusqu’à un cer­tain degré, la libé­ra­tion de la puis­sante éner­gie qui s’en dégage en de nom­breux cas, et tout cela non pas en quan­ti­té micro­sco­pique, mais dans une mesure véri­ta­ble­ment gigan­tesque. L’usage d’une grande par­tie de l’énergie interne du noyau d’uranium dont Nous avons par­lé dans Notre dis­cours en cette Académie, le 21 février 1943, en Nous réfé­rant à un écrit du grand phy­si­cien Max Planck (récem­ment décé­dé) [3] est deve­nu une réa­li­té et a eu son appli­ca­tion dans la construc­tion de la « bombe ato­mique » ou « bombe à éner­gie nucléaire », arme la plus ter­rible que l’esprit humain ait ima­gi­née jusqu’à ce jour [4].

Le Pape montre son aversion pour l’emploi d’engins destructeurs aussi nocifs que la bombe atomique.

A ce pro­pos, Nous ne pou­vons Nous abs­te­nir d’exprimer une pen­sée qui pèse lour­de­ment sur notre âme, comme sur celle de tous ceux qui ont un véri­table sens de l’humanité ; et à ce sujet, Nous viennent à la pen­sée les paroles de Saint Augustin, dans son livre De Civitate Dei (L. XIX, c. 7), où il parle des hor­reurs de la guerre, même juste : « Ces maux, écrit-​il, si je vou­lais les décrire comme il convient, si je vou­lais mon­trer les nom­breuses et mul­tiples dévas­ta­tions, les dures et cruelles angoisses qu’ils pro­voquent, il me serait impos­sible de le faire, comme le méri­te­rait pareil expo­sé, et je ne sais quand on arri­ve­rait à épui­ser une si longue dis­cus­sion !… Quiconque consi­dère avec dou­leur ces maux aus­si hor­ribles et aus­si funestes, doit avouer que c’est là une triste condi­tion ; mais celui qui les sup­porte ou les envi­sage sans être angois­sé en son âme, est bien plus misé­rable de se croire heu­reux, car il a per­du tout sen­ti­ment humain. » Que si les guerres d’alors jus­ti­fiaient déjà un si sévère juge­ment du grand Docteur, quelle sen­tence devrions-​nous pro­non­cer aujourd’hui contre celles qui ont acca­blé nos géné­ra­tions et plié au ser­vice de leur œuvre de des­truc­tion et d’extermination une tech­nique incom­parablement plus per­fec­tion­née ? Quelles cala­mi­tés n’aurait pas à attendre l’humanité d’un futur conflit, si l’on venait à prou­ver l’im­pos­si­bi­li­té d’arrêter ou de frei­ner l’emploi d’inven­tions scien­ti­fiques tou­jours nou­velles et tou­jours plus sur­pre­nantes[5] ?

Par contre dans son usage pacifique, l’énergie atomique peut rendre des services éminents à l’humanité :

Mais fai­sant abs­trac­tion pour le moment de l’usage belli­queux de l’énergie ato­mique, et avec l’espoir qu’elle ser­vi­ra, au contraire, uni­que­ment à des œuvres de paix, il faut la regar­der comme une recherche et une appli­ca­tion vrai­ment géniales des lois de la nature qui régissent l’essence et l’activité intimes de la matière inorganique.

Le Saint-​Père donne un rapide aperçu historique sur les origines de cette découverte :

A pro­pre­ment par­ler, il ne s’agit ici, en réa­li­té, que d’une seule et grande loi natu­relle, qui se mani­feste sur­tout dans ce qu’on appelle « le sys­tème pério­dique des éléments ».

