Sermon écrit des ordinations 2014 à Ecône : Mgr de Galarreta fustige « 50 ans d’esprit conciliaire libéral et moderniste »

Mgr de Galarreta fustige « 50 ans d’esprit conciliaire libéral et moderniste » (1)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-​il. (2)

Messeigneurs, très chers confrères dans le sacer­doce, très chers ordi­nands, très chers fidèles

O bone Jesu fac cor nos­trum secun­dum Cor tuum. Oportet Illum regnare.

Voilà deux phrases qui peuvent résu­mer le lien intime qui existe entre le sacer­doce et le Sacré-​Cœur de Jésus, la dévo­tion au Cœur Sacré de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

O bone Jesu fac cor nostrum secundum Cor tuum !

Tout d’a­bord, que nous ayons un Cœur sem­blable au Cœur de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et puis que nous consa­crions notre vie à faire régner le Cœur de Jésus.

On pour­rait résu­mer ces liens intimes en disant que le prêtre doit se consa­crer au Cœur de Jésus, qu’il doit se consa­crer à la répa­ra­tion et qu’il doit être apôtre du Cœur de Notre-​Seigneur. Saint Thomas d’Aquin dit que l’homme est débi­teur par rap­port à Dieu à double titre. Premièrement en rai­son des béné­fices des bien­faits reçus. Par exemple, la créa­tion, l’in­car­na­tion, la rédemp­tion, Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, le Cœur sacré de Jésus. Mais qu’il est débi­teur de Dieu aus­si à cause du péché, par la néces­si­té de répa­rer, expier, satis­faire pour le péché qui offense Dieu. Et se consa­crer, c’est don­ner à Notre-​Seigneur, à son Cœur, nos per­sonnes et nos biens, les biens exté­rieurs, les biens inté­rieurs, les biens d’ordre maté­riel, cor­po­rel, spi­ri­tuel, les biens natu­rels et les biens sur­na­tu­rels. Il s’a­git donc de se don­ner, en pro­fi­ter et en même temps de tout donner.

La consé­cra­tion est une dona­tion, par défi­ni­tion, totale. Et aus­si pour tou­jours. Et on se donne au ser­vice en même temps que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Le prêtre, il est l’homme de Dieu, le reli­gieux de Dieu. Il est consa­cré et voué à Dieu. Toute sa vie est offerte et dévouée à Dieu. Voilà pour­quoi nous devons accom­plir plus que qui­conque ce devoir qui est de cha­ri­té, qui est d’a­mour et qui accom­plit et par­fait l’acte par excel­lence de la ver­tu de religion.

Oportet Illum regnare

En même temps, cette vie vrai­ment consa­crée et tota­le­ment consa­crée à Notre-​Seigneur et à son Cœur réa­lise et éta­blit, comme le montre le pape Léon XIII, la royau­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Dans son ency­clique Annum Sacrum, le pape rat­tache la consé­cra­tion par­ti­cu­liè­re­ment à la royau­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ qui a un droit, par nature et par conquête, à cette consé­cra­tion, à ce ser­vice qui a une vraie domi­na­tion sur nous, sur tout, mais qui veut que par amour et pour répondre à son amour, vrai­ment et spon­ta­né­ment, nous nous consa­crions à son ser­vice et nous pro­cla­mions donc par ces moyens-​là, sa royau­té, autre­ment dit la dévo­tion et la consé­cra­tion au Sacré-​Cœur est la meilleure façon d’é­ta­blir le règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, dans nos cœurs et dans le cœur des fidèles, et dans la société.

Car cette dévo­tion défi­nit mieux que toute autre la nature même de la royau­té de Notre-​Seigneur qui est une royau­té d’a­mour, l’a­mour qui né de l’a­mour de Notre-​Seigneur s’é­ta­blit par la cha­ri­té de Notre-​Seigneur et par l’a­mour qu’en retour nous lui don­nons. Et le propre de cette dévo­tion au Sacré-​Cœur de Jésus est par la demande même de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, c’est la répa­ra­tion, c’est cette obli­ga­tion de satis­faire, de répa­rer, d’ex­pier les péchés, nos propres péchés, les péchés des fidèles, les péchés des hommes. Car Notre-​Seigneur Jésus-​Christ lui-​même a été avant tout répa­ra­teur et son amour est avant tout rédemp­teur et réparateur.

