Assurer l’avenir

Crédit photo : Christian Abella / Pixabay

Publié récem­ment, le bilan démo­gra­phique de la France en 2024 est préoccupant…

663 000 nais­sances seule­ment : un chiffre qui n’a jamais été aus­si faible depuis 1946. Quant au nombre d’enfant par femme (1,62), il atteint son plus bas niveau depuis 1919, quand le pays sor­tait tout juste de la pre­mière guerre mondiale.

Si ces chiffres sont de toute évi­dence à mettre en lien et à expli­quer avec le nombre d’avortements en France (plus de 240 000 pour la seule année 2023) ain­si qu’avec la des­truc­tion pro­gres­sive – dans la légis­la­tion comme dans les faits – du mariage et de la famille, ils relèvent aus­si, et plus pro­fon­dé­ment encore, d’une men­ta­li­té de confort, dans laquelle les inté­rêts maté­riels et immé­diats prennent le pas sur la dimen­sion spi­ri­tuelle et le sens du bien com­mun. On pense à ce que va coû­ter un enfant mais on mécon­naît la richesse ines­ti­mable – maté­rielle, humaine, sur­na­tu­relle – que repré­sente l’arrivée d’une nou­velle vie au foyer. « La vie vaut plus que la nour­ri­ture et le corps plus que le vête­ment » enseigne Jésus-​Christ. On regarde aux dif­fi­cul­tés pro­chaines, objec­tives certes, aux­quelles on va être confron­té, mais on cesse de médi­ter sur l’immense Providence de Dieu qui pour­voit aux besoins de tous, spé­cia­le­ment de ceux qui lui accordent sa confiance ; on cal­cule à l’aune de son bien-​être sans pen­ser davan­tage au bien com­mun de la famille, de tout un pays. Égoïsme et pusil­la­ni­mi­té : telles sont les racines du mal de la déna­ta­li­té ; les causes morales indi­vi­duelles de cette mala­die sociale, dont souffre notre pays.

Qu’on le com­prenne bien : il ne s’agit pas ici de juger des choix per­son­nels des uns et des autres, puisque ces déci­sions relèvent d’éléments cir­cons­tan­ciels sin­gu­liers, divers et variés qui échappent tou­jours, sinon pour une grande part, au regard exté­rieur. Mais il s’agit de dénon­cer un état d’esprit géné­ral et ambiant qui influe, plus ou moins, et sou­vent incons­ciem­ment, sur nos choix per­son­nels ; une men­ta­li­té qui gagne mal­heu­reu­se­ment du ter­rain jusque dans les familles catholiques.

Dans un dis­cours pro­non­cé devant la fédé­ra­tion ita­lienne des asso­cia­tions de familles nom­breuses le 20 jan­vier 1958, le pape Pie XII remar­quait pour­tant que « dans le monde civil moderne, la famille nom­breuse vaut en géné­ral, non sans rai­son, comme témoi­gnage de la foi chré­tienne vécue ». Car la vie chré­tienne affai­blit l’égoïsme humain en prô­nant la cha­ri­té, cet amour divin prêt à aller jusqu’au sacri­fice de soi ; elle com­bat éga­le­ment la pusil­la­ni­mi­té (peti­tesse d’âme) en élar­gis­sant nos vues trop humaines et trop inquiètes par la lumière de la foi et la convic­tion de la toute-​puissance de Dieu.

Source : Apostol n° 193 – février 2025