Lothaire Meyer et Démétrius Mendéléev, en 1869, se basant sur les rares don­nées chi­miques connues alors, l’entrevirent génia­le­ment et don­nèrent à ce sys­tème la pre­mière forme pro­vi­soire. Mais il avait beau­coup de lacunes et d’incohérences ; son sens pro­fond était encore obs­cur ; il fai­sait tou­te­fois conjec­turer une intime affi­ni­té des élé­ments chi­miques et une struc­ture uni­forme de leurs atomes en égales par­ti­cules sub­ato­miques. Par la suite, le tableau s’éclaira d’année en année, les défauts et imper­fec­tions s’évanouirent et le sens plus pro­fond se révé­la. Nous nous bor­ne­rons ici à rap­pe­ler briè­ve­ment quelques étapes plus impor­tantes de ce che­min : la décou­verte des élé­ments radio-​actifs due aux époux Curie ; le modèle ato­mique de Rutherford et les lois qui le régissent pro­po­sées pour la pre­mière fois par Bohr ; la décou­verte de l’isotope par Francis William Aston ; les pre­mières dis­so­cia­tions du noyau au moyen des rayons alpha natu­rels, et peu après la syn­thèse de nou­veaux noyaux lourds, grâce au bom­bar­de­ment avec des neu­trons lents ; la décou­verte des trans­ura­niques[6] entre­vue par Fermi, et la pro­duc­tion des élé­ments trans­ura­niques en quan­ti­té pon­dé­rable, et par­mi ceux-​ci, en pre­mier lieu, du plu­to­nium, qui consti­tue la par­tie active de la bombe, et est obte­nu dans les gigan­tesques « piles d’uranium » ; en un mot, un dévelop­pement et un per­fec­tion­ne­ment cohé­rents du sys­tème natu­rel des élé­ments chi­miques en ampleur et en profondeur.

Ensuite Pie XII jette un regard sur l’avenir :

Si donc, Nous embras­sons d’un seul coup d’œil le résul­tat de ces mer­veilleuses recherches, Nous voyons qu’il repré­sente non pas tant une conclu­sion qu’un ache­mi­ne­ment vers de nou­velles connais­sances et le début de l’ère qui a été dénom­mée « l’ère ato­mique ». Jusqu’à ces der­niers temps, la science et la tech­nique s’étaient occu­pées presque exclu­si­ve­ment des pro­blèmes concer­nant la syn­thèse et l’analyse des molé­cules et des com­po­sés chi­miques ; actuel­le­ment, au contraire, l’intérêt se concentre sur l’analyse et sur la syn­thèse de l’atome et de son noyau. Principalement, les savants ne se don­ne­ront pas de trêve aus­si long­temps qu’on n’aura pas trou­vé le moyen facile et sûr de diri­ger le pro­ces­sus de scis­sion du noyau ato­mique, de façon à faire ser­vir ses sources si riches d’énergie aux pro­grès de la civilisation.

Admirables conquêtes de l’in­tel­li­gence humaine qui scrute et recherche les lois de la nature, entraî­nant ain­si l’humanité vers de nou­velles voies ! Pourrait-​il y avoir concep­tion plus noble ?

L’ordre que les savants découvrent dans la nature n’est pas le fait des hommes mais de Dieu :

Mais loi dit ordre ; et la loi uni­ver­selle dit ordre dans les grandes choses comme dans les petites. C’est un ordre que votre intel­li­gence et votre main retrouvent déri­vant direc­tement des ten­dances intimes ren­fer­mées dans les choses natu­relles ; ordre que nulle chose ne peut créer ou se don­ner par elle-​même, pas plus qu’elle ne peut don­ner l’être ; ordre qui dit Raison ordon­na­trice dans un esprit, qui a créé l’univers et de qui « dépendent le ciel et toute la nature » (Dante, Divine Comédie, Paradis XXVIII, 42) ; ordre qu’ont reçu avec l’être ces ten­dances et ces éner­gies et avec lequel, les unes et les autres col­la­borent à un monde bien ordon­né. Ce mer­veilleux ensemble des lois natu­relles, que l’esprit humain a décou­vert grâce à une inlas­sable obser­va­tion et à une étude appro­fon­die et que vous conti­nuez à recher­cher tou­jours davan­tage, ajou­tant vic­toire à vic­toire sur les occultes résis­tances des forces de la nature, qu’est-il, sinon une pâle et impar­faite image de la grande idée et du grand des­sein divins, conçus dans l’esprit créa­teur de Dieu, comme une loi de cet uni­vers, depuis les jours de son éter­ni­té ? Alors dans l’inépuisable pen­sée de sa sagesse, il pré­pa­rait les cieux et la terre : ber­ceau de l’univers créé éga­le­ment par lui, il impri­mait au temps et aux siècles le mou­ve­ment et leur vol, et appe­lait à l’existence, à la vie et à l’action, toutes les choses sui­vant leur espèce et leur genre, jusqu’au plus impon­dé­rable atome. Avec com­bien de rai­son, toute intel­li­gence comme la nôtre, contem­plant et péné­trant les cieux et exa­mi­nant les astres et la terre, ne doit-​elle pas s’écrier en se tour­nant vers Dieu « Omnia in men­su­ra et nume­ro et pon­dere posuis­ti ! » Vous avez tout réglé avec mesure, avec nombre et avec poids. (Sap. XI, 21.) Ne sentez-​vous pas en votre âme que le fir­ma­ment qui nous enve­loppe et le globe que nous fou­lons aux pieds racontent, grâce à vos téles­copes, à vos micro­scopes, à vos balances, à vos mètres, à vos appa­reils mul­tiples, la gloire de Dieu et reflètent à vos yeux un rayon de cette sagesse incréée, qui attin­git a fine usque ad finem for­ti­ter, et dis­po­nit omnia sua­vi­ter. La sagesse atteint avec force d’une extré­mi­té du monde à l’autre, et dis­pose tout avec dou­ceur. (Sap. VIII, I.)