La répa­ra­tion c’est une sorte de com­pen­sa­tion qui est offerte libre­ment aus­si à Dieu, à Notre-​Seigneur, à l’a­mour incréé, com­pen­sa­tion pour les oublis, les indif­fé­rences, les offenses, les outrages, les injures. Il y a donc aus­si, dit le pape Pie XI, un double titre, ou plu­tôt nous devons souf­frir répa­ra­tion au Cœur sacré de Jésus, répa­ra­tion à double titre, de jus­tice mais aus­si et sur­tout de cha­ri­té, d’a­mour. Et c’est pour­quoi cet esprit de répa­ra­tion, que nous pou­vons satis­faire pour nos péchés, et nous pou­vons aus­si satis­faire pour le péché des autres. On peut satis­faire pour un autre, on peut répa­rer pour un autre. Voilà ce qui est deman­dé expli­ci­te­ment dans cette dévotion.

C’est sur­tout au Saint Sacrifice de la messe que nous pou­vons le faire et comme nous l’a appris Mgr Lefebvre, nous nous unis­sons à cet esprit répa­ra­teur de Notre-​Seigneur par le Saint Sacrifice de la messe. En nous confor­mant aux dis­po­si­tions de Notre-​Seigneur sur la croix. Si la consé­cra­tion nous éta­blit fer­me­ment dans l’u­nion d’a­mour avec Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, l’es­prit de répa­ra­tion, dit le pape Pie XI, nous y éta­blit de la même façon que la consécration.

Cette union d’a­mour avec Notre-​Seigneur s’é­ta­blit d’a­bord en effa­çant nos péchés, en nous puri­fiant de nos péchés. Ensuite, en nous fai­sant com­pa­tir aux souf­frances de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Et c’est là le motif pro­pre­ment d’a­mour qui nous fait embras­ser cet esprit de répa­ra­tion, c’est de com­pa­tir avec Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, souf­frant, patient, et mou­rant sur la croix.

Réparer et compatir aussi aux souffrances de la Sainte Eglise

Et c’est de répa­rer et de com­pa­tir aus­si aux souf­frances de la Sainte Eglise qui est son corps mys­tique, qui est le Christ. Le Christ conti­nue à souf­frir dans son corps qui est l’Eglise. Et nous, nous devons ache­ver dans notre chair ce qui manque à la Passion du Christ pour son Eglise qui est son Corps. Donc il s’a­git bien de répa­rer devant les souf­frances contre Notre-​Seigneur Jésus-​Christ dans son corps qui est la Sainte Eglise. Cette Passion que vit l’Eglise doit nous encou­ra­ger pro­fon­dé­ment à cet esprit de répa­ra­tion et de conso­la­tion de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, du Cœur de Jésus.

On console celui qui est dans la souf­france, celui qui est dans la tris­tesse. Et c’est bien nous, les prêtres de Notre-​Seigneur, qui devons répa­rer et conso­ler. Et fina­le­ment, dit le pape Pie XI, l’es­prit de répa­ra­tion éta­blit l’u­nion avec le Christ en nous fai­sant nous offrir comme des obla­tions simples, pures, imma­cu­lées, en nous fai­sant comme le Christ. Nous sacri­fier, nous immo­ler pour les âmes et pour le salut des âmes.

Soyons des apôtres du Cœur de Jésus et de la dévotion au Sacré-Cœur

Mais troi­siè­me­ment il faut aus­si, cela res­sort clai­re­ment des révé­la­tions du Sacré-​Cœur à sainte Marguerite, il faut aus­si que nous soyons des apôtres du Cœur de Jésus et de la dévo­tion au Sacré-​Cœur. C’est pré­ci­sé­ment la voca­tion du prêtre de faire connaître et de faire aimer le Cœur de Jésus, de le faire hono­rer et lui rendre un culte public car il s’a­git bien d’une dévo­tion de por­tée sociale et publique. Donc, nous devons nous consa­crer à décou­vrir les tré­sors qui sont dans le Cœur sacré de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, tré­sors de véri­té et de grâce. Comme nous venons de l’en­tendre dans l’é­pître, dans cette belle épître de saint Paul.

