Fiançailles chrétiennes

Monsieur l’abbé Dantec dans son ouvrage sur les fian­çailles chré­tiennes expose les quatre piliers – qu’avec sa longue expé­rience il pou­vait qua­li­fier de fon­da­men­taux – pour éta­blir un heu­reux mariage. Il est cer­tai­ne­ment sou­hai­table que les jeunes gens et les jeunes filles les connaissent. Les parents devraient les avoir à l’esprit pour sus­ci­ter de sérieuses dis­cus­sions avec leurs ado­les­cents. Combien d’unions pré­ci­pi­tées et mal­heu­reuses pour­raient être évi­tées si l’on se sou­ciait davan­tage de pré­pa­rer les jeunes au mariage !

Il faut s’y préparer

Ce tra­vail doit être fait suf­fi­sam­ment tôt. Ce n’est pas quand le cœur est déjà enga­gé que l’esprit est le mieux dis­po­sé à entendre un dis­cours exi­geant. Il n’y a d’ailleurs pas que l’amour qui aveugle. La crainte de « rater sa vie », de ne pas être comme tout le monde, de déplaire ou de faire de la peine sont autant de sen­ti­ments qui peuvent faire oublier la véri­té́, aus­si dure qu’évidente, qu’il est mieux de ne pas se marier que de faire un mau­vais mariage.

Au contraire, de l’idéal d’un vrai mariage chré­tien, naissent la prière pour le voir se réa­li­ser et l’effort pour bien s’y pré­pa­rer. La jeu­nesse ne manque pas d’énergie mais de direc­tion. Elle se mor­fond et s’étiole alors que le bon Dieu lui demande d’apprendre à aimer et à se dévouer en vue d’une ami­tié conju­gale ou, mieux encore, d’une vie consa­crée. Cette vigou­reuse pré­pa­ra­tion n’est nul­le­ment contraire à l’entier aban­don à la Providence. Savoir qu’il n’y pas de droit au bon­heur matri­mo­nial, c’est s’apprêter à le rece­voir avec gra­ti­tude et res­pect si tel est le bon plai­sir divin, et c’est se livrer à une grâce encore plus exi­geante quand l’âme sœur se fait attendre.

Énonçons donc les signes qui, selon M. l’abbé Dantec, per­mettent de pen­ser que l’on a ren­con­tré la per­sonne avec qui l’on peut envi­sa­ger d’établir un foyer chré­tien. Ils sont tirés de la nature et de la fin même du mariage. Société éta­blie pour l’accueil de la vie que Dieu donne, la famille devrait repo­ser sur l’amitié de cha­ri­té qui lie les époux.

Est-​ce la bonne personne ? 4 signes

Il faut tout d’abord que l’attirance naisse d’une estime mutuelle fon­dée sur des qua­li­tés réelles que l’on peut énon­cer et qui consistent sur­tout dans la pra­tique de la ver­tu. Le coup de foudre peut être aus­si fort que super­fi­ciel. Au contraire le cou­rage, la dou­ceur et la pié­té pré­sagent de la soli­di­té d’une union qui devra faire face aux dif­fi­cul­tés de la vie. Une épouse sera tou­jours heu­reuse d’être fière de son mari, et l’homme aime­ra pro­fon­dé­ment sa femme dans la mesure où il admi­re­ra les tré­sors de géné­ro­si­té que ren­ferme son cœur.

Il faut ensuite une sym­pa­thie mutuelle. M. l’abbé Dantec remarque que celle-​ci ne suit pas tou­jours l’estime ! L’amitié est un amour mutuel de bien­veillance qui pré­sup­pose un fond com­mun. Les fian­cés doivent être heu­reux de par­ler ensemble, d’échanger dans une vraie com­mu­nion de pen­sée et de cœur. Une froide admi­ra­tion, pas plus qu’un attrait pure­ment phy­sique ou sen­ti­men­tal, ne peut pré­tendre éta­blir une union stable.

Le mot de fian­çailles indique quel peut être le troi­sième pilier d’un mariage heu­reux : c’est la confiance mutuelle. Elle doit s’étendre au-​delà de celle qu’exige la fidé­li­té à la pro­messe de mariage. Elle entraîne la cer­ti­tude de ne plus être tout seul – autant que la fra­gi­li­té humaine le per­met – face aux dif­fi­cul­tés et aux peines de la vie. De vraies fian­çailles chré­tiennes devraient conduire à un sen­ti­ment de force, de sécu­ri­té, de joie parce que l’on sait que l’on pour­ra tou­jours comp­ter sur l’autre. Cette confiance mutuelle se révèle par la faci­li­té avec laquelle on s’ouvre à l’autre sans craindre de perdre son estime.

Enfin les fian­cés doivent être en plein accord sur l’idéal de la vie et du mariage chré­tiens. L’amitié des époux engage toute leur exis­tence sous tous ses aspects ; elle ne peut être que pro­fonde, fon­dée sur ce qu’il y a de plus essen­tiel dans la vie humaine à savoir l’amour de Dieu et de sa sainte volonté.

Un mariage heureux se prépare dans la pureté

Est-​il besoin de rap­pe­ler qu’un mariage heu­reux se pré­pare dans le res­pect de l’autre et dans la pure­té ? Les fian­cés, n’ayant pas encore contrac­té de lien conju­gal, n’ont nul­le­ment le droit de se com­por­ter comme si l’union qui lui est carac­té­ris­tique leur était per­mise. Qu’ils vivent donc cette période si riche de leur vie « comme frère et sœur », ne s’isolant jamais dans un lieu où ils ne pour­raient pas être sur­pris, et ne se per­met­tant en aucun cas ce qui ne pour­rait être fait publi­que­ment dans une socié­té de bonne com­pa­gnie. Leur chas­te­té est la meilleure garan­tie d’un véri­table amour et c’est le plus bel exemple qu’ils peuvent don­ner à la socié­té chrétienne.

Abbé T. Gaudray

Source : Le Saint Anne n°314