L’ordre se manifeste par la relation de toutes choses à l’unité. De fait, les savants retrouvent par leurs découvertes des bribes du plan unique de la création :

Le savant sent pour ain­si dire pal­pi­ter cette sagesse éter­nelle, lorsque ses recherches lui révèlent que l’univers est for­mé par une sorte de jet dans l’incommensurable forge du temps et de l’espace. Non seule­ment les cieux stel­laires sont com­po­sés en leur splen­deur des mêmes élé­ments, mais ils obéissent encore aux mêmes et grandes lois cos­miques fonda­mentales, tou­jours et par­tout où ils appa­raissent, dans leur action inté­rieure et exté­rieure. Les atomes du fer, exci­tés par l’arc ou par l’étincelle élec­trique, émettent des mil­liers de raies bien défi­nies iden­tiques à celles que l’astrophysicien découvre dans ce qu’on appelle le flashs­pec­trum, quelques moments avant l’éclipse solaire totale. Les mêmes lois de la gra­vi­ta­tion et de la pres­sion de radia­tion déter­minent la quan­ti­té de la masse pour la for­ma­tion des corps solaires dans l’immensité de l’univers jusqu’aux plus loin­taines spi­rales nébu­leuses ; les mêmes lois mys­té­rieuses du noyau ato­mique régissent par la com­po­si­tion et la dés­in­té­gra­tion ato­mique, l’économie de l’énergie de toutes les étoiles fixes.

Cette uni­té abso­lue de des­sein et de com­po­si­tion, qui se mani­feste dans le monde inor­ga­nique, vous la consta­tez non moins grande dans les orga­nismes vivants. Limitez aus­si vos obser­va­tions à la cau­sa­li­té, et faites déli­bé­ré­ment abs­trac­tion de la fina­li­té pro­pre­ment dite, que vous montre un simple coup d’œil sur la com­po­si­tion et sur les plus récentes décou­vertes et conclu­sions de l’anatomie et de la phy­sio­lo­gie compa­rées ? Voici la construc­tion du sque­lette des êtres vivants supé­rieurs doués d’organes homo­logues et spé­cia­le­ment la dis­po­si­tion et la fonc­tion des organes sen­si­tifs, par exemple, de l’œil, depuis les formes les plus simples jusqu’à l’organe visuel très per­fec­tion­né de l’homme ; voi­ci dans tout l’empire des êtres vivants les lois fon­da­men­tales de l’assimilation, de l’échange et de la géné­ra­tion. Tout cela n’est-il pas l’expression d’une magni­fique et géné­rale concep­tion uni­taire, réa­li­sée et res­plen­dis­sant sous de mul­tiples formes et en des manières très variées ? N’est-ce pas là l’unité fer­mée et abso­lu­ment fixe des lois naturelles ?