Je sou­haite que nous gran­dis­sions dans l’homme inté­rieur, par l’Esprit, afin que le Christ habite en nous par la foi et qu’en consé­quence, bien enra­ci­nés et fon­dés sur la cha­ri­té, nous connais­sions, nous goû­tions, nous décou­vrions et nous fas­sions décou­vrir aux âmes l’é­mi­nente science de la cha­ri­té du Christ. Voilà la science par excel­lence qu’il faut que nous prê­chions et que nous ensei­gnions aux âmes. C’est la science de la cha­ri­té et de l’a­mour du Christ. Et de tous les tré­sors de véri­té vivaces et de cha­ri­té et de ver­tu de sain­te­té qui sont ren­fer­més dans le Cœur de Notre-​Seigneur. Il est cer­tain que s’il n’est pas plus aimé, c’est qu’il n’est pas connu, ou pas assez connu, ou pas assez bien connu, assez pro­fon­dé­ment, assez sur­na­tu­rel­le­ment connu. Eh bien voi­là notre mis­sion. Il faut que nous soyons des apôtres du Cœur de Jésus.

Les papes qui ont par­lé de cette dévo­tion ont mon­tré qu’il a une puis­sance extra­or­di­naire dans l’a­pos­to­lat et les conver­sions. Déjà Notre-​Seigneur le dit lui-​même à sainte Marguerite :

« Le prêtre qui sera vrai­ment un dis­ciple du Cœur de Jésus et qui fera l’a­pos­to­lat par le Cœur de Jésus, il aura une effi­ca­ci­té par­ti­cu­lière dans son apos­to­lat et il connaî­tra l’art de conver­tir les Cœurs les plus endurcis. »

Et les papes ont insis­té à tous les fidèles, à tout le peuple chré­tien mais par­ti­cu­liè­re­ment aux prêtres, de pra­ti­quer, appro­fon­dir, vivre cette union au Cœur de Jésus et cette dévo­tion au Sacré-​Cœur devant les maux chaque jour plus graves qui se pré­sentent devant nous, qui s’a­mon­cellent devant nous. Or aujourd’­hui il est évident que cette rai­son est encore plus valable.

Dans la Sainte Eglise, la situation s’aggrave, elle ne fait qu’empirer

Elle est encore plus valable car nous voyons de toutes parts, que ce soit dans la socié­té, que ce soit dans la Sainte Eglise, la situa­tion s’ag­gra­ver, elle ne fait qu’empirer.

Il faut bien ouvrir les yeux. Si nous regar­dons le monde et la situa­tion poli­tique ou sociale, nous voyons bien com­ment le monde s’est enli­sé de plus en plus dans ce cri : nous ne vou­lons pas que le Christ règne sur nous, nous ne vou­lons pas que Jésus-​Christ règne sur nous. Et on passe tout dou­ce­ment à la haine même de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et de Dieu.

Voilà ce qui est devant nous, qui est déjà là. Saint Thomas d’Aquin se demande pour­quoi l’homme peut haïr Dieu alors que Dieu est le bien sou­ve­rain, par­fait et qu’il est la source de tous les biens pour nous, pour cha­cun d’entre nous. Il explique que c’est la volon­té dépra­vée de l’homme qui ne veut pas renon­cer au monde, à son péché, et qui haït Dieu donc, pre­miè­re­ment comme légis­la­teur. Il haït Dieu parce qu’il ne veut pas de la loi de Dieu. Et deuxiè­me­ment Dieu comme rému­né­ra­teur, comme juge. Or c’est bien Notre-​Seigneur Jésus-​Christ qui est le sou­ve­rain légis­la­teur et qui vien­dra juger les vivants et les morts.

C’est pour cela que nous voyons aujourd’­hui com­ment il y a une ten­dance claire dans la socié­té à reje­ter Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, Dieu, sa loi et son juge­ment. Etre légis­la­teur et être juge, c’est le propre du roi et en consé­quence nous ne vou­lons pas qu’il règne sur nous.