Cet ordre que Dieu a créé, Il s’y conforme Lui-​même si on peut ainsi s’exprimer :

Oui, c’est l’unité fer­mée avec la clé de cet ordre uni­ver­sel des choses, contre lequel, dans la mesure où il dépend de la pre­mière cause qui est Dieu créa­teur, Dieu Lui-​même ne peut agir ; car s’il le fai­sait, Il agi­rait contre sa pres­cience, ou sa volon­té, ou sa bon­té ; or, en Lui, il n’y a pas de chan­ge­ment, ni ombre de varia­tion (Jac. I, 17).

Toutefois Dieu demeure le Maître absolu de l’univers et de ses lois :

Mais si l’on consi­dère cet ordre, en tant qu’il dépend des causes secondes, Dieu en pos­sède la clé et il peut le lais­ser fer­mé ou l’ouvrir et agir ensuite de Lui-​même. Dieu, en créant l’univers, se serait-​il assu­jet­ti à l’ordre des causes secondes infé­rieures ? Cet ordre ne lui est-​il pas sou­mis en tant que pro­cé­dant de Lui, non pas par néces­si­té de nature mais par fibre choix de la volon­té ? Il peut donc agir, quand il veut en dehors de l’ordre ins­ti­tué ; par exemple, en pro­dui­sant les effets des causes secondes sans elles, ou en pro­dui­sant d’autres effets qu’elles ne com­portent pas [7]. C’est pour­quoi le grand doc­teur Augustin avait déjà écrit : Contra natu­ram non incon­grue dici­mus ali­quid Deum facere, quod facit contra id quod novi­mus in natu­ra… Contra illam vero sum­mam natu­rae legem… tam Deus nul­lo modo facit, quam contra se ipsum non facit. Cepen­dant ce n’est pas s’exprimer d’une manière inexacte que de dire que Dieu fait quelque chose contre la nature, quand il fait quelque chose contre ce que nous connais­sons des lois de la nature…, mais pour ce qui est de cette loi suprême de la nature…, il est aus­si impos­sible à Dieu d’agir en quelque manière que ce soit contre elle, que d’agir contre lui-​même. (Contra Faustum, I, XXVI, c. 3 ; Migne, P. L., t. XLII, col. 481.) Quelles sont donc ces actions ? Ce sont celles dont Dieu seul tient secrè­te­ment la clé et qu’il s’est réser­vé au cours des âges au sein de l’ordre par­ti­cu­lier des causes infé­rieures ; actes accom­plis, ain­si que chan­tait le divin poète, « sans que la nature ait chauf­fé le fer ni bat­tu l’enclume, a che natu­ra non scal­do fer­ro mai, né batte ancude » (Paradis, XXIV, 101). En pré­sence de ces œuvres inso­lites ou par la sub­stance même du fait, ou par le sujet dans lequel ils se pro­duisent, ou par la façon et l’ordre de leur accom­plis­se­ment (cf. Somme théo­lo­gique, la Pars, q. 105 a, 8) ; le peuple et le savant s’arrêtent, stu­pé­faits car la mer­veille se pro­duit alors que les effets sont mani­festes et la cause cachée. Mais l’ignorance de la cause cachée, qui stu­pé­fie l’incrédule, rend plus per­çant l’œil du fidèle et du savant qui, dans cer­taines limites, savent et mesurent d’où vient l’action de la nature avec ses lois et ses forces, au-​delà des­quelles ils découvrent une main supé­rieure cachée et toute- puis­sante, cette main qui créa l’ordre uni­ver­sel des choses, et dans le pro­ces­sus des ordres par­ti­cu­liers des causes et des effets mar­qua le moment et les cir­cons­tances de son admi­rable inter­ven­tion [8].

Le savant en lisant la puis­sance créa­trice et ordon­na­trice de Dieu dans les choses, est ame­né à admi­rer la gran­deur du Créateur :

« Ce gou­ver­ne­ment divin de l’univers créé dans son ordre géné­ral et dans ses ordres infé­rieurs par­ti­cu­liers ne peut, certes, man­quer de sus­ci­ter un sen­ti­ment d’admiration et d’enthousiasme chez le savant qui, au cours de ses recherches, découvre et recon­naît les traces de la sagesse du Créateur et du suprême légis­la­teur du ciel et de la terre, lequel, de sa main de pilote, invi­sible, guide toutes les natures,

… a diver­si par­ti,
Per lo gran mar dell’essere, e cias­cu­na,
Con istin­to a lei dato che la porti,

… vers des ports dif­fé­rents sur le vaste océan des êtres,
et cha­cune s’y porte sui­vant l’instinct qui lui a été donné.

Paradis, I, 112–114.

Cependant, les gigan­tesques lois de la nature, que sont-​elles, sinon une ombre et une pâle idée de la pro­fon­deur et de l’immen­sité du des­sein divin dans le temple gran­diose de l’univers ?

« Le sou­ve­rain pri­vi­lège du savant, a écrit Képler, est de recon­naître l’esprit de Dieu et d’en retra­cer la pen­sée. » Souvent (il convient de confes­ser la fai­blesse humaine, devant la vision des choses et des images de nos sens), cette pen­sée s’obscurcit et recule ; mais, si la pen­sée de Dieu pénètre le tra­vail du savant, celui-​ci ne la confond pas avec les mou­ve­ments et les images qu’il voit à l’intérieur ou en dehors de lui-​même, et cette dis­po­si­tion d’âme à recher­cher et à recon­naître Dieu lui imprime dans sa labo­rieuse étude un bel élan et com­pense lar­ge­ment les fatigues éprou­vées au cours de ses recherches et de sa décou­verte, et loin de le rendre orgueilleux et superbe, elle lui enseigne l’humilité et la modestie.

Le savant découvre encore dans les lois de l’univers, la petitesse de la créature :

Assurément, plus l’érudit et le savant poussent profon­dément leurs recherches par­mi les mer­veilles de la nature, plus ils constatent leur propre insuf­fi­sance à péné­trer et à épui­ser la richesse du concept de la construc­tion divine et des lois et normes qui la régissent, et vous enten­dez le grand Newton dire avec une incom­pa­rable élo­quence : « Je ne sais com­ment j’apparais au monde, mais je m’apparais à moi- même comme un petit enfant, qui joue sur le rivage de la mer et se réjouit parce qu’il trouve de temps à autre un caillou plus lisse ou une coquille plus belle que d’ordinaire, tan­dis que le gran­diose océan de la véri­té s’étend devant lui inexploré. »

Ces paroles de Newton, aujourd’hui après trois siècles, au milieu de l’effervescence des sciences phy­siques et natu­relles, reten­tissent plus vraies que jamais. On raconte que Laplace, malade au lit et entou­ré d’amis qui lui rap­pe­laient sa grande décou­verte, leur dit avec un amer sou­rire : « Ce que nous connais­sons est peu de choses, mais ce que nous igno­rons est immense. » Non moins fine­ment s’exprime l’illustre Werner von Siemens, qui décou­vrit le prin­cipe de l’auto-excitation de la dyna­mo, lorsque dans la 59e réunion des savants et des méde­cins alle­mands, il affir­ma : « Plus nous péné­trons inti­mement dans l’harmonieuse dis­po­si­tion des forces de la nature, régie par des lois éter­nelles immuables, et néan­moins si profon­dément voi­lée à notre pleine connais­sance, plus nous nous sen­tons por­tés à une humble modes­tie, plus nous appa­raît res­treint le cercle de nos connais­sances, plus vigou­reux devient notre effort pour pui­ser tou­jours davan­tage à cette inépui­sable source de la connais­sance et de la puis­sance, plus enfin gran­dit notre émer­veille­ment devant l’infinie sagesse ordon­na­trice qui pénètre la créa­tion tout entière. »

De fait les découvertes demeurent limitées et imparfaites :