Mais cela ne serait rien en der­nière ins­tance s’il n’y avait pas un pro­blème infi­ni­ment plus grand, plus grave et c’est cette apos­ta­sie imma­nente, que nous pour­rions dire, en sui­vant cet ordre d’i­dées un peu modernes, que cette apos­ta­sie devient trans­cen­dante d’im­ma­nente qu’elle est, et elle consiste dans cette folie des hommes d’Eglise de vou­loir se conci­lier avec ce monde, enne­mi de Dieu et de son Christ, de son Eglise et de sa doc­trine, voi­là l’u­to­pie, la chi­mère, la folie de ces hommes d’Eglise qui veulent res­ter bien avec Dieu et en même temps se conci­lier avec ce monde qui va vers la haine et le rejet du Christ et de Dieu. C’est cela que nous vivons. Dieu n’est pas légis­la­teur, Dieu n’exige rien et Dieu par­donne tout. C’est bien ça ? Evidemment c’est une façon d’é­vi­ter la haine de Dieu, alors en défor­mant ce que Dieu est Lui-​même et la foi catho­lique telle qu’elle nous a été trans­mise, par les apôtres, par toute la Tradition et révé­lée par Notre-Seigneur.

50 ans d’esprit conciliaire libéral et moderniste et nous arrivons au temps des conséquences

Voyez-​vous, je pense que pour res­ter au-​delà des per­sonnes et dans une vue plu­tôt géné­rale et sur­na­tu­relle, on dirait que nous arri­vons au temps des consé­quences. Il y a les abou­tis­se­ments de ces faits, comme les fruits les plus pré­cieux de cin­quante ans d’es­prit conci­liaire, c’est-​à-​dire d’es­prit libé­ral et moder­niste. Depuis 50 ans, les auto­ri­tés ne font qu’ap­pli­quer, plus ou moins inten­sé­ment mais en tout cas tou­jours dans le même sens, et éta­blir quand même peu à peu dans la Sainte Eglise cet esprit, cette vue qui est pro­fon­dé­ment libé­rale et moderniste.

Alors, qu’est-​ce qui arrive ? Il arrive que le pape de la pre­mière moi­tié du XXème siècle nous avait annon­cé pre­miè­re­ment le rela­ti­visme dog­ma­tique – il faut s’ou­vrir au doute, il faut être dans l’in­cer­ti­tude ; la véri­té qui est en accord avec la vie évo­lue avec celle-​ci et donc avec l’homme, elle doit s’a­dap­ter à l’homme moderne. Les prin­cipes, on n’y touche pas mais la doc­trine tra­di­tion­nelle ne suf­fit pas pour répondre à la pas­to­rale d’au­jourd’­hui. Relativisme donc dog­ma­tique de la doc­trine, de la foi, qui a pour consé­quence néces­saire, avec le temps, ce que nous vivons actuel­le­ment d’une manière par­ti­cu­lière, un peu nou­velle, plus grave, disons.

Il y a quand même un chan­ge­ment sub­stan­tiel, c’est le rela­ti­visme dans l’ordre moral. C’est la remise en ques­tion de l’ordre moral lui-​même et bien sûr en pre­mier de la morale révé­lée, mais aus­si de la morale qui est ins­crite dans la nature.

Qui suis-​je pour juger ?

Qui suis-​je pour juger ? (3) Ma fonc­tion, c’est d’ai­der chaque homme à gar­der sa conscience, à suivre sa conscience, pos­tu­lat et prin­cipe de l’au­to­no­mie de la conscience qui n’a aucun rap­port exté­rieur, objec­tif, avec une loi quel­conque au natu­rel, révé­lée, sur­na­tu­relle, divine, sur­tout pas avec Dieu. C’est là entrer néces­sai­re­ment dans l’in­dif­fé­ren­tisme reli­gieux. Tout est rava­lé au niveau des opi­nions, et toutes les reli­gions sont des opi­nions, mais elles sont toutes valables, peut-​être il y en a des meilleures, des moins bonnes, mais en tout cas elles opèrent toutes le salut et plus que cela, elles peuvent, toutes les reli­gions, nous obte­nir les biens natu­rels et les biens sur­na­tu­rels, dont la paix, la fra­ter­ni­té, l’en­tente des hommes.