En véri­té, nos connais­sances de la nature sont modestes quant à leur exten­sion et sou­vent impar­faites quant à leur conte­nu. Au sujet d’un trai­té de la théo­rie élec­tro­ma­gné­tique de la lumière, on pou­vait lire les mots sui­vants : « Est-​ce un Dieu qui a écrit ces for­mules ? » Géniales sont assu­ré­ment les équa­tions de Maxwell et, cepen­dant, à l’instar de tout pro­grès simi­laire de la phy­sique théo­rique, elles sup­posent et impliquent pour ain­si dire, une sim­pli­fi­ca­tion et une idéa­li­sa­tion de la réa­li­té concrète, sans les­quelles est impos­sible une fruc­tueuse éla­bo­ra­tion mathé­ma­tique. Que de fois aujourd’hui, l’on ne peut pro­po­ser autre chose que des règles au lieu de lois exactes, ou seule­ment des solu­tions géné­rales ! Là où appa­raît un pro­cé­dé régu­lier pour la contri­bu­tion, à pre­mière vue sans règle, à d’innombrables phé­no­mènes par­ti­cu­liers, le savant doit se conten­ter de signa­ler le carac­tère et la forme du com­po­sé des masses d’après des consi­dé­ra­tions de pro­ba­bi­li­té et, igno­rant comme il l’est en par­ti­cu­lier de leur base dyna­mique, for­mu­ler des lois rele­vant de la statistique.

Souvent d’ailleurs le chemin qui conduit à la vérité se trouve semé d’obstacles… et le but qu’on croyait atteindre bientôt se trouve parfois subi­tement éloigné hors de portée :

Incessant est le pro­grès de la science. Il est bien vrai que les étapes suc­ces­sives de son avan­ce­ment n’ont pas tou­jours été pla­cées sur le che­min qui, des pre­mières obser­va­tions et décou­vertes, mènent direc­te­ment à l’hypothèse, de l’hypo­thèse à la théo­rie, et enfin à l’obtention sûre et indu­bi­table de la véri­té. Il y a, au contraire, des cas où la recherche décrit plu­tôt une courbe, c’est-à-dire des cas où des théo­ries — qui sem­blaient avoir conquis le monde et atteint le haut som­met de doc­trines indis­cu­tées, et dont l’ad­mis­sion pro­vo­quait l’estime dans les milieux scien­ti­fiques — retombent au niveau d’hypothèses pour être ensuite, peut-​être tout à fait abandonnées.

Néanmoins la science progresse :

Cependant mal­gré les inévi­tables incer­ti­tudes et erre­ments que tout effort humain com­porte, le pro­grès des sciences ne connaît ni haltes ni sou­bre­sauts, tan­dis que les cher­cheurs de véri­té se trans­mettent l’un à l’autre le flam­beau des recherches, des­ti­né à éclai­rer et à déve­lop­per les pages du livre de la nature, rem­plies d’énigmes. De même — dit l’Angélique Docteur Saint Thomas — que dans les choses qui sont engen­drées naturelle­ment, on arrive peu à peu de l’imparfait au par­fait, de même les hommes par­viennent gra­duel­le­ment à la connais­sance de la véri­té. En effet, dès le com­men­ce­ment, ils conquirent un peu de la véri­té, puis, petit à petit, ils arrivent à une connais­sance plus entière.

N’attribuant pas au hasard ou à la for­tune l’origine du monde et des choses sus­cep­tibles d’être engen­drées, mais regar­dant la véri­té avec une grande atten­tion, ils déduisent d’indices évi­dents et de rai­sons évi­dentes que les choses natu­relles sont gou­ver­nées par une Providence. Car, com­ment découvrirait-​on le cours inva­riable et sûr dans le mou­ve­ment du ciel et des étoiles et dans les autres effets de la nature si tout cela n’était pas gou­ver­né par une intel­li­gence sou­ve­raine ? (S. Thom. in Libr. Job Prolog.)

Devant le spectacle que fournit le développement actuel des sciences, il n’y a qu’à s’incliner devant Dieu et le louer.