Nous y sommes plei­ne­ment, c’est acquis, c’est nor­mal, c’est pra­ti­qué sans état d’âme, sans gêne, sans sou­ci. Cela abou­tit, comme disait un grand Pape, à un cer­tain natu­ra­lisme, natu­ra­lisme huma­niste. On reste au niveau natu­rel, dans des valeurs natu­relles et plu­tôt avec un ver­nis huma­niste, humanitaire.

La religion du sentiment

Nous arri­vons au point de départ, que c’est la reli­gion du sen­ti­ment. Pour un moder­niste, la reli­gion c’est un sen­ti­ment, sen­ti­ment de Dieu, du sacré, et un sen­ti­ment sur­tout huma­ni­taire, fra­ter­nel, soli­daire, qui reste admi­ra­tif de la digni­té de l’homme, de la gran­deur de l’homme. On a enten­du récem­ment dire, je crois en l’homme, je crois en ce qu’il y a dans le Cœur de l’homme, je crois en la digni­té de l’homme. C’est l’é­cho de ce qu’a­vait dit le pape Paul VI : « Nous, nous avons le culte de l’homme » (4) . Voilà où nous en sommes.

Démolition de l’institution, de la hiérarchie, des principes

Et en même temps, on démo­lit sys­té­ma­ti­que­ment, c’est la déli­ques­cence de l’au­to­ri­té, auto­ri­té magis­té­rielle, auto­ri­té morale, auto­ri­té par rap­port bien sûr au culte, au gou­ver­ne­ment, c’est la démo­li­tion de l’ins­ti­tu­tion, de la hié­rar­chie, des prin­cipes, car bien sûr ils veulent contrô­ler la situa­tion, ils veulent gou­ver­ner le bateau quand même mais tout en démo­lis­sant la notion même de l’au­to­ri­té catho­lique. Et même de l’ins­ti­tu­tion en tant que telle, de la papau­té, du Saint-​Siège. On n’a jamais vu de telles choses.

Saint Hilaire com­mente le texte de saint Jean lorsque saint Jean dit : vous avez enten­du dire que l’Antéchrist vient, va venir. Or, dit saint Jean, il y a déjà beau­coup d’an­té­christs. Saint Hilaire dit que du fait que l’an­té­christ sera à la fin des temps, en per­son­nel, indi­vi­duel, n’empêche pas bien au contraire, qu’il y aura, tout le long de ce déve­lop­pe­ment du mys­tère d’i­ni­qui­té qui est déjà par­mi nous comme le dit saint Paul, où les anté­christs se mul­ti­plie­ront, ils seront nom­breux, mul­tiples et ils se suc­cè­de­ront dans la pré­pa­ra­tion de la venue du fils de per­di­tion.

Et saint Jean nous explique ce que ça veut dire être un anté­christ. C’est celui qui nie la divi­ni­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, celui qui nie son huma­ni­té. Celui qui dit en consé­quence ce qui s’en­suit de la divi­ni­té et de l’hu­ma­ni­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, c’est pour­quoi il ajoute : celui qui dis­sout le Christ, c’est-​à-​dire celui qui dis­sout le mys­tère du Christ, tout le mys­tère de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et toutes les consé­quences de sa divi­ni­té et de son huma­ni­té. C’est celui, dit saint Jean aus­si, qui nie la doc­trine du Christ. Et saint Hilaire com­mente : celui qui nie le Christ tel qu’il nous a été prê­ché et ensei­gné par les apôtres et donc trans­mis par la Tradition, celui-​là est un anté­christ car, dit-​il, l’an­té­christ signi­fie à pro­pre­ment par­ler celui qui est contraire au Christ.

Ce sont les autorités mêmes de l’Eglise qui sont contre le Christ

Voilà le drame et la pas­sion de l’Eglise, c’est que ce sont les auto­ri­tés mêmes de l’Eglise qui sont contre le Christ. Et qui s’y font écho et c’est le point de départ de ce monde qui haït Dieu : « Nous ne vou­lons pas qu’Il règne sur nous ». Ils ont com­men­cé par démo­lir la royau­té de Notre-Seigneur.

Alors, comme vous le voyez, il est d’au­tant plus urgent et néces­saire que nous soyons vrai­ment des vrais ser­vi­teurs du Cœur de Jésus, des vrais répa­ra­teurs, conso­la­teurs. Devant cela nous devons réaf­fir­mer notre foi, comme nous l’a­vons appris de notre fon­da­teur Mgr Lefebvre qui cen­trait tout sur le Christ et sur le mys­tère du Christ et le Sacrifice de Notre-​Seigneur où se révèle sur­tout le Cœur de Jésus.

Nous devons donc sur­tout confes­ser et prê­cher Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, sa divi­ni­té, son huma­ni­té avec toutes ses consé­quences. Nous devons défendre l’hon­neur de Notre-​Seigneur, les droits de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. C’est ça qui nous sépare, c’est ça qui nous oppose, c’est là le point de contra­dic­tion, il n’y en a pas d’autre. C’est Notre-​Seigneur et c’est toute notre foi à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et Notre-​Seigneur Jésus-​Christ qui est la Vérité, qui est la Vie et qui est la Voie. C’est en lui qu’il y a tous les tré­sors de science, de sagesse, de véri­té. C’est lui qui est l’au­teur et le conser­va­teur de notre foi, qui en est l’ob­jet prin­ci­pal. C’est Notre-​Seigneur Jésus-​Christ qui a la plé­ni­tude des grâces, c’est de Lui que découlent toute grâce et toute sain­te­té, toute ver­tu, mais Notre-​Seigneur est aus­si le che­min, le che­min comme Souverain prêtre, le che­min comme Roi.

Et donc nous devons plus que jamais et face à cette vague véhé­mente, anti­chris­tique et anti­chré­tienne, de prê­cher et de réaf­fir­mer à temps et à contre temps que Notre-​Seigneur Jésus-​Christ est le seul média­teur, le seul pon­tife, le seul sau­veur ; que Notre-​Seigneur est le seul rédemp­teur, le seul répa­ra­teur, le seul res­tau­ra­teur. Il n’y a qu’en lui que nous pou­vons res­tau­rer toutes choses. Il est la seule porte par laquelle on peut aller au Père, par laquelle on peut entrer au Ciel. Il n’y a pas d’autre fon­de­ment sur lequel on puisse bâtir quoi que ce soit dans l’ordre sur­na­tu­rel, il n’y a pas d’autre nom sous le ciel par lequel nous pou­vons nous sau­ver. Voilà notre foi, voi­là ce qui nous oppose à la Rome offi­cielle, à la Rome moder­niste, conci­liaire, comme vous préférez.

Dans l’Apocalypse – il est tou­jours inté­res­sant de relire l’Apocalypse, sur­tout pour y trou­ver quelles sont les dis­po­si­tions plus par­ti­cu­lières que Dieu, que le Saint-​Esprit, que Notre-​Seigneur nous demande d’a­voir, de prendre jus­te­ment au temps où le mys­tère de l’i­ni­qui­té croî­tra et devien­dra presque dans son apo­gée et abou­ti­ra, nous le savons, à la venue de l’an­té­christ. Bien sûr, il s’a­git d’une révé­la­tion plu­tôt d’es­pé­rance et de vic­toire. D’espérance car Notre-​Seigneur Jésus-​Christ lui-​même nous l’a dit : Ne crai­gnez rien, j’ai vain­cu le monde, et je serai avec vous tous les jours jus­qu’à la consom­ma­tion des siècles.

La victoire finale au travers des persécutions

De vic­toire, car il s’a­git bien de la vic­toire défi­ni­tive, éter­nelle et finale de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ et de la Sainte Eglise. Mais dans cette révé­la­tion nous voyons quelles sont les dis­po­si­tions par­ti­cu­lières qu’il faut avoir dans ces der­niers temps. Notre-​Seigneur Jésus-​Christ nous est pré­sen­té comme vrai, véri­table et fidèle. Saint Jean insiste tout le long de l’Apocalypse dans ce témoi­gnage, fidèle et véri­table de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Il nous dit que c’est par le sang de l’Agneau, par la confes­sion de la parole, que les chré­tiens des der­niers temps persévéreront.