Sur des voies nou­velles et plus larges, l’humanité s’avance, telle un éter­nel pèle­rin, vers des connais­sances plus pro­fondes des lois de l’univers explo­ré et inex­plo­ré, pous­sée par sa soif natu­relle de la véri­té ; cepen­dant, même après des mil­liers d’années, les connais­sances humaines des lois internes et des forces motrices de l’évolution et du pro­grès du monde, et plus encore du des­sein divin et de l’impulsion divine qui pénètre, meut et dirige tout, seront et res­te­ront une image impar­faite et pâle des idées divines. En face des pro­diges de la Sagesse éter­nelle qui dans l’océan des êtres gou­verne et dirige toute chose dans un ordre immuable vers des ports cachés, aveugles et muettes sont les pen­sées inves­ti­ga­trices du savant qui éprouve aus­si un sen­ti­ment d’humble et admi­ra­tive ado­ra­tion, à la vue du pro­dige de la créa­tion auquel il n’a pas été pré­sent et que ne peut imi­ter la main de l’homme, mais dans laquelle l’œil humain peut recon­naître un éclair subit de la puis­sance de Dieu. En pré­sence des mul­tiples et inson­dables énigmes de l’ordre et de l’enchaînement des lois du cos­mos immen­sé­ment grand et immen­sé­ment petit, il faut que l’esprit humain répète l’exclamation : « O alti­tu­do divi­tia­rum sapien­tiæ et scien­tia Dei : quam incom­pre­hen­si­bi­lia sunt judi­cia ejus et inves­ti­ga­biles viæ ejus ! O abîme de la richesse de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses juge­ments sont impé­né­trables et incom­pré­hen­sibles ses voies ! » (Rom. XI, 33.)

Heureux le savant, si en par­cou­rant les vastes champs célestes et ter­restres, il sait lire dans le grand livre de la nature et écou­ter la voix qui monte de son sein, dévoi­lant aux hommes la trace lais­sée par le pas divin dans la créa­tion et dans l’histoire de l’univers !

Les empreintes du pied de Dieu et les lettres écrites de sa main sont indé­lé­biles : aucune main humaine ne peut les effa­cer, empreintes et lettres sont les faits d’où se dégage le divin pour tous les esprits ; et c’est pré­ci­sé­ment pour les sages intel­li­gences des cher­cheurs que semblent écrites les paroles du Docteur des nations : Quod notum est Dei, mani­fes­tum est in illis ! Deus enim illis mani­fes­ta­vit. Invisibilia enim ipsius, a crea­tu­ra mun­di, per ea quæ fac­ta sunt intel­lec­ta conspi­ciun­tur, sem­pi­ter­na quoque ejus vir­tus et divi­ni­tas. Ce qui est connu de Dieu est mani­feste pour eux : Dieu le leur a fait connaître, car ses per­fec­tions invi­sibles, son éter­nelle puis­sance et sa divi­ni­té sont, depuis la créa­tion du monde, ren­dues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. (Rom. I, 19–20.)

L’une des ins­crip­tions qui ornaient le tom­beau du grand astro­nome Angelo Secchi, le jour de ses funé­railles, était ain­si conçue : « A cœli conspec­tu ad Deum via bre­vis. Court est le che­min qui va, de la vue du ciel, à Dieu. »

On comprend mieux, à la suite de ces constatations, combien la nature est, tout entière, sous la domination totale de Dieu et Lui obéit sans défaillance ;

En regar­dant de cet obser­va­toire plus éle­vé, le monde entier qui est aux pieds de Dieu, il est aisé de com­prendre com­ment les choses natu­relles agissent imman­qua­ble­ment et sans excep­tion confor­mé­ment aux ten­dances de leur nature variée, et de consta­ter aus­si qu’aucune ten­dance natu­relle ne peut s’opposer au suprême Créateur, Conservateur et Ordonnateur qui est au-​dessus des choses, et des lois pro­mul­guées et don­nées par Lui aux créa­tures ; car, pour de sages motifs, il reste libre d’empêcher ou de gui­der vers une autre direc­tion, dans des cas par­ti­cu­liers, les effets et les acti­vi­tés de ces ten­dances, En pré­sence de la mer­veilleuse réa­li­té du cos­mos, que le savant contemple, étu­die et scrute, l’esprit uni­ver­sel, ima­gi­né par Laplace, avec sa for­mule qui, du moins sui­vant la concep­tion des maté­ria­listes, devrait embras­ser aus­si les évé­ne­ments dépen­dant de la pen­sée et de la libre volon­té, appa­raît comme une fic­tion et une uto­pie ; véri­té infi­ni­ment réelle est, au con­traire, la sagesse divine, qui connaît et mesure chaque atome, jusqu’au plus petit, avec ses éner­gies, et lui assigne sa place dans l’ensemble du monde créé ; cette sou­ve­raine sagesse, dont la gloire pénètre par­tout dans l’univers et brille d’un plus grand éclat dans le ciel. (Paradis, I, I.)