Par le Saint Sacrifice de la Messe, par le sang de l’Agneau et par la confes­sion de la foi catho­lique que nous per­sé­vé­re­rons. Il nous est mon­tré dans l’Apocalypse que ce qui fait inter­ve­nir Dieu et reve­nir Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, ce sont les prières des saints qui montent sur l’au­tel d’or qui est devant Dieu, devant la majes­té de Dieu. Ces prières qui s’a­mon­cellent sur l’au­tel de Dieu, prières de détresse, face aux per­sé­cu­tions des chré­tiens, c’est la patience des sens devant toutes les souf­frances et devant toutes les per­sé­cu­tions. C’est la patience donc extrême, c’est toute la patience qu’il faut que nous ayons devant toutes les adver­si­tés, devant toutes les épreuves, celles qui sont déjà pas­sées et celles qui sont à la porte, sans doute. Patience et man­sué­tude, dou­ceur devant ce que la Providence nous envoie, et je dirais même un amour, le vrai amour de la Croix car nous savons bien que c’est par la Croix que s’o­père la rédemp­tion et que nous, prêtres, nous conti­nuons cette rédemp­tion de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

L’Apocalypse nous montre aus­si com­ment dans ces der­niers temps, le rem­part et le refuge des chré­tiens sera la Très Sainte Vierge Marie. Refuge de la Sainte Eglise, Notre-​Dame, la Très Sainte Vierge Marie, le Cœur Immaculé de Marie. Nous savons bien que le che­min le plus court, le plus rapide, le plus par­fait pour arri­ver à Notre-​Seigneur est Notre-​Dame. Nous savons bien que le che­min le plus court, rapide, par­fait pour aller au Cœur de Jésus est le Cœur de la Très Sainte Vierge Marie.

Alors, chers fidèles, chers confrères, soyons plus que jamais les apôtres de Jésus et de Marie, soyons plus que jamais les apôtres du Cœur de Jésus et du Cœur de Marie.

Ainsi soit-​il.

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il.

Mgr Alfonso de Galarreta, évêque auxi­liaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Transcription : Y. R‑B pour LPL

Notes de la rédaction de La Porte Latine

(1) Ce titre-​résumé est repris de la dépêche de l’APIC, agence de presse pas spé­cia­le­ment favo­rable à la FSSPX
(2) Les titres, les sous-​titres et les sur­li­gnages sont de la rédac­tion de LPL
(3) Interrogé sur le « lob­by gay » au Vatican, le pape François a répon­du : « On écrit beau­coup sur le lob­by gay. Je n’ai encore trou­vé per­sonne au Vatican qui me donne sa carte d’identité avec « gay ». On dit qu’il y en a. Je crois que lorsqu’on se trouve avec une telle per­sonne on doit dis­tin­guer le fait d’être « gay », du fait de faire un lob­by ; parce que les lob­bies, tous ne sont pas bons. Celui-​ci est mau­vais. Si une per­sonne est gay et cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volon­té, qui suis-​je pour la juger ? ».
(4) Discours de Paul VI à la der­nière séance publique de Vatican II, le 7 décembre 1965 : « La reli­gion du Dieu qui s’est fait homme s’est ren­con­trée avec la reli­gion (car c’en est une) de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-​il arri­vé ? Un choc, une lutte, un ana­thème ? Cela pou­vait arri­ver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille his­toire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spi­ri­tua­li­té du Concile. Une sym­pa­thie sans bornes pour les hommes l’a enva­hi tout entier. La décou­verte et l’é­tude des besoins humains (et ils sont d’au­tant plus grands que le fils de la terre se fait plus grand), a absor­bé l’at­ten­tion de notre Synode. Reconnaissez-​lui au moins ce mérite, vous, huma­nistes modernes, qui renon­cez à la trans­cen­dance des choses suprêmes, et sachez recon­naître notre nou­vel huma­nisme : nous aus­si, nous plus que qui­conque, nous avons le culte de l’homme ».