Source : Document Pontificaux de S. S. Pie XII, Edition Labergerie. – D’après le texte ita­lien des A. A. S., XL, 1948, p. 75, tra­duc­tion fran­çaise dans La Documentation Catholique, t. XLV, col. 257.

Notes de bas de page
  1. On trou­ve­ra les docu­ments sui­vants concer­nant l’Académie pon­ti­fi­cale des Sciences :

    []

  2. On trou­ve­ra la liste des membres de l’Académie dans les A. A. S., XXVII, 1936, p. 447.[]
  3. Max Planck, pro­fes­seur à l’Université de Berlin, était membre de l’Académie pon­ti­fi­cale des Sciences. Le Saint-​Père, en 1943, fai­sait allu­sion à son article Sinn und Grenzen der exak­ten Wissenchaft (Europäische Revue, février, 1942). Planck était l’auteur de la théo­rie des quan­tas. Né à Kiel en 1858, prix Nobel de phy­sique en 1918 ; il a publié de nom­breux ouvrages ; citons :
    • Das Prinzip der Erhaltung der Energie (1887);
    • Vorlesungen über Thermodynamik (1897);
    • Die Entstehung und Bisherige ent­wi­ck­lung der Quanten Theorie (1920);
    • Einführung in die Theoretische Physik (1926).

    Il est mort le 4 octobre 1947, à Goettingen. Max Planck n’était pas catho­lique, mais il avait un sens reli­gieux très pro­fond et une res­pec­tueuse véné­ra­tion pour l’Église et son Chef.[]

  4. La bombe ato­mique fut fabri­quée à la suite de tra­vaux de labo­ra­toire effec­tués en secret aux États-​Unis. La pre­mière bombe fut lan­cée sur Hiroshima le 6 août 1945 et la deuxième le 10 août sur Nagasaki. Ces deux bombes firent plus de 100.000 vic­times. (Cf. Gérard de Vaucouleurs : La Conquête de l’Energie ato­mique, Éd. Hermann, Paris, 1946 ; H. D. Smith : Atomic Energy. A General account of the Development of Methods of using Atomic Energy for mili­ta­ry Purposes under the Auspices of the United States Government. Ed. U. S. A. Government Printing Office, Washington, 1945.) []
  5. Le Saint-​Père répon­dant à une inter­view de M. Guptil, direc­teur pour l’Italie de l’Associated Press décla­rait à pro­pos de l’usage de la bombe atomique :

    « La ques­tion de la bombe ato­mique n’est qu’un élé­ment d’un pro­blème beau­coup plus géné­ral ; le déve­lop­pe­ment des moyens modernes d’offensive est lié au dévelop­pement de la tech­nique et est direc­te­ment connexe à l’idée de guerre totale, de cette guerre qui ne fait aucune dis­tinc­tion entre com­bat­tants et non-​combattants, comme on l’a vu si clai­re­ment et si dou­lou­reu­se­ment dans le der­nier conflit. Il fau­drait per­sua­der les chefs des Nations qu’ils sont obli­gés en conscience d’établir des pactes capables d’assurer la paix au monde et qu’ils sont tenus à assu­rer sur leur hon­neur la res­pon­sa­bi­li­té de rendre la vie pos­sible aux peuples, en limi­tant de quelque façon leur droits sou­ve­rains res­pec­tifs. » (Rome, II Quotidiano 14 mars 1947.) []

  6. Corps simples qui dans la clas­si­fi­ca­tion de la Table de Mendéléev viennent par leur poids ato­mique à la suite de l’uranium.[]
  7. cf. Somme théolo­gique, Ia Pars, q. 105, a. 6[]
  8. cf. Somme théo­lo­gique, I, q. 105, a, 7[]